Ejaculation précoce

Définition

Définition

Éjaculation survenant avant que l'individu ne le souhaite, liée à une absence persistante d'un contrôle volontaire raisonnable de l'éjaculation et de l'orgasme au cours de la relation sexuelle.

Éjaculation survenant une fois sur deux avant l'orgasme de la/du partenaire (définition de Masters et Johnson).

Généralités

MÉCANISME

L'éjaculation est l'expulsion du sperme par l'urètre (conduit amenant l'urine de la vessie vers l'extérieur) au moment de l'orgasme, après contraction des vésicules séminales. Ce sont les stimulations répétitives du pénis au moment des rapports sexuels ou lors de la masturbation qui sont à l'origine du réflexe éjaculatoire.

Le sperme est tout d'abord évacué par l'urètre situé dans la prostate puis il est projeté à l'extérieur à la suite d'une contraction des muscles du périnée (bassin).

Classiquement, on distingue trois phases lors de l'éjaculation :

  • l'accumulation : cette phase est inconsciente et pour certains n'existerait pas. Elle survient après que l'excitation sexuelle ait eu lieu, au tout au début du coït (rapport sexuel). Pendant l'accumulation, les spermatozoïdes vont être poussés en avant grâce à l'intervention de petites contractions musculaires de l'épididyme et des canaux déférents. L'épididyme est un organe cylindrique situé derrière chaque testicule et s'étalant en "embrassant " celui-ci. L'épididyme se prolonge par le canal déférent ou canal spermatique, qui débouche dans l'urètre et qui est destiné à évacuer à la fois les urines et le sperme. Le canal de l'épididyme est microscopique et très long. Sa forme anatomique le maintient pelotonné sur lui-même. C'est à l'intérieur de celui-ci que les cellules spermatiques, c'est-à-dire les précurseurs des spermatozoïdes produits dans le testicule, progressent lentement en achevant leur maturation. À partir de cet instant, les spermatozoïdes vont s'accumuler progressivement dans la queue de l'épididyme et certains d'entre eux vont parvenir dans les ampoules déférentielles (petites cavités situées dans le canal déférent). Le canal déférent est un canal qui fait suite à l'épididyme en prenant la forme d'une épingle à cheveux. Sa longueur est de 35 cm environ et son diamètre augmente progressivement au fur et à mesure qu'il s'éloigne du testicule. À l'examen, le médecin le reconnaît grâce à sa grande fermeté. Au départ de l'épididyme, le canal déférent monte verticalement puis pénètre dans l'abdomen en direction de la vessie qu'il contourne. À ce niveau, son diamètre s'agrandit et le canal déférent prend le nom d'ampoule déférentielle. Pour terminer, il se jette dans le canal éjaculateur qui lui-même s'ouvre dans l'urètre (conduit traversant la prostate amenant l'urine de la vessie vers l'extérieur mais également les spermatozoïdes au moment de l'éjaculation).
     
  • l'émission : cette phase correspond au remplissage rapide d'une partie (chambre) de l'urètre qui traverse la prostate. Cette chambre est fermée grâce à 2 sphincters (muscles circulaires). Le sphincter situé à la partie la plus basse de la vessie est constitué de fibres lisses (c'est-à-dire de fibres de muscles lisses = muscles automatiques). L'autre sphincter est constitué de fibres striées (répondant à la volonté). Il est situé autour de la prostate et plus précisément autour du bec de la prostate. Les spermatozoïdes qui étaient précédemment stockés dans la queue de l'épididyme, vont être poussés dans cette petite chambre fermée grâce aux contractions des canaux de l'épididyme et des déférents. À peine un peu plus tard, le liquide prostatique va se vider à son tour dans cette chambre et se mélanger aux spermatozoïdes. Puis, c'est le tour des sécrétions fabriquées par les vésicules séminales (petites poches de 5 à 6 cm de long situées juste au-dessus de la prostate, et produisant des substances contribuant à la formation du sperme). L'ensemble de ces constituants va mettre sous pression la chambre urétrale qui se dilate. Cette dilatation est à l'origine de la sensation qui précède l'éjaculation.
     
  • l'expulsion (ou éjaculation proprement dite) : pour que le liquide précédemment décrit puisse sortir par l'urètre, il faut logiquement qu'un seul sphincter s'ouvre, permettant ainsi l'évacuation de la chambre urétrale. Ce mécanisme est possible à condition que le sphincter situé sous la vessie demeure bien fermé et empêche la remontée du sperme dans l'urine contenue par la vessie. Le sphincter entourant l'extrémité inférieure de la prostate s'ouvre suite à l'augmentation de la pression dans la chambre urétrale. Ce n'est pas uniquement la pression qui règne à l'intérieur de cette chambre qui va permettre l'éjection du liquide, mais également les contractions des muscles du périnée (plancher sur lequel reposent les organes génitaux internes) qui ont lieu environ toutes les secondes. Pour chasser le sperme, 3 à 5 contractions musculaires sont nécessaires : leur intensité va en diminuant, c'est ce qui explique l'émission de sperme par l'orifice (méat) urétral (de l'urètre) par épisodes rapprochés. La jouissance ressentie par l'homme survient au moment des contractions de ces muscles qui sont accolés en périphérie du bulbe et du corps spongieux. Les muscles qui permettent la contraction sont normalement sous le contrôle la volonté, cependant pendant l'éjaculation ils sont automatiques (réflexes).

