Délire

Définition

Définition

Le délire est un trouble qui va affecter le fonctionnement de la pensée. Il est caractérisé par de fausses interprétations, ou de fausses perceptions de la réalité.

Généralités

Le délire désigne :

  • Le désordre temporaire des facultés mentales survenant à la suite, par exemple : d'une hyperthermie (fièvre), d'une intoxication alcoolique aiguë (ivresse). 
  • Le développement chez un individu, d'une construction intellectuelle inébranlable, à laquelle le patient adhère et qui n'existe que dans le psychisme du délirant, alors que la personne concernée par le délire a conservé par ailleurs, son intégrité intellectuelle. Cette construction intellectuelle apparaissant pour l'entourage, irréelle.

Symptômes

Symptômes

Les symptômes d'un délire se caractérisent par la survenue de différents traits (liste non exhaustive) :

  • Fausseté des interprétations.
  • Illusion (perception erronée d’une sensation réellement perçue, jugement erroné, fausse croyance).
  • Construction d'un imaginaire.
  • Mégalomanie (délire excessif de puissance, goût des réalisations grandioses entre autres).
  • Persécution (tourment physique ou moral infligé avec volonté persévérante, personne croyant être l’objet de malveillance systématique).
  • Mysticisme (croyance d'une possibilité d’une communication intime de l’homme avec la divinité avec contemplation et l’extase).
  • Auto-accusation.
  • Auto-persécution.
  • Auto-mutilation.

Le plus souvent, le délire s'élabore en associant plusieurs des traits précédemment décrits. Au final, c'est un trouble profond de l'organisation de la personnalité concernant le psychologique, mais susceptible de se manifester de manière transitoire ou aiguë, au cours de n'importe quelle pathologie mentale.

La bouffée délirante aiguë est un épisode délirant aigu, un état psychotique aigu, survenant de manière brutale, généralement chez un sujet jeune, ne présentant aucun antécédent. L'épisode délirant aigu, fait quelquefois suite à une émotion, voire un stress, une intoxication médicamenteuse, l'absorption de toxique, de drogue. Ce phénomène est susceptible de dévoiler une structure psychotique.

Physiopathologie

Le syndrome de Cotard, ensemble de symptômes étudiés par le Français Jules Cotard en 1882, survient essentiellement chez la personne âgée, et se caractérise par une mélancolie (dépression) sévère, associée à une anxiété et à une tendance à négativer toutes choses, une non-existence, des idées d'immortalité, de culpabilité, d'indignité. D'autre part, les patients ont une certaine tendance au suicide, et aux mutilations volontaires. Il s'agit d'une variété de mélancolie délirante associant :

  • Une dépression très importante (mélancolie).
  • La dépression s'exprime généralement par le retrait de la vie sociale.
  • Un délire concernant le fonctionnement corporel, les individus atteints du syndrome de Cotard ont l'impression que leur corps est anormal, ou fonctionne anormalement (changement de forme de fonction des organes).
  • Une culpabilité intense associée à une irritabilité constante.

L'ensemble des symptômes précédemment cités ont tendance à être majorés dans la matinée. L'interrogatoire met en évidence la présence de douleurs alors que, sur le plan organique, à l'examen le patient ne présente aucune lésion. Cette forme sévère de dépression, est susceptible d'engager le pronostic vital de la personne.
Sans traitement, le syndrome de Cotard est péjoratif, étant donné le risque suicidaire, et l'état de dénutrition du patient. On constate une résistance thérapeutique, chez quelques patients (les médicaments n'ont aucun impact sur l'évolution de la maladie). Ce syndrome ne doit pas être confondu avec l'hypocondrie (préoccupation obsessionnelle d'un sujet à propos de son état de santé). Le patient atteint du syndrome de Cotard ne consulte pas pour ses douleurs, alors qu'il se plaint également de son corps. Une autre différence essentielle entre les deux syndromes, est la perte de l'espoir d'être guéri chez un individu atteint du syndrome de Cotard. Il est une urgence. En effet, le décès est susceptible de survenir rapidement à cause des troubles nutritifs engendrés par l'état du patient, ainsi que par la régression sociale, et la dépression elle-même. Le risque suicidaire étant également important, le traitement fait appel à une association de neuroleptiques et d'antidépresseurs. La réponse thérapeutique aux psychotropes (médicaments du système nerveux central) est longue. Elle est quelquefois de l'ordre de plusieurs semaines (5 à 10).
Le protocole le plus souvent suivi est le suivant :

