Définition
Définition
La sérothérapie, appelée également immunisation artificielle passive, est l'utilisation thérapeutique du sérum sanguin (partie liquidienne du sang).
Elle se caractérise par l'administration par injection sous-cutanée, intramusculaire ou intrarachidienne d'un sérum immunisant qui est :
- soit d'origine animale (provenant d'un animal qui a été vacciné contre une maladie infectieuse)
- soit d'origine humaine
La sérothérapie permet de neutraliser :
- un antigène microbien
- une bactérie
- une toxine
- un virus
- un venin
Autrement dit, le sérum immunisant est un sérum sanguin contenant un anticorps (variété d'immunoglobuline) ayant la capacité de réagir contre un corps étranger à l'organisme (antigène).
Généralités
A la fin du XIXème siècle, on s'est aperçu qu'en injectant à un cheval la toxine de la diphtérie, celui-ci fabriquait des anticorps dans son sang à partir duquel on pouvait préparer un sérum. On pouvait également injecter au cheval les germes de la maladie du tétanos, du botulisme, et de la gangrène.
Le sérum ainsi obtenu était hétérologue, car provenant d'une autre espèce, il était malheureusement le plus souvent à l'origine des manifestations allergiques parfois graves comme un choc anaphylactique appelé également maladie sérique.
Progressivement, ce type sérum a été remplacé par des immunoglobulines, appelées gammaglobulines purifiées, qui étaient issues du sang humain, et utilisées essentiellement contre les hépatites virales, et contre les maladies contagieuses de l'enfant comme les oreillons, la varicelle, la rubéole.
Quand un agent infectieux (bactérie, virus, champignon) pénètre dans l'organisme, celui-ci doit se défendre en faisant intervenir son immunité, c'est-à-dire sa capacité à résister à une infection et à neutraliser ensuite les micro-organismes ou les parasites qui l'ont attaqué.
Il est nécessaire de distinguer :
- une maladie infectieuse qui correspond à une infection dont la manifestation est l'apparition de symptômes
- une infection proprement dite, qui se traduit par la présence de germes (entraînant l'apparition d'une maladie) à l'intérieur de l'organisme
- une infection inapparente, qui se caractérise par la présence de germes pathogènes à l'intérieur de l'organisme ne s'accompagnant pas de symptômes.
Quand l'infection est contagieuse, il est nécessaire de parler de porteurs de germes sains.
Avant de se défendre très spécifiquement contre un élément étranger susceptible d'être dangereux et d'entraîner l'apparition d'une infection, l'organisme fabrique des substances que l'on appelle des cytokines. Ce sont les macrophages et les lymphocytes activés (variété de globules blancs) qui constituent la première barrière, ou si on préfère la première réponse non spécifique d'un individu infecté. Plus précisément, le nombre total des neutrophiles circulants (autre variété de globules blancs) augmente d'abord et, à leur tour, d'autres neutrophiles situés à l'intérieur de la moelle osseuse vont subir une maturation, c'est-à-dire vont devenir prêts à défendre l'organisme. Cette accélération de la maturation est le fruit de l'action des cytokines.
L'augmentation de l'irrigation sanguine et de la perméabilité capillaire, c'est-à-dire en quelque sorte «l'autorisation de passage» des globules blancs à travers la paroi des vaisseaux, va permettre aux neutrophiles et aux macrophages de quitter certains vaisseaux et d'aller attaquer les germes dangereux pour l'organisme.
La réponse spécifique de l'hôte se caractérise par la synthèse d'anticorps qui paradoxalement se fera grâce à la pénétration de l'agent infectieux (cause de l'infection). Pour qu'un organisme se défende, il est nécessaire qu'il soit attaqué par une bactérie, un virus, ou de façon générale une substance pathogène. Les molécules qui vont constituer les micro-organismes pathogènes sont différentes de celles de l'individu qui est infecté (on l'appelle l'hôte).
Les anticorps ainsi synthétisés sont des protéines produites par les lymphocytes. Ces protéines, appelées également immunoglobulines, sont présentes dans la fraction gamma globuline du sang. Quand un lymphocyte est stimulé par un antigène, la réponse qui suit est la fabrication (la synthèse) d'un anticorps. A ce moment-là, une lignée d'autres lymphocytes possédant alors la capacité de produire le même type d'anticorps, s'activent. Une réaction en chaîne est instituée, celle qui continue à fabriquer des anticorps mêmes si l'antigène responsable n'est plus présent. Il s'agit entre autres, des lymphocytes B. Cette immunité est appelée immunité à médiation humorale, elle permet la fabrication des anticorps circulants.
CLASSIFICATION
L'immunité au cours des maladies infectieuses et parasitaires, comporte l'immunité à médiation humorale, c'est-à-dire faisant intervenir des anticorps circulants. Parmi ceux-ci il faut distinguer :
L'immunité naturelle active qui apparaît après la naissance, et qui fait suite à un contact avec un agent considéré comme pathogène (susceptible d'entraîner la survenue d'une maladie), et qui provoque :
- soit une pathologie typique
- soit une pathologie atypique
- soit une infection latente.
L'immunité naturelle active fait suite à la guérison d'une maladie infectieuse qui est soit de courte durée, c'est le cas entre autres du rhume ou de la grippe, soit permanente c'est le cas par exemple de la rougeole.
