Incontinence urinaire de la femme

Définition

Définition

L’incontinence urinaire chez la femme est une pathologie très fréquente mais non liée à l’âge. Elle consiste en une perte d’urine de façon involontaire nécessitant une consultation en urologie. Elle ne doit pas être confondue avec les fuites d’urine ayant lieu pendant le sommeil (énurésie) ni avec l’impériosité mictionnelle qui correspond à une envie d’uriner trop intense ou trop pressante.

Généralités

L’incontinence urinaire de la femme se définit par la survenue de fuite d’urine involontaire à travers le méat urétral c’est-à-dire l’orifice permettant à l’urine de sortir en provenance de la vessie vers l’extérieur. Ceci entraîne souvent des retentissements psychologiques et sociales, voire hygiéniques.

Le terme d’incontinence urinaire est utilisé à chaque fois qu’une femme perd ses urines et que cela occasionne un retentissement, indépendamment de l’importance de la fuite.

C’est avant tout les traumatismes faisant suite à un ou plusieurs accouchements qui sont reconnus comme étant la principale cause de l’incontinence urinaire chez la femme.

Certaines études ont montré que la gêne occasionnée par l’incontinence urinaire chez la forme ainsi que le retentissement sur la qualité de la vie sont très importants. Ceci peut avoir des répercussions sociales et psychologiques dont il faut savoir tenir compte. Il semble que cette gêne soit supérieure à celle occasionnée par d’autres maladies telles que l’hypertension artérielle ou un diabète. C’est la raison pour laquelle, une patiente consultant pour autre chose qu’une incontinence urinaire, mais souffrant de cette maladie, doit en parler à son médecin de façon à ce que cette pathologie soit prise en compte et traitée convenablement.

Classification

L’incontinence urinaire être permanente. Dans ce cas elle se manifeste par un écoulement d’urine incontrôlable, secondaire à un déficit du sphincter (voir ci-dessus). Elle est généralement due à un problème neurologique venant perturber le fonctionnement normal de la vessie et de ses sphincters (muscle circulaire permettant de fermeture ou l’ouverture d’un conduit dans l’organisme). C’est le cas :

  • D’une malformation de la colonne vertébrale comme un spina bifida.
  • D’une intervention chirurgicale sur la prostate.
  • D’un traumatisme de la moelle épinière.
  • D’une complication opératoire.
  • D’une rupture de l’urètre après un traumatisme violent.
  • A l’effort.

L’incontinence urinaire survenant au cours d’un effort se caractérise par une perte des urines en poussant, en éternuant, en riant, en soulevant une charge ou lors d’un exercice physique. Dans ce cas, il s’agit d’une insuffisance de fonctionnement des sphincters dont le but est de maintenir l’urine à l’intérieur de la vessie. C’est le cas par exemple des femmes âgées ou ayant eu de multiples accouchements : l’affaiblissement des muscles constituant le périnée qui soutient la vessie entraîne une descente d’organes (prolapsus) et consécutivement une faiblesse des sphincters.
 
L’incontinence urinaire impérieuse est un type d’incontinence urinaire se traduisant essentiellement par un mauvais fonctionnement de la vessie. Dans ce cas, les mictions sont fréquentes, il existe des fuites quand le patient entend de l’eau couler par exemple ou encore en cas de changement de température.

Il est nécessaire de distinguer l’incontinence d’effort et l’incontinence liée à une hyperactivité de la vessie s’établir à une activité exagérée de celle-ci.

  • Dans l’incontinence d’effort la fuite d’urine apparaît au moment de l’effort mais sans que la patiente ressentent une envie préalable d’uriner. D’autre part on ne constate pas de fuite durant le sommeil et les fuites sont généralement de petites quantités, apparaissant sous la forme de petits jets.
  • Dans l’incontinence urinaire liée à une hyperactivité vésicale (activité exagérée de la vessie) la fuite est précédée tout de suite d’un besoin urgent d’uriner (urgenturie) de manière impérieuse. D’autre part on constate généralement des envies d’uriner durant le sommeil (nycturie ou énurésie)  s’accompagnant de fuites qui sont le plus souvent d’un volume important.

Anatomie

Le sphincter urétral est constitué d’un muscle possédant la forme d’un anneau et ayant le rôle de fermer ou d’ouvrir le canal dans lequel passe l’urine pour aller de la vessie vers l’extérieur, afin de s’évacuer.

Le périnée est la région qui constitue le plancher du petit bassin (région du bassin contenant les organes génitaux externes – vulve chez la femme – et l’anus). Cette région se présente différemment chez la femme et chez l’homme.

