Myopathie pseudo-hypertrophique de Duchenne de Boulogne

Définition

Définition

La myopathie pseudo-hypertrophique de Duchenne de Boulogne, est une forme de myopathie (affection musculaire présente à la naissance) la plus fréquente de l'enfant, débutant avant la cinquième année et ne touchant que les garçons.

Symptômes

Symptômes

Les symptômes de la myopathie pseudo-hypertrophique de Duchenne de Boulogne sont :

  • Au cours des premières années de la vie, la maladie reste asymptomatique (l'enfant ne présente aucun symptôme). Au cours de ces mêmes années, le développement moteur des enfants est à peine retardé. Néanmoins, en y prenant attention, on peut remarquer que le volume des mollets est légèrement plus gros que la moyenne dès l'âge de 8 mois. Mais c'est surtout entre 3 et 4 ans que l'atteinte musculaire devient manifeste et se traduit par une :
  • Difficulté respiratoire due à une atteinte des muscles situés entre les côtes et des muscles du diaphragme.
  • Les muscles du cou (sterno-cléido-mastoïdien, fléchisseurs de la nuque, paraspinaux) sont également atteints, entraînant une cyphoscoliose (déformation latérale et en avant de la colonne vertébrale au niveau du cou). Cette atteinte musculaire localisée à la ceinture scapulaire (base du cou) aggrave les problèmes respiratoires qui s'accompagnent d'une diminution du volume de la cage thoracique, et donc des capacités pulmonaires. Celle-ci est surtout existante après l'âge de 10 ans. Son évolution est irréversible, malgré la prise en charge par rééducation respiratoire, et kinésithérapique.
  • L'atteinte du myocarde (muscle cardiaque proprement dit) dans presque tous les cas, se caractérise par une dégénérescence des fibres musculaires composant le myocarde. La fibrose (perte d'élasticité, durcissement des muscles) est visible principalement dans la région postéro-basale (en arrière) du ventricule gauche, ce qui permet aux spécialistes en cardiologie, de mettre en évidence grâce à l'électrocardiogramme des grandes ondes R dans le précordium droit et des ondes Q profondes (> 3 mm) dans le précordium gauche et en aVf. Si on effectue une échographie, elle montre une diminution des capacités de contraction du coeur au niveau de cette zone, et une diminution de la quantité de sang éjecté par le ventricule gauche. A cela s'ajoute une accélération du rythme cardiaque (tachycardie), qui est le plus souvent le seul signe. Cette tachycardie est supérieure à 100 battements par minute après l'âge de 5 ans (alors que la norme est de 75 battements par minute moyenne). En cas d'intervention chirurgicale, il est très important de prendre en compte ces anomalies cardio-vasculaires, en particulier au moment de l'anesthésie. En effet, les interventions lourdes, et tout particulièrement celles du rachis (colonne vertébrale) nécessitent une surveillance très stricte. Dans quelques cas, une atteinte cardiaque grave, contre-indique de façon absolue la chirurgie correctrice sur la colonne vertébrale. La scintigraphie, peut également apporter quelques éléments supplémentaires dans la surveillance cardiaque de ces patients. Enfin, en ce qui concerne le registre cardio-vasculaire, il existe des troubles vasomoteurs (la régulation de la fermeture et de l'ouverture des vaisseaux ne se fait pas correctement).
  • L'atteinte fréquente du système nerveux central (partie du système nerveux située à l'intérieur du crâne et de la moelle épinière)  survient dans environ 1/3 des cas, et se traduit par un retard mental se caractérisant par une difficulté à l'acquisition du langage. L'apprentissage de la lecture et de l'écriture est également difficile, ce qui ne s'explique pas par les examens complémentaires (électroencéphalogramme et autres) qui ne mettent pas en évidence des lésions spécifiques du système nerveux central. Il semble exister sur le chromosome comportant l'anomalie génétique une zone (exon 52) qui se trouve lésée. Pour les généticiens, il existerait d'autre part une mutation détectée dans la région C-terminale du gène qui expliquerait éventuellement les difficultés cognitives (intellectuelles).

Physiopathologie

La maladie de Duchenne est secondaire à un déficit en dystrophine, protéine dont le poids est de 427 kd (427 000 Dalton) participant à la composition des muscles. Cette protéine est située dans un des constituants de la fibre musculaire (myofibrille) : le sarcomère, et plus précisément (pour les physiologistes) entre les stries I et M du sarcomère. Quinze jours après la naissance, un dosage sanguin de CPK (créatine phosphokinase, enzyme s'élevant en cas d'atteinte musculaire) montre une élévation. 

La myopathie de Becker, est également consécutive à une anomalie de structure de la dystrophine.

La dystrophie musculaire progressive congénitale type Fukuyama (1960) appelée également syndrome de Fukuyama, est une variété de dystrophies musculaires proches de la myopathied de Duchenne. Elle s'associe à un retard mental, et à une microgyrie (terme issu du grec mikros : petit et guros : circonvolution, en anglais microgyria), qui est une petitesse des circonvolutions du cerveau, due à atrophie, ou un arrêt de développement.

Épidémiologie

 La myopathie pseudo-hypertrophique de Duchenne de Boulogne, touche 1 nouveau-né sur 3500 de sexe masculin.