  1. Utilisation de neuroleptiques jusqu'à diminution voire disparition des idées délirantes.
  2. Arrêt des neuroleptiques jusqu'à obtention d'une humeur (disposition chagrine) normale.
  3. Utilisation des antidépresseurs poursuivie au moins pendant une année.
  4. Certaines équipes médicales (spécialisées en neuropsychiatrie) utilisent l'électrochoc (sismothérapie).

Parfois cet outil thérapeutique ne peut être entrepris dans la mesure où existent des contre-indications liées à l'anesthésie générale, et aux pathologies cérébrales que présente le patient, surtout si celles-ci sont évolutives. Les effets indésirables passagers, seront les troubles de la mémoire, et le risque de confusion, également passager. Une prise en charge psychothérapeutique est nécessaire non seulement pour le patient mais pour son entourage (famille). 

Le délire érotomaniaque est une illusion consistant à croire de façon délirante, que l'on est aimé chastement alors que l'on ne l'est pas réellement. Dans le langage quotidien, il s'agit également d'un excès de l'appétit sexuel. Ce syndrome a été décrit par G. de Clérambault. On considère que l'érotomanie fait partie des trois délires personnels qui ne s'observent presque uniquement que chez la femme. « L'objet » (l'être aimé) appartient le plus souvent à une classe sociale hors du commun (médecin, avocat, star de télévision, présentateur) ou il peut s'agir encore d'un supérieur hiérarchique. La description du syndrome d'érotomanie en est la suivante : la personne qui délire est dans l'impossibilité, étant donné le niveau social de l'objet qui est aimé, de communiquer cet amour. Le délirant va s'efforcer d'entrer en contact avec celui ou celle qu'il aime de diverses façons (téléphone, envois de cadeaux, courrier, e-mail). Parfois les patientes présentent un mécanisme hallucinatoire, c'est-à-dire qu'elles entendent, ou plutôt croient entendre des voix, des parasites, qui entretiennent en quelque sorte les idées délirantes. Dans ce cas, ces formes délirantes hallucinatoires dont le thème est érotomaniaque, vont s'inscrire dans une évolution de type schizophrénique, ou encore dans celle d'une psychose hallucinatoire chronique. Enfin, le délire peut également être de type interprétatif. Dans ce cas un geste, une voix, ou une réponse de la part de l'objet sont interprétés, compris par le délirant érotomaniaque comme des marques d'amour caché. Le patient se prend à imaginer que l'autre l'aime, mais n'ose pas lui avouer. L'évolution se fait sur trois stades et est très longue :

  1. Le premier stade est celui de l'espoir.
  2. Le deuxième celui du dépit.
  3. Le troisième celui de la rancune.

Il est quelquefois nécessaire de prendre des mesures d'hospitalisation sans le consentement de la patiente. L'évolution du délire se fait quelquefois vers une psychose de type hallucinatoire chronique. Une surveillance attentive de la part du corps médical est nécessaire. En effet, le patient et surtout la patiente, peut évoluer vers des troubles du comportement quelquefois graves. Les érotomaniaques sont susceptibles, pour sauver l'être aimé d'un danger imaginaire, d'effectuer des actes autoagressifs qui sont plus spécifiques aux hommes qu'aux femmes. Certains actes délictueux de type hétéro-agressif, résultat du dépit d'une relation amoureuse non conclue, sont quelquefois commis également. Le traitement dépend du « degré » du délire. Les traitements psychothérapiques peuvent aboutir à de bons résultats. On peut néanmoins observer le développement d'une erotomania pendant le traitement lui-même, et vis-à-vis du thérapeute. Quand il existe des troubles du comportement avec menace, l'hospitalisation contrainte est alors nécessaire. Elle permet de surveiller et de protéger la patiente elle-même. L'utilisation de neuroleptiques en milieu hospitalier, psychiatrique, et tout particulièrement de certains antibiotiques comme l'olanzapine (Zyprexa), permet de réduire l'angoisse, et les hallucinations ainsi que les interprétations délirantes. 