Symptômes

Symptômes

  • Fuite urinaire non précédée d’une sensation de besoin et survenant en même temps qu’une augmentation de pression à l’intérieur de l’abdomen.
  • Urgenturie c’est-à-dire survenue d’un besoin d’uriner et anormalement soudain et impérieux.
  • Pollakiurie c’est-à-dire augmentation de la fréquence des mictions avec plus de huit épisodes par 24 heures ou plus de deux épisodes durant la nuit.
  • Nycturie (être réveillé la nuit par l’envie d’uriner). Il est nécessaire de savoir que toute les besoins d’uriner durant la nuit ne sont pas nécessairement des épisodes de nycturie.
  • Mis en évidence d’un facteur déclenchant (facteur favorisant l’hyperactivité de la vessie ou bien l’activité exagérée de la vessie) pouvant être lié à une infection urinaire, une inflammation de la vessie s’étalant sur une période (état inflammatoire chronique) tels qu’une cystite, présence d’un corps étranger à l’intérieur de la vessie ou une tumeur de la vessie. Les autres causes peuvent être une inflammation de la vulve ou du vagin une tumeur du bassin et un fibrome et même une maladie neurologique concernant la moelle épinière  (pathologie médullaire) ou l’encéphale.

Épidémiologie

L’incontinence urinaire de la femme augmente avec l’âge, le nombre de grossesses et le nombre d’accouchements par voie naturelle  (par le vagin). Les autres facteurs de risque de l’incontinence urinaire d’effort sont les efforts répétés tels que la toux chronique (s’étendant sur une longue période), le sport de haut niveau et la constipation.
Il semble exister un facteur héréditaire favorisant la survenue d’incontinence urinaire chez la femme aussi bien pour l’incontinence d’effort que pour l’incontinence par activité exagérée de la vessie.

Examen médical

Examen physique

La patiente est allongée sur le dos, le les jambes repliées, en position gynécologique, sa vessie doit être pleine.

Le médecin examinateur a pour but de mettre en évidence une fuite à partir du méat c’est-à-dire de l’orifice par lequel est expulsée d’urine lors d’un effort de tout ou une poussée abdominale (la femme tousse ou bien, la bouche fermée et le nez fermé, souffle de façon à pousser sur son abdomen).

Le reste de l’examen permet de mettre en évidence une éventuelle descente d’organe associée ou pas à l’incontinence urinaire et d’apprécier la tonicité des muscles du périnée.

Quand il existe un doute sur une éventuelle infection urinaire il est nécessaire de pratiquer un examen utilisant une bandelette urinaire permettant d’obtenir un résultat immédiat.

Examen complémentaire

La patiente doit noter sur une période de deux à trois jours l’heure et le volume de chaque miction (àchaque fois qu’elle fait pipi). Les spécialistes en urologie appellent ceci le catalogue mictionnel.
Ce catalogue permet d’apprécier les possibilités de la vessie en termes de capacité permettant ainsi de diagnostiquer une éventuelle polyurie pouvant expliquer une partie des symptômes. Le terme de polyurie désigne l’émission excessive d’urine qu’il ne faut pas confondre avec le terme pollakiurie. D’autre par ce catalogue va peut-être permettre une prise en charge la patiente sur le plan psychologique et comportementale.

En dehors de la bandelette urinaire permettant d’éventuellement mettre en évidence une infection urinaire, les examens complémentaires ne comprennent pas d’autres procédés à part l’examen urodynamique ayant pour but d’étudier le fonctionnement de la vessie et des sphincters, à condition qu’il y ait une incontinence complexe ou bien un échec du traitement la première fois. Ces incontinences sont suspectées le plus souvent quand une patiente présente des antécédents de chirurgie ou de radiothérapie pelvienne c’est-à-dire quand elle a subi une intervention chirurgicale ou un traitement par rayons X au niveau du bassin. Une maladie neurologique ainsi qu’un prolapsus c’est-à-dire une chute des organes génitaux entre également dans ce cadre.

La cystographie permet d’apprécier la morphologie du col de la vessie et son dynamisme au moment où la patiente fait des efforts ou lors de la miction c’est-à-dire au moment de l’évacuation des urines.

La cystoscopie c’est-à-dire la visualisation directe de l’intérieur de la vessie est quelquefois indispensable en présence d’une vessie instable ou d’incontinence d’effort déjà opérée.

Par le passé il était utile d’effectuer une urographie intraveineuse. Cet examen complémentaire n’a plus d’intérêt actuellement.

Cause

Cause

Les fuites d’urine sont souvent dues à une faiblesse du sphincter urétral, mais pas uniquement.

L’incontinence urinaire fait parfois suite à :

  • Une infection urinaire basse (cystite).
  • La prise de certains médicaments.
  • Une infection ou une inflammation du vagin.
  • Un mauvais fonctionnement de la vessie (qualifiée de paresseuse ou au contraire d’hyperactive).
  • D’un prolapsus (chute des organes contenus au-dessus du plancher pelvien appelé également périnée).
  • D’une augmentation du volume de la prostate (hypertrophie prostatique).
  • D’une obstruction des voies urinaires.
  • D’un rétrécissement de l’urètre (canal allant de la vessie à l’extérieur, aboutissant au méat urétral, et servant à l’évacuation de l’urine et du sperme chez l’homme).

