Maladie de Waldenström

Définition

Définition

La maladie de Waldenström, appelée également lymphome malin, lymphoplasmocytoïde, et quelquefois macroglobulinémie, est une pathologie rare, qui affecte la moelle osseuse, c'est-à-dire l'endroit où sont produites toutes les cellules du sang.

Généralités

 La maladie de Waldenström, est une prolifération anormale de cellules souches (bébés cellules), à l’origine des lymphocytes (variété de globules blancs), entraînant un excès d’immunoglobuline M (type d’anticorps spécifique).

Symptômes

Symptômes

Les symptômes de la maladie de Waldenström sont :

  • Dans une certaine mesure la maladie de Waldenström ressemble au myélome multiple, et à la leucémie lymphoïde chronique. Quelquefois elle est de découverte fortuite devant une vitesse de sédimentation accélérée.
  • Au cours de la maladie de Waldenström on constate une augmentation de la viscosité sanguine (due à la sécrétion en trop grande quantité d’immunoglobulines M) à l’origine de :
    • Problèmes de coagulation sanguine.
    • Dépôts d’immunoglobulines M dans les reins, occasionnant une insuffisance de fonctionnement des reins (insuffisance rénale).
    • Dépôts d’immunoglobulines M dans les nerfs, entraînant des signes de paralysie surtout au niveau des membres inférieurs.
    • Augmentation du volume du plasma (partie liquidienne du sang) pouvant être l’origine d’une insuffisance de fonctionnement du coeur.
    • Bourdonnements d’oreille.
    • Diminutions de l’acuité visuelle (diminution de la qualité de la vision).
    • Céphalées (maux de tête).
    • Troubles de la conscience.
    • Splénomégalie (augmentation du volume de la rate).
    • Hépatomégalie (augmentation du volume du foie).
    • Augmentation du volume des ganglions.
    • Coma (dans les cas les plus graves).

Physiopathologie

La maladie de Waldenström, est une affection qui se caractérise par :

  • Une multiplication des cellules B (variétés de lymphocytes).
  • Le taux élevé dans le sérum sanguin (partie liquidienne du sang) d'immunoglobulines (variété d'anticorps) monoclonales (issus de la même cellule au départ) dont le poids moléculaire est très élevé : les macroglobulines.
  • Un ensemble de symptômes traduisant une anémie, des hémorragies.

Il s'agit d'une maladie peu fréquente, qui s'observe chez l'adulte aux alentours de 50 ans. Elle se caractérise par une multiplication, c'est-à-dire une prolifération des lymphocytes à l'intérieur de la moelle osseuse, des ganglions, et de la rate qui peut augmenter de volume. La prolifération a lieu également, moins souvent, à l'intérieur du sang. Les cellules produisent un anticorps que l'on appelle macroglobuline, et que l'électrophorèse du sérum permet d'identifier en montrant un pic étroit. Il est nécessaire de signaler qu'il existe un grand nombre de cas qui ne présentent aucun symptôme. Néanmoins, quand la viscosité du sang augmente de façon importante (au-dessus de 50 g par litre), c'est-à-dire que la fluidité diminue à cause de la concentration en macroglobulines, il est possible de voir apparaître certains symptômes comme des fourmillements dans les jambes, des maux de tête (céphalées), des saignements disséminés dans l'ensemble de l'organisme (gencive, bouche, nez), et une baisse de la vision, ou de l'audition.

Une macroglobuline est une protéine volumineuse, possédant un poids moléculaire relativement élevé ( 900 000 Dalton) par rapport aux autres protéines de l’organisme (le Dalton étant l'unité de masse d’une molécule, dont le poids est égal à celui d'un atome d'hydrogène soit 1,66 X par 10 – 24 grammes). C'est également un anticorps qui appartient à la catégorie des immunoglobulines monoclonales, c'est-à-dire élaborées par des cellules qui sont issues de la même cellule, donc toutes identiques.

Les macroglobulinémies peuvent exister dans le sang de façon isolée (on parle d'immunoglobulinémie monoclonale bénigne), ou être associées à une maladie de l'ensemble des cellules qui aboutit à la création d'une variété de globules blancs : les lymphocytes. C'est dans la maladie de Waldenstrom (où le taux de macroglobuline est souvent très élevé : >5 grammes par litre, et responsable d'autre part d'une augmentation de la viscosité sanguine), que se rencontre cette variété de macroglobulinémie.

