Cystite interstitielle

Définition

Définition

La cystite interstitielle ​(en anglais interstitial cystitis), est une maladie chronique sévère, atteignant la vessie, et dont l'apparition se fait essentiellement chez les femmes, elle n'est pas comparable aux infections urinaires habituelles. En effet, les symptômes ne disparaissent pas après un traitement par antibiotiques.

Symptômes

Symptômes

Les symptômes d'une cystite interstitielle sont :

  • Douleurs sus-pubiennes (en bas de la vessie) à une largeur de main en dessous du nombril.
  • Hématurie (en anglais hematuria) qui est la présence de sang dans les urines.
  • Nycturie (en anglais nocturia) correspondant à l'excrétion urinaire ayant lieu préférentiellement la nuit. Normalement, la quantité d'urine diminue pendant la nuit (de 2 à 4 fois par rapport au jour). La nycturie se caractérise par une émission d'urine plus abondante la nuit que le jour. Elle force le malade à se lever une ou plusieurs fois pendant la nuit pour uriner.
  • Une pollakiurie : fréquence excessive des mictions (expulsion de l'urine contenue dans la vessie) qui ont lieu à intervalles fréquents, et sont liées à une sensation de plénitude vésicale (impression de vessie pleine), qui n'est pas due à une vessie pleine mais à une vessie présentant une irritation. Cette sensation s'accompagne d'une impression de plénitude même quand la vessie n'est pas pleine. Cette pollakiurie s'accompagne de douleurs.

 

Physiopathologie

La paroi de la vessie présente des petites ulcérations (plaies) qui s'infiltrent. Ces pertes de substance siègent au niveau de la muqueuse (couche de cellules tapissant et protégeant l'intérieur de la vessie), et entraînent la survenue de contraction des muscles lisses (muscles qui ne sont pas sous le contrôle de la volonté donc automatiques), ainsi qu'une diminution de la capacité que présente la patiente à uriner.

Épidémiologie

La cystite interstitielle apparaît vers l'âge de 40 ans chez la femme.

Examen médical

Technique

Les critères pour poser le diagnostic d'une cystite interstitielle sont les suivants :

  • Evolution depuis plus de neuf mois.
  • Présence de mictions nocturnes. 
  • Présence de plus de huit mictions par jour.
  • Absence d'amélioration après traitement par antibiotiques.
  • Absence d'amélioration après traitement par anticholinergiques et antispasmodiques.
  • Il est nécessaire d'éliminer une tumeur, une infection, ou encore une lithiase (calculs).
  • Présence d'un terrain psychologique particulier.
  • En dehors des conseils apportés ci-dessus, il est nécessaire de supprimer les aliments qui contiennent du potassium, les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les corticoïdes. 
  • Exclusion d'une infection urinaire.
  • D'une vessie soumis à un traitement par rayons.
  • De la présence de diverticules dans l'urètre (canal transportant l'urine de la vessie vers l'extérieur).
  • D'un herpès génital.
  • D'un cancer de la vessie. 
  • Il faut également éliminer une endométriose, et des troubles intestinaux.

 

Examen complémentaire

Les examens complémentaires, et en particulier la cystoscopie (grâce à l'utilisation d'un appareil muni de un système optique permettant de visualiser directement l'intérieur de la vessie) révèlent quelquefois des trabéculations qui sont des malformations des vaisseaux situés en dessous de la muqueuse (couche de cellules en contact avec l'urine). La cystoscopie s'effectue sous anesthésie, et montre rarement un ulcère de Hunner (en anglais Hunner's Ulcer), qui survient quelquefois au cours de la cystite chronique interstitielle, ses ulcérations étant essentiellement situées au sommet de la vessie. D'autre part, cet examen permet d'apprécier la capacité de la vessie apportant une aide appréciée pour le traitement. Enfin, il est possible d'effectuer une biopsie (prélèvement) de la paroi de celle-ci, quand cela est nécessaire. Parmi les examens complémentaires, il est important d'éliminer :

  • Une atteinte vésicale d'origine neurologique.
  • Un obstacle situé dans le canal excréteur.
  • Des troubles de la sensibilité ou de la motricité vésicale due à un mauvais fonctionnement de l'organisme dans son ensemble (dysmétabolisme).

 

Cause

Cause

Les causes d'une cystite interstitielle sont :

  • Trouble de la perméabilité de la muqueuse (couche de cellules recouvrant l'intérieur d'un organe creux) de la vessie, permettant ainsi à certaines substances toxiques, et tout particulièrement en potassium d'être à l'origine d'une inflammation de la couche des cellules situées en dessous de la muqueuse (la sous-muqueuse), et sans doute également de la musculeuse (cellule musculaire plus en périphérie de la vessie), donc au niveau de la paroi vésicale elle-même. En dehors des symptômes cités ci-dessus, il faut signaler également des douleurs de la vessie qui surviennent quand la patiente remplie celle-ci, et qui sont immédiatement soulagées par son évacuation, c'est-à-dire la miction.
  • Les différentes hypothèses, expliquant les étiologies (origines), font intervenir une réaction auto-immune (la patiente fabrique des anticorps contre ses propres tissus).
  • On a également incriminé une lésion de la paroi de la vessie par une bactérie que l'on n'a pas réussie à identifier.

 

Traitement

Traitement

Les traitements d'une cystite interstitielle sont :

  • Certains médicaments comme le diméthyle sulfoxyde (DMSO), la méthylprednisolone, le sulfate d'héparine apportent un soulagement. Ces mesures ne modifient pas l'évolution à long terme.
  • Des anticholinergiques (médicaments ayant une action contre l'acétylcholine qui est un neuromédiateur).
  • Les antidépresseurs de la famille des tricycliques apportent rarement un soulagement.
  • Le traitement chirurgical (indiqué dans moins de 5 % des cas) comprend la réfection de la vessie, permettant son agrandissement.
  • La cystectomie (ablation de la vessie) accompagnée d'une dérivation des urines est nécessaire chez quelques patientes, mais ce n'est pas un gage de succès. En effet certaines patientes continuent de souffrir malgré ces interventions.

Évolution

Évolution

Des rémissions spontanées ont été observées : environ 10 % des patients ont des symptômes qui ont régressé.

 

Diagnostic différentiel

Il ne faut pas confondre une cystite interstitielle avec un cancer de la vessie.

Références

Bibliographie

Harrison. Anomalie de la miction, incontinence urinaire et douleur vésicale, cystite interstitielle, médecine interne, tome 1, page 306, quatorzième édition (1998).
Consulter de la revue FMC hebdo nº 133 du 4 décembre 2001. Docteur Denis Champetier hôpital de l'Antiquaille, Lyon.