Première articulation (définition, neurolinguistique)

Définition

Définition

Les unités de première articulation du langage sont les monèmes. Les monèmes sont les plus petites unités dotées de sens. On doit considérer le signifié et le signifiant pour mieux comprendre. Les monèmes sont constitués de contenus sémantiques (ayant du sens) qui sont le signifié, également appelé sens, et le signifiant ou expression phonique. Les mots peuvent éventuellement être constitués d’un monèmes ou de plusieurs monèmes. Prenons un exemple. Le mot tableau est constitué d’un seul monème alors que le mot télévision est constitué de plusieurs monèmes. Autrement dit, un monème est une unité linguistique minimale de première articulation obtenue par commutation.

Le linguiste américain Roman Jakobson a établi un rapport entre les diverses aphasies et les deux fonctions fondamentales du langage. Il s’agit de la fonction de sélection et la fonction de combinaison.
La fonction de sélection se caractérise par une utilisation correcte des matériaux de la langue, autrement dit les mots et morphèmes. Le morphème est l’unité grammaticale de première articulation qui se combine aux lexèmes suivant les règles de la morphologie.

Pour mieux comprendre l’organisation structurale du langage et la signification des termes monème, morphème, phonème, trait et syntagme, il est nécessaire d’expliquer ce que sont les unités de première articulation du langage.

Pour mieux comprendre.
Pour construire une phrase, il faut procéder à un regroupement de monèmes selon les règles que l’on appelle syntaxique. La syntaxe permet de régir. Autrement dit, la syntaxe règle les relations entre les mots ou les syntagmes à l’intérieur d’une phrase.
Prenons un exemple, la phrase : le chat miaule. Cette phrase est constituée de deux syntagmes qui sont d’une part "le chat" et d’autre part "miaule". Le premier syntagme est nominal, le deuxième syntagme est verbal.

Voyons maintenant les unités de deuxième articulation que l’on appelle les phonèmes. Les phonèmes constituent les plus petites unités de son. Il existe, dans la langue française, environ une quarantaine de phonèmes. Il est possible de combiner les phonèmes entre eux ce qui donne des monèmes. Par exemple, le terme bijou est constitué de quatre phonèmes : b;i;j;ou.

Les unités de troisième articulation sont appelées traits. Il s’agit des mouvements élémentaires de l’appareil constitué par la bouche et les organes de la phonation, qui permettent de réaliser des phonèmes et ceci conformément à certaines conventions phonétiques.

L’arrangement des unités linguistiques se fait selon deux modes.
Le mode (on dit également axe) du choix (ou si on préfère de la sélection) et le mode (axe) de la combinaison.
Ainsi, le fait de parler requiert, au niveau de la deuxième articulation du langage (c’est-à-dire en ce qui concerne l’intervention des phonèmes), une sélection et une combinaison des phonèmes ce qui aboutit à la création de monème.
Au niveau de la première articulation (qui rappelons-le fait intervenir les monèmes), une sélection et une combinaison des monèmes permet d’aboutir à la création des syntagmes et de phrases.
L’axe de la sélection est appelé également paradigmatique.
L’axe de la combinaison est appelé également syntagmatique.

C’est le chercheur en neuropsycholinguistique du nom de Martinet qui a défini la notion de première et de deuxième articulation.
Un autre grand chercheur en neuropsycholinguistique est Sabouraud qui a défini l’équivalent de la première articulation en appelant cela le "plan du signifié" ou "plan sémiologique". La deuxième articulation pour Sabouraud porte le nom de "plan du signifiant" ou "plan phonologique".
Ce que nous venons d’énoncer en parlant des modes d’arrangement des unités linguistiques est également appelé la double articulation du langage, c’est-à-dire les modes d’arrangement (sélection et combinaison des unités linguistiques).

Ainsi, si l’on désire énoncer un mot ou une phrase, il est nécessaire de faire appel à deux modes d’arrangement des unités linguistiques. Tout d’abord la sélection ou le choix de phonèmes (ce qui rentre dans le cadre de la deuxième articulation). Ensuite il faut sélectionner et choisir des mots (ceci dans le cadre de la première articulation avec les monèmes). Enfin il faut procéder à la combinaison ou à l’enchaînement des phonèmes et des mots les uns par rapport aux autres (selon Jakobson en 1963 et Sabouraud en 1995).

Sur la base de ces deux articulations, il est possible d’avancer que l’aphasie de Wernicke est un déficit de la sélection des phonèmes puisque le patient présente des paraphasies phonémiques et verbales et un déficit de la sélection des mots puisque le patient souffre de paraphasies (troubles du langage consistant en la substitution de syllabes ou de mots les uns aux autres) sémantiques.
L’aphasie de conduction correspond à une atteinte isolée de la sélection au niveau du plan phonologique.
L’aphasie de Broca est le déficit de la combinaison des phonèmes. En effet, le patient utilise des mots simplifiés et une désintégration phonémique (le patient que Broca a étudié, du nom de le Borgne et ne prononçant que les mots tan- tan-tan-tan-, pour s’exprimer). L’aphasie de Broca se caractérise également par un déficit de combinaison des mots ce qui se traduit par une réduction du volume verbal, des stéréotypies (tendance à répéter les mêmes paroles) et un agrammatisme (ne répondant pas aux critères grammaticaux.)