Syphilis

Définition

Définition

La syphilis est une maladie infectieuse sexuellement transmissible, très contagieuse et inoculable, due à une bactérie : Treponema pallidum.

Classification

  • La syphilis endémique ou Bejel, est une affection de la peau particulièrement présente sur le continent africain, mais aussi au Moyen-Orient et en Asie centrale. Elle est le résultat d'une infection par un germe appartenant à la classe des tréponèmes (Treponema carateum). Ce tréponème est très proche de celui de la syphilis que l'on connaît en Europe.
  • Cette maladie est contagieuse et sa transmission se fait par contact direct. À l'inverse de la syphilis que nous connaissons, le Bejel n'est pas une maladie sexuellement transmissible. Il s'agit d'une affection concernant essentiellement l'enfant.Au départ on constate l'apparition d'une plaque au niveau de la muqueuse de la bouche, c'est-à-dire de la couche de cellules qui recouvre l'intérieur de la cavité buccale. Ensuite apparaissent des lésions cutanées sur le tronc et les membres. Celles-ci sont caractérisées par l'apparition de zones surélevées que l'on appelle des papules. À ce niveau la peau perd sa solidité et son élasticité habituelle et a tendance à s'abîmer (érosion). Ensuite, plus tard, apparaissent au niveau du nez, et du palais des lésions identiques. Le traitement nécessite, à l'instar de la syphilis que nous connaissons, l'utilisation de pénicilline qui fait évoluer cette maladie vers une guérison rapide.

Symptômes

Symptômes

Après une incubation (période comprise entre la contamination et l'apparition des premiers symptômes de la maladie) de 1 à 13 semaines, le plus généralement de 3 à 4 semaines, l'infection évolue en trois stades :

  •  Le stade primaire :

Cette phase correspond à l'invasion et à la dissémination du Treponema pallidum, qui se caractérise par une lésion au point d'inoculation que l'on appelle le chancre ( c'est-à-dire une petite ulcération (plaie) de 3 à 5 mm de diamètre), et par des ganglions. Ce dernier, qui passe le plus souvent inaperçu en raison de sa petite taille ou de sa localisation, est la plupart du temps indolore et repose sur un plan dont la consistance est ferme voire dure quand on le palpe. Une fois abrasé ("râpé"), le chancre sécrète un liquide clair qui contient de nombreux spirochètes (bactéries), ce qui explique que la lésion est devenue très contagieuse à cet endroit (organes génitaux : le gland, le corps de la verge, les bourses des testicules, le col de l'utérus, l'anus, la vulve). Chez quelques individus, cette lésion est localisée dans une zone extra-génitale (en dehors de l'appareil génital), comme les lèvres, les gencives, la langue, les amygdales, etc… Plus rarement, les chancres peuvent aussi apparaître sur les mains ou sur d'autres parties du corps, provoquant alors des symptômes minimaux qui sont ignorés.
La présence d'adénopathies (ganglions malades) indolores, se traduit par un gonflement des ganglions lymphatiques habituellement normaux.

L'évolution du stade primaire se fait sur 1 à 3 mois quand le sujet n'est pas traité, ou en 1 à 3 semaines dans le cas contraire. Les ganglions et la zone ferme persistent quelquefois plusieurs mois.

  • Le stade secondaire :

Cette phase, qui survient de 4 à 6 semaines après l'inoculation du Treponema pallidum, fait suite à sa dissémination dans tout l'organisme par voie sanguine. Il s'ensuit donc des lésions variées de l'ensemble de l'organisme. Cette phase dure deux à trois ans et, sans traitement, se termine par l'apparition de lésions tertiaires.

Durant cette phase, le patient présente :

