Une autorisation qui inquiète les experts
Après le Japon, l’Agence Européenne du Médicament vient d’émettre un avis favorable pour une nouvelle génération de vaccins à ARN messager auto-répliquant (kostaive). Cette technologie, basée sur le vaccin ARCT-154 développé par Arcturus Therapeutics, est qualifiée par Jean-Marc Sabatier de « la pire de toutes » et « la plus dangereuse » en raison d’une production continue et non maîtrisée de protéine Spike dans l’organisme.
Les différentes technologies vaccinales : comprendre les spécificités
Pour mieux saisir la particularité des vaccins ARN messager, il est essentiel de comprendre les différentes approches vaccinales existantes :
Les vaccins traditionnels inactivés
Cette technologie classique utilise le virus entier, tué chimiquement ou par la chaleur. Le système immunitaire reconnaît l’ensemble du virus inactivé et développe une réponse immunitaire. C’est le cas des vaccins contre la poliomyélite ou l’hépatite A. Ces vaccins sont stables et éprouvés, mais nécessitent souvent plusieurs doses pour être efficaces.
Les vaccins vivants atténués
Ces vaccins contiennent une version affaiblie du virus vivant, capable de se reproduire mais pas de provoquer la maladie chez les personnes en bonne santé. Les vaccins contre la rougeole, les oreillons et la rubéole utilisent cette technique. Ils sont très efficaces mais contre-indiqués chez les personnes immunodéprimées.
Les vaccins à sous-unités protéiques
Cette approche n’utilise que des fragments spécifiques du virus, généralement des protéines de surface. Le vaccin contre l’hépatite B appartient à cette catégorie. Ces vaccins peuvent nécessiter des adjuvants pour renforcer la réponse immunitaire.
Les vaccins à vecteur viral
Ces vaccins utilisent un virus inoffensif modifié pour transporter une partie du code génétique du virus ciblé. Le vaccin AstraZeneca contre la Covid-19 utilise cette technologie. Ces vaccins induisent une forte réponse immunitaire mais peuvent être affectés par une immunité préexistante contre le vecteur viral.
Les vaccins ARN messager
Contrairement aux approches précédentes, les vaccins ARNm ne contiennent ni virus ni protéines, mais uniquement les instructions génétiques pour que nos cellules fabriquent une protéine spécifique du virus. Cette approche présente plusieurs particularités :
– Production directe par nos cellules de la protéine virale ciblée
– Absence de risque d’infection car aucun virus n’est utilisé
– Capacité à être modifiés rapidement pour s’adapter aux nouveaux variants
– Dans leur version classique, l’ARN messager se dégrade naturellement en quelques jours
L’ARN messager : des vaccins classiques à l’auto-réplication
Les vaccins ARN messager (ARNm) représentent une approche innovante qui se distingue des vaccins traditionnels. Au lieu d’injecter un virus inactivé ou atténué, ces vaccins utilisent des fragments d’instructions génétiques sous forme d’ARN messager. Ces instructions ordonnent aux cellules de fabriquer une protéine spécifique du virus – dans le cas du Covid-19, la protéine Spike. Cette protéine, inoffensive en elle-même, est ensuite reconnue par le système immunitaire qui développe des défenses contre elle.
Dans les vaccins ARNm classiques comme ceux de Pfizer ou Moderna, l’ARN messager est injecté en quantité définie et se dégrade naturellement au bout de quelques jours, limitant ainsi la production de protéine Spike dans le temps et en quantité. C’est comme un message unique qui s’autodétruit après avoir été lu par nos cellules. Une fois le message effacé, la production de protéine s’arrête.
En revanche, la nouvelle génération de vaccins ARNm auto-répliquants introduit un changement fondamental qui inquiète le Dr Sabatier. Ces vaccins contiennent des instructions permettant à l’ARN de créer des copies de lui-même dans les cellules. C’est comparable à un message qui, avant de s’effacer, créerait de nouvelles copies de lui-même. Ces copies continuent ensuite à se multiplier de façon autonome, sans qu’on puisse contrôler ni leur nombre ni leur destination dans l’organisme. Selon le Dr Sabatier, cette auto-réplication continue pose un risque majeur car la quantité de protéine Spike produite devient incontrôlable. « On ne maîtrise strictement rien, ni la quantité de protéine Spike produite, ni les endroits où ça va aller« , affirme-t-il avec inquiétude.
