Grossesse et voyage

Les voyages ont longtemps été déconseillés aux femmes enceintes. Ce temps est révolu, sauf cas particuliers, et de nos jours les femmes enceintes se déplacent beaucoup, pour leur travail et pour leurs vacances.
Evidemment ,en cas de grossesse à problème, il semble de bon sens de ne pas voyager.

Conseils
C’est avant tout la fatigue susceptible de survenir pendant le voyage qui fait le choix du moyen de transport. Celui-ci se doit d’être suffisamment confortable et avant tout de posséder une suspension adaptée de façon à diminuer au maximum les secousses. Actuellement, les véhicules modernes n’entraînent pas de secousses qui, de toute manière, en présence d’une grossesse normale, ne peuvent pas être l’origine d’un accouchement prématuré, plutôt dû à la fatigue qu’aux secousses. C’est la raison pour laquelle il faut choisir le moyen de transport le moins pénible possible, surtout pour un long voyage. Le train et l’avion semblent moins fatigants que la voiture.
De façon générale, quand la patiente rentre dans le huitième mois de grossesse, les longs voyages doivent être évités quel que soit le moyen de transport.

Les différents moyens de transport pendant la grossesse

  • En voiture, il est nécessaire de placer un coussin au creux du dos de façon à éviter d’éventuelles douleurs de la région lombaire. D’autre part, les étapes ne doivent pas dépasser 200 à 300 km au maximum, ponctuées d’arrêts d’au moins dix minutes de façon à se dégourdir les jambes en marchant. La voiture semble préférable au train quand il est nécessaire d’effectuer de long trajet. Il faut néanmoins disposer d’un véhicule confortable climatisé l’été et équipé 2 sièges qui puissent s’incliner et qui permettent à la femme enceinte détendre les jambes suffisamment. Étant donné la qualité des voitures et la façon de conduire en outre-mer, le transport par automobile est déconseillé dans ces régions. De façon générale, la grossesse n’est pas une période pour effectuer de grands voyages. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de réduire les déplacements et les voyages en voiture, essentiellement dans la deuxième moitié de la grossesse. Il faut en plus éviter les fatigues excessives telles que les travaux pénibles et les déménagements, ou les périodes de congés trop longues avec visites de musées, etc…
    • En cas d’accident de la circulation, la femme enceinte est soumise aux mêmes risques de traumatismes qu’en dehors de la grossesse. L’examen médical recherchera la vitalité du fœtus, l’existence d’une rupture de l’utérus, l’existence d’un hématome rétroplacentaire (collection de sang localisée en arrière du placenta). Des examens complémentaires seront effectués à l’hôpital (échographie, monitorage, anuscopie après la 36e semaine, radiographie à la recherche de lésions du fœtus : crâne, membre).
