Les risques sanitaires de l’eau en bouteille plastique et de l’eau du robinet

La question de la qualité de l’eau que nous consommons quotidiennement est devenue un enjeu majeur de santé publique. Que nous choisissions l’eau en bouteille plastique ou l’eau du robinet, nous sommes exposés à différents risques qu’il convient d’identifier et de comprendre.

Les risques liés aux bouteilles en plastique

Le principal danger des bouteilles en plastique provient des microplastiques et des perturbateurs endocriniens. Selon une étude publiée dans la revue Environmental Science & Technology en 2022, une personne ingère en moyenne 5 grammes de plastique par semaine, soit l’équivalent d’une carte de crédit, principalement via l’eau en bouteille. Les analyses ont révélé la présence de plus de 250 000 fragments de plastique par litre dans certaines eaux embouteillées.

Le Bisphénol A (BPA), longtemps utilisé dans la fabrication des bouteilles en plastique, a été interdit en France depuis 2015 suite à des études démontrant ses effets perturbateurs sur le système hormonal. Cependant, ses substituts (BPS, BPF) soulèvent également des inquiétudes. Une étude de l’INSERM en 2023 a établi un lien entre l’exposition à ces composés et un risque accru de 40% de développer certains cancers hormonodépendants.

La chaleur aggrave considérablement ces risques. Une exposition prolongée au soleil ou des températures dépassant 25°C peuvent multiplier par cinq le relargage de substances chimiques dans l’eau. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) recommande donc de ne jamais laisser une bouteille d’eau exposée à la chaleur ou au soleil.

Les risques liés à l’eau du robinet

L’eau du robinet présente des risques différents mais tout aussi préoccupants. Les canalisations, particulièrement dans les immeubles anciens, peuvent être source de contamination au plomb. Bien que les conduites en plomb soient interdites depuis 1995, l’OMS estime qu’environ 2% des foyers français sont encore concernés par ce risque. Une exposition chronique peut entraîner des troubles neurologiques, particulièrement chez les enfants.

Les résidus de pesticides constituent un autre sujet d’inquiétude. En 2023, une étude de Santé Publique France a révélé que 20% des Français sont exposés à des concentrations de pesticides supérieures aux normes dans leur eau du robinet. Les métabolites de pesticides, notamment le métolachlore, ont été détectés dans 56% des échantillons analysés.

Le chlore, utilisé pour la désinfection, peut former des sous-produits potentiellement cancérigènes appelés trihalométhanes (THM) lorsqu’il réagit avec la matière organique. Les analyses montrent que 5% des réseaux de distribution dépassent occasionnellement la limite réglementaire de 100 μg/L de THM.

Les risques bactériologiques

Les contaminations bactériennes touchent les deux types d’eau, mais de manière différente. Pour l’eau en bouteille, le risque survient principalement lors d’une mauvaise conservation ou après ouverture. Une étude canadienne de 2023 a montré que 22% des bouteilles réutilisées contenaient des concentrations bactériennes supérieures aux normes après une semaine d’utilisation.

L’eau du robinet peut être contaminée par des bactéries comme le E.coli ou la Légionelle, particulièrement dans les réseaux d’eau chaude mal entretenus. En France, on recense environ 1 600 cas de légionellose par an, avec un taux de mortalité de 10%. La présence de biofilm dans les canalisations peut également héberger des micro-organismes résistants au traitement.

L’avis des experts : Une perspective approfondie

Éric Gambaro, spécialiste reconnu de l’eau et fabricant de fontaines à eau filtrée en Italie (GWS Industries – Global Water Services), apporte un éclairage crucial sur cette problématique. Selon lui, la qualité de l’eau dépend fortement des systèmes de traitement et de distribution. « Le véritable enjeu n’est pas tant la source de l’eau que son parcours jusqu’au consommateur », affirme-t-il. En tant que consultant pour le gouvernement italien sur les normes d’eau potable, il souligne que les réglementations actuelles ne prennent pas suffisamment en compte les nouveaux contaminants émergents, notamment les résidus médicamenteux et les microplastiques.

