Insuffisance cardiaque

Définition

Définition

L’insuffisance cardiaque (en anglais : Heart failure) correspond à l’incapacité qu’éprouve le coeur à pomper correctement le sang afin d’irriguer convenablement l’ensemble de l’organisme. La mauvaise irrigation sanguine de l’organisme entraîne à son tour un mauvais apport en oxygène, ainsi qu’une stagnation du sang dans les veines, provoquant une congestion.

Cette atteinte cardiaque pose un problème de santé grave qui peut entraîner de nombreuses complications, parfois très lourdes, voire la mort.

Généralités

De manière générale, un patient souffre d’insuffisance cardiaque lorsque son myocarde (muscle cardiaque) a perdu de sa force d’origine, lui permettant d’aspirer puis d’envoyer avec assez de puissance le sang à travers tout le corps humain, ou lorsque le myocarde s’est rigidifié ou dilaté. Dans les deux cas, le coeur n’a plus la capacité nécessaire pour pomper (aspiration puis expulsion) convenablement le sang.

Le mauvais apport en oxygène provoqué par cette pathologie entraîne la majorité des symptômes de l’insuffisance cardiaque. On y retrouvera par exemple une fatigue chronique, un souffle court ou encore une difficulté à exécuter des taches nécessitant un effort physique.

On retrouve le plus souvent des cas d’insuffisance cardiaque chez des personnes âgées dont la santé a été fragilisée au fil du temps par des pathologies et des troubles cardiaques, respiratoires ou vasculaires. On notera par exemple très souvent des cas d’hypertension artérielle chez ces mêmes patients.

Il semblerait que les cas d’insuffisance cardiaque soient en augmentation depuis le début des années 1990. Le prolongement de l’espérance de vie serait la principale cause de cette recrudescence.

Classification

On distingue principalement deux formes d’insuffisances cardiaques, classées en fonction du ventricule atteint :

  • L’insuffisance cardiaque gauche : Cette forme d’insuffisance cardiaque est la plus fréquente et touche, comme son nom l’indique, le ventricule gauche du coeur. Elle entraîne une accumulation de fluides dans les tissus des poumons. Il en découle des problèmes respiratoires comme des essoufflements, une difficulté à respirer ou encore des bruits de sifflements lors de la ventilation. Cette atteinte cardiaque est souvent le fruit d’une hypertension artérielle mal ou non traitée et/ou de plusieurs infarctus ou angines de poitrine.
  • L’insuffisance cardiaque droite : Au contraire de la forme précédente, l’insuffisance cardiaque droite touche le ventricule droit. Les fluides s’accumulent également, mais dans des zones différentes : principalement les chevilles et les jambes. Il n’est pas rare que cette forme d’insuffisance découle d’une insuffisance cardiaque gauche, mais elle peut également être due à une atteinte pulmonaire.

À NOTER : Le plus souvent, un patient n’est atteint que de l’une des deux formes d’insuffisance cardiaque (droite ou gauche). Cependant, il est possible d’être atteint des deux formes en même temps. On appelle cette forme l’insuffisance cardiaque globale.
 

La classification internationale de l’insuffisance cardiaque

Une liste de critères a été établie par l’Association cardiologique américaine de New-York afin de classer les insuffisances cardiaques en différents groupes, en fonction de l’importance du handicap (incidence sur l’activité physique) et du traitement nécessaire au patient.

Importance du handicap :

  • Classe 1 : aucune limitation de l’activité physique, cette dernière n’entraîne pas de symptômes particuliers (douleurs, dyspnée…).
  • Classe 2 : limitation modérée de l’activité physique. Cette dernière entraîne une fatigue exagérée, une dyspnée ou des douleurs à la poitrine. Cependant, aucun symptôme n’est visible au repos.
  • Classe 3 : forte limitation de l’activité physique. Comme la classe précédente, les symptômes sont absents au repos, mais la moindre activité physique, même minime, entraîne de forts symptômes.
  • Classe 4 : pratique d’une activité physique impossible. Les symptômes sont même parfois présents au repos et sont fortement augmentés lors de chaque effort physique.

Traitement nécessaire au patient :

  • Classe A : l’activité physique n’a pas besoin d’être réduite
  • Classe B : aucune restriction pour les activités physiques habituelles, mais les gros efforts doivent être diminués au maximum
  • Classe C : réduction légère à modérée de l’activité physique et interdiction d’effectuer des efforts violents
  • Classe D : forte réduction de l’activité physique
  • Classe E : aucune activité physique n’est autorisée, le patient est forcé de rester au repos dans un lit par exemple

Symptômes

Symptômes

Les symptômes et signes de l’insuffisance cardiaque sont :

Examen médical

Examen physique

La méthode de diagnostic de l’insuffisance cardiaque se basera sur des examens multiples.

