Acouphène

Définition

Définition

L’acouphène est une impression auditive correspondant à la perception d’un son et ressemblant à un tintement, un sifflement ou un bourdonnement, sans qu’il y ait de véritables sons arrivant dans l’oreille.

Généralités

Classiquement, on distingue les acouphènes subjectifs (les plus fréquents) qui sont perçus uniquement sous forme de bourdonnements et de sifflements, et les acouphènes objectifs (plus rares) qui sont le résultat de sons provoqués par le passage du sang dans les vaisseaux au niveau de la tête ou du cou comme en cas d’anévrisme (agrandissement localisé d’une artère) artérioveineux ou autres malformations vasculaires plus complexes. Les bruits peuvent également être dus à des contractions des muscles de l’oreille moyenne ou du palais mou (plafond de la bouche situé en arrière, devant la luette).

Les acouphènes ne constituent pas une maladie en soi, mais sont plutôt les symptômes d’un problème de santé. Ils affectent environ 15 % de la population adulte. Le plus souvent, le patient ne peut préciser le côté atteint et semble percevoir l’acouphène au milieu du crâne.

La prise en charge thérapeutique des acouphènes a changé avec le nouveau siècle qui vient de commencer. En effet, l’information du public prend une place très importante, participant à la compréhension de l’acouphène et donc à la réussite du traitement.

La prise en charge des acouphènes n’est plus uniquement otorhinolaryngologique. Si nécessaire, le patient souffrant d’acouphènes sera vu par une équipe médicale pluridisciplinaire : médecine générale, otorhinolaryngologie, neurologie, neurophysiologie (potentiels évoqués auditifs, impédancemétrie, audiométrie, otoémission cochléaire), imagerie médicale (scanner, IRM, doppler), psychologie.

Symptômes

Symptômes

Dans la majorité des cas (c’est-à-dire environ 90 % des cas), l’acouphène est lié à une baisse d’audition.

Parfois, le patient se plaint, en plus des acouphènes, de vertiges ou de céphalées (maux de tête).

Le son se présente sous différents aspects :

  • Sifflement
  • Tintement
  • Pulsation
  • Bourdonnement
  • Grésillement
  • Cigales
  • Chuintement
  • Jet de vapeur
  • Etc…

Continue ou non le son perçu par le malade doit faire l’objet d’un interrogatoire soigneux en recherchant entre autres des antécédents familiaux du même type.

Il est également nécessaire de savoir si les acouphènes s’aggravent ou au contraire diminuent dans certaines circonstances.

Physiopathologie

Si toutes les causes d’apparition d’acouphènes ne s’expliquent pas clairement, le traumatisme sonore quant à lui est bien connu des spécialistes en otorhinolaryngologie et en exploration fonctionnelle otoneurologique.

La fracture des stéréocils des cellules ciliées externes est le résultat non pas seulement d’une exposition sonore d’intensité importante (85 dB). Quelquefois, quelques minutes seulement à 100 dB ou quelques secondes à 112 dB (c’est le cas dans les discothèques) suffisent à entraîner l’apparition d’un traumatisme sonore susceptible d’évoluer vers l’apparition d’acouphènes.

Si les acouphènes persistent une demi-journée après un traumatisme sonore de ce type, la prise en charge thérapeutique est nécessaire, parfois en urgence, nécessitant alors une hospitalisation.

Le stress, qui a longtemps été considéré comme un facteur ou une cause d’apparition d’acouphènes, semble être plutôt le résultat des acouphènes. Le système limbique, qui est une zone située au centre du cerveau et qui a pour rôle de contrôler les émotions, joue un rôle particulièrement important, normalement, physiologiquement, en diminuant l’anxiété liée à l’apparition des acouphènes. C’est la raison pour laquelle la prise en charge neurolo-psychologique des patients atteints d’acouphènes est très importante. Cette prise en charge thérapeutique passe nécessairement par l’apprentissage du phénomène d’habituation. L’habituation est un apprentissage, par l’organisme, face à quelque chose d’indésirable, qui consiste à ne pas tenir compte de ce quelque chose d’indésirable, de nocif en termes de stress. Par exemple, une tache visuelle finira par être oubliée au bout de quelques jours (ou quelques semaines) parce que l’organisme doit nécessairement faire abstraction de cette tache pour ne pas gêner le fonctionnement normal de l’oeil. Il en est un de même pour l’acouphène, pour lequel l’habituation devra  faire oublier le son susceptible d’aboutir à des complications psychologiques graves (anxiété généralisée, dépression, suicide), à condition que le système limbique fonctionne convenablement.

