Urticaire (généralités)

Définition

Définition

Une urticaire correspond à l'apparition sur la peau de petites papules légèrement surélevées, de nature érythémateuse (de coloration rose tirant sur le rouge), dont le centre est blanc et dont les contours sont nets.

Ces éruptions cutanées sont prurigineuses (elles entraînent des démangeaisons).

Généralités

Les papules ainsi constituées se rassemblent quelquefois en placards, dont la consistance est ferme et élastique, et qui évoluent vers la régression en quelques heures (généralement en moins de 24 h).

L'éruption peut être localisée ou généralisée (urticaire géante).

Classification

Il existe plusieurs variétés d'urticaires (liste non exhaustive) :

  • L'urticaire idiopathique (dont l'origine reste inconnue).
  • L'urticaire alimentaire.
  • L'urticaire aiguë.
  • L'urticaire chronique.
  • L'urticaire cholinergique.
  • L'urticaire hémorragique.
  • L'urticaire papuleuse.
  • L'urticaire vésiculeuse.
  • L'urticaire marginée.
  • L'urticaire pigmentaire.
  • L'urticaire pigmentée.
  • L'urticaire tubéreuse.
  • L'urticaire au froid.
  • L'urticaire solaire.
  • L'urticaire factice.
  • L'urticaire géante.
  • L'urticaire par compression.
  • L'urticaire par inhalation.
  • L'urticaire de contact.
  • L'urticaire aux métaux (notamment au nickel).
  • L'urticaire à l'eau.
  • L'urticaire génétique (syndrome Mückle et Wells : urticaire familiale associant la présence de protéines dans les urines et une surdité).

Classiquement, on distingue deux types d'urticaire :

  • L’urticaire aiguë est généralement due à la prise de certains médicaments (analgésiques : antidouleurs, anti-inflammatoires, aspirine, etc…), à une piqûre d'hyménoptère (guêpe, abeille), à une prise d'aliments (fraises, condiment, poissons, crustacés, etc…). Son mécanisme fait appel à la présence de la substance provenant de l'aliment incriminé (quand il s'agit d'une allergie alimentaire) qui libère dans la paroi des intestins de l'histamine. Les additifs alimentaires (tartrazine) rentrent dans ce cadre, la pénicilline également. Certaines maladies infectieuses (hépatite virale, maladies parasitaires, mononucléose infectieuse, etc…) se déclarent quelquefois par une urticaire lors de l'apparition des premiers symptômes. La seconde possibilité est l'apport d'un excès d'histamine qui déclenche la dégranulation des mastocytes.
  • L’urticaire chronique est due à de nombreuses causes. Dans le cadre des urticaires chroniques, on peut citer :
  • L'urticaire cholinergique (qui fait suite à la libération dans l'organisme d'une substance, l’acétylcholine, qui est habituellement contenue dans les cellules nerveuses)
    • L'urticaire au froid (fréquente).
    • L'urticaire à l'eau (particulièrement dangereuse).
    • L'urticaire au chaud (exceptionnelle).
    • L’urticaire au soleil, l’urticaire aux vibrations.
    • L’urticaire médicamenteuse.
  • Certaines urticaires surviennent suite à un déficit en un élément entrant dans le processus de défense immunitaire d'un organisme : c'est le cas d'un déficit en complément. Cette variété d'urticaire se rencontre dans l'angioedoème paroxystique héréditaire, qui est une maladie génétique se caractérisant par une carence de substances appelées inhibiteurs de l'estérase de la fraction C1 du complément et un abaissement de la fraction C4.

Symptômes

Symptômes

Selon sa localisation sur le corps ou dans le corps (car l'urticaire peut également atteindre les muqueuses), les symptômes sont différents :

  • Quand elle atteint une région où la peau est lâche (paupières, organes génitaux), il peut survenir un oedème (collection de liquide) très marqué.
  • Quand elle touche les muqueuses, elle peut aller jusqu'à gêner la parole, la déglutition voire la respiration.

L’urticaire est reconnue aisément, grâce à la ressemblance des lésions avec les piqûres d'orties.

  • Sensation de prurit (démangeaison) ou de brûlure.
  • Plaques arrondies, légèrement surélevées, de coloration rosée, entourées d'un liseré blanc quelquefois marquées, quelquefois invisibles. Ces plaques sont fugaces et disparaissent, pour réapparaître en d'autres endroits du corps. Cette disparition s'effectue le plus souvent en moins de 24 h.
  • Certains malades présentent un dermographisme (apparition d'une plaque urticarienne à l'endroit où l'on frotte la peau avec une pointe arrondie).
  • Présence de minuscules boutons, de la taille d'une tête d'épingle, quand il s'agit d'une urticaire à l'eau ou d'une urticaire cholinergique.
  • Apparition (rare) d'une dyspnée (trouble de la respiration) due à une atteinte du larynx en cas d’œdème de Quincke.
  • Arthralgies (douleurs articulaires).
  • Myalgies (douleurs musculaires).
  • Céphalées (maux de tête).
  • Légère fièvre.

Généralement, on retrouve dans les antécédents personnels, un terrain atopique (allergique) dans environ 50 % des cas, et plus particulièrement des antécédents d'allergie alimentaire. Le diagnostic de l'urticaire se fait par l'interrogatoire, qui cherche à savoir s’il y a eu juste avant la crise une prise de médicaments, un frottement de la région concernée, etc…Quelquefois, l'urticaire au froid est décelée, grâce à l'application d'un glaçon pendant 5 à 10 minutes. Il en est de même pour l'eau chaude, qui permet de dépister l'urticaire au chaud. Le fait d'appuyer sur la peau pendant quelques minutes (généralement 5 minutes), suffit à déclencher l’urticaire à la pression. Enfin, il ne faut pas omettre de rechercher une origine infectieuse, à une urticaire (champignon, bactérie, virus, parasite).