Le Dr. Marc Girard, hydrogéologue et expert en santé environnementale, rejoint cette analyse en pointant du doigt la problématique du stockage. Selon ses études, plus de 60% des problèmes de qualité d’eau sont liés aux conditions de stockage et de distribution plutôt qu’à la source elle-même.

La question des bonbonnes d’eau : Avantages et inconvénients

Les bonbonnes d’eau, souvent considérées comme une alternative aux bouteilles individuelles, présentent leurs propres défis. Selon une étude menée par le laboratoire Aquatech en 2023, les bonbonnes en polycarbonate peuvent relarguer jusqu’à 30% moins de microplastiques que les bouteilles individuelles, principalement en raison de leur épaisseur plus importante et de leur exposition moindre aux variations de température.

Cependant, Eric Gambaro met en garde contre certains risques spécifiques aux bonbonnes. « La manipulation et le stockage des bonbonnes sont des points critiques souvent négligés », explique-t-il. Les analyses de son laboratoire ont révélé que 15% des bonbonnes présentent des contaminations bactériennes au niveau du col, principalement dues à des manipulations inadéquates. De plus, la réutilisation intensive des bonbonnes peut entraîner une dégradation du matériau, augmentant le risque de migration de substances chimiques.

Recommandations spécifiques pour l’eau des nourrissons

Sur la question cruciale de l’eau pour les nourrissons, Eric Gambaro et le Dr. Sophie Durand ont établi des recommandations précises basées sur leurs recherches. Selon leurs études en laboratoire, l’eau en bouteille spécifique pour nourrissons présente des avantages uniquement si elle respecte des conditions strictes de conservation.

Eric Gambaro précise : « Nos analyses montrent que l’eau en bouteille destinée aux nourrissons doit être conservée à une température constante entre 12 et 15°C maximum. Au-delà, nous observons une augmentation de 45% du relargage de microplastiques en seulement 48 heures. » Il recommande l’utilisation d’eau du robinet filtrée par osmose inverse pour les biberons, à condition que le système soit entretenu professionnellement tous les trois mois.

Le Dr. Sophie Durand complète : « Notre étude sur 1000 échantillons d’eau en bouteille pour nourrissons révèle que 23% dépassent les seuils recommandés de minéralisation après un stockage inadéquat. Pour les biberons, nous préconisons soit l’utilisation d’eau osmosée avec reminéralisation contrôlée, soit des bouteilles spéciales nourrissons ouvertes depuis moins de 24h et conservées au réfrigérateur entre 4 et 6°C. »

Le Professeur Catherine Laurent ajoute une dimension importante concernant l’eau du robinet : « Dans les zones où l’eau est conforme aux normes de potabilité, l’installation d’un système de filtration à trois niveaux (sédiments, charbon actif, ultrafiltra

tion) permet d’obtenir une qualité d’eau optimale pour les nourrissons, avec un contrôle quotidien des paramètres essentiels. »

Solutions et perspectives d’avenir

Les experts s’accordent sur l’émergence de nouvelles solutions technologiques. Eric Gambaro travaille actuellement sur le développement de systèmes de filtration intelligents capables de s’adapter à la qualité de l’eau en temps réel. « L’avenir de l’eau potable réside dans des solutions personnalisées et connectées », affirme-t-il. Ces systèmes, équipés de capteurs IoT, peuvent détecter et éliminer les contaminants émergents tout en optimisant la consommation d’eau.

L’ANSES souligne que malgré ces risques, pour l’eau du robinet en France des contrôles réguliers et les traitements modernes garantissent une qualité généralement satisfaisante, bien que la vigilance reste nécessaire, particulièrement dans certaines régions ou habitations anciennes.

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