Différents travaux ont mis en avant un axe majeur dans notre organisme que l’on appelle l’ « axe intestins-cerveau ». Effectivement, le bon fonctionnement cérébral est lié à l’intégrité de notre système intestinal, lui-même dépendant en grande partie de la qualité de notre alimentation.
Certains médecins comme le Dr Natasha Campbell-McBride ou le Pr Karl L. Reichelt et encore bien d’autres, diverses associations (par exemple Stelior en Suisse), ont prouvé comment des troubles tels que la schizophrénie pouvaient être accompagnés avec succès par une alimentation adéquate.
Comment expliquer le lien entre la nourriture et la schizophrénie ? Les molécules majoritairement impactées dans ce trouble sont ce que l’on appelle des peptides opioïdes, c’est-à-dire des protéines se comportant comme des opiacées, et qui sont dérivées d’une mauvaise digestion du gluten et de la caséine.
En comprenant ces mécanismes, comment peut-on accompagner de façon efficace les personnes atteintes de schizophrénie ?
I. Commençons par le commencement : la schizophrénie
La schizophrénie est une maladie du cerveau, qui se caractérise par un dysfonctionnement au niveau des neurotransmetteurs. Les neurotransmetteurs sont des substances chimiques qui permettent la transmission de messages entre certaines cellules cérébrales.
Ces déséquilibres du système de communication cérébral entraînent différents symptômes, qui ne vont pas se manifester dans leur ensemble, ni de la même façon, d’une personne schizophrène à l’autre. Outre les troubles cognitifs (mémoire, attention, apprentissage, traitement de l’information) qui sont présents dès le début de la pathologie, une personne schizophrène peut discerner avec difficulté ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, être convaincu que certaines personnes veulent lui nuire, avoir l’impression d’entendre des voix (qui n’existent pas mais font toutefois partie de sa réalité), être prisonnière de ses hallucinations, se sentir en insécurité permanente, etc. Pour résumer, la schizophrénie peut se définir comme une perte de contact avec la réalité.
La schizophrénie ne se manifeste pas en permanence, mais par épisodes aigus, et les personnes qui en sont atteintes peuvent connaître de longues périodes en présentant un comportement normal. Cette maladie rare, qui peut être sévère, persistante (suivant les personnes), apparaît le plus souvent entre 15 et 30 ans.
Sa prise en charge classique consiste en la prise d’antipsychotiques, un suivi psychothérapeutique, ainsi qu’un accompagnement familial.
Il existe toutefois d’autres pistes qui donnent des résultats très positifs, et comme tout part de l’intestin…
II. Parlons du gluten
Le gluten est un ensemble de protéines (le plus souvent de la gliadine et de la gluténine) mêlées à de l’amidon, et que l’on retrouve dans certaines céréales. Ainsi, le gluten est présent dans : le blé, le seigle, l’orge, l’avoine, les épeautres, le kamut, le sorgho, et le maïs.
Le gluten se trouve dans tous les produits alimentaires contenant les céréales citées : farine, donc pain, pâtes, pizzas, pâtisseries.
Il est également présent dans beaucoup de plats préparés, ou même dans des aliments auxquels on ne penserait pas, comme le jambon du commerce ou les bonbons, pour ses propriétés alimentaires (à suivre).
Beaucoup d’additifs (« amidon de … ») contiennent également du gluten.
III. L’utilisation du gluten
Le gluten joue le rôle d’une colle. Il est donc avant tout intéressant pour l’industrie agro-alimentaire : le gluten rend la pâte malaxée des préparations pâtissières ou boulangères élastique, et il rend ces produits beaucoup plus faciles à mâcher. Il est plus largement utilisé dans d’autres préparations, comme des plats tout faits, pour ces propriétés qui donnent du « moelleux » et de la cohésion.
En ce qui nous concerne, il ne nous apporte strictement rien… si ce n’est de la colle !
Bon à savoir : un régime sans gluten ne provoque pas la moindre carence.