Traitement

Traitement

1) En cas d’incontinence par hyperactivité vésicale le traitement nécessite la prise de médicaments anticholinergiques. Ceux-ci ont pour but de diminuer le réflexe vésical. Il existe néanmoins des contre-indications au traitement anticholinergique : le glaucome par fermeture de l’angle. Les effets secondaires de ce type de traitement sont avant tout la sécheresse de la bouche, l’apparition de troubles cognitifs (intellect) chez les personnes àgées, la constipation et enfin quelques troubles visuels (perturbation de l’accommodation) gênants.

Initialement un traitement est prescrit pour une durée de trois mois. On procède ensuite à une réévaluation chez le spécialiste en urologie. Si celui-ci constate une amélioration, la poursuite du traitement est demandée. Si l’on constate une amélioration non complète il est alors nécessaire d’effectuer un examen urodynamique c’est-à-dire un examen permettant de connaître la tonicité et les les pressions s’exerçant à l’intérieur de la vessie grâce à un examen portant le nom de cystomanométrie. Ainsi la survenue de contractions vésicales survenant avant la miction urinaire ou pendant la phase de remplissage permettront de fermer qu’il existe une activité exagérée du détrusor.

2) En cas d’incontinence urinaire d’effort il est nécessaire de procéder à un renforcement de l’activité des sphincters qui passe par la rééducation des muscles du périnée. Il s’agit de la rééducation périnéale qui vise à apprendre à contrôler les envies d’uriner et à permettre ainsi d’augmenter les capacités de la vessie. Le kinésithérapeute aide la patiente à "visualiser" les muscles du périnée pour en prendre conscience, et ainsi à les tonifier pour permettre au plancher pelvien de se renforcer.
La rééducation est prescrite à raison de 12 à 15 séances. Cette rééducation associe un travail de kinésithérapie, le recours au biofeedback et l’électrostimulation périnéale. Après ces séances, le médecin spécialiste en urologie procède à une réévaluation. Au cours de cette consultation de réévaluation, il en profitera pour encourager la patiente à s’autoentretenir afin de pérenniser les résultats. Autrement dit une patiente souffrant d’incontinence urinaire et ayant fait une rééducation pour cela, devra par la suite, continuer d’elle-même sa propre rééducation, sur les conseils de son kinésithérapeute.

Enfin, la chirurgie est utilisée tout particulièrement dans certaines formes, essentiellement en cas d’échec des autres méthodes thérapeutiques, mais également quand l’incontinence urinaire devient particulièrement invalidante. Elle consiste à remettre la vessie " à sa place ", éventuellement à augmenter son volume, et s’il existe un obstacle à l’évacuation de l’urine, à le retirer. Dans certains cas, il est même parfois utile d’envisager l’utilisation de sphincter artificiel dans les cas les plus graves.

Depuis quelques années, les techniques chirurgicales utilisées pour traiter l’incontinence urinaire d’effort se sont modifiées. Elles sont devenues beaucoup moins invasives détériorantes et autant efficaces que les méthodes «anciennes». Ainsi les techniques consistant à mettre en place des  bandelettes sousurétrales ont des taux de réussite proche de 90 % chez les patientes qui n’ont pas encore été opérées. Il s’agit d’une technique relativement rapide à effectuer et nécessitant une hospitalisation courte mais ne pouvant s’appliquer que chez des personnes ayant subi une évaluation draconienne. En effet, le risque d’échec n’est pas nul ainsi que les complications survenant après l’intervention.

Il existe d’autres procédés, beaucoup plus « basiques » : comme l’utilisation de couches et de protection hygiénique.

    Le reclassement professionnel de certaines patientes est quelquefois utile surtout si celles-ci ont subi une intervention dans le cadre de l’incontinence urinaire.

Évolution

Diagnostic différentiel

L’incontinence urinaire de la femme doit pas être confondue (diagnostic différentiel) avec les maladies suivantes :

  • Fistule vésicovaginale (communication entre la vessie et le vagin).
  • Fuite par abouchement ectopique des méats urétéraux (communication anormal entre les conduits apportant l’urine des reins, c’est-à-dire les uretères, vers la vessie et la vessie elle-même).

Prévention

Tous les efforts chroniques et répétitifs sont susceptibles de favoriser le relâchement du périnée (région comprise entre l’anus et les parties génitales). Par exemple la constipation chronique ainsi que la pratique intensive de certains sports, les efforts répétitifs au cours de certaines professions sont susceptibles de favoriser la survenue d’incontinence urinaire chez la femme.

Le tabagisme chronique est un facteur de risque qui est susceptible d’augmenter la survenue d’incontinence urinaire.

Il semble exister une sensibilité familiale sinon un mécanisme génétique (non démontré pour l’instant).

Termes et Articles associés