Invagination intestinale aiguë du nouveau-né

Définition

Définition

L'invagination intestinale aiguë du nouveau-né est le retournement de l’intestin sur lui même, puis sa pénétration dans la partie qui le suit, ou qui le précède, exactement comme on le fait avec un doigt de gant, lorsqu’on enlève celui-ci en tirant sur sa partie haute. Le résultat est une interruption du transit, donc une véritable occlusion intestinale . 

Généralités

L'invagination est définie par Cruveilhier comme un "mode de déplacement du canal intestinal qui consiste dans l'introduction, ou l'intussusception d'une portion d'intestin dans la portion qui lui fait suite", de telle sorte que la première portion est engainée dans la deuxième, à la manière d'un doigt de gant.

L'invagination intestinale ne survient pas uniquement chez le jeune enfant, mais également chez le grand enfant et l'adulte. Cette pathologie peut également survenir chez le fœtus : elle est alors à l'origine d'une atrésie (fermeture complète ou incomplète) de l'intestin.

Symptômes

Symptômes

Les symptômes d'une invagination intestinale aiguë du nouveau-né sont :

  • Le nourrisson est asymptomatique (ne présente aucun problème particulier) jusque-là.
  • Le médecin (ou le chirurgien) qui examine l'enfant pose généralement des questions précises, ce qui est capital pour porter le diagnostic d'invagination intestinale aiguë sans retard. En effet, l'enfant n'est pas comme d'habitude, mais quelquefois les symptômes ne sont pas très révélateurs (dans 10 % des cas).

Classiquement, l'invagination aiguë se traduit par :

  • Des cris qui traduisent les douleurs abdominales paroxystiques, qui surviennent de façon brusque, brutale, intermittente et récidivante.
  • Une pâleur.
  • Des pleurs et une agitation (durant quelques minutes).
  • Un refus total de prise d'aliments.
  • Une interruption de l'activité habituelle.
  • Une fièvre plus ou moins importante.
  • Des vomissements : les vomissements sont tout d'abord réflexes, puis sont provoqués par l'iléus (arrêt du passage des matières).
  • L'apparition de sang dans les selles.
  • La survenue de diarrhée ne doit pas faire systématiquement éliminer le diagnostic d'invagination intestinale. En effet, elle survient dans environ 5 % des cas.
  • Un état de choc dans les cas les plus graves, quand l'enfant est vu relativement tardivement.

Physiopathologie

L'invagination intestinale peut survenir à tous les niveaux de l'intestin. Néanmoins, la plus fréquente se situe au niveau de l'iléon et du côlon. Suite à la survenue de cette dernière, on assiste à la création d'une stase veineuse (insuffisance, voire arrêt de la circulation sanguine à ce niveau) à l'origine de l'apparition de mucus (sortes de glaires) accompagné de sang dans les selles.

La pénétration d'une anse intestinale dans une autre, est sans doute un phénomène d'exagération de la contraction normale de l'intestin, appelée onde péristaltique. La partie qui s'invagine, est entraînée par sa contraction exagérée. On assiste à la pénétration de la séreuse et des vaisseaux qui l'accompagnent, qui sont alors comprimés.

Ce phénomène explique l'arrêt de la circulation, et la nécrose de l'anse intestinale en question. La séreuse est une fine membrane qui tapisse les cavités (thoracique, abdominale), et l'extérieur des viscères contenus par ces cavités. Elle est formée de deux feuillets :

  • Le feuillet viscéral (qui adhère à l'organe).
  • Le feuillet pariétal (qui est contre la paroi de la cavité où se loge l'organe).

Entre ces deux feuillets, il existe un espace qualifié de virtuel, permettant la mobilité de l'un sur l'autre.

Épidémiologie

L'invagination intestinale aiguë, est plus fréquente chez le garçon. Elle survient inopinément, dans 65% des cas généralement entre 5 mois et 1 an, parfois avant, et il semble exister une influence saisonnière.

