Psychose maniaque et dépressive de Kraepelin

Définition

Définition

Affection cyclique (maladie mentale) se caractérisant par des accès d'excitation mentale (appelés manies) qui alternent avec des accès de dépression (appelés mélancolie). Habituellement  le malade retrouve son état normal entre les accès. Ceux-ci surviennent soit isolément soit ensemble (états mixte).

Classification

On distingue la psychose bipolaire constituée d'une alternance d'accès maniaques et d'accès mélancoliques et la psychose unipolaire qui est une succession d'accès du même type, habituellement dépressifs.

La forme bipolaire se caractérise par un début entre l'âge de 20 à 30 ans et touche 1 % de la population alors que la forme bipolaire atteint environ 3 % la population avec un début entre 30 et 40 ans et semble être plus fréquente dans le sexe féminin que dans le sexe masculin.

Plusieurs formes sont décrites classiquement selon la périodicité des crises :

  • La folie à formes alternes décrite par Delaye
  • Le délire à formes alternes de Legrand du Saulle
  • La forme se caractérisant par la succession régulière d'accès maniaques et mélancoliques (chaque épisode est séparé du suivant par un intervale où le psychisme est normal)
  • La forme circulaire décrite par JP Falret en 1851
  • La psychose circulaire avec des accés maniaques et des phases mélancoliques se succédant mais il n'existe pas d'intervalle de lucidité intercalée
  • La psychose maniaco-dépressive à double forme décrite par Baillarger en 1854 et se caractérisant par la survenue successive et régulière du trouble maniaque et mélancolique interrompu par un épisode lucide plus ou moins long
  • La forme intermittente appelée également périodique se caractérisant par la présence d'accès de manie et de mélancolie chaque année à la même époque.

Symptômes

Symptômes

La psychose maniaco-dépressive se manifeste pour la première fois soit lors de l'adolescence soit chez l'adulte jeune ou encore vers 40 ans. Pour certains psychiatres cette pathologie mentale s'observerait également chez l'enfant.

La crise de manie se traduit par une fuite des idées s'accompagnant

  • D'incohérence
  • D'euphorie
  • D'optimisme exagéré
  • D'une anorexie quelquefois
  • D'une augmentation de la libido
  • De mégalomanie (délire immodéré de puissance)
  • De crises d'euphorie pouvant aboutir à…
  • Une extravagance la plus totale
  • D'un état d'excitation extrême pendant lequel le patient est très désinhibé : par exemple, il est capable de déchirer ses vêtements, de hurler, de faire des achats inutiles et extrêmement onéreux, etc..
  • De logorrhée assez fréquente (le patient se met à parler de façon continue et intarissable).
  • De discours contenant des jeux de mots et des obscénités s'accompagnant d'une désinhibition (attentat à la pudeur)

La crise de mélancolie, quant à elle, correspond à :
Une dépression profonde qui se caractérise par une tristesse permanente sans relation avec les circonstances extérieures

  • Un ressenti de sensations internes de malaise et…
  • Une tristesse
  • Un profond pessimisme
  • Une estime de soi
  • L'indifférence pour le monde environnant
  • Des troubles du sommeil à type d'insomnie
  • Des troubles de la libido
  • Une angoisse assez intense comme délire s'accompagnant …
  • D'une culpabilité et …
  • D'un refus d'alimentation assez fréquent

Cause

Cause

Il semble exister une prédisposition génétique (familiale.

La notion d'alternance qui est observée au cours de cette pathologie fait penser à celle de rythme biologique. Ainsi il existerait une cause exogène (provenant de l'extérieur de l'organisme) et peut-être endogène en relation directe avec le rythme biologique de l'individu malade.

Le plus vraisemblable est l'intervention de facteurs extérieurs. Les saisons, les modifications de la luminosité liées à la variabilité du climat, des événements de la vie personnelle sont peut-être pour une grande part dans la survenue de cette pathologie.

Traitement

Traitement

Autant dans la crise de manie que dans la crise de mélancolie, certains patients nécessitent une hospitalisation surtout dans les formes graves (généralement contre l'avis du malade).

L'utilisation de certains antidépresseurs de la famille de l'amitriptyline ou imipramine ainsi que de ses dérivés sont souvent efficaces.

Les inhibiteurs de la monoamineoxydase (appelées IMAO) restent d'un maniement assez délicat.

Certaines équipes psychiatriques utilisaient les sels de lithium (Téralithe) en prévention ou encore une autre molécule : la Carbamazépine (Tégrétol). Ces médicaments ne sont plus utilisés actuellement.

La psychothérapie semble donner quelquefois de bons résultats quand la relation thérapeute patient s'inscrit dans un continuum efficace.

L'électrochoc (appelé également sismothérapie) sous anesthésie générale et avec prise de curare a été proposé…

Ces techniques sont réservées aux formes anxieuses ou délirantes avec risque de suicide ou en cas d'échec des médicaments antidépresseurs.

Évolution

Évolution

Celle-ci se fait le plus souvent vers un raccourcissement des intervalles libres et vers une augmentation de la durée des accès.

Le danger le plus grave de ces épisodes est le suicide et généralement environ 20 % des patients atteints de psychose maniaco-dépressive décèdent de cette manière.  C'est la raison pour laquelle ils nécessitent une surveillance étroite et attentive.

La crise de mélancolie, d'autre part, s'accompagne de ce que l'on appelle une inhibition intellectuelle avec manque de concentration et fabrication d'idées lente. Les gestes sont ralentis, l'indécision est habituelle avec un sentiment d'impuissance et une absence de volonté (aboulie).

Il semble exister une dépendance particulièrement accrue à la toxicomanie y compris l'alcool. Aucune étude sérieuse n'a fait le lien entre cette pathologie et la consommation excessive de tabac.

Diagnostic différentiel

  • Hypothyroïdie
  • Syndrome de sevrage après intoxication alcoolique
  • Maladie d'Addison
  • Chimiothérapie
  • Syndrome de fatigue chronique
  • Fibromyalgie
  • Traitement par bêtabloquant
  • Corticothérapie (utilisation des corticoïdes comme traitement)

Prévention

Dans certains cas il est nécessaire d'avoir recours à l'hospitalisation sous contrainte (HDT) c'est-à-dire à l'hospitalisation sur demande d'un tiers.

Etant donné le risque de dépenses inconsidérées, les biens du patient doivent, dans certains cas, être protégés surtout pendant les périodes d'accès maniaque.

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