L'immunité artificielle passive, c'est-à-dire la sérothérapie, dont il faut distinguer :
- Le sérum hétérologue, c'est-à-dire d'origine animale est un sérum qui a été préparé à partir de sérum d'animaux tels que le mouton, ou le cheval. Ces animaux ont été préalablement immunisés par un antigène donné. Le prix de revient des sérums hétérologues, n'est pas très élevé mais leur utilisation entraîne quelquefois l'apparition d'une réaction allergique immédiate, telle qu'un choc anaphylactique, ou de réaction allergique retardée comme la maladie sérique. Pour éviter la survenue de ces réactions, des sérums hétérologues sont injectés selon la méthode de Besredka, qui consiste à injecter de quart d'heure en quart d'heure, 1/10 10 millilitres puis un quart de millilitre, puis le reste de la dose.
- Le sérum homologue, c'est-à-dire d'origine humaine, est constitué d'immunoglobulines (anticorps), ou de gammaglobulines qui ont été préparées à partir du plasma (partie liquidienne du sang) d'individus donneurs eux-mêmes, et immunisés par un antigène. Bien entendu ces substances possèdent l'avantage d'être mieux tolérées par le receveur, que les sérums d'origine animale, c'est-à-dire les sérums hétérologues. D'autre part, leur durée d'action est de trois à six semaines. Il est nécessaire de distinguer deux types d'immunoglobulines : tout d'abord, les immunoglobulines standard ou polyvalentes, qui sont des préparations contenant l'ensemble des anticorps du sujet adulte et d'autre part, les immunoglobulines spécifiques sont obtenues à partir de sujets qui ont été très immunisés (hyperimmunisé) par des vaccinations que l'on a répété. Il peut s'agir également d'individus sélectionnés, car contenant une grande quantité d'anticorps dans leur sang, anticorps dirigés contre la coqueluche, l'hépatite B, les oreillons, la diphtérie, la rougeole, la rage, la rubéole, la varicelle, le tétanos et le zona. Ce type d'immunoglobuline spécifique, est utilisé quand on désire effectuer une greffe de rein. Les immunoglobulines spécifiques, sont également utilisées chez les individus receveurs séronégatifs recevant un organe donneur, qui lui est séropositif. Il s'agit d'immunoglobulines spécifiques contre le cytomégalovirus. Il est nécessaire de tenir compte dans ce cas, des contre-indications : les déficits sélectifs en immunoglobulines, ou l'administration d'immunoglobulines susceptibles d'aboutir à une immunisation anti-immunoglobulines A. Un déficit sélectif en immunoglobulines A, constitue également une contre-indication à l'utilisation de ce type d'immunoglobuline.
L'immunité naturelle passive est une immunité qui provient, chez le foetus ou chez le nouveau-né, du transfert des anticorps de la mère par voie passive à travers le placenta. Il s'agit d'une immunité qui persiste chez l'enfant jusqu'à cinq à neuf mois. Ensuite elle disparaît doucement. Durant cette période, tout contact avec un agent susceptible de provoquer une maladie, va entraîner une infection latente qui va renforcer l'immunité naturelle qui est passive par une immunité active.
L'immunité artificielle active, appelée également vaccination. Ce type d'immunisation apparaît 2 à 10 jours après l'injection d'un vaccin qui le plus souvent, est constitué de bactéries en suspension, ou de virus qui sont soit entiers, soit fractionnés, et qui ont été rendus non pathogènes, c'est-à-dire ne pouvant pas entraîner de maladie. L'anatoxine est une toxine ayant perdu ses propriétés toxiques, et qui a gardé des propriétés qui lui permettent d'immuniser un individu. Son injection entraîne l'apparition d'anticorps qui sont spécifiques. L'immunité va croître dans les semaines qui suivent la vaccination, puis ensuite va diminuer progressivement. Chez les individus qui ont été déjà vaccinés, une injection d'un rappel va permettre de stimuler la formation accélérée d'anticorps. Ceux-ci vont persister beaucoup plus longtemps après la première introduction dans l'organisme (inoculation) des bactéries ayant perdu leur pathogénicité (pouvoir de rendre malade), ou de virus entiers, ou fractionnés.
TRAITEMENT
La sérothérapie permet donc, d'apporter de façon passive des anticorps qui sont spécifiques, ou non spécifiques (sérothérapie polyvalente), ceci grâce à un donneur. Il ne s'agit donc pas d'immunité active, dans la mesure où le receveur ne fabrique pas d'anticorps.
La protection qui est conférée à l'individu recevant ces anticorps de la part du donneur est de courte durée :
- 2 semaines avec un sérum hétérologue
- 1 mois, parfois plus, avec un sérum humain
L'avantage de la sérothérapie est son efficacité immédiate. Dans certaines maladies en cas d'incubation longue, la sérothérapie permet d'attendre que le malade lui-même fabrique ses anticorps obtenus après vaccination, celle-ci étant faite en même temps que la sérothérapie, on parle alors de sérovaccination.
Quand le sérum est injecté de façon préventive, on parle de séroprévention , quand le sérum est injecté après l'affection, de sérothérapie curative.
C'est essentiellement en cas d'envenimation, de traitement contre la maladie de la diphtérie, et contre le botulisme que la sérothérapie spécifique est employée encore à notre époque en Europe.
Si les indications de la sérothérapie se sont progressivement réduites aux quelques pathologies citées ci-dessus, c'est grâce aux progrès de la vaccination et de l'antibiothérapie (utilisation des antibiotiques en thérapeutique).
Enfin, en ce qui concerne la sérothérapie polyvalente, qui fait appel aux immunoglobulines polyvalentes, ces techniques sont employées quand il existe des maladies infectieuses pour lesquels les antibiotiques ne suffisent pas, ou bien quelquefois en cas de brûlures étendues.