  • des épisodes de fièvre.
  • des céphalées (maux de tête).
  • des douleurs osseuses. L'atteinte osseuse se localise à la face antérieure (en avant) du tibia, le plus souvent mais peut également avoir lieu au niveau du sternum, des clavicules, des os du crâne et des omoplates.
  • une atteinte du système nerveux pouvant entraîner une inflammation transitoire de la rétine, une surdité ou une inflammation du labyrinthe (labyrinthite).
  • des douleurs articulaires.
  • des maux de gorge.
  • des ganglions augmentés de volume, durs mais indolores, débutant au cou puis au niveau du thorax, des clavicules, des coudes et de l'aine. Ces ganglions sont susceptibles de persister durant plusieurs mois.
  • des lésions cutanées ressemblant à de nombreuses maladies de peau mais sans vésicules. La première éruption, appelée première floraison ou syphilis secondaire précoce, correspond à une roséole (tache rosée) qui est souvent peu visible. Celle-ci s'accompagne quelquefois de lésions des muqueuses constituées de taches rouges bien délimitées et très contagieuses. Elle s'associe généralement à une chute des cheveux par plaques (en clairière). Puis survient une deuxième éruption, appelée deuxième floraison ou syphilis secondaire tardive. Celle-ci se caractérise par la présence de syphilides, qui sont de petites élevures de coloration brune ou rouge se localisant quelquefois dans les plis de la peau. Les syphilides sont également très contagieuses et se situent essentiellement au visage, aux plantes des pieds, aux paumes des mains, au pourtour des orifices (bouche, anus, etc…). Ces lésions des muqueuses peuvent apparaître des années après l'infection et sièger sur la bouche, le pharynx, les muqueuses de l'appareil génital et anal. Elles apparaissent du jour au lendemain et s'extériorisent sous forme de condylomes au niveau de la vulve ou autour de l'anus entre autres. Ces lésions sont très riches en Treponema pallidum. L'évolution des syphilides se fait par poussées successives. Elles sont accompagnées le plus souvent par de la fièvre, une asthénie (fatigue) ou des maux de tête.
  • on remarque, quelquefois une atteinte du foie s'accompagnant d'un ictère (jaunisse) ou même de douleurs osseuses.
  • certains patients présentent à ce moment-là, une atteinte oculaire s'accompagnant d'une baisse de l'acuité visuelle.
  • quelquefois, apparition d'un collier de Vénus (présence de taches plus ou moins foncées pigmentées et de taches décolorées autour du cou).

L'examen du patient montre une splénomégalie (augmentation de volume de la rate).
Les analyses biologiques montrent entre autres une hyperleucocytose (élévation du nombre des globules blancs) et la présence de Treponema pallidum dans les divers prélèvements effectués au niveau des lésions.

  • Le stade tertiaire :

Il existe un laps de temps assez long entre la période secondaire et la syphilis tertiaire, durant lequel l'immunité de l'individu malade a eu le temps de diminuer. Ceci est à l'origine de l'apparition de nouvelles lésions. Cette phase se caractérise par :

  • des cicatrices importantes.
  • des réactions allergiques.
  • des lésions cutanées à type de :
    • tubercules syphilitiques : nodosités (petites surélévations) de la peau au niveau du visage, de la grosseur d'un noyau de cerise, dures, recouvertes de squames (sortes de petites écailles de peau), laissant une cicatrice centrale.
    • gommes syphilitiques : nodules plus profondément enchassés dans le derme (couche de cellules situées en dessous de la peau) de la grosseur d'une noix, ayant tendance à se ramollir puis à s'ulcérer c'est-à-dire à s'accompagner d'une plaie. Cette gomme cicatrise en 3 à 6 mois et laisse derrière elle une marque ronde et souple légèrement creusée, blanche au centre et entourée d'une zone foncée.
    • érythème circiné : petits disques ronds de coloration rose sur l'ensemble du corps sauf le visage.
  • des lésions des muqueuses à type de leucoplasie (coloration blanche) de la langue que l'on appelle la kératinisation.
  • des lésions osseuses que l'on retrouve généralement au niveau du crâne, du tibia, de la clavicule, de l'humérus (os du bras), des côtes, et quelquefois des os du nez (nez en marmite). Il s'agit d'une inflammation du périoste (couche osseuse recouvrant l'os proprement dit), s'accompagnant de douleurs suivies d'inflammation et enfin de destruction du tissu osseux.
  • des lésions hépatiques (du foie) entraînant l'affection du foie ficelé : rétraction des tissus hépatiques.
  • des lésions du tube digestif s'accompagnant essentiellement d'une atteinte du pylore (orifice inférieur de l'estomac faisant communiquer celui-ci avec l'intestin)
  • des lésions du larynx avec atteinte des cordes vocales
  • des lésions rénales se caractérisant par la présence d'hémoglobines dans les urines (hémoglobinurie) et de néphrose syphilitique
  • des lésions du cœur et des vaisseaux : inflammation de l'aorte accompagnée quelquefois d'un anévirsme (dilatation localisée d'une artère) avec insuffisance de la valve située à l'entrée de l'aorte. Quelquefois, il existe des lésions des orifices des artères coronaires qui sont les artères d'irrigation du muscle cardiaque proprement dit (myocarde), à l'origine d'angine de poitrine.
  • des lésions du système nerveux central pouvant quelquefois être à l'origine de :
    • paralysie générale.
    • lésions du nerf auditif s'accompagnant de surdité.
    • lésions oculaires touchant l'iris ou la rétine, pouvant entraîner une paralysie oculaire et un signe d'Argyll Robertson. Le signe d'Argyll-Robertson, qui s'observe essentiellement lors de la sclérose en plaque, de la syringomyélie ou encore (mais plus rarement maintenant) pendant une neurosyphilis, se caractérise par une pupille qui est à la fois petite et irrégulière. D'autre part, cette pupille, lorsqu'elle est soumise à la lumière, ne se contracte pas (myosis) et ne diminue son diamètre qu'au cours de l'accommodation (réflexe photomoteur).

