Erysipèle ou érésipèle

Définition

Définition

L'érysipèle est une infection de la peau d’origine bactérienne (streptocoque b-hémolytique), pouvant toucher également les tissus situés au-dessous de l’épiderme (derme et hypoderme).

Généralités

L’érysipèle classique est constitué d’une plaque rouge brillante, accompagnée d’une fièvre importante aux environs de 40°C.

Les antibiotiques ont rendu les bactéries à l’origine de cette maladie inoffensives, mais des complications locales ou des récidives peuvent survenir.

Cette maladie, qui touche essentiellement les membres inférieurs, est sans doute favorisée par l'insuffisance veineuse.

Elle touchait autrefois essentiellement le visage. La diminution de cette localisation semble due à l’utilisation des antibiotiques de façon plus précoce que jadis.

L’érysipèle se situe rarement au membre supérieur ou au niveau de l’abdomen.

Malgré les progrès de l'hygiène, et le développement de l'antibiothérapie, l'érysipèle est en constante augmentation en France depuis les 20 dernières années.

Classification

Les différents degrés de gravité sont en rapport avec d’autres maladies éventuellement associées, comme le diabète ou l’alcoolisme.

Ils se traduisent localement par l’apparition d’un petit purpura (petit épanchement de sang au niveau de la peau ou des muqueuses, réalisant des petites taches de sang ressemblant à de minuscules bleus).

Il existe également des formes d’érysipèle que l’on appelle subaiguës, où la fièvre et l’augmentation des globules blancs sont modérés voire absents.

Symptômes

Symptômes

L'érysipèle de la jambe est une forme la plus fréquemment rencontrée actuellement.

  • Il se caractérise par une grosse jambe douloureuse et une fièvre importante. Habituellement, des frissons précèdent de quelques heures l'apparition de la plaque rouge à la surface de la peau.
  • L'érysipèle se développe en moins de 24 heures et provoque un œdème douloureux à la palpation, bien délimité à sa périphérie. Parfois apparaît autour de la plaque un bourrelet constitué par un petit épaississement de la peau, faisant la frontière entre la zone enflammée et le reste de la peau saine.
  • Il est possible également de rencontrer un décollement de l'épiderme secondaire à la constitution de bulles superficielles, dues à l'accumulation d'eau dans l'épiderme.
  • La palpation de quelques ganglions est probable mais pas constante.
  • La présence d'une petite plaie (dans 50 à 70 % des cas, il s'agit d'une simple égratignure) souvent passée inaperçue, mais qui doit faire l'objet d'une investigation minutieuse, peut expliquer l'érysipèle de la jambe.
  • L'état de propreté du patient et l'existence entre les doigts des pieds d'un éventuel intertrigo (inflammation de la peau au niveau des plis, favorisée par l'obésité et la transpiration) doivent être vérifiés.

Épidémiologie

L’érysipèle touche l'adulte après 40 ans, avec un âge moyen de survenue vers 60 ans.

ll existe parfois une recrudescence saisonnière en été et en automne, bien que cette notion ne soit pas vérifiée dans tous les cas.

Examen médical

Labo

Un prélèvement à la surface de la peau enflammée permet de mettre en évidence le germe responsable de l’érysipèle.
L’antibiogramme (examen permettant de mettre en évidence l’antibiotique efficace) doit être pratiqué le plus précocement possible, avant l’utilisation des antibiotiques.
Les hémocultures (mise en culture du prélèvement) ne sont positives que dans environ 5 % des cas. Certains médecins pratiquent des prélèvements par une ponction, puis une aspiration après avoir injecté du sérum salé.
Le médecin doit rechercher dans le sang une élévation du taux des antistreptolysines (ASLO) ou des antistreptodornases (ASD) sur deux analyses faites à 15 jours d'intervalle. Ici aussi, on n’aura la confirmation de l’infection par un streptocoque que dans 30 à 50 % des cas.
L’analyse révèle également une augmentation des polynucléaires neutrophiles (globules blancs ayant la capacité de phagocytose, c’est-à-dire de capturer et de digérer les bactéries et d’autres germes) pouvant atteindre des chiffres importants de l’ordre de 15 000.
L’inflammation se traduit au niveau du sang par le syndrome inflammatoire biologique qui est généralement très marqué (VS à 80 mm à la 1re heure – protéine C réactive (CRP) > 100 mg/L) mais n'atteint son maximum que 7 à 10 jours après le début de l'infection, ce qui limite son intérêt diagnostique. Il mettra plusieurs semaines à régresser.

