Blennorragie chez la femme

Définition

Définition

La blennorragie chez la femme (en anglais gonorrhea) appelée aussi gonorrhée, gonococcie, ou chaude pisse, est une maladie vénérienne sexuellement transmissible causée par une bactérie appelée Neisseria gonorrhoeae, ou gonocoque. C'est une infection des organes génito-urinaires qui se transmet dans le cadre de relations sexuelles par contacts bucco-génitaux, vaginaux, et anaux.

Historique

La blennorragie a été découverte par Albert Neisser en 1879.

Symptômes

Symptômes

Les symptômes d'une blennorragie chez la femme sont :

  • Après une période d'incubation (période comprise entre la contamination et la survenue des premiers symptômes de la maladie) de 2 à 10 jours (parfois plus), apparaissent :
    • Soit aucun symptôme : ils sont souvent masqués et la blennorragie se déclare sous forme de leucorrhées (pertes blanches) et d'inflammation locale à type de cystite (inflammation de la vessie).
    • Une dysurie (difficulté à uriner).
    • Des leucorrhées (écoulement jaune crémeux) consécutives à une inflammation de l'intérieur du col de l'utérus s'accompagnant de pus : on parle plus vulgairement de pertes vaginales.
  • Des hémorragies menstruelles anormales (règles anormales) dues à l'inflammation de l'endomètre (couche de cellules recouvrant l'intérieur de l'utérus).
  • Des douleurs de l'anus et du rectum.
  • Des saignements du col de l'utérus.
  • Des douleurs abdominales.
  • Des rapports sexuels douloureux.

Physiopathologie

Pour les spécialistes :

Neisseria gonorrhoeae est une famille de bactéries qui comprend des coccobacilles Gramimmobiles et notamment les genres Neisseria, Moraxella (ou Brahamella) et Acineto-bacter. Ces bactéries apparaissent sous la forme d'une double coque dont les bords sont adjacents et aplatis. Neisseria gonorrhoeae forme des colonies oxydases positives. Il est possible de les distinguer des autres Neisseria par la capacité qu'elles ont à métaboliser le glucose et non le maltose, le galactose ou le saccharose.

Quand Neisseria gonorrhoeae possède un pilus, la bactérie s'attache aux cellules épithéliales et empêche la phagocytose (digestion par les polynucléaires, variété de globules blancs). C'est la raison pour laquelle une infection par une bactérie possédant un pilus est à l'origine d'urétrite (inflammation l'urètre, canal transportant l'urine de la vessie vers l'extérieur).

Les bactéries ne possédant pas de pilus ne déclenchent pas d'urétrite. Le fait que le gonocoque possède ou pas un pilus provient de sa transformation génétique. Après une exposition unique par le gonocoque, 1/3 des hommes sont infectés.

Pour les spécialistes : il faut un inoculum de 103 germes pour obtenir une infection de l'urètre chez la moitié des individus qui se sont portés volontaires pour être infectés expérimentalement.

Épidémiologie

La blennorragie chez la femme est une infection transmissible par contact direct des muqueuses génitales. L'hôte habituel est Neisseria gonorrhoeae. Dans certains pays industrialisés comme les USA, environ 5 à 6 % de la population ont été infectés.

Dans d'autres pays comme la Suède, l'épidémie a été moins importante. En effet, dans ces pays, la transmission à l'intérieur même du pays (endémie) a été pratiquement enrayée.

De nombreux facteurs conditionnent l'incidence de cette infection : la race, le sexe, le niveau socio-économique, le statut marital, la vie urbaine ou pas, le degré d'instruction, les comportements sexuels, l'accessibilité aux soins, l'âge. Ainsi, le risque de contracter une infection par gonocoque, est plus importante pour un adolescent ou un adulte jeune démuni, dont le niveau d'éducation est bas et qui vit seul. Cette infection est le plus souvent propagée par des individus porteurs de ces bactéries, mais sans symptômes (asymptomatiques).

Il est possible de dépister les femmes contaminées grâce à des prélèvements que l'on effectue au niveau du col de l'utérus. Il existe certaines conditions (prison, centres de détention juvénile, centres de désintoxication, toxicomanie) où le nombre des infections est plus important, et où les tests de dépistage devraient être effectués. Mais le dépistage en routine à partir des prélèvements cervicaux (du col de l'utérus) coûte cher.

Dans tous les cas, il est très important d'identifier les partenaires sexuels les plus récents, de façon à pouvoir les examiner et les traiter quand ils sont infectés.Des études effectuées à la fin des années 1990 ont montré que la présence du gonocoque facilite l'infection par le VIH. De plus, les prostituées qui sont infectées par le virus de l'immunodéficience humaine, ont une probabilité plus importante de survenue de complications à type de salpingite (inflammation des trompes).

Examen médical

Labo

C'est la mise en évidence des gonocoques sur les frottis (prélèvements, voir ci-après) effectués chez la femme, qui permet le diagnostic de cette pathologie. Un frottis est le résultat de l'étalement d'une goutte de liquide prélevée par écouvillonnage (instrument pour effectuer les prélèvements) puis étalée sur une lame de verre, et qui est examinée au microscope. Chez la femme, les prélèvements sont effectués au niveau du vagin, de l'endocol, de l'urètre, de l'anus et du pharynx.

L'hémoculture (culture en laboratoire de prélèvement sanguin afin de mettre en évidence des germes) est habituellement négative.

