Médicament

Définition

Définition

D’après le code de la santé publique (1967), un médicament est « toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, ainsi que tout produit pouvant être administré à l’homme ou à l’animal, en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions organiques ». La médication (du latin medicatio : emploi d’un remède – en anglais medication) consiste à employer systématiquement des composants médicaux, appelés également agents médicaux, de façon à améliorer un état pathologique (maladie).

Généralités

Plus précisément, un médicament est une substance ou une composition qui possède des capacités ou des propriétés curatives ou préventives visant à soigner une maladie humaine ou animale. Autrement dit, il s’agit d’une préparation utilisée dans le but de prévenir, diagnostiquer et soigner une pathologie ou une autre lésion à type de traumatisme entre autres. Le médicament permet également de corriger ou de modifier le fonctionnement d’un organisme.

Le terme allopathie, par opposition à homéopathie, désigne le mode habituel de traitement médical destiné à combattre la maladie en utilisant des médicaments qui ont un effet opposé au mécanisme pathologique c’est-à-dire au mécanisme qui engendre une maladie. il s’agit donc d’une médecine classique, employant des médicaments qui tende à contrarier les symptômes et les phénomènes morbides. Le terme morbide désignant de façon générale ce qui tient à la maladie.

Historique

HistoriqueDans un passé lointain, les médicaments étaient préparés à l’aide des substances végétales à partir d’alcaloïdes (par exemple la digitaline ou la morphine), animales (venin de serpent) ou minérales (arsenic). Actuellement, c’est l’industrie pharmaceutique qui prend en charge la fabrication des médicaments modernes d’où une utilisation plus sécurisée. De plus en plus, la science de la préparation des médicaments tente et réussit le plus souvent à copier la nature et plus précisément les molécules, fabriquant ainsi des médicaments synthétiques. Quelquefois, les produits sont élaborés directement par les chercheurs : il s’agit par exemple de certains psychotropes (médicaments du système nerveux central) tels que les benzodiazépines (Valium).Depuis peu, l’industrie pharmaceutique est capable de fabriquer des substances par génie génétique, c’est-à-dire par manipulation des gènes de certaines bactéries dans le but de leur faire produire la substance désirée.

Classification

Tous les médicaments ne sont pas utilisés de la même manière. C’est la raison pour laquelle on distingue différentes formes médicamenteuses.

1) La voie orale est la voie la plus largement répandue et la plus largement utilisée pour absorber un médicament. Celle-ci peut se faire soit sous forme liquide, soit sous forme d’absorption solide, soit sous forme de poudre. Par exemple, les antiasthmatiques sont utilisés quelquefois sous forme de poudre. Les médicaments liquides se présentent généralement sous forme de sirops ou d’ampoules, les médicaments solides sous forme de comprimés.
Les ampoules de solutés buvables contiennent généralement des fortifiants ou des antianémiques dont la conservation est difficile, d’où la nécessité de boire rapidement le contenu d’une ampoule dès que celle-ci est ouverte.
Les cachets représentent la forme solide d’un médicament, mais ils sont de moins en moins utilisés. Ils sont le plus souvent remplacés par les comprimés. Le mot cachet est resté dans les habitudes et est souvent utilisé pour désigner un comprimé.Les comprimés constituent la forme la plus utilisée à travers le monde pour absorber un médicament. Ils prennent différentes formes : il peut s’agir de dragées, constituées par un comprimé enrobé. L’enrobage présente quelquefois une action thérapeutique mais généralement ne sert qu’à masquer un mauvais goût ou une odeur désagréable, ou encore à protéger le principe actif c’est-à-dire la molécule du médicament qui doit avoir une action dans l’organisme de façon à ce que celle-ci ne soit pas détruite par les sucs présents à l’intérieur du tube digestif et plus particulièrement dans l’estomac.
Les comprimés peuvent également comprendre plusieurs couches dont chacune possède une propriété pharmacologique propre, c’est-à-dire contient des principes actifs qui sans ce procédé pourraient se neutraliser les uns des autres. Les différentes couches des comprimés multicouches permettent également de libérer les substances actives à des vitesses différentes et à des moments différents. Ainsi, certains comprimés dits à libération modifiée sont fabriqués de façon à retarder ou prolonger dans le tube digestif la libération des substances médicamenteuses.
Le terme repetabs désigne un comprimé de médicaments possédant double noyau à libération répétée. Il s’agit de médicaments appartenant la famille des médicaments à libération ralentie qui permettent une durée d’absorption plus longue donc une durée d’action du principe actif prolongée permettant ainsi de réduire le nombre de prises. Les comprimés à libération prolongée appelés également LP ou LA ont une libération contrôlée du principe actif à travers le temps. Il s’agit de comprimés possédant une matrice ou une gélule contenant des micronodules par exemple.
Un des exemples de comprimés repetabs, les plus connus du grand public, est la polaramine repetabs.