Le mécanisme précis expliqué par le Dr Sabatier
Jean-Marc Sabatier, directeur de recherche au CNRS et expert en biologie cellulaire, détaille le fonctionnement de cette technologie. Ces nouveaux ARNm contiennent une portion d’ARN additionnelle codant pour un complexe réplicase. Ce complexe possède une activité ARN polymérase ARN dépendante, lui permettant de créer un brin d’ARN complémentaire au brin initial. Le processus génère un ARN double brin, dont le brin complémentaire sert de matrice pour fabriquer d’autres copies de l’ARN messager original. Le scientifique qualifie cette approche d’hérésie et prévoit des conséquences néfastes pour l’organisme humain, notamment en raison de la production continue dans le temps.
Les risques majeurs identifiés
Le chercheur pointe plusieurs dangers spécifiques. Comme il l’explique avec précision : « On ne maîtrise strictement rien, ni la quantité de protéine Spike produite, ni les endroits où ça va aller ». Contrairement aux vaccins ARNm actuels, les versions auto-amplifiantes contiennent un complexe enzymatique capable de répliquer l’ARN messager indéfiniment. Cette réplication incontrôlée soulève des inquiétudes majeures concernant :
1. Impact sur le système immunitaire
Les observations de Sabatier révèlent des risques significatifs pour le système immunitaire. Ses recherches indiquent qu’une production excessive de protéines virales pourrait déclencher des réactions auto-immunes. L’impact sur les cellules saines environnantes fait l’objet d’une attention particulière dans son analyse.
2. Persistance dans l’organisme
L’expert souligne que la persistance de l’ARN auto-répliquant dans l’organisme constitue un point critique. Ses travaux montrent que contrairement aux vaccins traditionnels, la durée d’action devient moins prévisible. Les mécanismes d’élimination de ces séquences génétiques demandent selon lui une investigation approfondie.
3. Interactions cellulaires complexes
Les recherches de Sabatier mettent en évidence la nécessité d’études approfondies sur les interactions cellulaires. Son expertise en biologie cellulaire lui permet d’identifier des zones d’investigation cruciales, notamment concernant l’impact sur différents types de cellules et tissus.
4. Stabilité génétique incertaine
Le scientifique met en lumière les enjeux de stabilité génétique. Ses analyses démontrent que les séquences auto-réplicantes pourraient potentiellement muter durant leur multiplication. Ce processus pourrait générer des variants imprévus de la protéine virale, nécessitant selon lui une surveillance particulière.
Les recommandations du Dr Sabatier
Face à ces observations, Sabatier propose des protocoles de suivi spécifiques. Il préconise la mise en place d’une surveillance rigoureuse et le développement d’outils de détection précis pour étudier le comportement de ces vaccins dans l’organisme.
L’impact sur la communauté scientifique
Les analyses de Sabatier trouvent un écho dans la communauté scientifique. Plusieurs laboratoires internationaux examinent actuellement les points soulevés par le chercheur. Ses observations contribuent à enrichir le débat scientifique sur cette nouvelle technologie.
Questionnements éthiques majeurs
Les travaux du Dr Sabatier soulèvent plusieurs questions éthiques fondamentales. D’abord, le principe du consentement éclairé est mis en cause : comment garantir qu’un patient puisse donner son accord en toute conscience pour un traitement dont la durée d’action et l’étendue sont imprévisibles ? Ensuite, la question de la réversibilité se pose : contrairement aux vaccins traditionnels, l’impossibilité d’arrêter le processus d’auto-réplication une fois déclenché soulève des interrogations sur l’autonomie du patient.
Le chercheur pointe également des questions de responsabilité médicale : comment établir la causalité entre le vaccin et d’éventuels effets indésirables si la production de protéine Spike peut continuer indéfiniment ? De plus, la possibilité théorique de transmission de ces séquences génétiques entre individus pose la question de l’impact sur les personnes non vaccinées, notamment dans le cas des femmes enceintes ou des personnes immunodéprimées.
Sur le plan de la recherche, le Dr Sabatier souligne l’importance du principe de précaution. Il estime que l’autorisation d’une technologie aux effets potentiellement illimités dans le temps nécessiterait logiquement des études de sécurité sur le très long terme, ce qui pose un paradoxe méthodologique.
Évolution du cadre réglementaire
Ces observations participent activement à l’évolution des protocoles d’évaluation. Les autorités sanitaires doivent notamment repenser leurs critères d’évaluation traditionnels, basés sur une durée d’action prévisible et limitée des traitements. L’établissement de nouveaux critères de sécurité pour encadrer ces innovations biotechnologiques devient crucial, particulièrement concernant le suivi à long terme et la pharmacovigilance.