Leucémie myéloïde chronique

Définition

Définition

La leucémie myéloïde chronique, appelée également leucémie myélogène, leucose myéloïde, myélose leucémique de Schridde, est une maladie chronique (s'étalant dans le temps) se caractérisant par la présence dans le sang, d'une augmentation considérable du nombre de globules blancs (hyperleucocytose) pouvant aller de 100 à 300 000.

Normalement le nombre de globules blancs dans le sang n'est pas aussi élevé. Cette prolifération chez un individu a lieu dans la moelle osseuse uniquement, et non pas dans le sang.

Généralités

On peut dire également que la leucémie myéloïde chronique appartient au syndrome myéloprolifératif et se caractérise par une prolifération d'allure cancéreuse des cellules provenant des cellules mûres, issues de l'hématopoïèse (mécanisme à l'origine de la production des cellules sanguines) de la moelle osseuse. Une des caractéristiques du syndrome myéloprolifératif, est qu'il ne s'accompagne pas d'une insuffisance médullaire (insuffisance de fonctionnement, de fabrication des composants du sang : les éléments figurés).

La leucémie myéloïde chronique, est la variété la plus fréquente des leucémies, elle a trouvé une place à part dans des syndromes myéloprolifératifs en raison des dernières découvertes, des moyens diagnostics mis en oeuvre, ainsi que par sa prise en charge thérapeutique. Cette pathologie est liée à une anomalie chromosomique dite chromosome Philadelphie. Elle consiste en une translocation (une transposition d'un segment du chromosome sur une autre) entre le chromosome numéro 9, et le chromosome numéro 22. Il existe une augmentation relativement importante du nombre de cellules granuleuses neutrophiles, c'est-à-dire des cellules qui appartiennent à la même lignée (variété) que certains globules blancs appellés les polynucléaires neutrophiles, et ceci dans la moelle, et dans le sang.

Symptômes

Symptômes

Les symptômes d'une leucémie myéloïde chronique sont :

  • Une augmentation importante du taux de globules blancs dans le sang.
  • La découverte de façon fortuite de cette pathologie avec un début insidieux.
  • Le patient présente une fatigue.
  • Un amaigrissement.
  • Une altération de l'état général.

Physiopathologie

Il est possible de résumer la leucémie myéloïde chronique de la façon suivante :

  • Il s'agit d'une prolifération au niveau de la moelle osseuse dont le nom et syndrome myéloprolifératif, et qui concerne une cellule -souche pluripotente (possédant la capacité de se transformer en n'importe quelle autre cellule sanguine) qui aboutit à la production exagérée de polynucléaires, c'est-à-dire de certains globules blancs.
  • On ne connaît pas avec précision la cause de la leucémie myéloïde chronique, mais il semble que les radiations ionisantes sont un des facteurs favorisants.
  • Le nombre de nouveaux cas par an est d'environ 600 en France.
  • L'incidence augmente au fur et à mesure que l'âge avance, et on constate d'autre part, une très légère prédominance masculine.

 

Examen médical

Examen physique

La palpation de l'abdomen du patient montre :

  • Une splénomégalie isolée (augmentation de volume de la rate).
  • Une hépatomégalie (augmentation modérée du foie), dans quelques cas.

Labo

La découverte de la leucémie myéloïde chronique est fortuite (quand le patient passe des examens sanguins pour autre chose). 

Les analyses de sang objectivent une hyperleucocytose (élévation du nombre de globules blancs) dont la caractéristique majeure est son intensité. En effet celle-ci est le plus souvent supérieure à 50 000 globules blancs par millimètre cube.

Le caryotype, c'est-à-dire l'étude des chromosomes du patient, montre la présence du chromosome Philadelphie (translocation entre le chromosome numéro 9, et le chromosome numéro 22).

Le prélèvement de moelle osseuse (par ponction du sternum) montre une moelle riche avec un grand nombre :

  • De globules blancs granuleux (granulocyteséosinophilesbasophiles).
  • De nombreux mégacaryocytes (précurseurs des plaquettes, en quelque sorte les bébés plaquettes).
  • Une diminution du nombre des érythroblastes (précurseurs des globules rouges).

