Quelles sont les modifications qui surviennent chez la mère durant la grossesse ?

Définition

Définition

La grossesse : 9 mois durant lesquels un embryon va devenir un bébé en se développant dans l'utérus de sa mère.

Cet extraordinaire processus transforme le corps de la future maman : découvrez tout ce qui se passe dans  l'organisme d'une femme enceinte, et comment il s'adapte pour permettre au bébé de se développer dans les meilleures conditions.

Généralités

La première modification, la plus évidente, est l'augmentation du poids de la mère.

Il est d'environ 12 kg en fin de grossesse, variant de plus ou moins 2 à 3 kg selon les individus. Cette augmentation de poids est le résultat non seulement de l'augmentation du poids du foetus, mais aussi de celle du placenta et du liquide amniotique.
D'autre part, on constate  l'apparition d'un oedème, c'est-à-dire d'une collection liquidienne, ainsi que l'accumulation de substances graisseuses.

MODIFICATIONS PHYSIQUES (les plus visibles)

  • les seins vont se développer et la mère constatera une tension exagérée et une pesanteur des glandes mammaires.
     
  • les aréoles (petits disques situés autour du mamelon) vont devenir plus foncés : cette zone va également augmenter de volume pour aboutir à la formation de ce que les obstétriciens appellent les tubercules de Montgomery. À la fin de la grossesse, la mère pourra constater l'apparition d'un liquide blanchâtre sortant du mamelon : le colostrum.
     
  • au niveau de la peau apparaîtront des vergetures, la plupart du temps au niveau de l'abdomen
     
  • les cheveux et les poils deviendront plus secs

MODIFICATIONS CONCERNANT LE SANG

Elles sont particulièrement importantes.

  • le volume sanguin (c'est-à-dire le volume plasmatique) passe de 2600 ml à 3800 ml à partir de la 34e semaine. Ceci représente presque une augmentation de 50 %.
     
  • le poids total des globules rouges (masse totale des hématies) durant la même période n'augmente que de 20% : ceci entraîne automatiquement une baisse de la densité de globules rouges qui passent de 4,5 millions environ parmi millimètre cube à 3,7 millions par millimètre cube. Du même coup, l'hématocrite (c'est-à-dire la concentration de globules rouges par volume de sang) passe de 40 % à 34 %.
     
  • la quantité d'hémoglobine exprimée en grammes pour 100 ml est, en dehors de la grossesse, de 12 à 16 g pour 100 ml. Cette quantité passe de 11 à 12 g pour 100 ml durant la grossesse. La limite inférieure de l'hémoglobine est de 10,5 g pour 100 ml.
     
  • le nombre de leucocytes qui, en dehors de la grossesse, est situé entre 6000 à 7000 par millimètre cube, est supérieur à 10 000 durant la grossesse.
     
  • la quantité de fer sérique (sidérémie), qui est de 75 à 140 µg pour 100 ml de sang en dehors de la grossesse, passe de 50 à 100 µg par litre durant la grossesse.
     
  • la quantité de ferritine (qui s'exprime en microgrammes par litre) est, en dehors de la grossesse, située entre 60 et 65 µg par litre; elle dépasse 100 µg par litre durant le premier trimestre, puis revient à 22 µg par litre durant le deuxième trimestre pour descendre à 15 µg par litre à partir du troisième trimestre.
     
  • la quantité de transferrine plasmatique (qui s'exprime en grammes par litre) est d'environ 2 g à 4 g en dehors de la grossesse : elle passe de 4 g à 7 g par litre pendant la grossesse.
     
  • le nombre de globules blancs augmente.
     
  • la vitesse de sedimentation (calculée en millimètres par heure) est, en dehors de la grossesse, de 10 points : durant la grossesse, elle dépasse 50 à la première heure.
     
  • le cholestérol total (qui s'exprime en grammes par litre) est de 1,6 à 2 en dehors de la grossesse : il passe de 2,6 à 3 durant la grossesse.
     
  • les triglycérides sont comprises entre 0,5 et 1,5 en dehors de la grossesse : elles sont plus que doublées pendant la grossesse puisque le taux passe de 2 à 3 g par litre.
     
