Peau et vieillissement

Définition

Définition

Le vieillissement naturel de la peau, appelé sénescence, est un phénomène qui associe :

  • Des dégâts au niveau des cellules de la peau (mutations génétiques et dégénérescence) et des couches profondes contenant le collagène et les fibres élastiques.
  • Une perte d'élasticité de la peau (elle retrouve de moins en moins sa forme initiale après étirement).
  • Un relâchement.

Généralités

La peau et les phanères (poils, ongles, cheveux) sont les témoins les plus visibles du vieillissement. C’est ainsi que le changement de coloration des cheveux, qui deviennent progressivement gris puis blancs, et l’apparition de rides, sont le reflet du temps qui passe inéluctablement. 

Les problèmes dermatologiques, qui sont plus fréquents chez les personnes âgées sont liés non seulement au fait que la peau soit restée longtemps exposée à une dose plus ou moins cumulative de rayons ultraviolets, mais également aux modifications de ses structures (tissu conjonctif, collagène, fibres élastiques).

Anatomie

La peau est un ensemble de cellules regroupées sous forme d’un tissu résistant et souple, constitué de plusieurs couches, et recouvrant l’ensemble du corps. La peau est formée de deux parties distinctes :

  • L’épiderme (epi = dessus) dont le principal rôle est la protection du corps.
  • Le derme seul à posséder des vaisseaux permettant aux nutriments (éléments nutritifs transportés par le sang) de diffuser vers l’épiderme.

Chez un adulte, la peau pèse entre 3,5 kilos et 4,5 kilos. Sa superficie totale peut aller jusqu’à deux mètres carrés. Elle est extrêmement vascularisée, et possède également un grand nombre de :

  • Glandes sudoripares fabriquant la sueur.
  • Glandes sébacées (sécrétant le sébum, qui est la substance grasse qui protège la peau).
  • Récepteurs nerveux permettant les sensations tactiles et de la pression.

Cette couverture (tégument) très souple, mais résistante permet de protéger l’organisme contre les agressions extérieures (infections, écarts de température). L’épaisseur de la peau varie entre 1,5 et 4 mm suivant la région du corps considérée. L’épiderme qui recouvre la plante des pieds, et la paume des mains, est plus épais que celui du reste du corps.

Au-dessous du derme se situe l’hypoderme, appelé également fascia superficiel. Celui-ci est constitué de tissu adipeux (graisse), et de tissu conjonctif plus lâche que celui du derme. Ce dernier a pour rôle de s’adapter aux mouvements des structures situées au-dessous de lui (muscles, tendons, aponévroses) mais également de protéger l’organisme des coups, grâce à sa constitution graisseuse. C’est à ce niveau que se situent les réserves de graisse de l’organisme, qui s’accumulent chez l’homme au niveau du ventre, et chez la femme au niveau des cuisses et des seins.

L’épiderme contient différentes variétés de cellules, notamment les kératinocytes (qui sont les plus nombreux), et les mélanocytes.

  • Le rôle des kératinocytes (mot issu de kera signifiant corne) est de fabriquer la kératine (protéine donnant aux cellules des propriétés protectrices). Toutes les cellules de l’épiderme sont reliées entre elles par des structures : les desmosomes. Au fur et à mesure que les kératinocytes progressent vers la surface de la peau (poussés par des cellules plus jeunes situées en dessous), ils fabriquent de la kératine molle qui est leur constituant essentiel. Arrivés en surface, et parfois même avant, les kératinocytes meurent en desquamant (chute de peau inutile). De cette façon, l’épiderme est constamment renouvelé tout les 25 à 40 jours.
  • Les mélanocytes fabriquent un pigment, la mélanine (melas = noir). Cette variété de cellules se situe plus profondément dans l’épiderme, mais reste néanmoins en contact avec les kératinocytes qui intègrent progressivement la mélanine fabriquée par les mélanocytes. Les pigments de mélanine ainsi absorbés protègent les noyaux des cellules contre les rayons ultraviolets du soleil.
  • D’autres variétés de cellules présentes dans l’épiderme servent essentiellement à la défense (système immunitaire) de l’organisme.
  • Enfin, une dernière variété de cellules, les épithélioïdocytes, semblent jouer un rôle dans le toucher. Elles sont situées à la jonction entre l’épiderme et le derme.

