Psychose maniaco-dépressive

Définition

Définition

Affection cyclique se caractérisant par des accès d'excitation mentale (appelés manies) qui alternent avec des accès de dépression (appelés mélancolie). Habituellement, le malade retrouve son état normal entre les accès. Ceux-ci surviennent soit isolément, soit ensemble (états mixtes).
On distingue la psychose bipolaire constituée d'une alternance d'accès maniaques et d'accès mélancoliques, et la psychose unipolaire qui est une succession d'accès du même type, habituellement dépressifs.

Généralités

La psychose maniacodépressive, appelée également psychose bipolaire, psychose périodique et psychose circulaire est une perturbation cyclique de l'humeur qui se caractérise par l'apparition d'épisodes excitation mentale que l'on appelle crise de manie alternant avec des épisodes de dépression que l'on appelle crise de mélancolie.

Le patient, le plus souvent, retrouve son état normal dans l'intervalle entre les épisodes ou accès caractérisant ces troubles de l'humeur.

Il est nécessaire de distinguer la psychose bipolaire, la psychose unipolaire, la cyclothymie et l'hypomanie chronique :

  • au cours de la psychose bipolaire, on constate une alternance de crises de manie et de crise de mélancolie.
     
  • au cours de la psychose unipolaire apparaît une succession d'épisodes du même type, le plus souvent de type dépressif comme cela se voit au cours de la dépression endogène.
     
  • au cours de la cyclothymie, le patient présente une alternance d'épisodes dont l'intensité est moindre, de type hypomaniaque et dépressif léger, et dont la durée ne dépasse pas quelques jours. On constate d'autre part une alternance de troubles du sommeil à type d'insomnie et d'hypersomnie.
     
  • l'hypomanie chronique se caractérise par des périodes d'exaltation prédominant sur des périodes de dépression. Le sommeil est le plus souvent raccourci.

DIFFÉRENCES ENTRE PSYCHOSE UNIPOLAIRE ET PSYCHOSE BIPOLAIRE

Âge de début des symptômes :

  • psychose unipolaire : 20 à 30 ans
  • psychose bipolaire : 30 à 40 ans

Fréquence :

  • psychose unipolaire : 1 % de la population
  • psychose bipolaire : 3 % la population

CAUSES

Il semble exister une prédisposition génétique (familiale).
​La notion d'alternance qui est observée au cours de cette pathologie fait penser à celle de rythme biologique : ainsi, il existerait une cause exogène (provenant de l'extérieur de l'organisme) et peut-être endogène en relation directe avec le rythme biologique de l'individu malade. Le plus vraisemblable est l'intervention de facteurs extérieurs : les saisons, les modifications de la luminosité liées à la variabilité du climat, des événements de la vie personnelle sont peut-être pour une grande part dans la survenue de cette pathologie.

DIFFÉRENTES FORMES DE PSYCHOSE BIPOLAIRE

Plusieurs formes sont décrites classiquement selon la périodicité des crises :

  • La folie à formes alternes décrite par Delaye
     
  • Le délire à formes alternes de Legrand du Saulle
     
  • La forme se caractérisant par la succession régulière d'accès maniaques et mélancoliques (chaque épisode est séparé du suivant par un intervale où le psychisme est normal)
     
  • La forme circulaire décrite par JP Falret en 1851
     
  • La psychose circulaire avec des accés maniaques et des phases mélancoliques se succédant sans intervalle de lucidité intercalé
     
  • La psychose maniaco-dépressive à double forme décrite par Baillarger en 1854 et se caractérisant par la survenue successive et régulière des troubles maniaque et mélancolique interrompus par un épisode lucide plus ou moins long
     
  • La forme intermittente (appelée également périodique) se caractérisant par la présence d'accès de manie et de mélancolie chaque année à la même époque.

SYMPTÔMES DE LA PSYCHOSE MANIACO-DÉPRESSIVE

La psychose maniaco-dépressive se manifeste pour la première fois le plus souvent entre 30 et 40 ans mais elle peut aussi survenir chez l'adulte plus jeune, voire lors de l'adolescence. Pour certains psychiatres, cette pathologie mentale s'observerait également chez l'enfant.

La crise de manie se traduit par une fuite des idées avec :

  • incohérence
  • euphorie
  • optimisme exagéré
  • une anorexie quelquefois
  • une augmentation de la libido
  • mégalomanie (délire immodéré de puissance)
  • crises d'euphorie
  • extravagances la plus totale
  • état d'excitation extrême pendant lequel l'individu est très désinhibé : par exemple, il est capable de déchirer ses vêtements, de hurler, de faire des achats inutiles et extrêmement onéreux, etc…
  • logorrhée (le patient se met à parler de façon continue et intarissable)
  • discours contenant des jeux de mots et des obscénités s'accompagnant d'une désinhibition (atteinte à la pudeur)

La crise de mélancolie, quant à elle, correspond à :

  • dépression profonde qui se caractérise par une tristesse permanente sans relation avec les circonstances extérieures
  • ressenti de sensations internes de malaise
  • tristesse
  • profond pessimisme
  • mésestime de soi
  • indifférence pour le monde environnant
  • troubles du sommeil à type d'insomnie
  • troubles de la libido
  • angoisse souvent intense
  • culpabilité
  • refus d'alimentation assez fréquent

ÉVOLUTION DE LA MALADIE BIPOLAIRE

Celle-ci se fait le plus souvent vers un raccourcissement des intervalles libres et vers une augmentation de la durée des accès.
La crise de mélancolie, d'autre part, s'accompagne de ce que l'on appelle une inhibition intellectuelle avec manque de concentration et fabrication lente des idées. Les gestes sont ralentis, l'indécision est habituelle avec un sentiment d'impuissance et une absence de volonté (aboulie).
Il semble exister une dépendance particulièrement accrue à la toxicomanie y compris l'alcool. Aucune étude sérieuse n'a fait le lien entre cette pathologie et la consommation excessive de tabac.
Le danger le plus grave de ces épisodes est le suicide : environ 20 % des patients atteints de psychose maniaco-dépressive décèdent de cette manière, raison pour laquelle ils nécessitent une surveillance étroite et attentive.

TRAITEMENT DE LA PSYCHOSE MANIACO-DÉPRESSIVE

Autant dans la crise de manie que dans la crise de mélancolie, certains patients nécessitent une hospitalisation, surtout dans les formes graves (généralement contre l'avis du malade).
L'utilisation de certains antidépresseurs de la famille de l'amitriptyline ou l'imipramine et ses dérivés sont souvent efficaces.
Les inhibiteurs de la monoamineoxydase (appelées IMAO) restent d'un maniement assez délicat.
Certaines équipes psychiatriques utilisent les sels de lithium en prévention ou la Carbamazépine (Tégrétol).
La psychothérapie semble donner quelquefois de bons résultats quand la relation thérapeute-patient s'inscrit dans un continuum efficace.
L'électrochoc (appelé également sismothérapie) sous anesthésie générale et avec prise de curare a été proposé : ces techniques sont réservées aux formes anxieuses ou délirantes avec risque de suicide ou en cas d'échec des médicaments antidépresseurs.

PRÉVENTION

Dans certains cas, il est nécessaire d'avoir recours à l'hospitalisation sous contrainte, c'est-à-dire à l'hospitalisation sur demande d'un tiers (HDT).
Étant donné le risque de dépenses inconsidérées, les biens du patient doivent dans certains cas être protégés, surtout pendant les périodes d'accès maniaque.

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