Sclérodermie généralisée ou systémique

Définition

Définition

La sclérodermie généralisée ou systémique, est une maladie rare, orpheline, et incurable. C'est une des diverses formes de sclérodermie.

Symptômes

Symptômes

Les symptômes d'une sclérodermie généralisée ou systémique sont :

  • Au niveau de la peau :
    • L’induration s’accompagne, au fur et à mesure de la progression de la maladie, d’une rétraction de plus en plus importante, d’un aspect luisant et hyper-pigmenté (augmentation de la coloration). Le visage est comparable à un masque.
    • L’atteinte vasculaire, que traduit la télangiectasie, apparaît sur le thorax, le visage, les lèvres, la langue, et les doigts. Enfin, il apparaît des calcifications (calcinose) au niveau de la pulpe des doigts.
  • Au niveau de l’appareil tendineux et musculaire, en particulier au niveau du genou :
    • Il est le siège de frottements à l’origine de tendinite, de bursite (inflammation des tendons et des bourses) dues à un dépôt de fibrine (variété de protéines) au niveau de la membrane synoviale.
    • La déformation articulaire est caractéristique, et associée à des ulcères favorisés par les calcifications.
  • Au niveau de l’appareil digestif, c’est essentiellement l’oesophage qui est atteint :
    • Cela se traduit par une dysphagie (difficulté à avaler) s’accompagnant d’une inflammation avec survenue d’ulcères (plaies de la muqueuse), et de sténose (rétrécissement du conduit œsophagien).
    • Il s’associe dans 1/3 des cas à une métaplasie de Barret, affection se caractérisant par la présence de cellules recouvrant normalement l’intérieur de l’estomac, dans le bas de l’oesophage, juste au-dessus de la jonction normalement située entre l’estomac et l’oesophage (oesophago-gastrique).
    • Ce syndrome associe une hernie hiatale (issue de l’estomac à travers le trou permettant le passage de l’oesophage), et des ulcères de la zone située en bas de l’oesophage (ulcères de Barret) qui peuvent éventuellement présenter une dégénérescence cancéreuse.
  • Au niveau de l’intestin grêle :
    • On peut observer une anomalie d’absorption des aliments (nutriments), due à une multiplication des microbes de la flore intestinale.
    • Il existe également la présence de diverticules caractéristiques au niveau de l’iléon et du côlon, dus à la diminution d’une des parois constituées de muscles lisses (muscles autonomes) à ce niveau.
    • Enfin, on peut assister à l’apparition de cirrhose biliaire (dégénérescence de la vésicule biliaire).
  • Au niveau de l’appareil rénal :
  • La modification de l’intérieur des artères de cet organe, entraîne une anomalie de fonctionnement sévère, s’accompagnant d’une augmentation de la tension artérielle qui évolue de façon péjorative. Le traitement de l’insuffisance rénale (insuffisance de filtration des reins) est nécessaire. L’évolution est rapidement progressive, et devient irréversible et fatale en quelques mois. Néanmoins, avec l’arrivée des nouveaux traitements contre l’hypertension artérielle (voir traitement ci-après), les résultats sont devenus meilleurs, et la survie a dépassé 2 ans.
  • Au niveau des appareils respiratoires et cardiaques :
  • L’atteinte des poumons, est à l’origine d’un essoufflement à l’effort, associé à une inflammation des plèvres (membranes de recouvrement et de protection des poumons).
  • On observe quelquefois une péricardite (inflammation de la membrane de recouvrement du coeur, le péricarde) s’associant à des troubles du rythme, et des troubles de la conduction de l’influx nerveux à l’intérieur du coeur permettant les contractions des ventricules et des oreillettes. Ceci se traduit par des extrasystoles ventriculaires (contractions supplémentaires des ventricules cardiaques). La conséquence de ces anomalies cardio-vasculaires, est une insuffisance de fonctionnement de la pompe cardiaque (insuffisance cardiaque) s’associant à une augmentation de pression à l’intérieur des vaisseaux des poumons. L’évolution se fait quelquefois vers un durcissement du myocarde lui-même (sclérose myocardique), alors que l’atteinte pulmonaire est variable suivant les individus. La digitaline (médicament permettant le renforcement des contractions cardiaques) est peu efficace. 

Physiopathologie

La sclérodermie généralisée ou systémique se caractérise par un durcissement diffus, associé à une altération, et à une dégénérescence du derme (zone de la peau située sous l’épiderme, qui est la couche la plus superficielle), plus précisément du tissu conjonctif.

Elle s’accompagne de problèmes vasculaires au niveau de la peau, mais également d’une atteinte des articulations, des viscères, et plus spécifiquement de l’oesophage, des poumons, des intestins, du coeur et des reins.