Examen médical

Examen physique

  • Atteinte des membres inférieurs se caractérisant par une atrophie (diminution du volume) des muscles, qui est cachée par le développement excessif des tissus graisseux et fibreux. A la palpation, certains muscles (mollets) apparaissent fermes.
  • En position debout, l'enfant se tient en hyperlordose (colonne vertébrale creusée au niveau lombaire). Ceci est secondaire à la rétraction des muscles fascia lata. Le bassin est basculé en avant et la marche apparaît dandinante (balancement du corps d'un mouvement régulier et rythmé).
  • Quand l'enfant marche, c'est la pointe du pied qui attaque en premier, ceci étant dû à une rétraction des tendons d'Achille.
  • L'atteinte des muscles du bassin, entraîne une difficulté pour l'enfant à s'asseoir sur un siège et à se relever. En 1886, un scientifique du nom de Gowers, après avoir méticuleusement observé ces enfants, avait remarqué qu'ils avaient une manière de se relever qui porte maintenant le nom de manœuvre de Gowers. Lorsque l'enfant est couchée à terre, il se tourne sur le côté puis se met à quatre pattes, rapprochant ses membres supérieurs de ses membres inférieurs, et fini de se relever en s'agrippant le long de ses jambes. Au départ il pose juste une main sur ses genoux pour se relever.
  • Il apparaît par la suite un envahissement des membres supérieurs, où une atrophie musculaire apparaît également.

Examen complémentaire

  • Le dosage de la créatine phosphokinase, et de l'isozyme MM, est l'examen le plus utile et le plus fiable. Néanmoins, il est nécessaire d'avoir présent à l'esprit qu'une élévation de créatine phosphokinase, peut également être secondaire à une prise de sang mal faite, ou à un effort musculaire qui vient d'être effectué. Cette prise de sang doit être réalisée sans garrot, et sans appuyer sur les muscles pour faire saigner.
  • Quand le prélèvement sanguin est effectué après un accouchement, après une élévation de la température, après une infection par staphylocoque, ou après un infarctus du myocarde, il existe également une élévation de l'isozyme MB. Ce taux est particulièrement élevé dès la naissance, il devient maximal à 3 ans puis baisse doucement suite à la diminution du volume des muscles qui ne fonctionnent plus, et de l'activité physique de l'enfant qui a nettement régressée. 
  • L'électromyogramme montre un tracé connu par les spécialistes, il s'agit d'un tracé myogène.
  • La biopsie musculaire (prélèvement d'un échantillon de tissu musculaire) confirme le diagnostic en montrant une pénétration de ce tissu musculaire par du tissu conjonctif associé à de la graisse, et du périmysium (gaine de nature conjonctive qui sépare les différents faisceaux de muscles striés, volontaires).

 

Cause

Cause

La myopathie pseudohypertrophique de Duchenne de Boulogne est une maladie héréditaire dont la transmission se fait suivant le mode récessif lié au sexe. Cela signifie qu'il est nécessaire que les deux parents portent l'anomalie génétique pour que l'enfant ait la maladie. Le gène de cette affection a été localisé sur le chromosome X (pour les généticiens : région médiane du bras court de ce chromosome). Cette affection neurologique se transmet par la mère. 1/3 des cas n'est pas d'origine héréditaire.

Traitement

Traitement

Les traitements d'une myopathie pseudo-hypertrophique de Duchenne de Boulogne sont  :

  • Tout d'abord il faut combattre les symptômes. Pour cela, on fait appel à :
    • La rééducation.
    • La kinésithérapie.
    • L'orthopédie.
  • L'injection de myoblastes, qui sont une variété de cellules musculaires précurseures des cellules musculaires de l'adulte (bébés de cellules musculaires) dans les muscles atteints, va peut-être pouvoir donner des résultats encourageants chez l'homme après une série d'expériences chez l'animal qui se sont avérées intéressantes.
  • La thérapie génique, qui consiste à introduire le gène normal dans la cellule atteinte de la myopathie de Duchenne, est très prometteuse.

Évolution

Évolution

Au départ les muscles ne sont pas atrophiés, ce n'est que bien plus tard qu'ils le deviennent. Progressivement apparaissent des contractures qui aboutissent à des rétractions, et à des positions vicieuses des membres (flexion de la hanche, du genou, du cou). Petit à petit, la force musculaire régresse, particulièrement au niveau de la ceinture pelvienne (bassin). Dans l'ordre, les enfants perdent d'abord la possibilité de monter les escaliers quand il n'existe pas de point d'appui (rampe), puis ils ne peuvent plus se redresser, et enfin ils ne peuvent plus marcher entre l'âge de 7 et 12 ans. L'usage des mains est préservé jusqu'au terme.

Le décès survient généralement avant 25 ans, suite à des infections, ou à une insuffisance cardiaque (insuffisance de fonctionnement de la pompe cardiaque).

Prévention

Il est aujourd'hui possible de détecter cette maladie avant la naissance grâce à une biopsie (prélèvement d'un échantillon de tissu) des villosités du chorion (paroi externe enveloppant l'embryon, formée par des replis de l'allantoïde qui est l'organe foetal ne subsistant que pendant les deux premiers mois de la gestation et constituant l'appareil respiratoire de l'embryon).

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