Nous sommes de plus en plus nombreux à craindre un début d'Alzheimer dès lors que l'on oublie un peu trop souvent où on a posé nos clés, ou ce que nous venions faire dans une pièce ...
Pourtant, les pertes de mémoire liées à l'âge et la maladie d'Alzheimer sont 2 pathologies bien distinctes. Et les premières pourraient être réversibles.
Contrairement à la maladie d'Alzheimer, qui est une forme de démence due à la destruction de cellules nerveuses dans une partie bien précise du cerveau appelée le cortex entorhinal, les pertes de mémoire liées au vieillissement seraient dues à la raréfaction au fil des ans d'une protéine dans la région cérébrale responsable de la mémoire, l'hippocampe.
Des chercheurs étudient donc depuis quelques années la possibilité d'intervenir sur la production de cette protéine appelée "RbAp48".
Les découvertes des scientifiques
Dès 2011, une étude menée à l'Université de Stanford a identifié dans le sang une protéine responsable de l'altération de la mémoire au fil des ans : une expérience a démontré qu'en injectant du sang d'une jeune souris à une souris âgée, cette dernière retrouvait ses capacités mnésiques.
Dernièrement, le docteur Eric Kandel (prix Nobel de médecine en 2000) et une équipe de chercheurs de l'Université de New York ont étudié post-mortem les cerveaux de personnes âgées de 33 à 88 ans : l'analyse des tissus cérébraux leur a permis de constater que la production de la protéine RbAp48 diminue avec l'âge.
Afin de vérifier le lien de cette protéine avec la mémoire, les scientifiques ont en suite modifié génétiquement des souris pour que cette protéine ne soit plus produite par leur organisme : ils ont alors constaté que ces jeunes souris avaient une mémoire aussi défaillante que d'autres 4 fois plus âgées. D'autres souris ont alors été génétiquement modifiées pour produire davantage de cette protéine "RbAp48", et leur mémoire s'est révélée plus performante que la normale.
Les limites actuelles
Mais "le problème, c'est la complexité des mécanismes moléculaires de la mémoire et des niveaux de déficience, qui peuvent varier d'un individu à l'autre" explique le Dr Laroche (directeur du centre de neurosciences de l'université Paris-Sud), qui ajoute qu'"il serait plus facile de trouver un remède pour les protéines qui circulent dans le sang que d'intervenir au niveau génétique». En effet, selon Régis Bordet (neurologue et professeur de pharmacologie médicale à l'Université Lille 2), "agir sur la génétique est un leurre, et nous n'avons pas de méthode pour activer ou inhiber un gène chez l'homme sans provoquer d'effets indésirables".
En attendant de trouver le moyen qui permettra de restaurer les défaillances de la mémoire liées à l'âge, les scientifiques cherchent comment favoriser la production de RbAp48, notamment à travers l'activité physique, le régime alimentaire et les exercices cognitifs.