Il existe également des comprimés qualifiés de sublinguaux. Ceux-ci, maintenus sous la langue, permettent de libérer le principe actif contenu dans le comprimé puis son absorption grâce à la vascularisation, c’est-à-dire à la présence sous la langue de nombreux petits vaisseaux contenus dans la muqueuse situés sous la langue, évitant ainsi l’action délétère (nocive) des enzymes de l’estomac susceptibles de détruire la molécule, le principe actif du médicament.
D’autres formes médicamenteuses orales existent mais sont moins utilisées que la forme comprimée, il s’agit de :L’élixir qui correspond une préparation liquidienne de substances médicamenteuses permettant de calmer la toux ou les douleurs de l’estomac, entre autres. Il s’agit le plus souvent de molécules dissoutes dans de l’alcool à 20 % contenant d’autre part 20 % de sucre et de glycérine.

Les huiles essentielles ou essences sont des produits très volatils extraits par distillations de végétaux. Leur administration se fait essentiellement par inhalation et quelquefois en solution d’alcool de façon à être bue, le plus souvent sur un sucre.
L’émulsion est un liquide qui contient en suspension des gouttelettes très petites.Les extraits sont obtenus par dissolution d’une substance animale ou végétale puis par évaporation du solvant jusqu’à obtention d’une autre substance qui peut être un extrait fluide.
Les gélules et les capsules sont constituées de minuscules récipients de gélatine contenant un médicament sous forme liquide ou sous forme de poudre. Elles sont généralement utilisées pour masquer une odeur ou un goût désagréable. Certaines gélules sont résistantes aux sucs digestifs de l’estomac (gastro-résistantes) et leur produit est libéré uniquement dans l’intestin grêle. Il s’agit de gélules à action prolongée qui contiennent le plus souvent plusieurs médicaments dont les enrobages sont différents, permettant ainsi une libération prolongée.
Les pilules constituent des préparations prenant la forme de petites sphères, de moins en moins utilisées à notre époque.Les granules sont des préparations constitués à base de sucre.

Les poudres nécessitent le plus souvent avant absorption une dissolution dans de l’eau. Il s’agit le plus souvent de médicaments destinés à soulager des brûlures de l’estomac ou d’antibiotiques. Parfois, la poudre est inerte (lactose).
Les sirops avec ou sans sucre (pour les diabétiques) renferment quelquefois des principes actifs très variés permettant ainsi de soigner des pathologies telles que la toux ou l’insomnie.
La potion est un médicament à base d’eau et de sucre qui doit être consommé rapidement, de préférence le jour même où elle a été préparée par le pharmacien.
Les solutés proviennent de végétaux dont on a extrait la substance active. Celle-ci est ensuite diluée, dans de l’alcool (alcoolat) entre autres, ou dissoute dans un solvant.
La suspension médicamenteuse est constituée d’un liquide contenant un principe actif sous forme non dissoute. Généralement, il s’agit d’une forme médicamenteuse utilisée quand le principe actif n’est pas soluble dans l’eau : c’est le cas entre autres de certains antibiotiques destinés aux enfants.
Les teintures sont des solutés alcooliques qui résultent de l’action de l’alcool comme solvant sur des végétaux, des animaux ou quelquefois des produits chimiques tels que l’iode entre autres. L’avantage des teintures est leur dosage et leur conservation faciles.

2) Les médicaments injectables sont constitués de liquide en solution ou en suspension, ou d’émulsion, pouvant être administrés sous forme de piqûre (voie parentérale). Les solvants utilisés sont :
L’eauLes huiles végétales
Les huiles vaselinées
L’alcool
La lanoline
Contrairement aux molécules contenues dans les formes orales (voir ci-dessus), le liquide injectable doit être non seulement stérile (exempt de microbes) mais en plus présenter un équilibre acidobasique convenable. Il doit d’autre part avoir une tension osmotique égale à celle du plasma sanguin : on parle d’isotonie. En effet, si sa concentration est différente de celle du plasma sanguin, le liquide risque d’entraîner rapidement des lésions des tissus dans lesquels il est injecté.
Les liquides destinés à être injectés sont conditionnés sous forme d’ampoule en verre ou en plastique (plus précisément en PVC).