Physiopathologie

Le Treponema pallidum est un spirochète découvert en 1905, c'est-à-dire une bactérie se présentant sous la forme d'une petite hélice mobile.

Cette grande mobilité est liée à la présence d'un appareil locomoteur interne utilisant des cils pouvant effectuer trois types de mouvements :

  • hélicoïdal, c'est-à-dire en pas de vis.
  • ondulatoire, à la manière d'un serpent.
  • d'avant en arrière.

Le Treponema pallidum est visible grâce à l'utilisation d'un ultramicroscope sur fond noir. Sa longueur est de 6 à 14 microns et présente environ une vingtaine de spires.L'homme constitue un réservoir de Treponema pallidum et transmet la maladie par contact sexuel, exceptionnellement par contact d'objets contaminés ou par transfusion de sang.

Après la contamination, le Treponema pallidum se multiplie très rapidement dans l'organisme.

Son incubation (période pendant laquelle cette bactérie s'installe dans l'organisme et avant l'apparition des signes de la maladie) est d'environ 2 à 6 semaines.

Puis, l'infection évolue en trois stades :

  • le stade primaire ou syphilis primaire.
  • le stade secondaire ou syphilis secondaire.
  • le stade tertiaire ou syphilis tertiaire.

Il existe aussi, en dehors de ces trois stades :

  • la syphilis latente qui correspond à l'infection par le Treponema pallidum, sans que l'individu ne manifeste de signes cliniques.
  • la syphilis congénitale, pendant laquelle le fœtus s'infecte au cours de la vie intra-utérine, à partir du quatrième mois de la grossesse lorsque la mère a une syphilis récente non traitée.

La syphilis est particulièrement contagieuse pendant les phases primaire et secondaire.
Le passage du Treponema pallidum vers l'intérieur de l'organisme se fait par l'intermédiaire d'une muqueuse (couche de cellules recouvrant l'intérieur des organes creux en contact avec l'air), et tout particulièrement la bouche et le rectum, par l'intermédiaire des baisers ou des contacts corporels intimes, ou par l'intermédiaire d'une peau lésée. Une fois que le Treponema pallidum a pénétré à l'intérieur du corps, il envahit le système lymphatique où on le retrouve dans les ganglions lymphatiques quelques heures après son inoculation (introduction dans l'organisme).
À partir des ganglions lymphatiques, le Treponema pallidum va se répandre dans la circulation sanguine (voie hématogène).
Dans plus de 95 % des cas, la transmission se fait par voie sexuelle. Néanmoins, il est nécessaire que le microbe pénètre dans l'organisme par des écorchures des muqueuses. Le contact sexuel avec une personne infectée n'est pas contaminant si la muqueuse du partenaire est saine.
La syphilis est également une porte d'entrée du VIH (virus de l'immunodéficience humaine : sida) à cause des érosions et des ulcérations localisées sur les muqueuses de l'anus, du rectum et sur les parties génitales. A cause du sida, la syphilis ne réagit pas toujours comme il serait souhaitable au traitement par antibiotiques.
Il faut également signaler la contamination accidentelle du personnel soignant par piqûre ou coupure.

Enfin, la contamination du fœtus par l'intermédiaire du placenta se produit en général au cours de la deuxième moitié de la grossesse, et exceptionnellement avant le quatrième mois (voir syphilis congénitale). Dans ce cas, la contagiosité est pratiquement constante quand il s'agit d'une syphilis primaire récente, et d'environ 1 cas sur 2 quand il s'agit d'une syphilis ancienne.

Épidémiologie

Malgré l'introduction des antibiotiques, la syphilis est une des maladies infectieuses les plus répandues dans le monde entier. 

Elle touche essentiellement les sujets jeunes (entre 15 et 30 ans), plus fréquemment dans les villes que dans les campagnes, plus souvent chez l'homme que chez la femme.

Certaines personnes sont protégées grâce à des facteurs génétiques.

Vers la fin des années 80, l'incidence de la syphilis primaire et secondaire a doublé chez les noirs à cause de la consommation de cocaïne et d'une prostitution galopante.

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