Oedème (généralités)

Définition

Définition

Un oedème est le gonflement d'un tissu, sous l'effet d'une accumulation inhabituelle de liquide séreux, en général du sérum sanguin, à l'intérieur de divers tissus et tout particulièrement :

  • Du tissu conjonctif (tissu de remplissage et de soutien de l'organisme).
  • Du revêtement cutané.
  • Des muqueuses (couche de cellules recouvrant l'intérieur des organes creux en contact avec l'air).

Généralités

De façon générale, l'oedème constitue une rétention anormale de liquide dans les tissus de l'organisme.

Le sérum sanguin est la partie liquide du sang, débarrassée de la fibrine, qui est la protéine participant à la coagulation du sang, et d'autres agents responsable de la coagulation, ainsi que des éléments figurés du sang,  comme :

                                                             

Classification

Il existe différentes variétés d'œdème (liste non exhaustive) :

  • Angioneurotique familial. Cette affection, qui ressemble à une urticaire, n'en est pas une. C'est une maladie héréditaire qui se transmet sur le mode autosomique (chromosomes non sexuels) dominant (il suffit qu'un des deux parents soit porteur du gène pour que l'enfant développe la maladie). Cette maladie est due à une atteinte du système d'activation du complément (mécanisme mettant en jeu des enzymes détruisant des antigènes) et fait suite à différentes infections (rhinopharyngites notamment), à des troubles affectifs, un choc nerveux ou psychologique.
  • Dans l'urticaire, l'œdème est plutôt superficiel, dans l'œdème de Quincke celui-ci est situé en profondeur de la peau.
  • L'oedème par carence, appelé également œdème de famine, ou de dénutrition, il fait suite à un déséquilibre alimentaire ou à une alimentation insuffisante (famine, guerre, etc…). Cette variété d'œdème se rencontrait fréquemment dans les camps de prisonniers et de déportation en Allemagne, durant la Seconde Guerre mondiale. Ces oedèmes généralisés, peuvent s'accompagner d'épanchement des séreuses. Ils surviennent également au cours des régimes restrictifs trop sévères dans lesquels la diminution en protéines occasionne un amaigrissement accompagné :
    • De polyurie (grande quantité d'urine).
    • D'asthénie (fatigue importante).
    • De bradycardie (diminution du rythme cardiaque).
    • D'une chute importante du taux d'albumine dans le sang.
    • D'anémie. L'œdème par carence se rencontre plus rarement chez les individus soumis à un travail pénible ou exposés au froid de façon prolongée.
  • L'oedème cellulitique des membres inférieurs. Ce type d'œdème survient chez les individus soumis à un surmenage musculaire. Il se traduit par une accumulation au niveau sus-malléolaire (cheville) et sur la face dorsale du pied, de liquide dans les tissus à l'origine d'un œdème dur et infiltrant. Il survient également chez les arthritiques après un traumatisme.
  • L'oedème cyclique idiopathique, ou syndrome de Mach. Cette variété d'œdème, qui survient spécifiquement chez la femme, se caractérise par une augmentation du volume des tissus secondaire à une rétention d'eau et de sel. Elle accompagne d'une prise de poids importante et rapide en période de cycle menstruel et en position debout. Quelquefois, le syndrome de Mach s'accompagne :
    • De céphalées (maux de tête).
    • D'asthénie (fatigue importante).
    • D'une oligurie (diminution de la quantité d'urine émise pendant un laps de temps donné).
    • D'une constipation chronique (le plus souvent associée à un excès de laxatifs).
    • D'un profil psycho-affectif particulier.
    • De crampes. Cette variété d'œdème serait due à une altération hormonale touchant le système rénine angiotensine. Lors de la lymphographie (mise en évidence du circuit lymphatique par administration d'un produit radio-opaque), on visualise l'excès de perméabilité des petits vaisseaux laissant échapper une trop grande quantité de liquide dans les tissus environnants.
  • Accompagnant le syndrome des ongles jaunes et se caractérisant par une coloration jaune des ongles qui présentent d'autre part, un arrêt de leur croissance, et une modification de leur forme, une atteinte pleurale (des plèvres). L'œdème réside au niveau des membres inférieurs et des mains. Il s'y associe également une pathologie de l'appareil respiratoire et des sinus. Sa cause est inconnue et semble d'origine immunitaire. Cette variété d'œdème s'associe assez fréquemment à des affections comme :
  • L'oedème survenant lors de l'obésité d'eau et de sel, ou obésité de Parhon, appelée également syndrome hyper hydropexique. Cette variété d'obésité est sans doute due à un trouble du fonctionnement hormonal (hypophyse, cerveau) et plus spécifiquement à une hormone : l'hormone antidiurétique (sécrétée par l'hypophyse). L'hormone antidiurétique a pour rôle de diminuer l'élimination de l'eau par les reins. L'obésité de Zondek se voit essentiellement chez les femmes présentant des troubles menstruels (troubles des règles). Elle se caractérise par une obésité du tronc, des hanches, des cuisses. Le syndrôme de Parhon est souvent douloureux. Cette obésité s'associe d'autre part à :