Quelquefois, ils sont dans des flacons plus grands pouvant aller jusqu’à un litre (perfusion ). L’administration d’une substance injectable est variable selon, tout d’abord, la substance injectée (une substance huileuse n’est pas injectée en intraveineuse) et selon l’effet thérapeutique recherché. Ainsi, une injection intraveineuse a une action beaucoup plus rapide qu’une injection intramusculaire.
La voie sous-cutanée (sous la peau dans le tissu conjonctif) est différente de la voie intramusculaire, plus lente. La voie intracardiaque est de moins en moins utilisée.
La voie intra-artérielle consiste à injecter directement un médicament dans une artère.
La voie intra-rachidienne permet l’injection d’un produit entre la moelle épinière et la colonne vertébrale : dans ce cas, le médicament se mélange au liquide céphalo-rachidien.
La voie épidurale permet l’injection dans le canal sacré.

3) La voie rectale autorise l’absorption de médicaments à travers la muqueuse du rectum. Les muqueuses sont constituées de plusieurs couches de cellules recouvrant l’intérieur des organes creux. Entre ces cellules se trouvent de petits vaisseaux sanguins permettant l’absorption et le transfert rapide des molécules médicamenteuses. D’autre part, les médicaments qui sont pris par voie rectale ne subissent par l’action des sucs digestifs (au niveau de l’estomac et de l’intestin). Enfin, certains patients présentent une pathologie ne leur permettant pas de s’alimenter : c’est la raison pour laquelle la voie rectale est bien plus pratique que la voie orale. Chez les enfants, la voie rectale est également le plus souvent utilisée par facilité. Néanmoins, il est nécessaire de savoir que la muqueuse rectale est quelque peu fragile : c’est la raison pour laquelle l’abus d’utilisation de suppositoires peut éventuellement être à l’origine de rectite (inflammation du rectum).
Les suppositoires sont constitués d’une préparation contenant le plus souvent du beurre de cacao, de la gélatine disséminée mélangée au principe actif.La voie rectale autorise également l’utilisation de lavements qui possèdent une action évacuatrice. Ils sont également utilisés localement pour l’administration de médicaments.

4) La voie externe permet d’utiliser :Le cataplasme qui est une préparation contenant de la poudre enveloppée dans un tissu et ayant une action locale calmante (par exemple la farine de moutarde largement utilisée aux XIXe et XXe siècles). Rappelons que l’utilisation d’un cataplasme sur une lésion cutanée est interdite en raison du risque infectieux.L’alcoolat s’utilise de moins en moins fréquemment.

On distingue d’autre part :
Les médicaments essentiels qui sont des médicaments dont la liste est dressée par l’Organisation Mondiale de la Santé selon les besoins d’un pays en voie de développement.
Les médicaments d’exception qui sont généralement onéreux. Leur prescription se fait uniquement sur ordonnance spéciale.
Les médicaments génériques (generic pharmaceutical) sont des copies des médicaments originaux pouvant être commercialisés du fait de la chute des brevets qui les couvrent.
Les médicaments grand public (en anglais over the counter) sont des médicaments non remboursés, en vente libre et disponibles dans toutes les pharmacies.
Le médicament magistral appelé également préparation magistrale, de plus en plus remplacé par le mot pharmacopée, est un médicament fabriqué par le pharmacien lui-même d’après l’ordonnance du médecin et qui ne figure pas au Codex. Ce terme issu du latin « recueil de lois », en anglais : pharmacopeia, désigne également le codex medicamentarius. Il s’agit d’un formulaire officiel qui contient l’ensemble des préparations devant être délivrées par le pharmacien. La préparation officinale appelée également médicament officinal est un médicament déjà préparé par le pharmacien dans son officine. La formule permettant de préparer le médicament magistral est inscrite dans la pharmacopée (codex, voir ci-dessus).
Le médicament orphelin (en anglais orphan drug) est un médicament indispensable mais malheureusement indisponible en raison de la non rentabilité de sa mise sur le marché nécessitant au préalable une étude pharmacologique.
Le médicament à prescription restreinte est un médicament qui est réservé aux médecins des hôpitaux. Un des exemples les plus connus est celui de la toxine botulinique.
Le médicament à prescription restreinte nécessite une surveillance étroite. Il peut s’agir entre autres d’un dosage de certaines enzymes susceptibles d’augmenter après l’administration de la molécule entrant dans la composition de ce médicament.

Symptômes

Physiologie

Un médicament comprend :

  • La base : il s’agit la substance que l’on veut employer pour son effet thérapeutique.L’adjuvant : autre substance venant renforcer l’effet de la base.
  • L’intermède (du latin inter : entre et medius : qui est au milieu) est un élément dont le but est de faciliter la combinaison avec les autres substances qui la composent.
  • Le véhicule : appelé également excipient (du latin excipere : recevoir – en anglais : excipient), il correspond à la substance à laquelle on mélange les principes actifs de façon à les rendre plus facilement absorbables (assimilables).
  • Le correctif (en anglais corrective) est la substance rajoutée à un médicament de façon à modifier ou à adoucir celui-ci.