    • Le port de la ceinture de sécurité est obligatoire chez la femme enceinte. Toutes les études faites sur les accidents de la circulation sont unanimes. Le port de la ceinture de sécurité à 3 points doit être recommandé aux femmes enceintes quel que soit l’âge de la grossesse. En effet, celle-ci diminue le nombre de traumatismes crâniens et le nombre de fractures du bassin qui peuvent être à l’origine de difficultés lors de l’accouchement. Enfin, ces études ont montré que le port de la ceinture de sécurité n’est pas dangereux pour le fœtus. Au passage, signalons que les ceintures à 2 points ne sont pas utiles car dangereuses. D’autre part, le placement de la ceinture doit être convenablement effectué, c’est-à-dire un faisceau au-dessus du ventre et un faisceau au-dessous du ventre et non pas passant par-dessus le nombril. Il est nécessaire de reculer le siège au maximum pour verticaliser les sangles. Ainsi, en cas de choc, la ceinture n’appuiera pas sur l’utérus mais sur l’os. Il faut également que la ceinture soit en permanence tendue, ce qui ne pose aucun problème avec les modèles modernes à enrouleur. Il ne doit pas exister d’espace entre la ceinture et le corps. Enfin, il est préférable que la femme enceinte soit à l’arrière du véhicule et bien entendu sanglée.
    • Quand la femme enceinte conduit, la vitesse du véhicule doit être réduite car les réflexes ne sont pas aussi bons que chez une femme qui n’est pas enceinte. L’attention est également émoussée au cours de la grossesse. Il faut également savoir qu’à la fin de la grossesse, c’est-à-dire pendant les trois derniers mois (et quelquefois les quatre derniers mois selon le volume du ventre), les mouvements ne sont pas aussi fluides que l’on voudrait. Enfin, mais cela est plus rare, certaines femmes enceintes présentent des malaises pendant leur grossesse. Bien entendu, cela contre-indique formellement la conduite d’un véhicule automobile.
  • Le train est l’un des transports les moins fatigants pour un long voyage, surtout en couchette. Le voyage bien entendu doit se faire en wagon non-fumeurs. Cependant, les trains sont déconseillés dans les pays pauvres.
  • L’avion est également un bon moyen de transport car non fatigant. Il est recommandé pour les vols de courte durée jusqu’au 7e mois, c’est-à-dire 32 semaines d’aménorrhée (sans règles). Il faut néanmoins savoir qu’il existe un risque supérieur de survenue de phlébite (trouble de la coagulation sanguine intraveineuse). D’autre part, la classe économique est déconseillée. Enfin, la plupart des compagnies aériennes acceptent les femmes enceintes jusqu’à 8 mois de grossesse inclus. Il faut néanmoins que la femme possède un certificat médical indiquant que l’accouchement est prévu dans plus de 4 semaines et que celui-ci soit rédigé dans les deux jours qui précèdent le départ. Les voyages aériens sont contre-indiqués aux femmes enceintes dans le premier mois de la grossesse et dans les sept jours après la naissance. Au moment de l’atterrissage et du décollage, la femme enceinte doit mettre sa ceinture le plus bas possible sur le pubis (en dessous du ventre) et sur les hanches. Comme pour tout individu, il est recommandé de boire de grandes quantités d’eau et de se déplacer dans l’avion environ toutes les heures et demi de façon à prévenir les phlébites.
  • Le bateau n’est pas à proprement parler fatiguant, mais l’absence d’une équipe médicale ou tout simplement d’un médecin sur le bateau contre-indique ce mode de transport sur un long trajet. Les petites traversées ne sont pas contre-indiquées, à condition qu’elles  ne soient pas trop longues donc fatigantes.