IV. N’oublions pas la caséine !
La caséine, c’est-à-dire la protéine du lait (et que l’on retrouve dans tous les produits laitiers) se comporte et est digérée dans notre organisme de la même façon que le gluten (voir plus loin). Lorsque l’on fait un régime sans gluten pour des raisons de santé, celui-ci n’a de sens que si l’on fait un régime sans caséine et vice-versa.
De la même manière que le gluten, les protéines du lait sont souvent rajoutées dans des plats déjà tout prêts. Ainsi, il n’est pas rare de retrouver de la caséine dans des produits où on ne l’attend pas, comme dans certains sorbets industriels.
V. Pourquoi et comment le gluten et la caséine posent-ils problème ?
● Le gluten et la caséine sont des allergènes et antigènes majeurs. Ils vont donc engendrer une réaction immunitaire. Ceci va progressivement entraîner une inflammation, puis une lésion des parois intestinales (dans le cas de la maladie cœliaque, où il est question d’allergie au gluten), ainsi qu’une dégradation de l’état des villosités (qui sont les petits replis de notre muqueuse intestinale), et des jonctions serrées (qui sont les protéines qui relient entre elles les cellules formant la muqueuse intestinale). C’est le bon état de ces jonctions serrées qui assure la perméabilité de la paroi intestinale. Lorsque ces jonctions sont mises à mal, on parle alors d’hyperperméabilité intestinale.
● Ces phénomènes peuvent se produire car, dans le cas des personnes intolérantes, une enzyme appelée la peptidase IV empêche le bon découpage en acides aminés des protéines (ou peptides) qui forment le gluten et la caséine. La même enzyme agissant pour ces deux molécules, c’est pour cela que ces deux intolérances sont aussi souvent croisées. Le gluten et la caséine qui ne sont pas correctement dégradés passent alors directement dans le sang sous forme de « gliadomorphine », (pour le gluten) et « caséomorphine » (pour la caséine), qui sont des molécules opioïdes, c’est-à-dire des opiacés, qui vont par la voie sanguine se fixer sur différents récepteurs cérébraux.
● Il faut également tenir compte des métaux lourds contenus dans notre organisme (via les amalgames, les vaccins, les pesticides, les conservateurs, la cigarette) qui vont encore amplifier ce phénomène. Effectivement, ils inhibent les enzymes chargées de la destruction de la caséomorphine et de la gliadomorphine pouvant être générées au cours de la digestion.
● En fonction des récepteurs cérébraux sur lesquels ces molécules opioïdes vont se fixer, les symptômes et troubles seront différents : cela peut aller de l’anxiété à l’angoisse ou la dépression, en passant par des troubles de la mémoire, de l’attention, des désordres neuro-visuels, des troubles DYS (dysphasie, dyspraxie, dyscalculie, dyslexie, dysorthographie), l’autisme ou encore… la schizophrénie.
Voilà donc notre axe intestin-cerveau ! En se fixant sur certains récepteurs cérébraux, la gliadomorphine et la caéséomorphine vont gêner la neurotransmission, déséquilibre propre à la schizophrénie.
Mais entendons-nous bien : manger des produits contenant du gluten et / ou de la caséine ne signifie pas non plus courir le risque de devenir schizophrène !
VI. Et le sucre dans tout ça ?
Bonne question ! Quand on parle schizophrénie, on ne peut éluder la question du sucre…
La réponse se trouve dans différentes études (comme celle menée en 2010 par le Centre Médical de l’Université de Vanderbilt aux Eats-Unis) qui ont montré le lien existant entre diabète et maladies mentales en général, et diabète et schizophrénie en particulier. Effectivement, les personnes schizophrènes présentent une résistance à l’insuline (l’hormone sécrétée par le pancréas et destinée à diminuer le taux de sucre dans le sang) plus marquée que la moyenne, ainsi qu’une intolérance au glucose (qui est la plus petite molécule possible de sucre), ainsi que des taux plus élevés que la moyenne toujours, en termes d’insuline en circulation dans le sang et de cortisol (une des hormones du stress qui contribue à élever la glycémie, autrement dit le taux de sucre sanguin).