Il existe un autre type de macroglobuline appelée alpha 2 macroglobulines, qui correspond à une macroglobuline dont la structure est proche de celle de macroglobuline IgM, et qui joue un rôle très important dans le phénomène de la fibrinolyse (destruction de la fibrine : variété de protéines participant au processus de la coagulation normale du sang). On assiste également à une macroglobulinémie dans :

  • Les bouleversements de la structure interne du foie.
  • Le syndrome néphrotique : ensemble des symptômes (signes cliniques) qui accompagnent la glomérulonéphrite, ou maladie des reins se caractérisant par une atteinte des glomérules. Le glomérule est une toute petite partie d’un rein dont le but est de filtrer le sang. Chaque rein comporte un million de glomérules situés à sa périphérie. Ce sont des sphères d’un diamètre d’environ cent cinquante micromètres, c’est-à-dire de la taille d’un millième de cheveu.
  • L’hépatite chronique (inflammation de longue durée du tissu constituant le foie).
  • Le lupus érythémateux : une maladie auto-immune (le malade fabrique des anticorps contre ses propres tissus) dont l’origine précise est inconnue, s'accompagnant d'un trouble sévère de l'immunité (défaut de la fonction certains globules blancs : les lymphocytes T et B). Elle touche préférentiellement les femmes jeunes, et sa fréquence semble plus élevée chez les noires américaines, et les asiatiques. Cette maladie, qui se caractérise par la production d’anticorps, et plus particulièrement d’anti-ADN, peut être à l'origine d'une auto-destruction de tous les organes.
  • La mononucléose infectieuse : maladie infectieuse d'origine virale, qui entraîne une fatigue associée à une fièvre, des ganglions, et une pharyngite (inflammation du pharynx), également appelée maladie du baiser, ou maladie des fiançailles, parce qu'elle se transmet le plus souvent par la bouche. Il est probable que le virus se transmette également par aérosol (à travers les gouttelettes en suspension dans l’air), ou par voie indirecte. Le virus en cause dans cette maladie est le virus d’Epstein-Barr qui fait partie de la famille des herpès virus humains. Ce virus reste dans l’oropharynx (partie supérieure du pharynx) pendant dix-huit mois, ensuite il est excrété de façon intermittente par les malades en l’absence de toute manifestation symptomatique.
  • La trypanosomiase (infection due à un parasite à l'origine de la maladie du sommeil).

Épidémiologie

La maladie de Waldenström, touche plus particulièrement les personnes au-dessus de 60 ans, et de sexe masculin le plus souvent.

Examen médical

Examen physique

L'examen physique, et la palpation en particulier permettent chez certains patients, de mettre en évidence une polyadénopathie (présence de ganglions lymphatiques multiples anormaux), et une hépatosplénomégalie inconstante (augmentation de volume du foie de la rate chez certains patients seulement).
Le syndrome hémorragique entraîne la présence visible à l'examen de :

L'examen du fond d'oeil, montre ce qu'on appelle un syndrome d'hyperviscosité, c'est-à-dire d'une perte de fluidité du sang, qui entraîne l'apparition d'une dilatation des veines de la rétine « en chapelet ». A un stade avancé le médecin ophtalmologiste, observe la présence d'hémorragies au niveau de la rétine, des exsudats (liquide organique suintant au niveau d’une surface enflammée), ainsi qu'un oedème papillaire. La papille optique, est la terminaison du nerf optique au niveau de la rétine.

Labo

Le diagnostic de la maladie de Waldenström est posé grâce à différentes analyses :

  • La vitesse sédimentation est très élevée.
  • L'électrophorèse, qui consiste à séparer les protéines du sang en fonction de leur charge électrique, permet de mettre en évidence l’augmentation des immunoglobulines M sous la forme d’un pic monoclonal. Le taux d'immunoglobulines A est normal voire diminué. La quantité d’immunoglobulines M dans le sang est supérieure à 5 grammes par litre de sérum.
  • La ponction de la moelle osseuse, qui permet de mettre en évidence une prolifération lymphoïde (multiplication des cellules lymphocytaires).
  • Le prélèvement sanguin, qui montre également une augmentation des cellules lymphoïdes (dans certains cas seulement). La diminution du nombre des plaquettes dans le sang (thrombopénie) dans certains cas seulement. La pancytopénie (diminution du nombre des globules rouges, des globules blancs et des plaquettes en présence d'une pathologie  sanguine associée), quant à elle est rare. La diminution du nombre des globules rouges (anémie) dans certains cas seulement.
  • Le myélogramme met en évidence une lymphocytose (augmentation du nombre de lymphocytes) polymorphe, et une plasmocytose (augmentation du nombre des plasmocytes) s'accompagnant d'un grand nombre de formes atypiques, et de transition. Il est également possible d'observer un précipité protéique sur le frottis.
  • La biopsie de la moelle osseuse montre la pénétration (infiltration) lymphoplasmocytaire et, selon les patients une myélofibrose, qui est la transformation fibreuse de la moelle osseuse dont l'évolution est progressive. Pour les spécialistes, il s'agit d'une fibrose du collagène qui concerne uniquement les fibres de réticuline au départ. Ensuite, la sclérose intéresse les éléments cellulaires hématopoïétiques, qui disparaissent (les éléments qui vont donner un jour les cellules du sang : globules rouges, globules blancs, plaquettes). Les conséquences  de la myélofibrose sont un appauvrissement, et une désertification de la moelle osseuse.
  • L'immunoélectrophorèse des urines, met en évidence la présence d'une chaîne légère monoclonale, et plus rarement d'une protéine de Bence-Jones importante.
  • La viscosité sanguine est augmentée : la viscosité du sérum est habituellement supérieure à 4 (normale entre 1,4 à 1,8). La viscosité est la propriété que possède tout fluide (liquide) d’opposer une résistance aux forces qui tendent à déplacer, les unes par rapport aux autres, les particules qui constituent ce fluide. Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2002.
  • Il existe des cas d’augmentation d’immunoglobulines M sans association avec une prolifération des cellules lymphocytaires.

