Homme – Femme : quelles différences face à la maladie ?

Définition

Définition

Hommes et femmes ne sont pas toujours égaux en matière de santé.
Des différences importantes existent non seulement face à certaines pathologies, mais aussi en matière de prise en charge et de traitement de nombreuses maladies.

Généralités

Au-delà des raisons anatomiques et des cas particuliers, force est de constater que les hommes et les femmes ne sont pas totalement égaux face à la maladie.

Selon la neurobiologiste Catherine Vidal « en matière de santé, il est clair que femmes et hommes ne sont pas logés à la même enseigne. Et même si elles vivent plus longtemps que les hommes, elles passent plus d'années en mauvaise santé qu'eux ».

3 raisons peuvent expliquer ces différences.

1 – La génétique

D'après Claudine Junien, généticienne, « les différences biologiques entre hommes et femmes sont présentes dès la conception, bien avant que les hormones sexuelles ne se développent ».
Ainsi, les différences génétiques entre un homme et une femme sont 15 fois plus élevées que celles qui existent entre deux hommes.
Le patrimoine génétique est contenu dans les chromosomes.

Toutes les cellules de notre organisme contiennent des chromosomes sexuels :

  • XY pour les hommes

  • XX pour les femmes

Ces chromosomes sont porteurs de gènes qui régulent l'expression d'autres gènes.
C'est en partie pour cela que la susceptibilité à contracter une maladie varie selon le sexe.
Ainsi par exemple, on a découvert que :

2 – Le mode de vie

Les chromosomes ne sont pas le seul facteur de ces disparités.
Toujours selon la neurobiologiste Catherine Vidal « ces variations s'expliquent aussi dans une large mesure par le contexte de vie, l'environnement social, économique et culturel ».
Par exemple, les hommes ont toujours eu tendance à beaucoup plus boire et fumer que les femmes et même si de nos jours cet écart se réduit considérablement, les femmes ont 3 fois moins de risques d'avoir une cirrhose que les hommes.

3 – Les méthodes scientifiques

Certaines pathologies touchent plus un sexe que l'autre, ce qui crée des standards de diagnostic

Les scientifiques mettent en place des protocoles de soin basés sur le plus grand nombre de malades (hommes ou femmes), ce qui ne convient pas toujours aux patients de l'autre sexe.
 

Exemples de maladies touchant plus les femmes que les hommes :

Exemples de maladies touchant plus les hommes que les femmes :

Le cas particulier du cancer bronchique :

Selon l'Institut National du Cancer, le cancer bronchique (qui est le plus meurtrier chez l'hommeest également en train de le devenir chez la femme, devançant même le cancer du sein.

En effet, au même taux de tabagismeune femme a environ 20% de risques supplémentaires de développer un cancer.

Les femmes sont sous-représentées dans les essais cliniques

Le corps de l'homme reste le standard pour la médecine étant donné que les femmes ne représentent que 30% des participants aux essais cliniques.

Catherine Vidal souligne qu'« on a même vu des recherches sur le risque de cancers gynécologiques conduites chez des hommes ».

De nos jours, 2 arguments peuvent expliquer cette exclusion :

  • les variations hormonales du cycle féminin compliqueraient l'analyse des résultats et feraient ainsi augmenter le coût des recherches

  • les femmes doivent être protégées d'expérimentations médicales qui pourraient mettre en danger le fœtus si elles ignorent qu'elles sont enceintes au moment des tests

La conséquence est grave, puisque les médicaments soignent mieux les hommes que les femmes et une femme qui prend un médicament a environ deux fois plus de risques de subir ses effets indésirables qu'un homme.

Une mysoginie, souvent inconsciente, fausse certains diagnostics

Ainsi, en cas d'infarctus du myocarde, les femmes sont moins bien prises en charge et ont plus de risques d'en mourir que les hommes.
La raison ? Une femme qui se présente aux urgences avec des douleurs thoraciques (et une anxiété bien compréhensible)  sera généralement diagnostiquée comme ayant une "crise d'angoisse" et ne subira pas la batterie d'examens complémentaires auxquels serait soumis un homme dans le même cas.
 

Autre exemple de mauvaise prise en charge des femmes : la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO).
Cette maladie fait aujourd'hui plus de victimes féminines, notamment aux États-Unis, en Australie et en Autriche. Selon la pneumologue Anne Prudhomme « les femmes sont plus essoufflées que les hommes et toussent encore davantage. Pourtant, face aux mêmes symptômes, un médecin a tendance à diagnostiquer une BPCO chez un homme et un asthme chez une femme ».

Cette inégalité homme/femme par rapport à la santé se retrouve dans le corps médical puisque :

  • sur 37 doyens des Facultés de Médecine en France, seulement 4 sont des femmes

  • selon la Drees (Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques) il faudra attendre 2021 pour qu'1 médecin sur 2 soit une femme

Crédit photo : Paar mit verschränkten armen – Contrastwerkstatt – Fotolia.com