Le diagnostic de l’insuffisance cardiaque pourra nécessiter :

  • Examen clinique
  • Analyses sanguines : elles permettront d’évaluer le degré de l’insuffisance cardiaque, le niveau d’atteinte de différents organes ainsi que de renseigner les équipes médicales sur la cause de l’atteinte cardiaque. Pour cela, il est nécessaire de doser différents éléments présents dans le sang comme le cholestérol, la créatinine ou encore le glucose.
  • Radiographie du thorax (radiographie thoracique de face) : la radiographie permettra de détecter l’éventuelle présence de fluides dans les poumons et de vérifier l’état du coeur.
  • Échocardiographie : cet examen échographique du coeur (voir échographie) permet d’observer avec précision le coeur et de détecter d’éventuelles malformations cardiaques ou les traces laissées par un infarctus du myocarde par exemple. L’échocardiographie permettra également d’identifier des problèmes au niveau des ventricules et des valves cardiaques.
  • Électrocardiogramme (enregistrement Holter continu) : à l’aide d’électrodes collées sur la poitrine, cet examen enregistre la stimulation électrique du coeur (ou activité électrique) durant un effort ou au repos afin de détecter des arythmies par exemple.

Cause

Cause

Les causes de l’insuffisance cardiaque sont nombreuses et dépendent de sa forme : insuffisance cardiaque droite, gauche ou globale (voir classification).

Les causes d’une insuffisance cardiaque droite sont :

Les causes d’une insuffisance cardiaque gauche sont :

Les causes d’une insuffisance cardiaque globale sont :

  • Maladie mitrale
  • Ischémie myocardique
  • Myocardiopathies

On compte également de nombreux facteurs de risque de l’insuffisance cardiaque :

Traitement

Traitement

EN CAS DE CRISE AIGÜE D’INSUFFISANCE CARDIAQUE, APPELEZ IMMÉDIATEMENT LES SECOURS (15 ou 18 en France), C’EST UNE URGENCE VITALE. UTILISEZ DE LA NITROGLYCÉRINE S’IL VOUS EN A ÉTÉ PRESCRIT.
 

La chirurgie pour traiter directement la cause

Le traitement de l’insuffisance cardiaque passera nécessairement par le traitement de sa ou ses causes. Dans le cas d’une malformation cardiaque par exemple, la chirurgie demeure la meilleure et parfois unique solution. En effet, une médication, même appropriée, ne ferait que ralentir l’évolution de la pathologie (au mieux la faire régresser), sans la stopper complètement. Malheureusement dans certains cas, il est impossible d’effectuer un traitement chirurgical.

Parmi les interventions chirurgicales possibles pour traiter une insuffisance cardiaque, on retrouve :

  • Transplantation cardiaque : chirurgie la plus radicale, la greffe de coeur est une intervention extrêmement lourde à n’effectuer qu’en dernier recours, mais elle est parfois nécessaire et vitale pour le patient.
  • Chirurgie valvulaire : ce type d’intervention chirurgicale consiste à intervenir sur la valve défaillante, provoquant l’insuffisance cardiaque. Le chirurgien pourra soit la réparer si son état le permet (valvuloplastie), soit la remplacer par une prothèse spéciale qui jouera exactement le même rôle.
  • Angioplastie coronarienne : ce geste chirurgical permet de rétablir la circulation sanguine dans une artère bouchée. On l’appliquera le plus souvent chez un patient atteint d’artériosclérose.
  • Implantation d’un pacemaker : le pacemaker peut se définir comme étant une sorte de pile électrique qui envoi des signaux électriques au coeur afin de le faire battre convenablement. Il est ainsi possible de régler le problème d’insuffisance cardiaque pour de bon.
  • Implantation d’un défibrillateur : un défibrillateur pourra également être implanté s’il existe un trop grand risque d’arrêt cardiaque. Il pourra le cas échéant relancer le coeur afin de laisser le temps aux secours d’arriver.
     

Médication

La prise de médicaments sera bien souvent nécessaire pour les patients atteints d’insuffisance cardiaque.