Examen médical

Examen complémentaire

L’examen otoscopique (visualisation directe, à l’aide d’un otoscope, de l’intérieur du conduit auditif) est bien entendu le premier examen à pratiquer. Il permettra de mettre en évidence la présence d’un bouchon de cérumen entre autres. L’examen otoscopique permet également de visualiser directement l’état des tympans.

L’examen des fosses nasales, du pharynx et du larynx est également important à effectuer.

L’auscultation du cou et de l’oreille peut éventuellement mettre en évidence la présence d’un souffle susceptible de traduire une atteinte athéromateuse des vaisseaux de cette région.

L’audiométrie tonale vocale permet d’évaluer l’intensité de la surdité.

L’impédancemétrie est la méthode qui permet d’explorer objectivement le fonctionnement de l’appareil de transmission de l’audition. Elle comporte deux examens :

  • La tympanométrie, qui mesure l’impédance de l’ensemble tympan-chaîne des osselets. Ceci est fonction de la différence de pression entre l’oreille moyenne et l’oreille externe (air ambiant dans le conduit auditif externe).
    L’impédance est un terme utilisé en électricité qui exprime la résistance apparente d’un circuit quand celui-ci est parcouru par un courant alternatif. Pour le courant continu, on ne parle plus d’impédance mais de résistance. Par comparaison, en audiométrie (étude de l’acuité auditive), l’impédance est utilisée pour expérimenter la résistance d’une structure à la transmission d’un son (ou autre phénomène vibratoire).
  • Le réflexe stapédien lui-même, qui fait intervenir la contraction du muscle fixé sur l’étrier. L’étrier est l’un des trois osselets de l’oreille moyenne qui permettent la transmission des vibrations perçues par le tympan vers l’oreille interne. La contraction réflexe de ce muscle est déclenchée par un bruit très intense. Ce réflexe permet d’autre part de protéger l’oreille contre le risque de saturation et éventuellement le risque de survenue de lésions quand le bruit est particulièrement important. Il est à l’origine d’une modification de l’impédancemétrie acoustique qui est abolie quand un patient présente une surdité de transmission.

  • Le but est d’envoyer à l’oreille qui ne présente pas d’acouphènes des sons de fréquence et d’intensité différentes. Ceci a pour but d’essayer de retrouver le son précis ou le son le plus proche qui entraîne l’acouphène. Le son ainsi trouvé est ensuite envoyé à l’oreille qui présente des acouphènes. La fréquence auditive ainsi précisée permet au patient d’objectiver clairement que l’acouphène n’est pas psychologique mais réellement organique (ceci facilite la prise en charge thérapeutique).

    Chez l’enfant, il est procédé à la recherche d’otoémission cochléaire confirmant la normalité de l’audition.

    Les potentiels évoqués auditifs autorisent l’étude des voies auditives. Les voies auditives partent de l’oreille interne et arrivent au tronc cérébral. Les potentiels évoqués permettent de faire le distinguo entre une lésion du nerf auditif proprement dit et une atteinte de la cochlée.

    Les autres examens complémentaires tels que le scanner ou l’I.R.M. permettent d’individualiser une otite, une fracture du rocher, une fistule endolymphatique, un neurinome, une malformation vasculaire. Le doppler des vaisseaux du cou et du crâne est nécessaire pour mettre évidence d’éventuels acouphènes de nature pulsatile.

