Certains marqueurs présents dans la salive pourraient permettre de détecter la maladie d'Alzheimer avant l'apparition des premiers symptômes.
Explications.
On ne sait pas, à l'heure actuelle, guérir la maladie d'Alzheimer. Le meilleur moyen d'aider les personnes qui en sont atteintes est de détecter la maladie le plus tôt possible afin d'en limiter les conséquences par une prise en charge adaptée.
Or, le diagnostic est d'autant plus difficile que la maladie peut rester silencieuse, c'est-à-dire ne pas provoquer de symptômes, pendant plus de 10 ans : quand les premiers signes apparaissent, les dégâts sont déjà irréversibles.
Le traitement médical mis en place à ce moment-là ne permet pas d'enrayer la progression de la maladie.
Il est donc essentiel de trouver un moyen de détecter la maladie d'Alzheimer avant les premiers symptômes.
Une étude réalisée par des chercheurs de l'Université de Fribourg devrait permettre un diagnostic précoce de cette forme de démence la plus répandue chez les personnes âgées. Et c'est dans la salive des patients à risque que se trouverait la solution.
Déjà, en 2019, une équipe américano-polonaise de chercheurs avait démontré le lien entre une bactérie provoquant la gingivite (Porphyromonas gingivalis) et la maladie d'Alzheimer. La relation entre la présence de cette bactérie et la sévérité de la maladie semble avérée.
Plus récemment, les équipes du Professeur Lavinia Alberi Auber et du Professeur Jean-Marie Annoni ont poursuivi les recherches sur le lien entre salive et maladie d'Alzheimer.
Elles ont dans un premier temps recherché une perte d'odorat (signe potentiellement annonciateur de la maladie) grâce à des tests olfactifs et cognitifs, puis analysé la flore microbienne de la salive des patients étudiés et ont alors constaté que la maladie d'Alzheimer modifie fortement cette flore.
Les scientifiques considèrent que la maladie d'Alzheimer est due pour 2/3 à des facteurs "personnels" (familiaux, génétiques), et pour 1/3 à des facteurs extérieurs (environnement). Ils pensent qu'une modification des bactéries présentes dans la bouche peut être le signe d'une prédisposition à développer la maladie, d'autant que la bouche et le cerveau sont proches anatomiquement, et qu'il y a des connexions entre les 2 (par le système lymphatique notamment).
La salive pourrait donc permettre, grâce à certains des biomarqueurs qu'elle contient, de déceler de façon non invasive la maladie d'Alzheimer à des stades très précoces, alors même qu'aucun signe n'est encore apparu.
Au-delà des biomarqueurs infectieux, les chercheurs s'intéressent aux marqueurs inflammatoires (puisqu'il y a une composante inflammatoire dans la maladie d'Alzheimer).
L'étude a concerné des personnes qui présentent depuis 4 ou 5 ans des signes "inquiétants", comme par exemple des modifications de leur mémoire.
Que se passe-t-il si le test est positif ?
Ce dépistage est essentiel puisqu'il permet de mettre en place de façon préventive des mesures telles que la mise en place de traitements pour limiter les inflammations buccales, la surveillance de la santé cardiovasculaire (maintenir une bonne irrigation cérébrale), mais aussi l'instauration d'un programme de stimulation du cerveau afin d'en améliorer la plasticité.
Qui sont les scientifiques qui ont fait ces recherches ?
- l'équipe du Pr Lavinia Alberi Auber, du Swiss Integrative for Human Health (SICHH) et de l'Université de Fribourg (UNIFR )
- l'équipe du Pr Jean-Marie Annoni, de l'Hôpital cantonal de Fribourg
Lire également :
Alzheimer : les signes annonciateurs
Le lien entre benzodiazépines et maladie d'Alzheimer est confirmé
Alzheimer : vers un traitelment préventif ?
Alzheimer : un espoir de guérison grâce aux ultrasons
Alzheimer : l'effet protecteur du régime méditerranéen