Cause

Cause

L'érysipèle est dû le plus souvent à une bactérie : le streptocoque b-hémolytique appartenant au groupe A, plus rarement aux groupes G ou C.

Traitement

Traitement

Il faut faire hospitaliser le malade si les signes sont très marqués (fatigue importante, température excessive), ou s’il existe une complication locale.

Les antibiotiques employés sont essentiellement :

  • les pénicillines (pénicilline G surtout),
  • les macrolides
  • les synergistines

Pour les malades hospitalisés, la pénicilline G est utilisée en perfusion jusqu'à l'obtention de l'apyrexie (baisse de la température), avec relais par une forme orale (sous forme de comprimés) pendant une dizaine de jours.

La voie intramusculaire (piqûre dans la fesse) pendant 10 jours est parfois employée par certains médecins.

S’il existe une contre-indication ou une intolérance à la pénicilline, le macrolide est préféré.

Le patient doit respecter le repos absolu jusqu’à la disparition de la rougeur, de l’œdème et de la douleur.

Certains médecins préconisent un traitement anticoagulant en utilisant de l’héparine sous différentes formes en prévention. Ceci se fait essentiellement quand le malade présente des antécédents de thrombose veineuse profonde.

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (sans cortisone) sont absolument à proscrire car ils sont susceptibles de favoriser la formation d’abcès ou la survenue de nécrose.

Évolution

Évolution

Quand le choix de l’antibiotique est approprié, la guérison d'un érysipèle est obtenue en une douzaine de jours, après une chute superficielle de petits lambeaux de peau (desquamation) à la manière de la scarlatine.

Si l’érysipèle n’est pas traité, il régresse parfois spontanément en deux à trois semaines, mais des complications de tout l’organisme (infection et inflammation) sont alors possibles, mettant en danger la vie du malade.

Chez les individus alcooliques ou diabétiques, ainsi que chez les personnes immunodéprimées ou ayant pris des anti-inflammatoires, il peut survenir des abcès nécessitant parfois une simple incision au bistouri.

Si ces abcès se constituent plus profondément, l’intervention du chirurgien est nécessaire pour effectuer un drainage.

Complications

Il existe des complications locales causées par une surinfection par une autre bactérie appelée Staphylocoque aureus.

Les érysipèle récidivants sont souvent dus à des ulcères de jambe traînantes, mais également à d’autres portes d’entrée (comme une insuffisance veineuse) qui nécessitent la prévention par :

  • des collants compressifs et auto massants.
  • des drainages lymphatiques manuels.
  • une hygiène cutanée soigneuse.

En cas d'échec de ces mesures, le médecin est parfois amené à prescrire un traitement à base de pénicilline pendant 6 mois à un an.

Complications graves :

  • lnsuffisance rénale (déficit de fonctionnement des reins).
  • Fasciite nécrosante : elle constitue le problème principal. Le début de la fasciite nécrosante peut être insidieux et trompeur, simulant un érysipèle. Les signes traduisant cette maladie n'apparaissent parfois qu'après plusieurs jours d'évolution. Le médecin fait parfois tardivement le diagnostic, en constatant les signes d'envahissement par l'infection des zones profondes de la peau et même des muscles. L'absence d'amélioration après l'utilisation des antibiotiques permet de certifier le diagnostic.
  • Erythème noueux.
  • Ulcère consécutif à une varice mal soignée.

Diagnostic différentiel

Les maladies ressemblant à l’érysipèle sont essentiellement :

  • La cellulite à Haemophilus influenzae, fréquemment localisée au visage et associée à la présence de bactéries dans le sang (bactériémie) qui permet le diagnostic (la cellulite est une inflammation du tissu situé sous l’épiderme, à ne pas confondre avec les problèmes esthétiques).
  • Un eczéma ou une infection à staphylocoque.
  • La thrombose veineuse est parfois confondue avec un érysipèle, à cause de l’œdème douloureux qu’elle provoque, mais le diagnostic de thrombose veineuse se fait grâce à la perte du ballottement du mollet, en cas de phlébite surale (phlébite du mollet). Le ballottement du mollet est le mouvement que fait habituellement le mollet quand on le balance doucement d’un côté et de l’autre. En cas de thrombose veineuse, il apparaît dur et immobile. L’écho Doppler veineux pratiqué à ce moment-là permet de faire le diagnostic dans presque tous les cas. L'association d'une authentique thrombose veineuse profonde à un érysipèle de jambe est exceptionnelle.