    Cause

    Cause

    • Traumatisme sonore : le traumatisme sonore est la cause la plus fréquente de l’acouphène. Il est source de lésions de l’oreille interne et plus précisément de fracture des stéréocils des cellules ciliées externes.
    • Artériosclérose.
    • Maladie de Paget (maladie osseuse provoquant une expansion des os du crâne et une pression du nerf auditif).
    • Neurinome acoustique (tumeur bénigne du nerf auditif).
    • Hypertension artérielle.
    • Otite moyenne aiguë ou chronique.
    • Cancer de l’oreille.
    • Otospongiose (maladie qui réduit la mobilité de l’un des petits os servant à transmettre les vibrations sonores à l’oreille interne).
    • Surdité de perception (phénomène progressif, non douloureux, qui se manifeste généralement après la soixantaine) appelée également presbyacousie.
    • Syndrome ou maladie de Ménière.
    • Intoxication par certains métaux lourds comme le mercure contenu dans les amalgames dentaires.
    • Allergies.
    • Bouchon de cérumen.
    • Anémie (diminution ou inefficacité des globules rouges à transporter l’oxygène dans le sang).
    • Traumatisme cérébral.
    • Tumeur du nerf auditif.
    • Contractures plus ou moins violentes des muscles du cou.
    • Excès de sucre dans le sang (diabète).
    • Pollution.
    • Perturbations de la circulation sanguine au niveau du cou ou de l’oreille.
    • Mauvaise alimentation.
    • Médicaments ototoxiques (toxiques pour l’appareil auditif interne).
    • Céphalées (maux de tête).
    • Dérèglement hépatique.
    • Exostose (excroissance osseuse) du conduit auditif externe.
    • Perturbations endocriniennes à type d’hyperthyroïdie (sécrétion exagérée d’hormones thyroïdiennes dans le sang).
    • Libération excessive de neuromédiateur (glutamate) source d’hyperstimulation du nerf auditif correspondant en quelque sorte à une petite épilepsie du nerf auditif.
    • Vibrations déclenchées par la marche (clonus du muscle du marteau ou de l’étrier).
    • Troubles des mouvements de la mâchoire (articulé dentaire). L’articulé dentaire est le rapport entre les dents qui s’opposent au moment de la fermeture de la bouche, appelée également occlusion.

    Traitement

    Traitement

    C’est celui de l’affection causale :

  • Tranquillisants
  • Psychothérapie
  • Suppression des aliments riches en cholestérol pouvant être à l’origine de problèmes cardiovasculaires (viandes grasses, beurre, jaunes d’oeuf, charcuteries, produits à base d’huile hydrogénée).
  • Régime particulier destiné à favoriser les graisses insaturées et riches en acide linoléique (huile d’olive), et à supprimer certains aliments susceptibles d’entraîner des problèmes allergiques.
  • Contre-indications de l’utilisation de certains médicaments comme les contraceptifs oraux, la quinine, l’aspirine, certains anti-inflammatoires ne contenant pas de cortisone (non stéroïdiens), certains antibiotiques ototoxiques (streptomycine).

    La technique des contre-bruits semble donner de bons résultats : en effet, les bruits élevés et réguliers semblent préférables aux bruits faibles qui cessent et reprennent par intervalles.

    Utilisation des masqueurs d’acouphènes et stimulations par électrode du nerf auditif.

    Évolution

    Complications

    L’exposition prolongée à des bruits de plus de 80 dB (avion, concert rock, utilisation de certains outils, etc…) est susceptible de conduire plus ou moins rapidement à une importante baisse d’audition.

    Les acouphènes sont source d’une souffrance réelle que l’équipe médicale de prise en charge ne doit pas sous-estimer. En effet, certains patients souffrant d’acouphènes (peu nombreux heureusement) présentent des idées suicidaires après une phase dépressive.

    Ce qui fait la gravité des acouphènes sur le plan psychologique est le caractère insolite et angoissant, car non compréhensible par le cerveau, de ce phénomène acoustique.

    Prévention

    Les excès de sodium (sel de table) semblent entraîner une rétention des fluides et une augmentation du flux sanguin au niveau de l’oreille. Ceci est sans doute à l’origine d’une pression sur l’appareil auditif, cause des bourdonnements.

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