L’épiderme est lui-même constitué de plusieurs couches de la superficie à la profondeur :

  • La couche cornée, composée d’environ une vingtaine de couches de cellules mortes. Cette partie de l’épiderme protège la peau contre les agressions extérieures (chaleur, froid, sécheresse, déshydratation : perte d’eau). Elle agit également comme barrière empêchant la pénétration dans l’organisme d’éléments extérieurs (microbes, poussières). Cette couche de cellules kératinisées desquame progressivement au fur et à mesure que ces cellules se détachent de l’épithélium plus profond (pellicules).
  • La couche granuleuse, mince couche est constituée de seulement 5 étages de cellules qui commencent à se désorganiser. La couche granuleuse évite essentiellement à l’organisme de se déshydrater (perte d’eau), mais participe également à la formation des futures cellules de la couche cornée située au-dessus.
  • La couche épineuse, composée de cellules contenant de la mélanine, dispersée dans les kératinocytes. Cet étage de l’épiderme constitue un début de résistance aux mouvements de la peau.
  • La couche basale, dernière couche avant le derme, est également appelée couche germinative, et est constituée d’une seule couche de cellules adhérant fermement aux cellules situées dans le derme. A ce niveau se rencontrent les kératinocytes les plus jeunes.

Le derme (derma = peau) est l’une des trois couches de la peau. Il est situé entre l’épiderme (couche superficielle de la peau) au-dessus, et l’hypoderme (essentiellement constitué de graisse parcourue par des vaisseaux sanguins contenant des glandes sudoripares et les racines des poils les plus longs) au-dessous. Le derme est constitué de tissu conjonctif (structure gélatineuse assemblant des protéines et servant de liaison, et de soutien entre les différents tissus et organes) comportant des :

  • Fibroblastes sont des cellules permettant la sécrétion d’éléments entrant dans la constitution des fibres qui vont se regrouper autour d’elles. La destruction de ces fibres s’opère automatiquement au fur et à mesure du vieillissement. Plusieurs variétés de globules blancs (macrophages) assurant la défense de cette partie de la peau. 
  • Collagène constitué par la réunion de protéines spécifiques conférant à la peau la résistance, et l’élasticité nécessaires pour la protéger contre les agressions extérieures. Les fibres de collagène sont capables de fixer l’eau, et contribuent ainsi à l’hydratation de la peau.
  • Fibres élastiques sont des substances fondamentales composées d’eau et de protéines. 
  • Cellules conjonctives et fibres conjonctives.

Le derme enveloppe l’ensemble de l’organisme comme un collant, l’image plus exacte étant celle de la dépouille d’un animal dont on tire le cuir. Il est composé de deux couches :

  • La zone papillaire, en superficie (mince couche permettant le passage de nombreux vaisseaux sanguins, et des fibres nerveuses contenant également les papilles du derme).
  • La zone réticulaire, plus profonde, qui occupe environ 80 % du derme, formée de fibres de collagène enchevêtrées généralement parallèles à la surface de la peau. Cette zone présente des lignes de tension appelées lignes de Langer, qui revêtent une grande importance pour les chirurgiens. Lors des incisions effectuées pendant une opération chirurgicale, la cicatrisation ultérieure est d’autant meilleure que les incisions sont faites parallèlement à ces lignes et non transversalement.

Symptômes

Physiologie

Les mécanismes du vieillissement cutané sont :

