Syndrome inflammatoire généralisé

Définition

Définition

Le syndrome inflammatoire généralisé est le témoin d'une maladie organique, mais n'est spécifique d'aucune cause. Il s'agit d'un marqueur évolutif d'un grand nombre de pathologies.

Généralités

Le syndrome inflammatoire généralisé comprend :

  • Une température corporelle supérieure à 38° centigrades, ou au contraire inférieure à 36° centigrades.
  • Une accélération du rythme cardiaque > à 90.
  • Une accélération du rythme respiratoire > à 20.
  • Une concentration en gaz carbonique dans le sang (les spécialistes parlent de pression en CO2) inférieure à 32 millimètres de mercure.
  • Un nombre de leucocytes (globules blancs) > 12 000, ou au contraire inférieur à 4000 par millimètre cube.
  • La présence de plus de 10 % d'une variété particulière de globules blancs (polynucléaires neutrophiles) n'ayant pas terminé leur maturation, et dont l'apparition est récente, en dehors d'autres causes, essentiellement une chimiothérapie (utilisation de médicaments pour lutter contre un cancer).

Historique

Ce syndrome inflammatoire généralisé a été défini par un groupe d'experts d'Amérique du Nord en 1991.

Symptômes

Symptômes

Les symptômes classiques de l'inflammation sont :

  • La douleur.
  • La rougeur.
  • La chaleur.
  • Un oedème.
  • Une fièvre.
  • Une altération de l'état général.
  • Un amaigrissement.

Physiopathologie

Une réaction inflammatoire survient au sein de l'organisme à la suite de différentes causes (liste non exhaustive) : 

  • Infectieuse (pénétration de microbes au sein de l'organisme).
  • Tumorale (apparition d'une tumeur bénigne ou cancéreuse).
  • Immunologique (développement d'un processus faisant intervenir les défenses naturelles de l'organisme).
  • Traumatique (perturbation des modifications du fonctionnement habituel de l'organisme, à la suite d'ou plusieurs interventions extérieures que celles-ci soient physiques, psychologiques, voire affectives).
  • Destructive (nécrose cellulaire comme cela survient au cours de l'infarctus du myocarde entre autres).
  • Physique (irradiation).
  • Chimique (pollution par une substance).

Les quatre différentes phases du processus inflammatoire (pour les spécialistes en biologie) sont les suivantes (texte issu de l'exploration de la réaction inflammatoire en médecine de V. Beau, H. Partouche, membres de SFTG Paris-Nord)  :

  • Initiation par voie immune (activation du complément par le complexe Ag/Ac), ou non immune (activation du complément par la voie alterne).
  • Amplification de phénomènes locaux : activation des monocytes-macrophages, et PPN, qui phagocytent les particules étrangères, et libèrent des substances vaso-actives, protéolytiques et microbicides. En réalité, cette réaction est très complexe, et met en jeu des facteurs :
    • Cellulaires :  PNN, monocytes-macrophages, lymphocytes, mastocytes, plaquettes.
    • D'origine cellulaire : histamine, sérotonine, prostaglandine, leucotriène, PAF acéther, cytokine, radicaux libres.
    • Médiateurs plasmatiques : coagulation / fibrinolyse, kinine, complément.
    • Vers une réponse générale par le biais des trois cytokines principalement en cause, produites par les monocytes-macrophages :
      • IL1 (interleukine 1 ).
      • IL6 (interleukine 6 ).
      • TNF alpha (tumor necrosis factor). Sous leur action, le foie synthétise les protéines de la réaction inflammatoire (PRI) utilisées en pratique comme marqueur biologique de la réaction inflammatoire.
  • Stabilisation acquise par neutralisation des facteurs de l'inflammation (interaction PRI/débris cellulaires / enzyme).
  • Résolution visant à restaurer l'intégrité des tissus mais qui qui peut être insuffisante avec apparition de phénomènes inflammatoires chroniques.

