Les films pornos affectent-ils la libido masculine ?

Internet a démocratisé le porno, tout le monde – ou presque – y a accès et en quantités industrielles. C’est bien là le problème…

Porno et libido

Nous ne clôturerons pas le débat aujourd’hui, la controverse est fournie et les arguments, légions. Contentons-nous de rappeler les bases.

Dans son enfance, le jeune garçon expérimente la pulsion sexuelle au travers de la manipulation de son pénis. Il associe spontanément au désir et au plaisir rencontrés l’information visuelle qu’il a de son sexe. La petite fille quant à elle, dans cette même découverte, ne peut pas profiter d’un support visuel, ce qui la poussera à associer plaisir et imaginaire. On peut raisonnablement penser que c’est de là que vient cette propension qu’ont les hommes à regarder du porno, alors que les femmes s’expriment plutôt dans l’érotisme. Le deux pouvant se rejoindre dans les jeux sexuels, pourquoi pas.

Les films pornos affectent-ils la libido masculine

Cependant, un problème se pose quand le recours à la pornographie devient systématique, entraînant une forme d’addiction. Qui en fait, n’est pas tant une addiction que le reflet d’une difficulté majeure à différencier plaisir, excitation et émotions. Or, plus l’excitation sexuelle se fera au travers du modèle pornographique, moins elle collera à la réalité de la rencontre avec une femme, d’une relation vraie avec elle et plus l’angoisse de performance ou le doute quant à sa virilité se fera ressentir.

Il y a dans cet état de fait, une sorte de peur de la sexualité, une carence dans l’expression des émotions, peut-être simplement la peur d’être responsable de son désir.

Rappelons qu’une des plus grandes richesses de la sexualité, c’est justement de pouvoir être soi, avec l’autre, c’est cette passerelle à faire passer les émotions, les sentiments. Tout ce qu’un porno n’aborde jamais, ou de façon pervertie.

Porno et santé mentale

Au moins 6% des internautes seraient accros au porno en ligne. Mais peut-on vraiment parler d’addiction ? De récentes études tendraient à démontrer que l’addiction à la pornographie n’en serait pas vraiment une, au sens où on l’entend en parlant de l’alcool ou des jeux d’argent. Il s’agirait plus d’un dysfonctionnement dans le circuit de la récompense dans le cerveau. L’accro au porno en demande toujours plus pour retrouver la pure excitation du début.

Ceci étant posé, les impacts sont bels et bien réels : à commencer par le fait que la pornographie engendre des attentes irréalistes, notamment en véhiculant une vision faussée de la représentation du corps, pouvant entraîner une anxiété de performance. Ensuite, à force de consommer du porno – passivement – l’homme accro en devient apathique, sans élan pour sa ou son partenaire. Et enfin, les images pornographiques ayant une fâcheuse tendance à baigner dans une violence feutrée et sexiste, l’accro au porno ne parvient plus a à ressentir une excitation suffisante pour satisfaire sa conjointe, tout en se détachant peu à peu des relations et attitudes saines.

Certains experts cependant sont enclins à voir dans la pornographie une source d’informations pour les jeunes LGBTIQ+ qui peinent à trouver des informations sur la sexualité par des moyens conventionnels.

Arrêter de regarder du porno, c’est bon pour la libido

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Le cerveau d’un accro au porno s’est peu à peu habitué à voir des corps aux mensurations parfaites et aux prouesses sexuelles trafiquées. Il en a découlé une progressive perte d’appétence pour les vraies femmes, les vrais hommes, avec leurs vrais corps, imparfaits, marqués par la vie.

En arrêtant de regarder du porno, on met un stop à cette vision de soi et des autres, on retrouve un désir sexuel authentique.

Par ricochet, l’empathie reviendra, reconnectant les vraies émotions, réveillant la vitalité qui est en soi. Car on ne va pas se mentir : regarder du porno rend mou, moins productif et déprimé après coup. Une sorte d’antidépresseur malsain. Qu’il soit clair que c’est la consommation de pornographie qui rend déprimé et non l’inverse. Arrêter de regarder du porno, c’est l’assurance de retrouver force et joie de vivre.

Le prêt-à-fantasmer de l’industrie du X ne remplacera jamais l’imaginaire érotique personnel et la singularité de ses propres fantasmes. Arrêter de regarder du porno nous renvoie à notre propre imaginaire, créatif et… coquin.

Accro au porno, les pistes pour s’en défaire

Une souffrance, un vide se cache toujours derrière une addiction, quelle qu’elle soit. Donc, plus on réduira ces manques, plus il y aura de chances de réduire également la consommation de porno.

Le deuxième conseil est de s’occuper, de ne pas rester sans rien faire. L’idée étant de se détacher du visionnage et de ses… activités connexes. Se remettre au sport, rendre visite à ses amis, s’inscrire à une activité qui passionne… L’idée ici est de recréer du lien social, de s’investir dans une association, une cause…

Mais avant tout, il est primordial qu’il y ait un déclic : la prise de conscience de son addiction. Sans cette honnêteté, il est presque impossible de s’en sortir.