On retrouve parmi les médicaments potentiellement prescriptibles :

  • Bêtabloquants : ce type de médicament permet de réduire le nombre de battements cardiaques et d’obtenir une meilleure contraction du myocarde.
  • Diurétiques : ils permettent d’augmenter la quantité d’urine émise par l’organisme et ainsi, d’évacuer le surplus de fluides accumulé dans les poumons par exemple.
  • Digoxine : cette substance, extraite d’une plante appelée Digitale, à un effet similaire aux bêtabloquants et permet donc de ralentir le rythme cardiaque et d’obtenir une meilleure contraction du coeur.
  • Bloqueurs des récepteurs de l’angiotensine II : ils permettent de bloquer la propriété vasoconstrictrice (diminution du calibre des vaisseaux sanguins) de l’angiotensine et ainsi de traiter l’hypertension artérielle, une des causes de l’insuffisance cardiaque.
  • Inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensinogène : à la même manière que les bloqueurs des récepteurs de l’angiotensine II, les IECA on un effet vasodilatateur (augmentation du calibre des vaisseaux sanguins) et permettant donc de lutter contre l’hypertension artérielle. Ils permettent également de réduire la rétention d’eau et de sel par les reins.
  • Antagonistes de l’aldostérone : ce type de médicament a un effet similaire aux diurétiques mais présente l’avantage de ne pas causer de perte de potassium : c’est un « diurétique d’épargne potassique ».

À NOTER : Plus tôt le diagnostic de la maladie sera posé, plus efficace sera le traitement.
 

Les gestes du quotidien

Au delà des traitements médicaux, certaines mesures sont à prendre au quotidien afin d’améliorer son état de santé général et cardiaque. Les conseils qui suivent présentent des généralités et il est toujours important de demander conseil à son médecin traitant.

Au niveau de l’alimentation, les repas doivent toujours être complets et équilibrés. On préfèrera également des repas moins copieux. La consommation de sel est à proscrire définitivement et les viandes rouges ne doivent être consommés que très rarement.

Il est également important de conserver ou de retrouver un poids convenable. La consommation de graisses doit être réduite au minimum.

On préconisera également l’arrêt total de consommation de :

  • Pain
  • Charcuterie
  • Poissons de mer
  • Crustacés
  • Conserves
  • Fromages
  • Eaux minérales gazeuses

À NOTER : Pour connaître votre poids idéal, calculez votre IMC.

Les spécialistes recommandent d’effectuer régulièrement des marches à pied ou des balades à vélo sur terrains plats afin de renforcer le coeur, si l’état du patient le permet.

Dans certains cas, il sera nécessaire au patient de rester dans un lit ou sur un fauteuil afin de laisser le coeur se reposer, notamment après un infarctus.
Il pourra également être contraint d’arrêter toute activité et de se reposer au moindre essoufflement.

Évolution

Évolution

L’évolution de l’insuffisance cardiaque est généralement péjorative car l’atteinte est chronique. Les épisodes d’essoufflements, d’abord présents durant l’effort, se manifestent peu à peu même au repos. Le patient se sent de plus en plus fatigué et faible.

Le traitement devient souvent de moins en moins efficace et seule la chirurgie, en cas de malformation(s) cardiaque(s), permet la guérison.

Complications

Les complications de l’insuffisance cardiaque se manifestent encore plus rapidement lorsque cette dernière est mal traitée ou pas traitée du tout.

On notera dans de nombreux cas l’accumulation des fluides dans les poumons, provoquant une respiration plus en plus difficile, voire douloureuse.
Le risque d’arrêt cardiaque est décuplé, tout comme celui d’arythmie cardiaque et d’embolie pulmonaire.
Certains dommages peuvent également être occasionnés aux reins ou au foie par exemple.

Dans les cas les plus graves et avancés, la mort subite peut subvenir (embolie pulmonaire, surinfection pulmonaire, arrêt cardiaque, fibrillation ventriculaire…) alors que le patient ne montrait aucun signe particulier d’aggravation de son état.

Prévention

De manière générale, la prévention de l’insuffisance cardiaque passera par la prévention de ses facteurs de risque.

On préconisera systématiquement une alimentation saine et équilibrée, composée en grande partie de fruits, légumes et viandes blanches et maigres (avec peu de graisses).
Cette alimentation doit être combinée à la pratique d’une activité sportive régulière.

Le contrôle constant de son taux de cholestérol et de son stress est également une étape clé de la prévention de l’insuffisance cardiaque.

Certaines pathologies soit elle-mêmes des facteurs de risque de l’insuffisance cardiaque. On parlera principalement de l’hypertension artérielle et du diabète. Le traitement ou le contrôle de celles-ci permettra de diminuer le risque d’être touché par cette atteinte cardiaque grave.

On conseillera également d’éviter la consommation de médicaments qui causent la rétention d’eau et de sel (principalement les anti-inflammatoires).

Si vous, ou une personne de votre entourage, pensez que vous êtes atteint d’insuffisance cardiaque, consultez rapidement votre médecin traitant. Un diagnostic précoce de la maladie permet de mieux la traiter et de ralentir sa progression.

Références

Termes et Articles associés