Préservation de la fertilité : La congélation d’ovules

Un phénomène qui répond aux évolutions sociétales

La congélation d’ovules connaît une croissance exponentielle en France. En effet, selon l’Agence de la biomédecine, le nombre de femmes ayant recours à cette technique a triplé entre 2019 et 2023. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 4 000 Françaises ont entrepris une démarche de conservation ovocytaire en 2023, contre seulement 1 200 en 2019.

Les raisons de cette tendance croissante

L’âge moyen de la première grossesse ne cesse d’augmenter. Il atteint aujourd’hui 30,9 ans en France, selon l’INSEE. Les femmes privilégient souvent leur carrière professionnelle avant d’envisager une maternité. Cette réalité sociale s’accompagne d’une meilleure connaissance de la baisse naturelle de la fertilité avec l’âge.

Procédure complète : de la préparation à la congélation

La procédure débute par un bilan médical approfondi. Des examens sanguins et échographiques évaluent la réserve ovarienne. Le traitement hormonal commence ensuite au début des règles et dure environ deux semaines. Les patientes apprennent à réaliser elles-mêmes les injections quotidiennes sous la peau du ventre.

Trois à quatre échographies de contrôle surveillent la croissance des follicules. Lorsque ceux-ci atteignent la taille adéquate, une dernière injection déclenche la maturation finale. Le prélèvement des ovules s’effectue 36 heures plus tard, sous anesthésie locale ou générale légère. L’intervention dure environ 20 minutes. Une échographie permet de guider l’aiguille de ponction à travers la paroi vaginale.

Coût et prise en charge

Les coûts varient considérablement selon les établissements. Dans le secteur privé, une procédure complète coûte entre 3 000 et 4 500 euros. Ce montant comprend la stimulation hormonale, le prélèvement des ovules et leur conservation pendant les premières années. En revanche, dans le secteur public, la prise en charge est désormais possible sous certaines conditions, notamment d’âge.

Effets secondaires du traitement hormonal

Le traitement hormonal nécessaire à la stimulation ovarienne peut entraîner plusieurs effets secondaires. Les femmes rapportent fréquemment des bouffées de chaleur, des maux de tête et une sensation de gonflement abdominal. L’humeur peut également être affectée, avec des variations d’intensité variable selon les personnes. Dans certains cas, une prise de poids temporaire de 1 à 3 kg est observée pendant le traitement.

Les effets plus rares mais plus sérieux incluent le syndrome d’hyperstimulation ovarienne, qui touche 5 à 10% des femmes. Il se manifeste par des douleurs pelviennes intenses, des nausées et parfois des troubles de la coagulation. La surveillance médicale étroite permet généralement d’ajuster le traitement avant l’apparition de complications graves.

Conservation et utilisation future des ovules

Les ovules prélevés sont immédiatement vitrifiés dans l’azote liquide à -196°C. Ils peuvent être conservés pendant plusieurs années, avec une durée légale maximale de 10 ans en France. Cette période est renouvelable sur demande motivée. La décongélation n’est réalisée qu’au moment d’un projet de grossesse concret.

Pour utiliser les ovules congelés, la femme doit suivre un traitement hormonal léger qui prépare l’utérus. Les ovules sont décongelés, puis fécondés en laboratoire avec les spermatozoïdes du conjoint par injection intracytoplasmique (ICSI). Les embryons obtenus sont ensuite transférés dans l’utérus. En moyenne, 8 à 10 ovules sont nécessaires pour espérer une grossesse.

Optimisation et prévention

Des traitements naturels peuvent optimiser la qualité des ovules avant la procédure. Les experts recommandent une alimentation riche en antioxydants, une activité physique régulière et la réduction du stress. Certains compléments alimentaires, comme le coenzyme Q10 ou l’acide folique, montrent des résultats prometteurs pour améliorer la qualité ovocytaire.

Taux de réussite et perspectives

Les taux de réussite dépendent fortement de l’âge de la femme au moment du prélèvement. Les données de la Société Européenne de Reproduction Humaine montrent que les chances de grossesse atteignent 65% pour les femmes ayant congelé leurs ovules avant 35 ans. Ce pourcentage chute significativement après 38 ans.

Les risques existent mais restent limités. Environ 5% des femmes développent un syndrome d’hyperstimulation ovarienne léger. Les complications graves surviennent dans moins de 1% des cas. La technique de vitrification ultra-rapide garantit aujourd’hui une excellente conservation des ovules, avec des taux de survie dépassant 90% après décongélation.

Sources : Agence de la biomédecine (2023), INSEE (2023), Société Européenne de Reproduction Humaine (2023), Revue française de gynécologie et d’obstétrique (2022).

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