Ces molécules doivent subir plusieurs tests sur des animaux de laboratoire, sur des volontaires humains non malades puis sur les malades eux-mêmes. Ces tests permettent d’évaluer l’efficacité des médicaments et leurs effets secondaires.Avant d’être mis sur le marché, ils doivent obtenir l’autorisation des pouvoirs publics et plus spécifiquement du Ministère de la Santé en ce qui concerne la France (en Suisse : l’office intercantonal de contrôle des médicaments, aux États-Unis : la Drug administration, au Canada : la santé et le bien-être social). Cette autorisation se nomme AMM (autorisation de mise sur le marché). En Suisse, elle porte le nom d’attestation d’enregistrement et au Canada d’avis de conformité. Une fois le médicament mis sur le marché, celui-ci doit subir régulièrement différents contrôles.
Les médicaments sont soit en vente libre, soit en vente réglementée et vendus uniquement sur autorisation médicale après prescription sur une ordonnance. Il s’agit des médicaments éthiques.

Examen médical

Technique

Le mode d’action est différent selon les molécules.
Les antibiotiques et les antiseptiques font partie des médicaments anti-infectieux et agissent en inhibant la reproduction des microbes ou en les tuant.
Les médicaments de substitution apportent des éléments essentiels à l’organisme, particulièrement les vitamines, les sels minéraux, les hormones, l’insuline. Ces médicaments traitent les patients présentant des carences, autrement dit des malades ayant des pathologies secondaires à l’absence ou l’insuffisance des substances précitées.
Les psychotropes sont les médicaments du système nerveux central : ils comprennent les hypnotiques (somnifères), les antidépresseurs, les anxiolytiques, etc…Généralement, il s’agit de molécules qui modifient le fonctionnement des cellules nerveuses (neurones) et plus précisément des synapses (zones de passage de l’influx nerveux, c’est-à-dire des ordres entre les neurones) soit en les stimulant, soit en les inhibant.
Les anticancéreux sont des médicaments qui détruisent les cellules anormales (cancéreuses) mais également les cellules fonctionnant correctement. On appelle également ces médicaments des antinéoplasiques.Les vasodilatateurs coronariens sont des molécules contenant le plus souvent de la trinitrine permettant de dilater, c’est-à-dire d’ouvrir, le calibre des vaisseaux et plus spécifiquement des coronaires (artères permettant l’irrigation sanguine du myocarde c’est-à-dire du muscle cardiaque lui-même).
Les bêtabloquants sont des médicaments qui bloquent les récepteurs dits bêta d’une partie du système nerveux : le système nerveux sympathique. Les bêtabloquants permettent de diminuer la tension artérielle et de ralentir le rythme cardiaque. Selon la molécule entrant dans la composition de chaque médicament, on observe une action plus ou moins rapide de ce dernier. Parmi ceux cités précédemment, la trinitrine a un effet quasi immédiat permettant une action rapide et efficace contre l’angine de poitrine (rétrécissement du calibre des coronaires).
Les antidépresseurs nécessitent quelquefois plusieurs semaines pour devenir efficaces.

L’utilisation des médicaments par l’organisme est variable. Elle s’effectue classiquement selon trois phases :

  • La résorption correspond au passage du médicament vers la circulation sanguine. En dehors de la forme injectable, une fraction seulement de la dose administrée (biodisponibilité) arrive dans la circulation sanguine. La biodisponibilité est variable selon les propriétés du médicament lui-même et la quantité de médicament absorbée. La chronopharmacologie joue également un rôle en ce qui concerne la résorption d’un médicament. En effet, celui-ci est plus ou moins facilement résorbé par un organisme selon l’heure à laquelle il est pris. Ceci s’explique par les variations cycliques de l’action des enzymes dans l’organisme, enzymes qui le dégradent au niveau de la glande hépatique (le foie) entre autres.
  • La distribution correspond à la façon dont le principe actif contenu dans un médicament est distribué dans l’ensemble de l’organisme. Ceci est directement dépendant de la quantité de sang arrivant dans un organe (irrigation sanguine) ou dans un tissu.
  • L’élimination du médicament se fait de différentes manières, soit directement (par les reins) soit après transformation (métabolisation) par la glande hépatique.

Références

Bibliographie

Marc Talbert, Gérard Willoquet, guide de pharmaco, étudiants et professeurs paramédicaux, éditions Lamarre (2004).