La monomanie ou délire partiel, terme issu du grec monos : seul et mania : folie, est pour Esquirol une « lésion partielle de l'intelligence, des affections, ou de la volonté ». On distingue :

  • Le délire partiel chez un patient expansif présentant une passion s'accompagnant d'une exaltation, qui est une sorte d'excitation de l'esprit.
  • L'érotomanie correspondant à une impression illusoire délirante d'être aimé, s'accompagnant de préoccupations sexuelles obsessionnelles.
  • La pyromanie (impulsion poussant allumer des feux).
  • L'obsession se caractérisant par une pensée, une idée fixe, s'accompagnant d'une crainte avec sensation d'angoisse.
  • La pulsion (désir impérieux d'accomplir quelque chose).
  • La crainte irrésistible à type de phobies entre autres.

Le délire aigu, étudié par Calmeil, en anglais acute delirium, constitue une forme d'aliénation, de démence, de folie, de dérangement, et de déséquilibre mental, dont l'évolution est rapide et qui s'accompagne d'une élévation de la température et de symptômes généraux. Au cours du délire aigu, le patient est agité de manière extrême, et présente d'autre part des hallucinations et de la sitiophobie, c'est-à-dire de la peur de s’alimenter par crainte d’avoir par la suite des troubles digestifs. L'évolution dans ce cas, se fait généralement vers le collapsus (impossibilité pour les principaux organes d'assurer leurs fonctions vitales) et la mort. Il semble que cet état psychique soit le résultat d'une infection entraînant une intoxication de l'organisme, sans doute à la suite de la pénétration de différents germes pathogènes.

Le délire chronique à évolution systématique se voit au cours de la psychose hallucinatoire chronique, qui se caractérise par la prépondérance des phénomènes hallucinatoires que ceux-ci soient :

  • De nature olfactive (liés à l'odeur).
  • Auditifs (liés au sons).
  • Des perceptions tactiles ou cénesthésiques (ensemble des sensations internes qui contribuent à la perception qu’un sujet).

La psychose hallucinatoire chronique, pour être traitée, fait appel à certains neuroleptiques dont le chef de file est l'halopéridol. A Ce psychotrope présente une efficacité particulièrement remarquable dans ce cas.

Le délire cohérent est un délire systématisé. Il s'agit d'une variété de délire au cours duquel, il semble se tisser des liens entre des idées mystiques, de grandeur, de persécution, et certaines conceptions que le patient se fait de sa personne. Ce type de délire, aboutit parfois à un délire cristallisé ou stéréotypé, voire une psychose paranoïaque, ou une psychose hallucinatoire chronique. 

Le délire ecmnésique est un délire au cours duquel le patient s'imagine être ramené à une époque antérieure de son existence.

Le syndrome de Jérusalem appelé également fièvre hiérosolymitaine (dénomination française du début du siècle) correspond à une anomalie psychiatrique qui s'observe essentiellement chez les individus se rendant dans certaines capitales religieuses telles que Jérusalem entre autres. Il s'agit de patients le plus souvent jeunes, c'est-à-dire dont l'âge se situe entre 20 et 30 ans, ayant un niveau cognitif convenable, le plus souvent aisés, et généralement de peau blanche. Ces personnes, élevés dans la tradition religieuse pas forcément pratiquants, présentent un délire mystique, survenant quelques jours après leur arrivée dans la ville considérée comme Sainte. Environ une centaine de touristes sont atteints chaque année par cette pathologie. Ils nécessitent le plus souvent une hospitalisation de quelques jours, en milieu psychiatrique. Il s'agit d'individus présentant des évanouissements, perdant le sens de la réalité. D'autre part, ils adoptent un comportement bizarre en retirant leurs habits, les déchirant. La plupart du temps, il s'identifie à Jésus-Christ ou à la vierge Marie. L'explication de ce phénomène est le suivant : dès leur arrivée dans les lieux sacrés, la visite provoque chez le patient un traumatisme psychique intense. Pour les psychiatres, ces patients viennent rechercher dans les lieux saints, un espoir peut-être inconscient, pour commencer une nouvelle vie en quelque sorte. Par la suite, apparaît une désillusion aboutissant au délire. L'évolution est favorable. L'hospitalisation courte, permet au patient qui ne récidive pas, de retrouver la raison.

