Potentiels évoqués somesthésiques (définition et technique d’enregistrement)

Définition

Définition

Les potentiels évoqués somesthésiques font partie des potentiels évoqués dont le terme provient d'une mauvaise traduction de l'anglais evoked et correspondant aux potentiels électriques dus à la stimulation des systèmes sensoriels (sensoricité).

L'étude des potentiels évoqués permet d'évaluer la conduction de l'influx nerveux sur une voie sensorielle quelle qu'elle soit (une voie sensorielle est constituée d'un ensemble de faisceaux nerveux). Il est possible de cette façon de détecter une anomalie infraclinique ou de confirmer un mauvais fonctionnement que l'on suspectait au moment de l'interrogatoire et de l'examen clinique neurologique. D'autre part l'étude des potentiels évoqués précise à quel niveau siège le mauvais fonctionnement des voies sensorielles.
Autrement dit quand on stimule électriquement un nerf il est possible d'enregistrer une réponse dépendant directement de la nature et du bon ou du mauvais fonctionnement de ce nerf.

Il faut avoir en mémoire la différence entre le système sensitif le système moteur. Le système sensitif permet le transport des sensations perçue par la périphérie (généralement la main qui palpe) vers le cerveau. Le système moteur est en quelque sorte l'inverse. Dans ce cas le cerveau donne un ordre sous la forme d'un influx nerveux. Cet influx nerveux va vers la périphérie et permet de cette façon de faire bouger un membre une autre partie du corps (d'où le terme de moteur).

Pour comprendre ce qu'est un potentiel évoqué somesthésique, il est nécessaire de faire un petit rappel anatomique.
Il existe différentes « variétés » de sensibilité, autrement dit différentes façons de sentir les choses. À chaque type correspond un type de récepteurs en périphérie est un type de fibres nerveuses et de voies de transmission transportant l'influx nerveux des récepteurs situés en périphérie vers le cerveau, plus précisément soit au niveau des aires cérébrales (zones du cortex c'est-à-dire de la substance grise du cerveau) soit d'autres zones du cerveau (noyaux gris centraux par exemple). Les voies de transmission de l'influx nerveux qui transportent le stimulus (excitation) de la périphérie vers le cerveau sont plus ou moins rapides selon que les fibres qui composent ces voies de transmission sont de calibre plus ou moins gros et entourées ou pas de myéline (en quelque sorte le corps gras qui isole le nerf comme une gaine). D'autre part le nombre de relais c'est-à-dire de synapses est également important à connaître. En effet, une transmission comprenant plusieurs synapses est logiquement plus lente.

En l'occurrence il faut distinguer le système lemiscal, du système extralemiscale.

Le système méniscal est un système de conduction rapide et très spécialisé. Ainsi, la sensibilité profonde et la sensibilité superficielle fine qui permet par exemple de discerner la surface d'un objet et de savoir si celle-ci est constituée de grains fins ou grossiers, cette sensibilité profonde profonde superficielle fine est captée par des récepteurs spécialisés qui sont situés dans la peau mais aussi dans les articulations et les muscles. Le message qui est transporté par le système lemiscal est véhiculé par des grosses fibres entourées de myéline dont la conduction est très rapide. L'influx nerveux qui va des récepteurs situés dans la peau pour aller jusque dans le cerveau est transporté jusqu'aux cortex cérébral et plus précisément vers l'air pariétal (partie du cerveau située au-dessus). Cette voie nerveuse ne comporte que trois neurones. L'autre caractéristique de la sensibilité lemiscale est que celle-ci est véhiculée du récepteur périphérique vers les racines postérieures de la moelle épinière. Cette sensibilité, autrement dit cet influx nerveux, gagne ensuite les cordons postérieurs de la moelle par l'intermédiaire des faisceaux De Goll et Burdach. Ensuite la sensibilité lemiscale effectue des relais au niveau du bulbe rachidien. À ce niveau nait le ruban de Reil médian qui croise la ligne médiane et gagne le thalamus qui fait partie des noyaux gris centraux du cerveau. Le troisième neurone appartenant à cette voie lemiscale fait le relais entre le thalamus et le cortex pariétal et plus précisément l'air pariétale ascendante qui est une zone anatomique neurologique permettant au cerveau d'analyser les sensibilités provenant de la périphérie. Signalons qu'il s'agit de l'air pariétal controlatérale c'est-à-dire appartenant à l'hémisphère cérébrale de l'autre côté. Ainsi chez le droitier la sensibilité provenant de la main droite est perçue par le lobe pariétal gauche. L'inverse n'est pas tout à fait exact chez le gaucher. En effet, 60 % des gauchers seulement perçoivent une sensation de leur main droite grâce à leur hémisphère cérébrale gauche. Le reste des gauchers perçoivent quelque chose qu'ils palpent de la main droite avec leur hémisphère cérébrale droit.

Le système extra lemiscal, par rapport au système lemiscal, est un système plus lent. Les sensibilités superficielles grossières (forme d'un objet) et thermoalgésique (ayant un rapport avec la température et la douleur) sont captées par des récepteurs également situés dans la peau. Ces sensibilités c'est-à-dire ces influx nerveux sont véhiculés par des fibres plus petites et peu myélinisées c'est-à-dire entourées de très peu de myéline, voire pas du tout. Il existe, cette fois-ci, un grand nombre de relais à différents niveaux de la conduction à l'intérieur de la moelle épinière et du cerveau.

La technique d'enregistrement des potentiels évoqués somesthésiques est la suivante. Les potentiels évoqués somesthésiques correspondent au final, à une réponse du système nerveux périphérique et central, à la stimulation d'un nerf périphérique mixte ou sensitif ou d'un dermatome c'est-à-dire d'un territoire cutané innervé par un nerf.
La stimulation électrique des nerfs se fait par des chocs électriques répétés, soit environ trois à cinq chocs par minute. Ces chocs n'entraînent pas de douleurs car leur intensité correspond à peu près à deux ou trois fois le seuil sensitif (seuil perçu par le patient).
Le recueil est obtenu en utilisant des électrodes étagées et placées en regard des nerfs périphériques, de la moelle épinière et du cortex auditif.

Les potentiels évoqués somesthésiques vont permettre de localiser une atteinte des voies de la sensibilité de type lemiscale (système à conduction rapide et très spécialisé, myélinisé, transportant la sensibilité profonde et superficielle fine). Ainsi une anomalie de l'onde N20 (elle traduit généralement le passage de l'influx dans le thalamus) va faire évoquer une altération au niveau thalamique (concernant le thalamus). Il est possible de comparer les potentiels évoqués somesthésiques effectués au membre supérieur et les potentiels évoqués somesthésiques effectués au membre inférieur afin de déterminer une atteinte de la moelle épinière. Les potentiels évoqués somesthésiques anormaux aux membres inférieurs et normaux aux membres supérieurs permettent d'orienter vers une pathologie neurologique concernant la partie de la moelle épinière située dans le rachis dorso-lombaire. (colonne vertébrale constituée des vertèbres dorsales et des vertèbres lombaires).
Dans certains cas il est possible d'enregistrer des potentiels évoqués somesthésiques au cours d'une intervention chirurgicale, celle-ci comportant un risque de léser la moelle épinière. Ainsi si l'on tente de redresser une scoliose, la détection d'une anomalie fonctionnelle grâce aux potentiels évoqués somesthésiques permet de prévenir le chirurgien. Celui-ci, en l'occurence, ajustera sa technique et permettra ainsi de limiter le risque de survenue d'une lésion définitive.