CAUSES (liste non exhaustive)

Les docteurs Belaïsch et Kervasdoué distinguent 2 types d'éjaculation prématurée : celle qui a toujours existé et qui met en cause la personnalité du sujet, et celle apparue à un moment donné de la vie d'un individu, en relation avec d'autres causes généralement faciles à guérir.

Causes psychologiques

Profil d'individus présentant le type de l'éjaculateur précoce : il s'agit d'un individu présentant souvent un désespoir profond du fait de ne pouvoir contenter leurs partenaires. Il peut s'agir également d'un individu toujours pressé et anxieux. 

Hypothèses psychanalytiques : les éjaculateurs précoces seraient des individus misogynes désirant priver leur femme de son plaisir. Toujours dans le cadre de la psychanalyse, il existerait chez ces hommes une impression d'abandon par leurs parents pendant l'enfance. Enfin, dans le même registre, des psychanalystes sont allés beaucoup plus loin jusqu'à l'aube de l'humanité. : à cette époque, les ennemis étaient susceptibles d'attaquer et de vaincre plus facilement ceux qui faisaient l'amour. Un tel traumatisme transmis de génération en génération expliquerait l'angoisse de certains éjaculateurs précoces.

Causes comportementales

Rapports trop rares : des rapports plus fréquents ou plus réguliers (deux à trois fois par semaine) apportent généralement une solution ce problème.

Peur de faire mal à la /au partenaire.

Rapports sexuels se déroulant dans un contexte d'insécurité pour la/le partenaire.

Partenaire donnant l'impression d'être particulièrement excité(e) et engendrant un désir d'éjaculation rapide afin d'obtenir une sensation de plaisir très marquée.

Partenaire tendu(e) ou inquièt(e), parfois trop " rapide ". Ce type de comportement est susceptible d'être à l'origine d'une relation sexuelle perturbée surtout si le partenaire sexuel masculin n'est pas suffisamment maître de lui. L'approche thérapeutique dans ce type de troubles passe par une meilleure connaissance de deux partenaires

Causes anatomiques ou médicales

Inflammation de l'urètre

Prépuce trop court, à l'origine d'une verge qui se recourbe et d'un plan qui frotte beaucoup plus contre la paroi du vagin, ce qui serait à l'origine d'une stimulation trop rapide.

Une intrication de l'ensemble de ces causes

TRAITEMENT

 Avant tout, essayer de rechercher une complicité dans le couple. En effet, le rôle de la/du partenaire est primordial dans cette pathologie.

En cas d'échec, une consultation s'impose rapidement (pour les raisons citées ci-dessus). Certains médicaments comme la thioridazine ont été utilisés mais n'ont pas donné les résultats escomptés.

La clomipramine est un antidépresseur dont la dose doit être très lentement croissante mais toujours très faible.

La sérotonine, le fluvoxamil et la fluoxétine semblent apporter de bons résultats.

Le moxisylyte (qui bloque le système nerveux sympathique) donne également de bons résultats mais son utilisation se fait sur une longue période.

La prise en charge psychologique (psychothérapie, psychanalyse, …) est nécessaire quand l'homme a le sentiment de vivre un état de mal-être permanent.

Les techniques de reconditionnement, dont les plus connues sont celles de Masters et Johnson, sont des techniques comportementales : au cours de la stimulation érotique, après l'obtention d'une érection, la/le partenaire intervient en stimulant le pénis par une masturbation plus ou moins intense. Quand l'homme ressent l'imminence de l'éjaculation, la/le partenaire doit serrer fortement la verge entre deux doigts et si besoin avec la totalité de la main jusqu'à ce que la douleur entraîne l'arrêt de l'érection. Il semble que la répétition de ces gestes (techniques non garanties) soit à l'origine d'un reconditionnement pour l'homme et d'une normalisation des relations sexuelles. L'efficacité de cette méthode, ainsi que le laps de temps nécessaire à l'obtention d'un rapport sexuel normal, varient d'un couple à l'autre et sont directement dépendants de l'autorisation que se donnent les partenaires d'avoir des rapports normaux à la fin de cet exercice. Pour Semans, l'interruption des caresses remplace la compression avec les doigts et dans ce cas elle doit avoir lieu plus précocement.

La position du rapport sexuel à l'origine de la survenue du plaisir rapide doit être refusée. Ce qui signifie que les positions adoptées par les deux partenaires doivent être celles qui provoquent l'excitation la moins forte. Ceci nécessite bien entendu la meilleure entente possible dans le couple (qui peut être améliorée par une relation psychologique d'investissement).

La rééducation périnéale (plancher musculaire où se situent les organes génitaux et l'anus) apporte non seulement une amélioration en ce qui concerne l'éjaculation prématurée mais semble également accroître la puissance sexuelle. La méthode d'interruption du jet d'urine, qui consiste à interrompre la miction (émission d'urine) à plusieurs reprises, apporte une amélioration de la musculature des sphincters (muscles circulaires permettant de fermer différents conduits de l'organisme) ainsi que des mouvements rythmés vers le haut de la verge quand celle-ci est en érection par la contraction volontaire (muscle bulbo et ischiocaverneux) donnent de très bons résultats en ce qui concerne cette pathologie.

Diagnostic différentiel
L'éjaculation précoce ne doit pas être confondue avec l'éjaculation ante portas ("avant les portes ") qui qualifie une éjaculation qui a eu lieu avant la pénétration dans le vagin et qui rend donc impossible la fertilité du couple.