Technique

L'immunoélectrophorèse est une méthode de séparation et d’identification des protéines de l'organisme utilisant l'électrophorèse, c'est-à-dire le déplacement de particules qui sont chargées électriquement sous l'effet d'un champ électrique.

Il est ensuite procédé à la diffusion d’un sérum, liquide possédant des anticorps qui constitue un précipité avec des antigènes dont ils sont spécifiques. C'est un examen de laboratoire qui permet de mesurer (pour les spécialistes en hématologie : semiquantitativement) les immunoglobulines IgA, IgG, IgM, IgE et IgD à l'intérieur du sérum (qui font partie des protéines sanguines), ou dans les urines.

L'immunoélectrophorèse possède la capacité de révéler la présence d'une immunoglobuline monoclonale, qui est mise en évidence par la déformation de son arc de précipitation. Elle permet de préciser le type d'une éventuelle dysglobulinémie (mauvais fonctionnement des anticorps).

Grâce à cette technique, il est possible de trouver à l'intérieur du sérum, des protéines anormales permettant ainsi d'orienter un diagnostic hématologique (maladie du sang). Il peut s'agir d'une inflammation, d'un myélome, de certaines tumeurs bénignes et malignes.

Cause

Cause

On ne connaît pas avec précision la cause de la maladie de Waldenstrom.

Certaines équipes ont avancé une prédisposition génétique, et le rôle de certaines infections chroniques comme le lymphoneLes cellules lymphoplasmocytaires de type B, sécrètent une variété d'anticorps IgM monoclonales, dont la prolifération est quelquefois bénigne au début, puis devient cancéreuse par la suite. Il s'agit alors d'une macroglobulinémie, qui entre dans le cadre d'une dysglobulinémie, ou une gammapathie monoclonale.

Traitement

Traitement

Le traitement de la maladie de Waldenström est celui de la cause :

  • La chimiothérapie est l'utilisation de médicaments anticancéreux sous la forme de comprimés, associant parfois plusieurs médicaments (polychimiothérapie). Elle fait appel au chlorambucil (Chloraminophène) à raison de 6 à 12 mg sous forme orale (que le patient avale) durant deux à quatre semaines. Ensuite, il est nécessaire de passer aux doses d'entretien à raison de 2 à 6 mg durant une période aussi longue que l'hémogramme (globules rouges, globules blancs et plaquettes) le permet.
  • Certaines équipes spécialisées en hématologie, utilisent le melphalan qui semble moins efficace.
  • La plasmaphérèse (soustraction de plasma) est le prélèvement de plasma chez le malade, qui lui sera restitué après avoir enlevé les anticorps IgM en excès. Elle est indiquée quand le patient présente une viscosité trop importante du sang (s'accompagnant de symptômes neurologiques dans ce cas). Celle-ci doit être répétée jusqu'à ce que le taux des protéines anormales diminue grâce à la chimiothérapie.

Évolution

Évolution

En l’absence de traitement :

  • Aggravation des symptômes.
  • Aggravation de l’anémie, ou de la thrombopénie.
  • Susceptibilité accrue aux infections bactériennes.

 

Complications

Les complications concernent :

  • Le squelette.
  • L'appareil digestif.
  • Les poumons et la peau.

Chez certains patients on constate également la survenue de symptômes traduisant une atteinte du système nerveux dû à des hémorragies cérébro-méningées (du cerveau et des méninges).

  • L'anémie hémolytique auto-immune est également une des complications susceptibles de survenir. Le terme hémolytique, désigne le fait que les globules rouges éclatent à la suite d'une mauvaise régulation du système immunitaire, au cours de laquelle le patient fabrique des anticorps contre ses propres tissus.
  • L'insuffisance cardiaque, l'insuffisance rénale, ainsi que l'augmentation de la viscosité sanguine se traduisent quelquefois par des troubles visuels et une amaurose, c'est-à-dire une perte complète de la vue, due à une lésion de la rétine, ou des voies optiques (nerf optique entre autres). La maladie de Waldenström est moins grave que le myélome multiple. En moyenne la survie des patients est d'environ 10 ans, parfois plus.

Diagnostic différentiel

La maladie de Waldenström ne doit pas être confondue avec une gammapathie monoclonale bénigne, qui se caractérise entre autres par la survenue plus fréquente chez le sujet âgé, avec un pic monoclonal sans autre manifestation clinique.

Prévention

Surveillance de l'élévation du taux de d'immunoglobulines M, de façon à prévenir l'évolution vers la maladie de Waldenström.

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