Le diabète se caractérise par un dysfonctionnement de l’insuline. Or, celle-ci est impliquée dans la régulation de l’un de nos neuromédiateurs, la dopamine. Il se trouve que cette dernière joue un rôle de première dans l’activité motrice, nos capacités de concentration, le circuit de la récompense (ce qui peut expliquer la survenue de besoins addictifs chez les personnes atteintes de schizophrénie).
Lorsque l’on comprend que le gluten et la caséine jouent un rôle majeur dans l’axe intestins-cerveau, et que le sucre est impacté également dans les processus cérébraux de la schizophrénie, il semble évident qu’une alimentation ad hoc doit être suivie par une personne souffrant de ce trouble.
VII. L’accompagnement de la personne schizophrène
L’éviction pure et dure du gluten et de la caséine est bien évidemment de mise. Pour de plus amples informations, vous pouvez consulter les articles consacrés au RSGSC (régime sans gluten et sans caséine), afin d’en connaître les avantages et l’absence d’innocuité !
Un régime de type diabétique est également fortement conseillé, en évitant les sucres aux index glycémiques élevés (comme le sucre, les bonbons, le chocolat, les confitures, pâtisseries, céréales raffinées, etc.) et en leur préférant des index glycémiques bas (que l’on retrouve par exemple dans les céréales complètes ou certains fruits).
Ces rééquilibrages alimentaires sont indispensables pour qu’une personne atteinte de schizophrénie en ressente tous les bienfaits, mais cela ne suffit pas : il s’agit aussi de drainer l’organisme, évacuer les toxines, réinoculer la flore intestinale, réparer la muqueuse intestinale, et tous les autres dégâts… Il est important de procéder par étape, mais aussi d’être accompagné dans ces démarches : un suivi naturopathique peut s’avérer des plus judicieux. L’accompagnement familial (ou amical) est également important, car le suivi d’un régime strict peut être compliqué à mener pour une personne schizophrène.
Conclusion
Un régime sans gluten et sans caséine (et sans sucres à index glycémique élevé), ainsi que les réparations ad hoc, est la première étape dans l’accompagnement de la schizophrénie.
Plus la prise en charge est précoce, et meilleures sont bien sûr les chances de succès. Les expériences menées au Canada, aux Etats-Unis, en Suisse, des études comme celles présentées sur le site « paperblog » sont là pour en témoigner : les chances de guérison sont réelles, et les résultats positifs sont bien présents.
Cet accompagnement est précieux, mais devra s’inscrire dans un suivi holistique : toutes les dimensions de la personne schizophrène sont à prendre en compte, aussi bien au niveau physique et biologique, qu’émotionnel, mental et bien entendu énergétique. C’est dans le cadre d’une prise en charge globale qu’elle bénéficiera des meilleures chances possibles de succès.
Cet article est également présenté sur mon blog naturonice.over-blog.com.
Sources :
Livre : N. Campbell-McBride, Le syndrome entéropsychologique, Editions Centre Nutrition Holistique, 2011
Internet :
• http://www.intolerancegluten.com/
• http://hyperactif.net/intolerancesalimentaires.html
• http://www.vulgaris-medical.com/blog-sante/et-si-parlait-naturopathie/les-produits-laitiers-ne-sont-pas-nos-amis-pour-la-vie
ou http://naturonice.over-blog.com/les-produits-laitiers-ne-sont-pas-nos-amis-pour-la-vie
• http://www.vulgaris-medical.com/blog-sante/et-si-parlait-naturopathie/l-intolerance-au-gluten-effet-de-mode-ou-question-de-sante
ou http://naturonice.over-blog.com/l%E2%80%99intol%C3%A9rance-au-gluten-effet-de-mode-ou-question-de-sant%C3%A9-publique
• http://www.huffingtonpost.fr/sz-berg/maladie-coeliaque-gluten_b_1889187.html
• http://www.paperblog.fr/4230749/autisme-et-schizophrenie/
• http://www.schizophrenie.qc.ca/
• http://www.ffapamm.com/