La Politique Vaccinale aux États-Unis en 2025 : Modifications et Implications

Depuis janvier 2025, la politique vaccinale des États-Unis connaît des modifications substantielles sous l’administration de Donald Trump et la direction de Robert Francis Kennedy Jr., secrétaire à la Santé et des Services sociaux. Ces changements affectent les recommandations vaccinales, la composition des comités consultatifs et l’accès aux vaccins.

Renouvellement du Comité Consultatif sur les Vaccins

Le 9 juin 2025, Robert Francis Kennedy Jr. a annoncé le licenciement des 17 membres du Comité consultatif sur les pratiques d’immunisation (Advisory Committee on Immunization Practices, ACIP) des CDC. Dans un communiqué publié dans le Wall Street Journal, il a justifié cette décision par la volonté de restaurer la confiance du public et d’éliminer les conflits d’intérêts avec les sociétés pharmaceutiques.

Le secrétaire à la Santé a déclaré : « Aujourd’hui, nous donnons la priorité au rétablissement de la confiance du public plutôt qu’à un quelconque programme pro ou anti-vaccins. Le public doit savoir que les recommandations de nos agences de santé sont fondées sur des données scientifiques impartiales, évaluées dans le cadre d’un processus transparent et à l’abri des conflits d’intérêts. »

Les nouveaux membres nommés à l’ACIP présentent des profils variés. Selon les informations disponibles, plusieurs d’entre eux n’ont pas publié de recherches spécifiquement sur les vaccins. Plus de 20 organisations médicales, dont l’Association médicale nationale et l’Académie américaine de pédiatrie, ont exprimé des préoccupations concernant cette réorganisation.

Modifications des Recommandations pour les Vaccins COVID-19

En juillet 2025, l’administration a retiré le vaccin COVID-19 du calendrier de vaccination recommandé pour les enfants en bonne santé et les femmes enceintes. Cette décision a été prise sans passer par le processus consultatif traditionnel du CDC.

En mai 2025, les États-Unis ont annoncé une restriction de l’accès aux vaccins COVID-19. Selon la nouvelle politique, seules les personnes présentant des facteurs de risque spécifiques pourront recevoir le vaccin dans le cadre des recommandations officielles. Ces facteurs de risque incluent l’asthme, le diabète, l’obésité, les maladies cardiaques, le VIH, la schizophrénie, le tabagisme et le manque d’activité physique. Selon les autorités sanitaires, environ 74% des adultes américains présentent au moins l’un de ces critères.

Les personnes ne correspondant pas à ces catégories pourront toujours recevoir le vaccin en dehors des recommandations officielles, mais ne seront probablement plus remboursées par leur assurance maladie. Les laboratoires pharmaceutiques devront également mener de nouveaux essais cliniques sur les bénéfices des vaccins pour les personnes en bonne santé de moins de 65 ans.

Le nouveau comité ACIP a également inversé les recommandations précédentes concernant la vaccination COVID-19 pour les enfants et les femmes enceintes, décision prise sans nouvelles preuves scientifiques de nocivité selon les informations disponibles.

Réduction du Financement de la Recherche Vaccinale

En août 2025, Robert Francis Kennedy Jr. a réduit de 500 millions de dollars le financement du développement des vaccins à ARN messager. Cette décision a été justifiée par des questions sur l’efficacité de ces vaccins contre certaines infections respiratoires.

L’administration Trump a également annulé un contrat avec Moderna pour le développement avancé de son vaccin contre la grippe aviaire, estimant qu’il ne répondait pas aux normes scientifiques établies.

Nouvelles Directives sur les Recommandations de Vaccins

La Food and Drug Administration (FDA) a émis de manière indépendante des recommandations sur les souches virales pour les vaccins antigrippaux 2025-2026, s’écartant du vote traditionnel du comité consultatif.

En juin 2025, les États-Unis ont décidé de cesser la distribution de tous les vaccins antigrippaux contenant le conservateur thimérosal (à base de mercure), suite à une recommandation du nouveau panel vaccinal.

Nouveau Programme « Make America Healthy Again »

En février 2025, Donald Trump a signé un décret instituant le programme « Make America Healthy Again » (MAHA) sous la direction de Robert Francis Kennedy Jr. Ce programme s’appuie sur le constat d’un état de santé préoccupant de la population américaine, particulièrement chez les enfants et adolescents.

Selon les données citées dans le décret : en 2022, 40,7% des enfants (30 millions) souffraient d’au moins une affection chronique (allergie, asthme, maladie auto-immune) ; un enfant sur 36 était diagnostiqué avec un trouble du spectre autistique ; 30% étaient prédiabétiques et plus de 40% présentaient un surpoids ; 3,4 millions étaient traités pour déficit d’attention ou hyperactivité.

Dans le cadre de ce programme, les CDC ont reçu instruction d’attribuer un contrat sans appel d’offres à un institut de recherche pour enquêter sur un lien potentiel entre les vaccins et l’autisme, hypothèse réfutée par plusieurs décennies de recherche scientifique.

Situation Épidémiologique de la Rougeole

Les États-Unis connaissent en 2025 leur pire épidémie de rougeole depuis plus de trois décennies. Selon l’Organisation panaméricaine de la santé, 1 227 cas confirmés et 3 décès ont été signalés aux États-Unis à la mi-juin 2025, contre 60 cas durant les huit premières semaines de 2024.

L’Organisation mondiale de la santé a été notifiée de cette flambée le 11 mars 2025. Au 17 avril, 800 cas confirmés avaient été signalés dans 25 États, avec 96% des cas concernant des personnes non vaccinées ou au statut vaccinal inconnu. Le taux d’hospitalisation s’établit à 11% (19% chez les moins de 5 ans).