Les analyses de sang montrent une hyperleucocytose (élévation du nombre de globules blancs dans le sang), et une augmentation de la vitesse sédimentation.

On assiste également à une augmentation de la protéine C. réactive : il s'agit d'une protéine du sang synthétisée par le foie après la pénétration dans le sang d'un antigène. Son apparition dans le plasma sanguin (partie liquide du sang) disparaît plus tard lors de la formation des anticorps. Quand il existe une surinfection surajoutée par un autre germe, plus spécifiquement par Chlamydia trachomatis, le risque d'apparition d'une salpingite chronique est plus élevé.

Chez la femme enceinte, l'infection par le gonocoque au niveau de l'endocol (partie intérieure du col de l'utérus) semble être responsable à l'approche de l'accouchement d'une rupture prématurée des membranes (membranes de protection et de recouvrement du fœtus contenant le liquide amniotique). Cette pathologie peut alors être à l'origine d'une prématurité et d'une endométriose (inflammation de l'endomètre) du post-partum, c'est-à-dire survenant après l'accouchement. Dans ce cas, le traitement fait appel à la ceftriaxone (d'après un essai clinique randomisé et comparant une dose unique de ceftriaxone avec une dose unique de placebo donnée entre la vingt-huitième et la trente-quatrième semaine de gestation chez les femmes de Nairobi).

Évolution

Évolution

Une blennorragie chez la femme peut évoluer :

  • Certaines patientes présentent une infection et une inflammation des trompes de Fallope (canal allant de l'ovaire jusqu'à l'utérus) correspondant une salpingite aiguë chez environ 15 % d'entre elles. Ceci est la complication majeure de l'infection par gonocoque chez la femme, elle se traduit par des douleurs du bassin. Chez quelques patientes, la salpingite se traduit par une fièvre, et des anomalies biologiques.
  • La vulvo-vaginite de la fillette est due à la transmission par le contact direct avec des objets souillés (gant de toilette, serviette), son traitement nécessite l'utilisation de benzylpénicilline ou d'ampicilline. Elle se traduit par :
    • Un érythème (rougeur).
    • Un oedème de la vulve.
    • Des pertes vaginales contenant du pus.
  • Le rhumatisme blennorragique et arthrite gonococcique sont les complications à distance les plus fréquentes. Le gonocoque est mis en évidence dans le liquide de l'articulation enflammée, et les manifestations articulaires (douleurs, gonflement, nombre d'articulations touchées) apparaissant 1 à 3 semaines après l'urétrite aiguë. Chez certaines malades, cette période peut s'étendre sur plusieurs mois. Les différentes formes d'atteinte articulaire sont :
    • L'arthralgie simple (douleurs articulaires fugaces, survenant essentiellement la nuit)
    • Une inflammation articulaire ne touchant que les petites articulations ou une seule articulation peut paraître ankylosée.
    • La ténosynovite (inflammation de la gaine et du liquide synovial) atteint essentiellement la main, et plus spécifiquement le dos de la main et/ou du pied. Elle est quelquefois la seule manifestation de cette pathologie.
    • On observe chez quelques patientes une extension de l'infection vers le bassin, à l'origine de pelvipéritonite (inflammation du péritoine) s'accompagnant de nausées, voire de vomissements, et susceptible d'être à l'origine d'un abcès du bassin. En l'absence de traitement, cette infection peut conduire à une stérilité dans presque tous les cas des salpingites à gonocoque. A l'opposé, un traitement antibiotique adapté et précoce mis en place avant la formation d'abcès et d'autres complications, permet de restaurer un fonctionnement normal des trompes de Fallope.
    • En dehors de la stérilité, il faut également citer la possibilité de survenue d'une périe-hépatite (syndrome de Fitz-Hugh-Curtis) s'accompagnant de douleurs qui irradient dans les régions de voisinage, de contractures des muscles de l'abdomen, et d'une légère hyperthermie (fièvre). L'évolution de cette pathologie, peut se faire vers une cholécystite (inflammation de la vésicule biliaire). Le pronostic au niveau du foie est bon.
    • La gonococcie cutanée se traduit par l'apparition de papules (croûtes de pus) de couleur rouge, généralement associées à des ganglions hypertrophiés (augmentés de volume) de l'aine.
    • L'endocardite infectieuse (inflammation de la couche de cellules de protection recouvrant l'intérieur du coeur) se voit rarement.
    • La kératodermie est une complication rare, susceptible de s'accompagner d'une arthrite (inflammation des articulations) touchant essentiellement la plante des pieds. Chez les sujets immuno-déprimés, il est possible de voir survenir (rarement) une septicémie, ou une méningite (inflammation des méninges : membranes de recouvrement et de protection du système nerveux central).

Diagnostic différentiel

Une blennorragie chez la femme ne doit pas être confondue avec :

  • Une infection urinaire. En effet, autant chez l'homme un écoulement de pus par l'urètre fait penser à la blennorragie, autant chez la femme ce n'est pas le cas. C'est la raison pour laquelle une femme jeune présentant des difficultés urinaires, doit subir un examen gynécologique. C'est ainsi que la compression de l'urètre à travers la paroi du vagin située en avant fait quelquefois sourdre (sortir) un écoulement par l'orifice de l'urètre. Le liquide est alors examinable au microscope après une coloration de Gram et une mise en culture.
  • Infection à Chlamydia.
  • Infection à Trichomonase.
  • Infection à Gardnerella.
  • Infection à Candida.

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