L’altération et le durcissement du tissu conjonctif (tissu de remplissage et de soutien de la plupart des organes du corps), sont dus à une détérioration, et à une augmentation de la taille des fibres de collagène (une des protéines composant le tissu conjonctif).

La sclérodermie généralisée ou systémique, se caractérise par une atteinte cutanée, associée à des manifestations viscérales multiples. La première manifestation de la sclérodermie systémique est le plus souvent un syndrome de Raynaud : les doigts des mains et des pieds comportent de petites artères, les artérioles, qui sont soumises au froid, elles se ferment (le calibre diminue), entraînant une chute de la vascularisation. Il s’agit d’une ischémie digitale paroxystique, qui se manifeste par l’apparition successive d’épisodes de pâleur et de cyanose (coloration tirant sur le bleu gris et traduisant un manque d’oxygène dans les doigts). Une coloration rouge vif, associée à une douleur des doigts atteints peut être provoquée par un réchauffement trop brutal, ou un stress émotionnel interrompant l’arrivée du sang. La localisation de ce phénomène, se limite parfois à deux ou trois doigts de chaque main.

Épidémiologie

La sclérodermie généralisée ou systémique est une pathologie dont la cause est inconnue, qui touche environ 2 à 16 individus par millions d’adultes. Elle est plus fréquente chez la femme, et débute le plus souvent entre 40 et 50 ans.

Examen médical

Labo

Lors d'une prise de sang on constate :

  • Détermination du type HLA (sorte de carte d’identité immunitaire de l’individu) et plus spécifiquement HLA-DR5 ou HLA-DR1.
  • Anticorps de centromère, plus particulièrement fréquent chez les personnes atteintes du syndrome CREST.
  • Le FR est présent chez 1/3 des malades atteints de sclérodermie.
  • Anticorps antinucléaires, et anti-nucléolaires présents dans environ 90 % des cas.

Examen complémentaire

  • La capillaroscopie, technique qui visualise les vaisseaux et les capillaires (petites artères microscopiques) de la peau, permet de mettre en évidence de petits vaisseaux dilatés, associés à une perte de vascularisation de certains vaisseaux qui, normalement, devraient être présents à ce niveau-là.
  • La biopsie cutanée au niveau de la zone de peau indurée, montre un épaississement du collagène. Le derme apparaît aminci, et l’on remarque une disparition des papilles dermiques. La zone papillaire se situe en superficie (mince couche permettant le passage de nombreux vaisseaux sanguins et de fibres nerveuses, contenant également les papilles du derme). La biopsie peut également montrer une accumulation de lymphocytes T. (variété de globules blancs) dans le derme et le tissu sous-cutané.

Traitement

Traitement

Les traitements d'une sclérodermie généralisée ou systémique sont :

  • Il n’existe pas réellement de traitement susceptible de modifier l’évolution de la maladie.
  • Certains symptômes peuvent néanmoins être traités par les corticoïdes (cortisone), en particulier chez les patients atteints de myosite, d’une inflammation de la synovie, ou d’une connectivite (maladie auto-immune) mixte invalidante.
  • Médicaments comprenant l’enzyme de conversion de l’angiotensine quand il existe une atteinte rénale.
  • Quelquefois, l’administration de pénicillamine réduit l'épaississement de la peau, et retarde l’apparition de pathologies viscérales.
  • L’utilisation d’antibiotiques comme les tétracyclines est susceptible d’avoir des répercussions sur la flore intestinale (microbes présents dans les intestins), et d’améliorer les symptômes de malabsorption intestinale.
  • Quand il existe une atteinte de l’oesophage, il est parfois utile d’avoir recours au fractionnement des repas, aux antiacides, et à la cimétidine (entre autres). Celle-ci s’emploie une demi-heure avant le repas, et au coucher. La surélévation de la tête, apporte quelquefois de bons résultats. Enfin, en cas de sténose de l’oesophage (fermeture de son calibre), il est parfois nécessaire d’avoir recours à une dilatation périodique (technique visant à rouvrir le diamètre de l’oesophage).
  • La nifédipine est quelquefois employée dans le syndrome de Raynaud.
  • La kinésithérapie préserve quelquefois la diminution de la force musculaire. Néanmoins, elle apparaît décevante en ce qui concerne la raideur articulaire.
  • Enfin, en présence d’une insuffisance rénale terminale, la dialyse et parfois même la transplantation rénale, sont envisagées.

Évolution

Évolution

L'évolution est variable suivant les individus mais, de façon générale, elle est lente.

Les viscères sont globalement touchés chez l’ensemble des malades, mais ce sont les malades avec une atteinte cardiaque et pulmonaire, qui présentent le pronostic le plus sombre.

Néanmoins, chez certains la maladie est quelquefois stabilisée pendant de longues années, comme ceux présentant un syndrome CREST.