  • la glycémie à jeun (c'est-à-dire le taux de sucre dans le sang), qui est inférieure à 1 g par litre (soit 5,5 mmol) en dehors de la grossesse, passe de 0,7 à 0,8 durant la grossesse. : on constate donc que le taux de glycémie de la mère baisse durant la grossesse.
     
  • la quantité d'urée (urémie) dans le sang, qui s'exprime en grammes par litre, comprise entre 0,5 et 0,4 g par litre en dehors de la grossesse, se situe 0,15 et 0,30 g par litre durant la grossesse.
     
  • le taux de créatinine dans le sang (créatininémie), qui s'exprime en milligrammes par litre, est de 8,3 en dehors de la grossesse : durant la grossesse, il est compris entre 5,3 et 7,3.
     
  • le taux d'acide urique dans le sang (uricémie), compris entre 25 et 40 mg par litre en dehors de la grossesse, diminue puisqu'il est compris entre 18 à 25 g par litre.
     
  • la clairance de la créatinine (c'est-à-dire sa filtration, qui s'exprime en millilitres par minute), comprise entre 80 à 140 ml par minute en dehors de la grossesse, est de 150 à 200 pendant la grossesse.
     
  • l'alphafoetoprotéine augmente énormément pendant la grossesse : elle est inférieure à 10 en dehors de la grossesse et est comprise entre 20 et 300 pendant la grossesse.

MODIFICATION CONCERNANT LES REINS ET LEUR FONCTIONNEMMENT

  • la  glycosurie (c'est-à-dire la présence de sucre dans les urines) est nulle en dehors de la grossesse mais fréquemment positive durant la grossesse : autrement dit, il existe des traces de sucre dans les urines de la mère durant la grossesse.

MODIFICATIONS MÉTABOLIQUES MATERNELLES

Les autres changements concernent le fonctionnement général de l'organisme de la future maman : c'est ce que l'on appelle les modifications metaboliques maternelles.

Durant la grossesse, on assiste à une élévation du métabolisme de base de la mère, c'est-à-dire à une révolution à l'intérieur de son organisme dont le fonctionnement est amplifié.
Ainsi :

Le coeur et les poumons

  • Le rythme cardiaque de la maman et son volume respiratoire (c'est-à-dire la quantité d'air que la mère inspire et expire à chaque mouvement respiratoire) sont augmentés. Ceci est le résultat d'une adaptation de la mère au foetus.

Le coeur et les vaisseaux

  • Consécutivement à l'augmentation de la quantité de sang circulant, on constate une augmentation de 40% du débit cardiaque.
     
  • La tension artérielle est légèrement affectée par ces modifications de la circulation sanguine : on constate au deuxième trimestre une diminution de la tension artérielle de 15 à 20 mm de mercure. Cette diminution de la tension artérielle s'explique par une augmentation du calibre des vaisseaux, c'est-à-dire une vasodilatation périphérique.
     
  • Au fur et à mesure de l'avancement de la grossesse, l'utérus, chez la femme enceinte en décubitus dorsal (couché sur le dos), comprime de plus en plus les gros vaisseaux et plus particulièrement la veine cave inférieure : ceci aboutit à une diminution du retour du sang à l'intérieur des veines en direction de la partie droite du coeur (coeur droit) et donc une hypotension, c'est-à-dire une chute de la tension artérielle. En obstétrique, ceci porte le nom de choc postural.

Les besoins caloriques

  • Ils sont  estimés à 2500 calories par jour : la quantité de sucre (hydrates de carbone) utilisé par les deux organismes est augmentée. En effet, le sucre est l'une des principales sources d'énergie utilisée par le foetus.
     
  • On voit apparaître chez certaines femmes, durant la grossesse, ce que l'on appelle un diabète gestationnel, c'est-à-dire le diabète de la grossesse, qui s'explique par l'utilisation du glucose par le foetus. La glycémie (c'est-à-dire le taux de sucre dans le sang) de la mère doit toujours convenir au foetus. Il existe pour cela ce que l'on appelle la néoglucogenèse qui permet de maintenir un taux de sucre convenable dans le sang maternel en dehors des repas : la néoglucogenèse permet de maintenir la glycémie à un taux normal entre les repas. Après les repas, le maintien de la glycémie fait intervenir l'insuline fabriquée par le pancréas de la mère. C'est quand le pancréas ne suffit pas à la demande d'insuline qu'on voit paraître un diabète gestationnel.