    • Des migraines.
    • Une dépression psychologique.
    • Des malaises.
    • Un gonflement de la peau.
    • Une inflammation.
  • L'oedème malin. Cette variété d'œdème, de survenue rapide, est localisée surtout aux paupières ou aux lèvres, et se caractérise par la présence de phlyctènes. Elle survient également (mais moins souvent) au niveau de la poitrine, d'un bras, et quelquefois au visage. Les phlyctènes sont constituées par un soulèvement de l'épiderme (appelé également bulle dermatologique) dû à une accumulation de liquide (sérosité). Cette dermatose (maladie de la peau) fait suite à l'écartement de 2 couches de la peau : l'épiderme superficiellement et le derme situé entre l'hypoderme (au-dessous) et l'épiderme (au-dessus). La phlyctène se distingue de l'ampoule, de la vésicule et de la pustule qui contient du pus, par : sa forme arrondie, sa grande taille et la présence de sang quelquefois. L'œdème malin a tendance à devenir dur, et à s'accompagner d'une aggravation des phlyctènes, susceptibles de laisser des escarres comparables à celles des pustules malignes comme dans la maladie du charbon.
  • L'oedème en pèlerine. Il s'agit d'un œdème localisé aux membres supérieurs et à la région cervicale (cou). Son mécanisme est lié à une compression de la veine cave supérieure.
  • L'oedème post-traumatique. Il s'agit d'un œdème dur qui s'accompagne de douleurs, d'une difficulté à effectuer certains mouvements, d'une élévation de la température et d'une diminution du volume musculaire (atrophie musculaire). L'œdème post-traumatique apparaît rapidement après un traumatisme. Son mécanisme semble faire appel à une perturbation des réflexes sympathiques.
  • L'oedème bleu ou œdème hystérique. Cet œdème dur, de coloration violacée, s'accompagne d'un refroidissement local et s'observe spécifiquement chez les hystériques à l'occasion de la contracture voire de la paralysie d'un membre. Pour certains auteurs, cette variété d'œdème, dont le synonyme est œdème bleu de Charcot, ferait partie du syndrome Munchhausen avec auto-agression consistant le plus souvent en la pose d'un élastique dissimulé sous les vêtements et jouant le rôle de garrot. Le diagnostic se fait en fonction de l'âge du patient (de la patiente) qui est jeune, de son sexe, et de la présence de l'œdème d'un seul côté et présentant d'autre part une évolution capricieuse.
  • Au cours du syndrome de POEMS qui touche la main avec :
    • Une mélanodermie (coloration de la peau).
    • Un nombre plus important de poils.
    • Un épaississement de la peau.
    • Une accentuation de la sudation.
    • Un hippocratisme digital. L'hippocratisme digital est une déformation des ongles qui prennent un aspect bombé s'accompagnant d'une hypertrophie (augmentation du volume) des tissus situés en dessous.
  • Au cours de l'algodystrophie. Ce terme est issu du grec algos, douleur et de dystrophie, mauvaise trophicité (la trophicité désigne les conditions nécessaires à la nutrition et au développement d'un organe). L'algodystrophie se caractérise par des douleurs et des problèmes de vasomotricité (incapacité de l'organisme à régler la fermeture des artères, des veines et des vaisseaux lymphatiques). Il existerait d'autre part, un terrain psychologique, ou psycho-affectif fragile.
  • Au cours de la sclérodermie avec un œdème précoce.
  • Au cours du sclérœdème de Buschke. Dans ce cas, l'œdème se localise au niveau du cou, au visage, à la partie supérieure du thorax et à la racine des membres. Il est secondaire à un dépôt de mucopolysaccharides (association sucre-protéine) dans le derme. En réalité, ce n'est pas exactement un œdème au sens strict du terme.
  • Au cours du syndrome de Shulman, se caractérisant par une inflammation des fascias (membrane de recouvrement) au niveau des avant-bras s'accompagnant d'une hyperéosinophilie (élévation d'une variété de globules blancs : les éosinophiles). Ce syndrome se caractérise par une visibilité anormale des veines qui apparaissent sous la forme de vallées.
  • Au cours des connectivites mixtes et du syndrome de Sharp. Cette affection touche les doigts en les rendant boudinés et gonflés. L'épiderme apparaît difficile à mobiliser à cause de son adhérence aux plans profonds. Il s'y associe des artharalgies (douleurs des articulations), des arthrites (inflammations articulaires) et un phénomène de Raynaud (troubles de la fermeture et de l'ouverture -vasomotricité- des petits vaisseaux). La présence d'anticorps Anti-RNP est évocatrice de cette pathologie. Dans certains cas s'y associent une myosite (inflammation musculaire) diagnostiquée par une élévation de la créatine kinase, et une diminution du sphincter inférieur de l'œsophage.
