Maladie du charbon

Définition

Définition

Maladie infectieuse due à une bactérie aérobie (c’est-à-dire nécessitant de l’oxygène pour vivre) appelée Bacillus anthracis, et qui s'observe le plus souvent chez les animaux herbivores.

L'homme peut être infecté par inhalation ou ingestion à la suite d'un contact avec des animaux infectés ou des produits d'origine animale contaminés, ou après une piqûre d'insecte.

Généralités

Cette maladie se rencontre dans le monde entier, et les animaux y sont diversement sensibles. 

Le charbon est particulièrement présent parmi les herbivores domestiques comme les chèvres, les chevaux et les moutons.

On le rencontre également chez les herbivores sauvages.

C’est le fourrage qui est utilisé pour leur alimentation qui est contaminé par Bacillus anthracis.

Chez les herbivores, la maladie est grave et entraîne une forte mortalité.

Juste avant de mourir, les animaux présentent une septicémie (infection généralisée) accompagnée de saignements du nez, de la bouche et de l'intestin, ce qui entraîne une contamination du sol par le germe qui est alors susceptible de se reproduire et de persister dans l'environnement. Une source importante de contamination est constituée par les carcasses des animaux infectés.

Le déplacements des animaux infectés vont contaminer plusieurs zones géographiques attenantes. 

Il semble que les mouches soient également un vecteur de diffusion du charbon. Les vautours, qui se nourrissent des carcasses, sont quant à eux responsables de la diffusion du charbon entre des zones géographiques non contiguës.

Cette maladie observée dans une porcherie de la partie nord du pays de Galles en 1989 a entraîné l’abattage et l’incinération d’environ 4500 cochons, puis la décontamination par la formaline des excréments, des locaux ainsi que du matériel d’équipement, des routes et des terrains avoisinants.

Le contact avec des os, de la laine ou des poils de l’animal facilite l’émergence de cette maladie. Les pays les plus particulièrement touchés sont la Turquie, le Pakistan et le Soudan. La probabilité que les produits animaux, et plus particulièrement les poils de chèvres, provenant de ces pays soient contaminés par le charbon est élevée.
 

Chez l’Homme, ce germe entraîne 4 variétés de maladies du charbon qui sont :

  • Le charbon cutané
     
  • Le charbon pulmonaire
     
  • Le charbon gastro-intestinal
     
  • Le charbon oropharyngé

Le charbon cutané se caractérise généralement par une escarre (tissus cutanés morts) centrale entourée d'un oedème (gonflement) important.
Chez l’enfant, il atteint le visage et le cou, et plus rarement les membres supérieurs que chez l’adulte. Ceci semble être dû au fait que les enfants sont essentiellement contaminés par les mouches, contrairement aux adultes qui, eux, ont un contact direct avec les carcasses d’animaux infectés. 

Quelques jours après l'inoculation apparaît une petite tâche rouge sur la peau.
Durant la semaine qui suit, survient une vésicule ou une pustule aboutissant à la formation d’une ulcération recouverte d'une escarre noirâtre, entourée d'un oedème dur et extensif. Ceci peut s’accompagner d’une démangeaison mais la lésion finale est indolore. Il apparaît habituellement quelques ganglions douloureux.
La maladie ne s’accompagne pas de fièvre et présente peu ou pas de signes généraux ; parfois cependant, il peut survenir un état de choc correspondant à une diminution profonde et brutale du débit circulatoire, provoquant une hypotension et des troubles de la conscience.

La guérison spontanée s'observe dans 80 à 90% des cas non traités, mais l'oedème peut persister pendant plusieurs semaines.
En l'absence de traitement, il s'observe dans environ 20% des cas restants une septicémie, quelquefois associée à une fièvre élevée et suivie d'une mort rapide.

Le charbon pulmonaire, également appelé maladie des trieurs de laine, entraîne typiquement une inflammation du médiastin (partie du thorax situé entre les poumons et contenant notamment le cœur, la trachée, les bronches et l’œsophage) s’accompagnant d’hémorragies avec une infection à l’origine d’une très forte mortalité.

Après 1 à 3 jours d'évolution, apparaît une dyspnée (trouble de la respiration) accompagnée d’une fièvre, d’un stridor (bruit aigu entendu pendant l’inspiration), d’une hypoxie (diminution de l’oxygénation de l’organisme) et d’une hypotension (baisse de la tension artérielle) aboutissant généralement à un décès en 24 heures. 

Il peut survenir une forme dite fulminante, s’accompagnant d’une hémorragie du médiastin, responsable d’une image visible radiologiquement correspondant à un élargissement de cette zone de l’organisme.
C’est une pathologie comparable à celle des infections respiratoires virales graves rendant le diagnostic précoce particulièrement difficile.

Le charbon gastro-intestinal, rare, entraîne également d'une forte mortalité. Il se caractérise par :

  • une fièvre
     
  • des nausées
     
  • des vomissements
     
  • des douleurs abdominales
     
  • une diarrhée sanglante
     
  • parfois une ascite d’apparition rapide (épanchement de liquide dans la cavité péritonéale)

Le charbon oropharyngé est caractérisé par : 

  • une fièvre
     
  • un mal de gorge
     
  • une dysphagie
     
  • des adénopathies (ganglions) localisées et douloureuses parfois une détresse respiratoire
     
  • une lésion des amygdales

DIAGNOSTIC – ANALYSES DE LABORATOIRE

C’est le contexte qui permet de faire le diagnostic de la maladie du charbon, notamment la profession des malades (agriculteurs, éleveurs, équarisseurs, etc… ), surtout en présence de vésicules et d’un œdème.

Les analyses :

  •  révèlent une hyperleucocytose : augmentation des leucocytes (globules blancs) à polynucléaires neutrophiles (variété de globules blancs)
     
  • confirment le diagnostic de charbon par la recherche d'anticorps dirigés contre B. anthracis
     
  • détectent des spores de B. anthracis par une technique de PCR spécifique (pour tester rapidement des produits d'origine animale ou agricole potentiellement contaminés)

Elles sont complétées par :

  • des tests d'immuno-fluorescence directe
     
  • une culture pour sauf si le patient a déjà reçu une antibiothérapie (parfois le décès survient trop rapidement)
     
  • un examen du liquide céphalorachidien (charbon des méninges)

Diagnostic différentiel
Il ne faut pas confondre la maladie du charbon avec une infection d’origine staphylococcique, avec la tularémie (maladie infectieuse transmise par le lapin et le lièvre), la peste, ou une dermatite pustuleuse contagieuse bovine.

TRAITEMENT

  • pénicilline G parentérale (voie d’introduction d’une substance autre que la voie digestive)
     
  • érythromycine ou tétracyclines chez patients allergiques à la péniclline
     
  • chloramphénicol
     
  • désinfection des lésions cutanées
     
  • décontamination des vêtements
     
  • administration d’anticorps dirigés contre la toxine du charbon par des antisérums

PRÉVENTION

Vaccins vivants atténués contenant des spores de B. anthracis pour l'immunisation des herbivores domestiques.

Les carcasses des animaux décédés des suites du charbon doivent être enterrées intactes ou incinérées. 

Les autopsies ou l'abattage des animaux infectés doivent être évités car la reproduction de B. anthracis n’est possible qu'en présence d'oxygène.