Le délire égocentrique, en anglais delusion of reference, est un délire au cours duquel le patient considère sa personne comme un centre d'attraction sur laquelle se rejoint, se rencontre, l'attention générale, et les préoccupations des autres. D'autre part, le patient s'imagine que certains patients lui veulent du mal (délire de persécution).

Le délire hallucinatoire appelé également hallucinose, est la conviction intime d'une sensation actuellement perçue, alors que nul objet extérieur propre à exciter cette sensation, n'est à portée des sens.

La paraphrénie est un délire qui généralement est construit autour d'une structure fantastique. 

La schizophrénie se caractérise par un délire flou, incohérent, désorganisé, que certains psychiatres appellent délire paranoïde.

Le délire métabolique ou délire de transformation, est un délire qui provient de la perversion de la cénesthésie, c'est-à-dire de l'ensemble des sensations internes qui contribuent à la perception qu’un sujet a de son corps, sans le concours des organes sensoriels. Les patients atteints par ce type de délire, s'imaginent que certains de leurs organes sont transformés, ou également être transformés en d'autres personnes, voire en objets, ou animaux. D'autre part, ces patients présentent des troubles spatio-temporels.

Le délire palingnostique, du grec palin : de nouveaux et gignôskô : je reconnais), est un délire qui se caractérise par la survenue, de manière continuelle, de fausses reconnaissances (délire rétrospectif de Lévy-Valensi).

Le délire rétrospectif, (en anglais retrospective delirium), se caractérise par des interprétations délirantes qui sont attribuées à des événements anciens, avant la survenue de la maladie actuelle dont souffrent les persécutés.

Le délire paranoïaque est en relation avec un individu présentant une structure paranoïaque, qui est un comportement qui révèle une méfiance, ou une prétention exagérée. ­

Le délire de persécution s'observe au cours de la psychose hallucinatoire chronique, et du délire systématisé.

Le délire systématique progressif s'observe au cours de la psychose hallucinatoire chronique.

Le délire du toucher se caractérise par une crainte morbide (en relation avec la maladie) que le patient ne peut surmonter, crainte du contact de certains objets, ou de certaines personnes.

 

Traitement

Traitement

Le traitement du délire aigu est une urgence psychiatrique. En effet, le patient risque de passer à l'acte. C'est la raison pour laquelle il est nécessaire de procéder à une hospitalisation en milieu spécialisé (service de psychiatrie). Le pronostic est dépendant directement de la recrudescence, de la rémission, qui vont également orienter le traitement.
Les molécules habituellement utilisées sont, en dehors des neuroleptiques et du lithium, quelquefois les antidépresseurs et la convulsivothérapie (électrochoc) qui est au centre d'une polémique selon certains experts psychiatres. Le plus souvent une psychothérapie est associée : il s'agit de psychothérapie individuelle ou de groupe (psychanalyse, sociothérapie, dessin-thérapie, modelage-thérapie, musico- thérapie).

Évolution

Prévention

Le pronostic du délire de façon générale, dépend de sa forme bien entendu, mais également de la rapidité, et de la qualité des soins prodigués. Les différentes thérapies doivent, en théorie, permettre d'enrayer le délire.

Quand les troubles ont régressé, et qu'il n'existe plus de risques de passage à l'acte de la part du patient, (auto-agression, automutilation, suicide) alors, l'hospitalisation n'est plus indiquée.

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