La vérité sur les escarres : Pourquoi cette lésion cutanée peut être plus dangereuse que vous ne le pensez ?

Lors d’un séjour à l’hôpital ou en clinique, on s’imagine souvent que l’affection pour laquelle on a été admis est le seul obstacle à surmonter. Or, dans des lieux pareils, plus fréquentés par des personnes malades que saines, on est parfois exposés à des dangers dont on ignorait l’existence même.

En effet, même dans la plus propre des institutions, les infections nosocomiales (infections a des souches bactériennes résistantes contractées en milieu hospitalier) provoquent souvent une prolongation de la durée d’hospitalisation prévue.

Là encore, cet alitement prolongé nous expose à de nouveaux dangers: les complications de décubitus.

Qu’est-ce qu’une escarre?

Également connues sous le nom d’ulcères de pression ou de plaies de lit, les escarres font partie des complications d’alitement les plus fréquentes, dont l’apparition est particulièrement précoce.

Il s’agit d’une ulcération, ou perte de substance cutanée, de sévérité variable pouvant aller d’une simple décoloration de la peau a une plaie ouverte jusqu’à l’os.

Ces escarres sont le résultat de l’application d’une pression excessive sur une certaine zone du corps pendant de longues durées. C’est ce qui arrive dans le cas de l’alitement prolongé. Certains points de pression, notamment les talons ou le sacrum, sont plus exposés aux escarres du fait de leur contact prolongé avec le matelas.

Dans ce cas, le poids auquel ils sont soumis, ainsi que la pression exercée par le lit sont responsables d’une diminution de la perfusion sanguine de la peau. Ainsi, le manque d’oxygène au niveau de cette région conduit à une ischémie, commençant au niveau de la peau et pénétrant de plus en plus en profondeur au fil du temps.

La sévérité de la plaie dépend de la durée d’alitement, mais aussi de l’état du patient, à savoir sa corpulence et ses tares associées. On estime ainsi qu’une sur 20 personnes hospitalisées développera une ou plusieurs escarres. Les patients souffrants de maladies affectant la circulation sanguine, comme le diabète, ou les sujets âgés de plus de 70 ans sont encore plus à risque de développer un ulcère de pression.

Peut-on mourir d’une escarre en cas de complications ?

La gravité des escarres diffère selon les personnes et leur état de santé. Pour quelques patients, la guérison est rapide avec un minimum de soins infirmiers. Pour d’autres, les complications sont lourdes et peuvent engager le pronostic vital.

La nécrose cutanée et l’exposition des tissus profonds exposent à plusieurs risques potentiellement mortels. On retrouve, entre autres, la cellulite aiguë, l’ostéomyélite, la gangrène, la septicémie et la fasciite nécrosante.

Cellulite aiguë

Il s’agit d’une infection bactérienne de la peau, le plus souvent d’origine streptococcique. Elle survient de manière aiguë et s’étend aux tissus sous-cutanés. La peau est tendue, rouge, douloureuse, chaude et oedématiée.

La cellulite est traitée par des antibiotiques, elle disparaît souvent sans séquelles. Des complications sont néanmoins possibles, comme la formation d’abcès nécessitant un drainage.

La cellulite est à différencier de la thrombose veineuse profonde, une autre complication du décubitus nécessitant une intervention plus urgente.

Ostéomyélite aiguë

L’ostéomyélite est une infection grave de l’os, principalement par une bactérie appelée staphylococcus aureus, ou staphylocoque doré. L’agent pathogène arrive au niveau de l’os par voie sanguine, généralement après un traumatisme ou une plaie profonde, comme une escarre.

L’ostéomyélite se manifeste par une fièvre de début brutal, avec des douleurs osseuses violentes. C’est souvent les métaphyses des os longs qui sont atteintes.

Là aussi, le traitement repose sur l’antibiothérapie. Il se fait d’abord en milieu hospitalier ou le patient reçoit un traitement antibiotique intraveineux, qu’il poursuivra ensuite oralement à domicile. L’immobilisation du membre affecté pendant quelques semaines est indispensable.

Gangrène

La gangrène correspond à une ischémie des tissus par manque de perfusion. Les parties affectées noircissent et deviennent nécrosées. La gangrène peut intéresser tous les tissus, membres et organes du corps.

Il existe 4 types de gangrènes selon l’étiologie causale et le mécanisme physiopathologique. Parmi ces 4 types, 3 peuvent être causés par une atteinte bactérienne, notamment après une escarre. Une gangrène non traitée peut conduire à une amputation, une bactériémie, un décès.

Septicémie

Une nomenclature plus précise remplace le terme “septicémie” par “bactériémie avec sepsis”. C’est une affection qui désigne la réponse inflammatoire du système immunitaire suite à la propagation d’une bactérie (ou autres agents pathogènes) dans le sang. Elle peut survenir à la suite d’une infection localisée mal traitée, à un acte chirurgical ou à une plaie ou escarre.

La bactériémie avec sepsis peut rapidement dégénérer en choc septique et provoquer le décès.

Fasciite nécrosante

La fasciite nécrosante, ou maladie dévoreuse de chair est une affection bactérienne entraînant la destruction des tissus pouvant conduire au décès. Il s’agit d’une maladie rare, mais grave qui nécessite un traitement urgent.

Comment éviter les escarres et leurs complications?

Le traitement le plus efficace des escarres, ainsi que toutes les complications de décubitus, est la prévention. La meilleure façon de prévenir les escarres est d’éviter l’alitement prolongé.

Cependant, quand votre état de santé l’oblige, plusieurs méthodes permettent d’éviter l’apparition d’escarres. Il s’agit de changements fréquents de position, au moins toutes les 6 heures, de garder une hygiène optimale, d’exercices de mobilité passive et active et enfin d’utiliser un matelas anti-escarres.