Physiopathologie

De façon générale, l’urticaire correspond à une réaction d’hypersensibilité : réaction d’un organisme présentant des manifestations anormales (pathologiques), à l’occasion de la rencontre entre un antigène et un anticorps.

Anciennement, les états d’hypersensibilité étaient classés en fonction du temps qui s’écoulait entre le contact avec l’antigène, et l’apparition des premiers symptômes de l’allergie. On parlait à l’époque d’hypersensibilité immédiate et d’hypersensibilité retardée ou différée.

Vers la fin des années 60, les hypersensibilités ont été classées en quatre types. Normalement, le contact de l’organisme avec une substance étrangère (allergène) ne doit pas entraîner de réaction immunitaire à type d’allergie. Chez certains individus, que l’on appelle atopiques, l’organisme juge à tort, cet antigène dangereux pour lui, et provoque en conséquence une réaction générale appelée hypersensibilité. L’allergie est donc une réaction inappropriée, ou plus exactement exagérée se manifestant par une hypersensibilité immédiate.

 

Cause

Cause

  • L'urticaire est causée par la dégranulation des mastocytes. Les mastocytes sont une variété de globules blancs qui, en éclatant, libèrent des substances appelées médiateurs, à l'origine d'une augmentation de la perméabilité des veinules. Parallèlement, les muscles lisses (muscles automatiques qui ne sont pas sous le contrôle de la volonté) voient leur tonus augmenter. Enfin, d'autres globules blancs, jouent également un rôle en se rendant sur les lieux de l'inflammation.
  • La variété de l'allergie dépend de la cause à l'origine de la dégranulation des mastocytes. En effet, ils peuvent être préalablement sensibilisés par une variété d'anticorps spécifiques : les immunoglobulines E, ou par d'autres facteurs physiques (vibrations, frottement, lumière, pression, froid, substances chimiques, etc…).
  • L'urticaire à l'eau, appelée également urticaire aquagénique, est le résultat de l'immersion du corps dans l'eau. Il s'agit d'une anomalie qui aboutit à l'apparition de plaques rouges, et de démangeaisons disparaissant le plus souvent une demi-heure après être sorti de l'eau. L'urticaire concerne uniquement les zones du corps en contact avec ce liquide. L'eau douce et l'eau salée, sont les deux liquides aboutissant à l'apparition d'urticaire à l'eau chez certains patients. Il est nécessaire de pratiquer un test à l'eau, que l'on réalise en utilisant une compresse d'eau tiède qui est posée sur l'avant-bras du patient ce qui permet de confirmer le diagnostic d'urticaire à l'eau. L'apparition de plaques de coloration rouge sur la zone humidifiée pose le diagnostic avec certitude. Le bilan allergologique est quelquefois nécessaire pour éliminer une autre variété d'urticaire, cette fois-ci très intense, et plus sévère, l'urticaire au froid qui survient dès que la température du corps baisse de manière trop importante. C'est le cas par exemple, des bains d'eau glacée, en présence de vent froid, ou d'ingestion d'aliments à base de glace, ou de boissons trop froides. L'urticaire à l'eau est susceptible d'aboutir à l'apparition de réactions allergiques, parfois très sévères, pouvant mettre en jeu le pronostic vital d'un individu. C'est la raison pour laquelle il est nécessaire de dépister assez précocement ce type de pathologie, afin de la prévenir, en interdisant de manière formelle les bains. Le traitement consiste à absorber des médicaments antiallergiques, de manière préventive, c'est-à-dire avant la prise du bain ce qui permet, le plus souvent, l'apparition de ces réactions.

Traitement

Traitement

  • Elimination de la cause (médicaments contenant des colorants et tout particulièrement la tartrazine, froid, contact, pression, effort, etc…).
  • Soins locaux de la peau comprenant des toilettes avec un savon acide, ou de l'eau vinaigrée.
  • Certaines équipes médicales conseillent la désensibilisation, des séances de psychothérapie, au besoin une prescription d'anxiolytiques.
  • Administration d'autres médicaments tels que le chromoglycate de sodium, le kétotifène (qui inhibe la dégranulation des cellules mastocytaires).
  • En cas d'urgence, utilisation des corticoïdes (cortisone) par voie générale (en cas d’œdème de Quincke).
  • Quelquefois, nécessité d'une intubation quand il existe des troubles respiratoires graves.
  • Utilisation des antihistaminiques dans l'urticaire chronique.
  • Utilisation des antiandrogènes (danazol) dans l’angioedème paroxystique héréditaire, ce qui permet de diminuer la fréquence des crises. Les corticoïdes ne doivent pas être utilisés dans ce cas de figure. L'angioedème paroxystique familial se caractérise par des crises récidivantes d’œdème, qui ne sont pas précédées d'urticaire, et sont le plus souvent accompagnées de bronchospasme (fermeture des bronches) ainsi que de douleurs de l'abdomen, de diarrhées et quelquefois d’œdème du larynx (redoutable). Le traitement nécessite de 1000 unités de C1-INH en injection intraveineuse.

Références

Bibliographie

Mortureux P. et al., Arch. Dermatol. 1998 ; 134 : 319-323
Koeppel M.C. et al,. Ann. Dermatol. Vénérol. 1996 ; 123 : 627-632
Ormerod A.D. et al., Arch. Dermatol. 1993 ; 129 : 343-346

Termes et Articles associés