  • Au cours de la maladie de Horton, il a été rapporté quelques cas d'œdèmes de la face situés préférentiellement autour des orbites.
  • Au cours de certains rhumatismes inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde, les arthrites chroniques juvéniles, le rhumatisme psoriasique, les spondylarthropathies.
  • Au cours de la dermatomyosite et de la polymyosite. Ce syndrome se caractérise par une coloration rose ou rouge de la peau (parfois violacée) se situant caractéristiquement au niveau des coudes, des genoux, du dos, des petites articulations des mains et autour des orbites (paupières de couleur lilas).
  • Au cours de l'hypothyroïdie avec le myxoedème.
  • Au cours des carences en vitamine C (scorbut).
  • Au cours du syndrome de compression de la veine iliaque ou syndrome de Cockett, dû à une mauvaise position de la veine iliaque gauche qui est prise en tenaille entre l'artère iliaque droite et la cinquième vertèbre lombaire. Ce sont essentiellement les femmes de la deuxième à la quatrième décennie, qui sont concernées par ce syndrome au cours duquel, l'œdème se situe au niveau du membre inférieur gauche. Il présente les caractéristiques suivantes :
    • Douleurs.
    • Varicosités.
    • Ulcères.
    • Thrombose (obstruction d'un vaisseau par un caillot sanguin).
  • Au cours du syndrome de Melkersson-Rosenthal, l'œdème qui est récidivant se situe au niveau de la face chez les patients du deuxième et troisième décennie, et est associé à une paralysie faciale à répétition, une langue fissurée, une inflammation.
  • Au cours des eczémas de contact et des réactions photo allergiques.
  • Au cours de certaines infections et des piqûres d'insectes.
  • Au cours du syndrome paranéoplasique.
  • Au cours des anomalies de la coagulation.
  • Au cours de la trichinose, de la filariose lymphatique et de la trypanosomiase, qui sont des maladies parasitaires.
  • Pendant la grossesse, il faut redouter la complication d'une toxémie gravidique qui survient généralement en fin de grossesse. Elle est caractérisée par des convulsions accompagnées d'une hypertension artérielle, et survient, le plus souvent chez les femmes enceintes ayant pris beaucoup de poids. Le laboratoire retrouve une protéinurie (élévation du taux de protéines dans les urines). Cette complication est redoutable en raison du risque de survenue de convulsions dangereuses. Il existe une autre cause d'œdème chez la femme enceinte qui est le syndrome d'hyperstimulation ovarienne. Ce syndrome bien qu'exceptionnel s'observe après traitement pour l'induction d'une grossesse mal suivie et d'un taux trop élevé d'estradiol (dérivé des oestrogènes) dans le sang.
  • Le syndrome de Gleich qui se caractérise par des oedèmes récidivants associés à une hyperéosinophilie (élévation d'une variété de globules blancs, les éosinophiles). Son évolution est le plus souvent bénigne. Il s'y associe une élévation de la température, une urticaire et une augmentation de poids. Le labo détecte une augmentation importante d'immunoglobulines M. L'épreuve de Landis, qui consiste en une injection d'albumine marquée au technetium, est positive. Le traitement par corticoïdes corrige partiellement ces anomalies.
  • Au cours de la prise de certains médicaments et plus spécifiquement l'interleukine 2, lors d'un traitement par insuline, il est possible de voir survenir un œdème au niveau du tibia. Avec l'utilisation des diurétiques ou de l'éphédrine, des taxanes, il a été également remarqué la survenue d'œdèmes diffus. Egalement avec l'absorption importante de réglisse (glycyrrhizine). Pour résumer, le nombre de médicaments à l'origine d'œdèmes est très important.
  • Au cours d'une affection rénale (syndrome néphrotique)

Symptômes

Physiologie

L'organisme est constitué environ de 60 % d'eau. Entre les cellules existe un espace appelé l'espace intercellulaire vers lequel l'eau afflue constamment au départ des capillaires (minuscules vaisseaux).

Ceci se fait par l'intermédiaire de la pression hémodynamique qui pousse l'eau à travers la paroi de ces capillaires vers l'espace intercellulaire.

Ce mouvement s'appelle la diffusion du liquide dans les tissus.

Inversement, les protéines contenues dans le sang présent dans les capillaires, attirent constamment le liquide de l'espace intercellulaire, et des cellules vers l'intérieur des capillaires : c'est ce que l'on appelle la pression oncotique.

A l'état normal, il doit s'installer un équilibre qui permet de maintenir constantes les quantités de sérum à l'intérieur du sang et à l'intérieur des tissus.

Un organe, le rein, participe à cet équilibre en permettant l'élimination dans les urines de l'excès de sel (qui lui aussi entraîne l'eau à l'intérieur des vaisseaux) contenu dans le sang.

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