  • Modification de l’épiderme :
    • La diminution de l’hydratation de la couche cornée entraîne une modification de l’épiderme. Pour l’instant, le processus d’assèchement n’est pas clairement établi.
    • L’augmentation du nombre de néo-plastomes bénins ou malins de l’épiderme (modification de la structure cellulaire), semble être secondaire à une exposition prolongée aux rayons ultraviolets.
    • L’aplatissement de l’interligne entre le derme et l’épiderme et la modification voire l’effacement complet des papilles du derme, expliquent la raison pour laquelle les personnes âgées sont davantage prédisposées aux ampoules, aux éraflures et aux lésions par cisaillement.
    • La diminution d’environ 50% du renouvellement des cellules de l’épiderme, est due à la progression plus lente des cellules arrivant de la profondeur vers la superficie. Ce mécanisme est à l’origine de l’exposition plus intense aux rayons ultraviolets contribuant ainsi à l’incidence plus importante de cancer cutané. Ceci explique également le ralentissement la cicatrisation des plaies, et de toute lésion de la peau.
    • La diminution du nombre de mélanocytes (cellules fabriquant la mélanine) s’accompagne d’une perturbation de la distribution régulière des pigments à travers la peau, et donc de l’apparition de taches de vieillesse à la face dorsale des mains. Il existe cependant une polémique à ce sujet.
    • La survenue plus importante des tumeurs s’explique par la diminution des signaux avertisseurs, indiquant une inflammation associée à une réponse immunitaire basse.
  • Modification du derme :
    • La diminution de la vascularisation du derme, explique la coloration pâle de la peau des personnes âgées. Ceci explique également la basse température de la surface cutanée, et les perturbations de la thermorégulation (possibilité pour l’individu de réguler sa température), chez le vieillard.
    • La diminution de la vascularisation explique également l’amoindrissement des capacités de la clairance dermique (élimination des toxines étrangères), à l’origine d’une accentuation de certaines dermatoses (maladies de peau) comme les dermatites de contact entre autres.
    • La diminution de la quantité de collagène (1 % par an) explique la diminution de l’épaisseur de la peau à partir de l’âge de 20 ans. L’examen des fibres de collagène au microscope permet de visualiser une diminution de leur épaisseur, de leur solubilité, et de la résistance à la destruction par la collagénase (enzyme). La perte de souplesse des liens unissant les cellules dermiques entre elles explique les différentes plaies et déchirures observables chez les personnes âgées. Il existe sans doute une réorganisation de l’architecture du derme pouvant expliquer ces différentes lésions.
    • La diminution de la quantité d’acide hyaluronique ainsi que celle de sulfate de dermatanne. L’acide hyaluronique est un polysaccharide (molécule constituée d'une association de sucres), abondant dans le tissu conjonctif (tissu de soutien et de remplissage de l'organisme), mais également dans de nombreux liquides biologiques qui lui doivent leur viscosité, comme le liquide synovial, ou les liquides rencontrés dans différents compartiments de l'oeil (corps vitré entre autres). Ces différents éléments font partie du liquide extracellulaire permettant habituellement sa viscosité et sa souplesse, ainsi que l’élimination de certaines toxines présentes à ce niveau.
    • La diminution du nombre et de la qualité des fibres élastiques, est également à l’origine de la perte d’élasticité du derme. Ceci explique l’apparition de poche sous les yeux, et de rides cutanées, ainsi que l’accentuation des lésions du derme lors de minimes traumatismes.
    • La modification des phanères.
    • La croissance unguéale (des ongles) diminue avec l’âge, et s’accompagne d’un amincissement de la plaque unguéale, qui devient plus fragile et friable.
    • Les glandes sudoripares diminuent en nombre et leur sécrétion en qualité. Ce phénomène accentue encore plus la perturbation de la régulation thermique.
    • Le nombre de glandes sébacées n’est pas modifié mais leur volume augmente. La production de cire et de sébum diminue ce qui ne fait qu’accentuer la diminution de l’élasticité cutanée.
    • Les corpuscules de Pacini ainsi que ceux de Mesmer, qui sont des structures responsables de la sensation de pression et de toucher léger, diminuent en nombre. La baisse de ces éléments qui permettent habituellement de prévenir le patient d’éventuelles agressions cutanées, prédispose le vieillard aux blessures. Ce phénomène explique également pourquoi les personnes âgées sont moins habiles pour effectuer certaines manipulations fines.
    • La baisse du nombre de mélanocytes explique le grisonnement des poils et des cheveux. Néanmoins, l’hérédité joue un rôle important dans ce phénomène. En ce qui concerne les poils et les cheveux (calvitie), leur nombre diminue un peu plus chaque année. 

Épidémiologie

Différentes études ont montré qu’environ la moitié des personnes de plus de 65 ans, présentent une dermatose nécessitant des soins médicaux. Environ 1/3 de ces personnes présentaient plusieurs dermatoses.

Évolution

Effets secondaires

Les conséquences pathologiques du vieillissement de la peau sont :

  • Fréquence plus élevée des tumeurs cutanées.
  • Survenue plus importante de plaies par pression (escarres).

 

Références

Bibliographie

Biblio : Vieillissement et gériatrie les bases physiologiques Paola s. Timiras – Les presses de l’Université Laval éd. Maloine 1997.

Forbes, P.D ;Davies, R.E. et Urbach, F., Aging, environmental influences and photocarcinogenesis, j. Invest. Dermatol., 73, 13, 1979.

 

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