Les voyages dans certains pays tropicaux ne sont pas conseillés pendant la grossesse. Tout d’abord parce que les vaccinations pour pouvoir se rendre dans ces pays sont quelquefois contre-indiquées pendant la grossesse, et d’autre parce que le risque de contracter une maladie infectieuse nécessitant un traitement contre-indique ce voyage.

  • Paludisme : il peut être à l’origine de complications de la grossesse. Au premier trimestre, le paludisme peut aggraver les troubles de la grossesse et tout particulièrement les vomissements gravidiques pouvant être à l’origine d’une déshydratation. D’autre part, le paludisme est susceptible de compliquer l’accouchement en augmentant le risque d’hémorragie au moment de la délivrance puis par la suite les risques survenant aux suites de couches (diminution à la résistance aux infections bactériennes, accès palustres). Le nouveau-né quant à lui peut être atteint de paludisme congénital ou néonatal (infestation pendant l’accouchement). La Nivaquine (chloroquine) peut être utilisée sans restriction pendant toute la grossesse à condition de se trouver dans une zone où il n’y a pas de résistance à la chloroquine (Amérique du Sud, Asie du sud-est et Afrique plus récemment). Néanmoins, le traitement (à l’hôpital uniquement) des accès pernicieux fait appel au chlorhydrate de quinine (quiniforme) avec un relais par Nivaquine dès que les signes neurologiques ont disparu. Ce médicament est contre-indiqué quand il existe une atteint de la rétine ou une porphyrie.
  • Tuberculose : elle n’est pas aggravée par la grossesse et ne complique pas la grossesse. Deux des médicaments utilisés dans cette infection (isoniazide et éthambutol) ne sont pas tératogènes (entraînant une malformation pour le fœtus). Le troisième, la rifampicine, doit être évité au premier trimestre. Le pyrazinamide est contre-indiqué au cours de la grossesse. Les seuls antibiotiques utilisés pendant la grossesse doivent être la rifampicine (sauf au cours du premier trimestre), l’isoniazide et l’éthambutol.
  • Infection urinaire : ne pas utiliser n’importe quel antibiotique (voir plus loin).
  • Listériose (fièvre dont les symptômes ressemblent à ceux de la grippe) : le traitement repose sur la prise d’amoxicilline qui est le traitement de référence.
  • Infection à Chlamydia (inflammation du vagin, écoulements) : il faut faire appel à l’érythromycine et avertir le pédiatre de façon à organiser la surveillance de l’enfant.
  • Toxoplasmose : en dehors d’une augmentation des ganglions du cou entre autres, cette infection est à l’origine d’une fièvre modérée, d’une fatigue, de douleurs musculaires. Le traitement de cette maladie infectieuse et parasitaire fait appel à la Rovamycine tous les jours jusqu’à l’accouchement.
  • Herpès génital : il risque d’occasionner les incidents à type de mort du fœtus et d’accouchement prématuré ainsi qu’un hématome rétroplacentaire. Devant une première infection par ce virus, un traitement par Aciclovir est indiqué sous forme de comprimés au-delà du premier trimestre et dans les formes sévères. Le traitement par voie veineuse est utilisé quand il existe des formes graves. Les voies génitales doivent être badigeonnées avec de la Bétadine.
  • Hépatites virales : seule l’hépatite virale E, essentiellement observée en Asie et en Afrique, peut revêtir une gravité extrême (mortalité élevée selon les épidémies).

Les vaccinations déconseillées pendant la grossesse

  • BCG
  • Brucellose : peut être à l’origine de réactions
  • Choléra (obligatoire pour voyager dans certains pays)
  • Fièvre jaune
  • Méningocoque A et C, utiles dans certaines zones d’endémie
  • Rage (ce vaccin doit être fait en cas de nécessité c’est-à-dire après morsure par un animal enragé ou suspect de la rage).

Les vaccinations dangereuses pendant la grossesse

  • Antipoliomyélitique par voie orale (vaccin antipoliomyélitique Sabin sur un morceau de sucre)
  • Antivariolique
  • Rubéole
  • Rougeole
  • Oreillons
  • Variole
  • Coqueluche
  • Diphtérie
  • Typhoïde

Les autres vaccinations semblant sans danger

  • Antigrippale
  • Anticholérique
  • Antipoliomyélitique par injection
  • Hépatite B (polémique)

En conclusion

  • Pendant les deux derniers mois de la grossesse, il semble préférable de ne pas s’éloigner de plus de quelques dizaines de kilomètres d’une structure permettant l’accouchement.
  • De façon générale, des vacances comprenant une activité physique telle que la marche à pied au grand air, la gymnastique ou la natation sont conseillées.
  • Une bonne quantité de sommeil est également nécessaire. Il faut se coucher tôt et «dormir pour 2». La période de vacances doit également être propice à la sieste (au moins une heure) dans une position de décubitus latéral gauche (sur le côté gauche).
  • Enfin, en ce qui concerne la nourriture, il faut à tout prix éviter la constipation en mangeant des légumes (contre-indiqués ou lavés consciencieusement dans certains pays où l’hygiène est défaillante), des fruits (pruneaux), et aller à la selle à heures fixes.

Bibliographie
Charles G. Plotton N., Duisson y., la femme enceinte et les voyages. Référence en Gynécologie Obstétrique, 1995 ; 3 : 89-93.
Laurence Pernoud j’attends un enfant. Page 57, Édition 90.

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