Les États du Texas, du Nouveau-Mexique et de l’Oklahoma représentent 82% des cas signalés. Plus de 60% des cas sont concentrés au Texas, où la couverture vaccinale est particulièrement faible.

Évolution de la Couverture Vaccinale

Les données fédérales publiées en juillet 2025 indiquent une baisse continue de la couverture vaccinale chez les enfants en maternelle. Pour la vaccination contre la rougeole, les oreillons et la rubéole, le taux est passé de 95,2% en 2019-2020 à 92,7% en 2023-2024, puis à 92,5% en 2024-2025.

La proportion d’enfants exemptés de l’obligation vaccinale a atteint un niveau record de 4,1% en 2024-2025, contre 3,7% l’année précédente. Il s’agit de la troisième année consécutive de record.

Les CDC recommandent un taux de vaccination de 95% pour assurer l’immunité collective. La couverture nationale actuelle de 92,5% se situe en dessous de ce seuil.

Dans le communiqué des CDC accompagnant ces données, l’agence a indiqué : « La décision de se faire vacciner est une décision personnelle. Les parents doivent consulter leurs professionnels de santé pour connaître les options qui s’offrent à leur famille », ajoutant que « la vaccination reste le moyen le plus efficace de protéger les enfants contre des maladies graves, comme la rougeole et la coqueluche, qui peuvent entraîner une hospitalisation et des complications de santé à long terme. »

Initiative de la Floride

Le 3 septembre 2025, la Floride a annoncé son intention de supprimer toutes les obligations vaccinales, y compris pour les écoliers. Joseph Ladapo, responsable de la santé de l’État, a déclaré que les autorités locales allaient « s’efforcer de mettre fin à toutes les obligations vaccinales en Floride, jusqu’à la dernière ». Il a justifié cette position en affirmant : « Qui suis-je pour vous dire ce que vous devez mettre dans votre corps ? Qui suis-je pour vous dire ce que votre enfant doit mettre dans son corps ? Je n’ai pas ce droit. »

Si cette mesure était adoptée, la Floride deviendrait le premier État américain à abandonner les obligations vaccinales qui ont permis de contrôler des maladies comme la rougeole, les oreillons, la rubéole, la polio et l’hépatite B.

Réactions et Débats

Lors d’une audience au Congrès le 4 septembre 2025, Robert Francis Kennedy Jr. a défendu ses politiques face à des questions de législateurs démocrates et républicains. Concernant la gestion de la pandémie COVID-19, il a déclaré : « Les personnes au CDC qui ont supervisé ce processus, qui ont imposé des masques à nos enfants, qui ont fermé nos écoles, sont celles qui vont partir. »

Le président Donald Trump a exprimé son soutien à son secrétaire à la Santé le même jour, déclarant : « Il est quelqu’un de très bien. Il veut bien faire et il a des idées un peu différentes. J’aime le fait qu’il soit différent. »

Plus d’un millier d’employés actuels et anciens du département de la Santé ont publié une lettre ouverte le 3 septembre 2025 appelant Robert Francis Kennedy Jr. à démissionner. Certains législateurs, comme le sénateur Ron Wyden, ont également réclamé son départ, estimant qu’il mettait « en danger » la population.

Plus de 75 lauréats du prix Nobel ont publié une tribune exprimant leurs préoccupations concernant la nomination de Robert Francis Kennedy Jr. au poste de secrétaire à la Santé.

Projections Scientifiques

Une étude publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) a modélisé l’impact de différents niveaux de couverture vaccinale sur la propagation des maladies infectieuses. Selon cette modélisation, aux taux de vaccination actuels, la rougeole pourrait redevenir endémique aux États-Unis d’ici deux décennies et provoquer 851 300 cas, 170 200 hospitalisations et 2 550 décès en 25 ans.

Si la couverture vaccinale contre la rougeole, les oreillons et la rubéole baissait de 10%, le modèle prédit 11,1 millions de cas de rougeole en 25 ans. Dans un scénario où la vaccination reculerait de 50%, le modèle prévoit 51,2 millions de cas de rougeole, 9,9 millions de rubéole, 4,3 millions de poliomyélite et 197 cas de diphtérie sur 25 ans, entraînant 10,3 millions d’hospitalisations et 159 200 décès.

Contexte International

L’Organisation panaméricaine de la santé a signalé une augmentation de 29 fois du nombre de cas de rougeole dans la région des Amériques entre 2024 et 2025. Au total, 7 132 cas confirmés et 13 décès ont été signalés dans la région à la mi-juin 2025.

Le risque global de rougeole dans la région des Amériques est considéré comme élevé par l’OMS en raison de la circulation continue du virus, d’une couverture vaccinale sous-optimale et d’un nombre croissant de personnes non immunisées.

En 2023, seulement 28,6% des pays des Amériques ont atteint une couverture de plus de 95% pour la première dose du vaccin rougeole-oreillons-rubéole, et seulement 16,7% pour la deuxième dose. La couverture régionale était de 87% pour la première dose et 76% pour la deuxième dose.

Données Actuelles

Les modifications de la politique vaccinale américaine s’inscrivent dans un contexte de débat public sur les vaccins, la confiance envers les institutions sanitaires et l’équilibre entre liberté individuelle et santé publique. Les autorités sanitaires justifient ces changements par la nécessité de restaurer la confiance du public, mise à mal selon elles lors de la pandémie de COVID-19.

Les organisations médicales et de santé publique, tant nationales qu’internationales, continuent de surveiller l’évolution de la situation épidémiologique et de la couverture vaccinale aux États-Unis. L’impact à long terme de ces modifications politiques sur la santé publique fera l’objet d’analyses continues.