Anorexie du nourrisson

Définition

Définition

L'anorexie du nourrisson est relativement fréquente, elle passe souvent inaperçue. Sa gravité, en terme de durée et d'intensité, est limitée.

Classification

Pour les pédopsychiatres, il est nécessaire de distinguer :

  • L'anorexie précoce est le plus souvent le résultat d'un trouble du réflexe de la succion, ou de la déglutition (difficulté à avaler). L'anorexie des premières semaines, fait quelquefois suite à une alimentation artificielle chez un enfant prématuré qui a été gavé durant les premiers jours. Quelquefois, l'anorexie précoce est d'ordre neuropsychologique, et fait suite à un dérèglement de la sensation de la faim (perturbation du fonctionnement de l'hypothalamus), et qui nécessite une prise en charge psychologique.
  • L'anorexie tardive, ou anorexie nerveuse du second semestre, fait le plus souvent suite à une perturbation de la relation entre la mère et l'enfant. Les pédiatres ont remarqué que la mère est anxieuse, et présente une certaine rigidité en ce qui concerne la présentation des aliments au nourrisson. Dans ce cas, il est nécessaire de faire preuve de patience, et de dédramatiser la situation. L'enfant garde, au cours de l'évolution, un petit appétit mais un développement normal.

Symptômes

Physiopathologie

On distingue :

  • L'anorexie commune : le refus de s'alimenter constitue, pour le nourrisson, une forme commune d'anorexie. Généralement ce refus survient après une réponse inadaptée de l'entourage du nourrisson, qui ne comprend pas le comportement de celui-ci. Le plus souvent, une simple poussée dentaire, une maladie infectieuse banale comme la rhinopharyngite, ou encore un sevrage, voire l'arrivée d'un frère, ou d'une sœur, des perturbations professionnelles d'un des parents aboutissant quelquefois à un conflit familial, entraînent la survenue d'une anorexie commune. Bien entendu ce type d'anorexie se traduit par un refus de prendre les repas. Néanmoins, on constate que le nourrisson grignote au cours de la journée, acceptant tout de même d'avaler des liquides. Les parents, par le biais ludique (jeux, histoires,) tentent de contraindre le nourrisson à manger. L'utilisation de l'intimidation ne donne quant à elle aucun résultat. Au contraire, le conflit s'aggrave. L'examen clinique du nourrisson permet d'éliminer une éventuelle maladie organique grave.Il permet également de mettre en évidence des pathologies qui peuvent être prises en charge médicalement. La prise en charge thérapeutique de ce type de problématique liée au refus de s'alimenter, passe par une dédramatisation de la situation. Les consultations chez un médecin généraliste, un pédiatre, ou chez un psychologue pour enfant, sont suffisantes. Au cours de celles-ci, les parents pourront adopter quelques conseils adaptés au fonctionnement de la famille et au stade de développement de l'enfant. Il sera ainsi suggéré aux parents, ou aux éléments familiaux proches de l'enfant, de présenter les aliments et de les retirer sans commentaire quand l'enfant refuse de les absorber. Il est nécessaire de laisser le nourrisson manger avec ses doigts, et de lui apporter ses repas aux horaires qui lui conviennent le mieux. L'approche ludique donne souvent de bons résultats (jouer avec lui). De façon générale les anorexies communes ont une évolution favorable, à condition qu'elles soient prises en charge rapidement. Progressivement la prise de poids redevient normale alors qu'au départ elle était faible.Les parents ne doivent pas s'inquiéter si cette prise de poids, au départ se fait très progressivement car elle va en augmentant par la suite. Dans certains cas, l'évolution est moins bonne. En effet, devant un amaigrissement persistant, il est nécessaire d'envisager une anorexie sévère, et de remettre en question le diagnostic d'anorexie commune.
  • L'anorexie sévère : elle est beaucoup plus rare que l'anorexie commune. Elle est susceptible d'apparaître quelques jours après la naissance. Au cours de cette affection, le nourrisson commence à présenter un retard pondéral important objectivé par la cassure de sa courbe de croissance. Le développement de celui-ci, qu'il soit psychomoteur ou cognitif, c'est-à-dire l'acquisition des connaissances, est également ralenti. Le retard moteur se révélant par un ralentissement de l'apprentissage des gestes qui sont normaux chez un autre nourrisson du même âge. Dans le cadre de l'anorexie sévère il est nécessaire d'envisager trois diagnostics :
    • L'anorexie commune mal traitée et susceptible de se transformer en anorexie sévère. Cela survient généralement quand l'atmosphère familiale est délétère (perturbation de la relation entre les parents et enfants).
    • L'anorexie sévère fait quelquefois suite à une maladie organique (véritable maladie du nourrisson). Au cours de cette variété d'anorexie, la problématique n'est plus d'ordre psychologique, mais réellement d'ordre somatique. Le refus de s'alimenter n'entre plus dans le cadre des troubles du comportement, mais plutôt dans celui de l'absence de désir de manger lié à une véritable pathologie.
    • L'anorexie sévère peut être le résultat d'une véritable perturbation psychologique et neuropsychologie grave. Dans ce cas, l'examen du nourrisson, et l'interrogatoire de la famille, mettent en évidence d'autres symptômes tels que :
      • Un trouble du sommeil.
      • Un ralentissement de l'acquisition psychomotrice et cognitive (de l'apprentissage de l'enfant de façon générale).
      • Des perturbations du comportement comme une apathie (indifférence de l'enfant à tout) voire une agressivité.
      • Bien entendu la communication entre l'enfant et son entourage est totalement perturbée ainsi que sa socialisation.
    • L'anorexie sévère du nourrisson, doit être traitée dans un milieu thérapeutique adapté. Ainsi une équipe de psychologues, neurologues et neuropsychologues doivent prendre en charge le nourrisson de manière à éviter une évolution quelquefois fatale.

Épidémiologie

L'anorexie du nourrisson concerne l'enfant âgé de 3 à 24 mois.