Plongée sous-marine (accident de)

Définition

Définition

Lors de la descente sous la surface de l’eau, des incidents en liaison directe avec les variations de pression sont susceptibles de survenir et d’entraîner plusieurs types d’accidents :

  • Les accidents barotraumatiques, appelés également barotraumatismes, atteignant les cavités de l’organisme contenant de l’air (sinus, oreille, dents défectueuses dont l’opération est mal effectuée, poumons). Il s’agit au final de lésions qui sont le résultat d’une brusque variation de la pression à l’intérieur des organes qui contiennent de l’air. C’est le cas entre autres des oreilles, des poumons, des sinus, du tube digestif, des dents cariés, etc.. Les barotraumatismes surviennent essentiellement lors de la plongée sous-marine ou lors d’explosion. L’atteinte de l’oreille est la plus fréquente. On parle dans ce cas d’otite barotraumatique. L’atteinte des poumons représente la complication la plus grave de ce type de pathologie à cause de la surpression à l’intérieur des poumons.
  • Les accidents biochimiques, qui se caractérisent par la présence dans l’organisme d’une trop grande quantité de gaz (azote, CO2).
  • Les accidents de décompression, qui surviennent lors de la remontée vers la surface.
  • Les maladies chroniques telles que les maladies professionnelles.

Symptômes

Physiopathologie

La pression, qui se définit par la force qu’exerce une certaine surface d’eau (unité de surface), est égale, au niveau de la mer, à une atmosphère (1 atm). Au fur et à mesure que l’on descend en profondeur, la pression augmente de 1 atmosphère pour 10 m : à 20m, elle est de trois atmosphères, etc…
Les accidents barotraumatiques sont secondaires à la différence entre la pression atmosphérique et la pression de l’eau, qui est plus élevée. C’est ainsi que plus on descend en profondeur, plus le volume d’air de départ diminue et plus la pression augmente. Lors de la remontée, c’est le contraire : le volume d’air augmente alors que la pression diminue. Ceci s’explique par la hauteur de la colonne de liquide située au-dessus du plongeur. Plus le plongeur descend profondément, plus cette colonne est importante (le poids de l’eau augmente).

Les accidents barotraumatiques peuvent toucher :

1. Les poumons qui peuvent être lésés surtout lors de la remontée à la surface. Si, en profondeur, la quantité d’air contenue dans les poumons est plus faible (voir plus haut), ce volume tend à augmenter en surface. C’est ainsi que lors de la remontée on peut assister à un accident, appelé accident de surpression, susceptible de bloquer l’expiration (sortie de l’air des poumons) et d’entraîner une déchirure pulmonaire secondaire à une distension trop importante des petites alvéoles. À cette difficulté de respirer s’ajoute une hémorragie intra-pulmonaire secondaire à la rupture des alvéoles pulmonaires. Il s’ensuit un risque accru d’embolie (création d’un caillot sanguin dans la circulation pulmonaire). Celle-ci serait la conséquence de la percussion du sang des vaisseaux et de l’air des alvéoles. Ces risques mortels sont plus importants quand le plongeur n’expulse pas suffisamment son air lors de la remontée.

2. L’oreille est susceptible d’être abîmée lors de la descente en profondeur. En effet, sachant qu’il existe une communication entre le rhinopharynx et la caisse du tympan par l’intermédiaire de la trompe d’Eustache, et que le volume d’air contenu dans l’oreille moyenne diminue lors de la descente (voir explications plus haut), la pression que l’eau exerce sur le tympan n’est pas compensée par le volume d’air contenu dans l’oreille moyenne (de l’autre côté du tympan). Ainsi, les pressions ne s’équilibrent plus, il peut survenir alors une rupture ou une altération du tympan, se manifestant par des douleurs brutales susceptibles, à la longue, d’entraîner une baisse de l’acuité auditive (surdité). D’autre part, il existe certaines fois une différence de pression entre les deux oreilles en cas de lésions d’un seul côté. La déchirure du tympan peut entraîner la pénétration d’eau dans l’oreille moyenne, provoquant ainsi une perturbation de l’équilibre pendant la plongée et parfois même pendant quelques heures après la plongée.

3. Les sinus, du fait des variations de la quantité d’air qu’ils contiennent, peuvent également être touchés par des douleurs brutales disparaissant normalement à la remontée vers la surface. Les troubles occasionnés par les pathologies sinusiennes dus à la plongée sont habituellement réversibles.
Le barotraumatisme des sinus est un accident de plongée survenant quand il existe une inflammation des sinus telles qu’une sinusite ou une autre affection de la sphère laryngologique. Ceci aboutit à l’obstruction des petits conduits qui permettent normalement à l’air de circuler à l’intérieur des sinus et du nez. Cette pathologie est relativement fréquente. Le patient ressent tout d’abord une douleur violente qui se localise au niveau du front ou bien en dessous des yeux. Cette douleur survient au moment de la descente dans les 10 premiers mètres. Elle s’accompagne généralement d’un saignement de nez (les spécialistes parlent d’épistaxis). À cela s’associent des céphalées (maux de tête), des vertiges et des nausées.
Il est nécessaire d’effectuer une radiographie des sinus pour mettre en évidence une inflammation qui se traduit par la présence de liquide.
L’évolution du barotraumatisme des sinus est quelquefois péjorative pour le patient si la remontée immédiate n’est pas effectuée. La douleur est le plus souvent très importante.
Le traitement comporte des médicaments contre la douleur (antalgiques) et contre l’inflammation (anti-inflammatoires). L’utilisation de décongestionnant pour le nez et des antibiotiques sont nécessaires quand le patient présente une surinfection. Plus rarement la ponction des sinus est effectuée.
Il est nécessaire de prévenir le patient, qu’en cas d’infection de la sphère ORL il est interdit de plonger.