 

Examen complémentaire

Les examens complémentaires et avant tout les données de l'hémogramme (analyse du nombre de globules rouges, globules blancs, plaquettes) montrent une anémie souvent modérée, c'est-à-dire aux alentours de 10 grammes par dl. 

Le diagnostic de leucémie myéloïde chronique est confirmé par l'étude du caryotype, qui est le nombre de chromosomes contenus dans les cellules d'un individu. Celui-ci est effectué sur les cellules de la moelle osseuse et met en évidence le chromosome Philadelphie.

Pour les spécialistes, il permet également l'identification d'un gène hybride sur ce chromosome : la protéine bcr-al-bl qui est un marqueur diagnostic, c'est-à-dire une substance qui, une fois dosée, autorise l'exploration d'une maladie bien particulière, et bien ciblée.

Traitement

Traitement

Les traitements d'une leucémie myéloïde chronique sont :

  • L'interféron alpha, qui permet d'obtenir des rémissions durant des périodes relativement longues.
  • L'utilisation du STI 571 Gleevec (Imatinib Mesylate), qui est le premier anticancéreux de la famille des " antityrosine-kinase " qui inhibe l'activité thyro-kinase de la protéine destruction bcr-abl.
  • Le busulfan est utilisé à la dose d'attaque de 2 mg, deux à quatre fois par jour. On constate que le nombre de leucocytes tombe au-dessous de 10 000 par microlitre au bout de deux à huit semaines de traitement. Ensuite, la dose est diminuée de moitié en traitement d'entretien. Les rémissions durent de quelques mois à plusieurs années parfois. Il existe néanmoins un risque de surdosage susceptible d'entraîner l'apparition d'une thrombopénie, c'est-à-dire d'une baisse du nombre de plaquettes qui est quelquefois irréversible. C'est la raison pour laquelle il est nécessaire de contrôler le nombre de plaquettes durant le traitement. D'autres par, la prévention de la survenue d'urates est possible en prenant soin de proposer au patient, une hydratation convenable (apport hydrique). Il est également nécessaire d'autre part, de procéder à l'alcalinisation des urines (rendre les urines moins acides), ,et à l'administration d'allopurinol.
  • L'hydroxyurée est le plus souvent utilisée au début du traitement car ce produit est moins toxique que le busulfan. Son administration se fait à la dose de 30 mg par kilo et par jour, à condition de contrôler régulièrement la formule sanguine.
  • La splénectomie, c'est-à-dire l'ablation de la rate soulage quelquefois la gêne abdominale et améliore la thrombopénie. Différentes enquêtes effectuées en hématologie n'ont pas montré que la splénectomie allongeait la survie.
  • En cas de transformation en leucémie aiguë, les équipes spécialisées en hématologie utilisent la mercaptopurine en association avec la prednisone, ou la vincristine.
  • La prise en charge psycho-affective du patient est quelquefois nécessaire.
  • La greffe de moelle se pratique chez le sujet jeune en phase chronique. Ceci permet d'obtenir à peu près une guérison chez un patient sur deux.
  • Les équipes médicales en hématologie utilisent quelquefois la technique d'allogreffe (greffe dans laquelle le greffon est emprunté à un sujet de la même espèce mais présentant une formule génétique différente).
  • La greffe de cellules souches ou de moelle osseuse allogénique, est proposée d'emblée chez les patients jeunes. Chez les personnes qui ne répondent pas à l'interféron, elle est également proposée. Enfin, certains patients deviennent résistants après quelques années d'évolution.

 

Évolution

Évolution

L'évolution d'une leucémie myéloïde chronique va vers la transformation en leucémie aiguë.

Elle se fait en trois phases :

  1. Une phase chronique.
  2. Une phase d'accélération.
  3. Une phase de transformation en leucémie aiguë, phase concernant à peu près 90 % des patients en moins de quatre ans.

Il existe un score que l'on appelle l'indice de Sokal qui permet d'évaluer la gravité de la maladie. Quand le score est faible la survie globale est d'environ 5 ans. La survie chute quand le score est élevé.