Examen médical

Examen physique

A la palpation (qui doit être faite en dehors des crises), le médecin retrouve souvent ce que l'on appelle le boudin d'invagination (dans 85 % des cas) qui correspond à une masse oblongue sensible, le plus souvent située dans la fosse iliaque droite (à droite du nombril légèrement en dessous). La palpation de l'abdomen est normale entre les crises.

Le toucher rectal, met le plus souvent en évidence la présence de sang dans les selles, ce qui correspond à un indice diagnostique d'une valeur primordiale. La déshydratation doit être évaluée.

Examen complémentaire

Les examens complémentaires vont permettre d'affirmer le diagnostic. Il s'agit de :

  • L'échographie est un moyen sûr et non invasif (sans danger pour le patient) qui permet de mettre en évidence le boudin (voir examen physique). Cet examen s'effectue soit en coupe longitudinale (appelée image en sandwich), soit en coupe transversale (c'est-à-dire en cocardes).
  • Le lavement opaque doit être fait en présence d'un chirurgien. Il est généralement effectué en utilisant de la baryte qui est un produit de contraste radio- opaque. Cet examen confirme le diagnostic, et montre des images radiologiques dites en pinces de homard vues de profil. Quelquefois les images sont en cocardes de face. Le lavement permet parfois de traiter l'invagination en la réduisant, c'est-à-dire en la corrigeant. Le lavement opaque, est contre-indiqué dans les formes tardives, et quand il existe un pneumopéritoine (présence de gaz au niveau du péritoine).
  • La radiographie sans préparation ne permet pas de poser le diagnostic.

Cause

Cause

Les causes d'une invagination intestinale aiguë du nouveau-né sont :

  • Inflammation aiguë des ganglions de l'abdomen.
  • Présence de diverticules de Merckel (inflammation).
  • Kystes entérogènes.
  • Polypes.

Traitement

Traitement

Les traitements d'une invagination intestinale aiguë du nouveau-né sont :

  • Le lavement constitue la première étape du traitement. En effet, dans la majeure partie des cas (soit environ 90 %), l'invagination est traitée par le lavement lui-même. Le segment qui est invaginé, est remis en place par augmentation douce et progressive de la pression exercée pendant l'injection du lavement. Une surveillance est ensuite nécessaire de façon à détecter une invagination qui persisterait.
  • Quand il existe une contre-indication au lavement opaque et en cas de suspicion d'autres pathologies, il est nécessaire d'intervenir chirurgicalement, ce qui va permettre de procéder à la désinvagination manuelle et à la recherche d'une cause. Le plus souvent, le chirurgien qui opère, procède à une ablation de l'appendice iléo-caecal (​appendicectomie). L'intervention chirurgicale visant à effectuer une résection (enlever) de la partie invaginée, puis à rétablir la continuité de l'intestin, peut se révéler quelquefois nécessaire. Il existe un risque de survenue des brides intestinales. Les brides sont constituées de tissu constituant l'intestin ayant perdu leur élasticité (fibreux), suite à la cicatrisation ou à l'inflammation.

Évolution

Évolution

Si l'invagination n'est pas traitée en urgence, elle conduit à une déshydratation (perte de liquide) quelquefois sévère, et à une nécrose (destruction) d'une partie de l'intestin (celle qui est invaginée). Dans ce cas, les vaisseaux sanguins qui se trouvent comprimés sont susceptibles d'être à l'origine d'une péritonite (inflammation grave du péritoine) ou d'une occlusion intestinale.

Après un traitement correctement mené, les récidives d'invagination intestinale aiguë sont exceptionnelles. L'alimentation de l'enfant est reprise rapidement, mais néanmoins surveillée pendant 24 à 48 heures en milieu chirurgical.

Complications

L'invagination intestinale aiguë, provoque une occlusion intestinale (chez le nourrisson, elle constitue une urgence médico-chirurgicale majeure, et c'est la première cause d'occlusion). L'occlusion se définit comme un arrêt du passage des gaz et des selles dans l'intestin.

Diagnostic différentiel

Il ne faut pas confondre l'invagination intestinale aiguë du nouveau-né, avec une gastro-entérite.

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