4. Les dents peuvent, plus rarement, faire l’objet d’un accident barotraumatique, occasionnant des douleurs au niveau des racines et des zones sensibles, à condition qu’il existe une cavité mal obturée. Il a été également décrit des ruptures de plombages.

Le traitement des accidents barotraumatiques repose avant tout sur l’utilisation de décongestionnant et sur des molécules antalgiques (antidouleurs). En ce qui concerne les poumons atteints par une surpression, il est nécessaire d’hospitaliser en urgence le patient dans un centre spécialisé où il est mis en place une réanimation en fonction des lésions observées.

Les accidents biochimiques. Ce terme caractérise une perturbation de l’assimilation des gaz par l’organisme lors de la descente en profondeur. Ces gaz sont l’azote, l’oxygène et le CO2.

L’azote : au fur et à mesure que le plongeur descend en profondeur, ce gaz qui est normalement contenu dans l’air, va se dissoudre et devenir toxique à partir d’un certain seuil de dissolution. C’est en général entre 20 et 40 mètres que cela se produit, ou lorsque la pressurisation à l’air dépasse 3 atmosphères. Il provoque alors des troubles du comportement à type d’euphorie et des perturbations du raisonnement appelées narcose des profondeurs, ivresse des profondeurs, ou narcose azotée. Des syncopes (perte de connaissance) sont possibles.

Le CO2 ou dioxyde de carbone est produit lors d’un effort physique, et sa quantité augmente au fur et à mesure que l’effort physique s’accentue. Son élimination par la respiration n’est pas toujours suffisante. Ceci occasionne un essoufflement et une hypercapnie (intoxication par le CO2). Cette intoxication par le CO2 peut également survenir lorsque le plongeur a un scaphandre défectueux, ou après une pollution de l’air de la bouteille. Elle entraîne parfois une torpeur, des sueurs, un état confusionnel pouvant entraîner une désorientation qui pousse parfois le plongeur à arracher son embout et à se noyer.

L’intoxication par l’oxygène entraîne des tremblements, et parfois des convulsions accompagnées d’hallucinations auditives et de paralysies respiratoires. Ceci survient quand la pressurisation dépasse 2 atmosphères à 10 mètres de profondeur ou 4 atmosphères à 30 mètres de profondeur avec une concentration d’oxygène de 50 %. Les troubles occasionnés par les accidents biochimiques disparaissent dès la remontée à la surface.

Les accidents de décompression, appelés également maladie de décompression ou maladie des caissons, surviennent lors de la remontée à la surface après une plongée au cours de laquelle a été respiré de l’air comprimé par l’utilisation de bouteilles. Ce type de pathologie est secondaire à une décompression trop rapide (non-respect des paliers de décompression), déterminé par la profondeur à laquelle le plongeur est descendu mais aussi par la durée de la plongée ou encore par le non-respect de la vitesse de remontée qui doit être de 10 mètres par minute. Lorsque la remontée est trop rapide, il y a constitution de petites bulles dans les tissus et dans les vaisseaux de l’organisme ce qui provoque un emphysème (infiltration dans les tissus sous cutané), des douleurs violentes au niveau des articulations, un prurit (démangeaisons), une douleur abdominale, une éruption cutanée, des oedèmes et une atteinte du système nerveux (convulsions, coma, paraplégie : paralysie des deux membres inférieurs, due à une mauvaise vascularisation de la moelle épinière). En cas d’atteinte des poumons, le patient se plaint de douleurs dans le thorax et d’un essoufflement intense. Enfin, il peut survenir une destruction du tissu osseux plus tardivement.

Le traitement de la maladie de décompression consiste à administrer au patient de l’oxygène au masque, d’effectuer une réanimation cardiaque et respiratoire, puis d’évacuer le patient vers un centre hyperbare spécialisé.

Pour prévenir la maladie de décompression, particulièrement si on utilise un scaphandre autonome, la plongée sous-marine ne doit être pratiquée qu’après un examen médical sérieux. C’est ainsi que certains patients sont déclarés inaptes en cas d’obésité, de pathologie du nez (rhinite allergique), d’atteinte du tympan par perforation, d’inflammation du tympan (otite) ou des sinus, en présence d’asthme, d’atteinte bronchique chronique, d’antécédents de pneumothorax, de troubles du rythme cardiaque, d’épilepsie, d’angine de poitrine, de troubles neurologiques ou psychologiques, et bien entendu en cas de grossesse. Le respect des paliers de décompression lors de la remontée constitue la meilleure prophylaxie (prévention) pour éviter la survenue de ce type de pathologie. C’est ainsi qu’une formation spécialisée et entretenue à la plongée est incontournable.

Les maladie professionnelles dues aux accidents de plongée sont liées à une atteinte du tissu osseux et des articulations.