Le tube digestif

  • On voit parfois apparaître durant la grossesse des nausées, des vomissements. Ceci est particulièrement fréquent au premier trimestre, au moment où la quantité d'hormones gonadotrophines chorioniques est élevée.
     
  • Le transit gastro-intestinal est le plus souvent perturbé : ceci se traduit par l'apparition fréquente de constipation. Ces constipations sont expliquées par l'augmentation de la quantité de progestérone qui est l'hormone de la grossesse par excellence. La progestérone a un effet relaxant sur les muscles lisses : autrement dit, un déficit de contraction des muscles lisses des intestins fait apparaître une constipation par défaut de malaxage du transit. La diminution du péristaltisime intestinal, c'est-à-dire de la vitesse de déplacement des aliments à travers l'intestin, n'est pas anodine : en effet, ce ralentissement du transit permet une meilleure assimilation des aliments par l'organisme maternel.
     
  • La mobilité de l'estomac est également diminuée ainsi que l'acidité gastrique. On constate également un relâchement des fibres du cardia (muscle permettant de fermer l'orifice supérieur de l'estomac) : ce relâchement du cardia favorise l'apparition de reflux gastro-œsophagien (retour des aliments de l'estomac vers l'œsophage). Le pyrosis (sensation de brûlure partant de l'estomac et remontant le long de l'œsophage) en est la conséquence.

L'appareil respiratoire

  • On constate une hyperventilation, c'est-à-dire une accélération du rythme respiratoire s'accompagnant d'une augmentation, à chaque respiration, de la quantité d'air rentrant et sortant des poumons. Ces modifications de l'appareil respiratoire maternel sont le fruit de l'action de la progestérone, qui diminue la sensibilité des centres respiratoires au cours d'une grossesse normale : autrement dit, la progestérone a une action au niveau du système nerveux central et plus précisément au niveau du bulbe rachidien où se trouvent les zones de régulation de la respiration. Néanmoins, certaines femmes ont des difficultés à respirer durant le dernier trimestre de la grossesse : ceci est le résultat de l'appui de l'utérus sur le diaphragme.

L'appareil rénal

  • Les modifications sont la conséquence de l'augmentation du débit sanguin durant la grossesse : la quantité de sang qui est filtré par les reins de la mère durant la grossesse est augmenté de 25 à 30 %.
     
  • La fabrication des urines, pendant la grossesse ou en dehors de la grossesse, porte le nom de filtration glomérulaire. Ici également la progestérone a une action : en effet, on constate une dilatation (c'est-à-dire un agrandissement) des cavités des reins et des uretères (canaux qui transportent l'urine des reins vers la vessie). Cette modification anatomique apparaît dès la 20e semaine à cause de l'action relaxante de la progestérone, c'est-à-dire du relâchement qu'entraîne la progestérone sur les organes de la mère. Ce relâchement a pour conséquence l'apparition d'une stase urinaire, c'est-à-dire une augmentation des dépôts d'urine à l'intérieur de la vessie et des 2 reins, ce qui peut avoir pour conséquence l'apparition d'infections urinaires, d'autant plus qu'à la fin de la grossesse vient se rajouter une compression de la partie basse de l'uretère par l'utérus qui est de plus en plus lourd.
     
  • La pollakiurie, c'est-à-dire une fréquence exagérée des besoins d'uriner en petites quantités, est fréquente : ceci s'explique par une diminution de volume de la vessie.

Autres modifications physiologiques maternelles susceptibles de survenir

  • Elles sont également liées à l'imbibition hormonale de l'organisme par la progestérone.
     
  • Ainsi, les articulations pelviennes, c'est-à-dire les articulations du bassin (situé en bas de la colonne vertébrale), comme par exemple les articulations sacro-iliaques, ont tendance à être douloureuses. Il en est de même du rachis lombaire et du sacrum, c'est-à-dire de la partie terminale de la colonne vertébrale.

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Crédit photo : Une femme enceinte assise sur le sol – Conçu par Yanalya – Freepik.com