Examen médical

Labo

Le syndrome inflammatoire en biologie comprend :

  • Une élévation de la vitesse de sédimentation. Le résultat de sa lecture dépend des globules rouges, du nombre, de la forme, et de leur volume. Les valeurs normales chez l'homme et chez la femme sont les suivantes :
    • < 50 ans 15 mm 20 mm.
    • > 50 ans 20 mm 30 mm. 
  • Ces résultats ne sont pas spécifiques. Ils peuvent varier en fonction de nombreux critères :
    • Une anomalie des globules rouges.
    • Une baisse du taux de fibrine dans le sang.
    • Une hémolyse.
    • Un syndrome néphrotique.
    • Une hypogammaglobulinémie.
    • Une hyperviscosité sanguine comme cela survient au cours de la cryoglobulinémie.
    • Une hyperleucocytose importante.
    • La prise d'anti-inflammatoires.
    • Une fatigue très intense (avec cachexie).
    • L'âge.
    • Le sexe féminin.
    • La grossesse.
    • La prise d'oestrogènes.
    • Une anémie.
    • Une macrocytose.
    • Une hypergammaglobulinémie.
    • Une hypercholestérolémie.
    • Un traitement par héparine. 
    • Une élévation de CRP (C. réactive protéine).
    • Une élévation du taux de fibrinogène.
    • Une élévation des ß globulines et Gamma-globulines et à moindre degré des alphas 2 globulines : haptoglobine, céruléoplasmine.
    • De façon générale une hyperalphaglobulinémie et une hypoalbuminémie sont en rapport avec un syndrome inflammatoire.
    • Une anémie modérée, c'est-à-dire supérieur à 8 g/ dl normochrome normocytaire puis microcytaire , arégénérative apparaissant à la 3ème semaine.
    • Une ferritine haute, et une transferrine basse (CPT normale ou diminuée) même s'il existe une carence martiale associée.
    • Une polynucléose neutrophile (élévation du nombre de globules blancs et en particulier des neutrophiles) > 7000 /ml mais inconstante (par exemple au cours du lupus,de la leishmaniose).
    • Une thrombocytose (élévation du nombre des plaquettes) > 400 000 / ml pouvant atteindre 1 000 000 / ml. Ce chiffre évoque alors syndrome myéloprolifératif quand il est au-dessus de 1 000 000 / ml.
  • Au total les meilleurs marqueurs du syndrome inflammatoire sont :
    • La C.réactive proteine (CRP), son taux augmente en cas de réaction inflammatoire, rapidement et en cas d'infection par une bactérie surtout. La CRP est augmentée, entre autres au cours de la spondylarthrite ankylosante mais aussi de la polyarthrite rhumatoïde et des vascularites.
    • Le serum amyloïde A protein (SAA).
    • L'alpha1 anti-chymotrypsine, son taux augmente précocement au cours de l'inflammation, de 1 à 2 g par litre. Il s'agit du marqueur le plus spécifique et le plus sensible de la réaction inflammatoire.
    • L'haptoglobine qui augmente en cas d'inflammation chronique (couplée avec l'orosomucoïde).
    • L'orosomucoïde.
    • Le fibrinogène.
    • La céruloplasmine.
    • La transferrine (TRF), qui est une protéine de transport du fer qui est synthétisée par le foie qui augmente durant la grossesse (œstrogène), et dont le taux varie chez l'adulte sain de 2 à 3 g par litre. Son taux baisse en cas de réaction inflammatoire de façon parallèle à l'albumine, mais également en cas de carence en vitamine C, de dénutrition, d'insuffisance hépatocellulaire, et de fuite de protéines (rénale, brûlure et intestinale). Son taux baisse en cas de carence martiale. Son abaissement non parallèle à celui de l'albumine, doit faire évoquer une carence en fer associée. L'haptoglobine est particulièrement utile pour dépister les hémochromatoses avec le coefficient de saturation.
    • La ferritine, son taux baisse en cas de carence martiale (en fer). Son taux augmente en cas de syndrome inflammatoire, et au cours d'autres maladies comme le diabète décompensé, l'alcoolisme, l'infarctus, l'hépatite, la rhabdomyolyse, l'hémolyse, la cirrhose, hépatocarcinome, hyperthyroïdie, l'érythro-phagocytose  et l'hémochromatose. Il ne s'agit donc pas d'un marqueur de l'inflammation en première intention.
    • L'alpha 1 anti trypsine.
    • Infraction C3 du complément. Son taux, de 0,15 à 2 g/l et qui ne varie pas avec l'âge, augmente au cours du syndrome inflammatoire mais aussi en cas de cirrhose biliaire primitive.
    • L'alpha 2 macro globuline.
  • Le syndrome inflammatoire au cours de quelques maladies (tiré du compte-rendu de soirée : exploration de la réaction inflammatoire en médecine générale, juin 00, V. Beau, H. Partouche,membres de SFTG Paris-Nord) :
  • Horton et PPR :
    • La VS peut dépasser 100 mais peut être normale < 20 mm dans 8,5 % des cas.
    • Le dosage de la CRP ( et SAA ) permet d'infirmer ou non, de la persistance d'activité de la maladie devant une VS aux alentours de 30mm /h chez une personne âgée.
  • Polyarthrite Rhumatoide :
    • CRP élevée > 40 mg plus sensible de l'activité que VS, hapto, et fibrinogène.
    • CRP restant élevée : indice de progression rapide des lésions radiologiques.
    • Le dosage de la SAA ou d'alpha-1-antichymotrypsine permet de dépister des PR en activité avec CRP nle (synovite rhumatoide).
    • SAA élevée peut être un marqueur d'amylose secondaire.
    • La baisse du complément indique l'existence d'une vascularite débutante par immuns complexes circulants.
  • Spondylarthrite ankylosante :
    • Antigène HLA B 27 présent dans environ 90 % des cas.
    • Vitesse de sédimentation élevée.
    • Augmentation des taux de protéine C. réactive.
    • Anémie normochrome normocytaire modérée parfois absente.
    • Elévation des phosphatases alcalines quelquefois.
    • Augmentation du taux des immunoglobulines A.
  • Lupus :
    • VS elevée dans 90% des cas (> 80mm/h dans 50%).
    • VS normale = rechercher une cryoglobulinémie.
    • Hypergama polyclonale dans 75% des cas.
    • Anémie inflammatoire ou hémolytique fréquente.
    • Leucopénie avec lymphopénie < 1500 / ml et thrombopénie < 100 000 /ml.
    • La CRP est normale si élevée rechercher une infection.
    • La SAA peut être élevée.
    • La baisse du complément précède une poussée.
  • Vascularite : 
    • VS élevée dans 90% des cas (PRI + hyper gamma polyclonale).
    • CRP corrèlée à l'activité de la maladie.
    • Pas de syndrome inflammatoire si atteinte muqueuse localisée ou oeil.
  • Goujerot-Sjögren :
    • Hypergamma globulinémie (hyper IgG)¦ VS élevée.
    • La CRP est basse.
    • Les autres PRI varient peu.
  • Sclérodermie : 
    • VS normale si élevée rechercher une hyper gamma globulinémie.
    • CRP mormale, SAA discrètement augmentée.​​
  • Dermatopolymyosite :
    • VS légèrement augmentée.
    • CRP nle si élevé rechercher une infection.
    • PRI nle si élevé rechercher un cancer.

 

 

Cause

Cause

Les causes, les plus fréquentes, susceptibles d'expliquer la survenue de ce syndrome sont variées. Il peut s'agir de (liste non exhaustive) :

  • Multiples traumatismes.
  • Une inflammation d'organes tels que le foie (hépatique), le pancréas (pancréatite).
  • Une infection très importante.

Évolution

Évolution

Le syndrome de réaction inflammatoire généralisée, est susceptible d'évoluer vers une défaillance multiviscérale. Il s'agit d'un ensemble de symptômes, comprenant des difficultés très importantes de l'appareil pulmonaire à type de détresse respiratoire, associés à une insuffisance de fonctionnement de plusieurs organes, tels que les reins, le foie, le coeur et l'appareil vasculaire.

Le plus souvent le tube digestif et le système nerveux, sont également concernés par cette défaillance.

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