Causes des altérations du langage

© Causes des altérations du langage

Les étiologies (causes) responsables des aphasies peuvent être classées en quatre groupes :

  • Les maladies vasculaires cérébrales.
  • Les traumatismes crâniens.
  • Les tumeurs.
  • Les maladies dégénératives et autres causes.

1) Parmi les maladies vasculaires cérébrales il faut avant tout parler des accidents vasculaires cérébraux ischémiques. Ce terme traduit l’insuffisance d’apport de sang au niveau de certaines aires cérébrales. Ce type de pathologie est le résultat, le plus souvent de thrombose ou d’embolie (survenue d’un caillot sanguin empêchant la circulation sanguine normale dans certaines zones du cerveau) de l’hémisphère gauche susceptible d’aboutir à des perturbations graves du langage essentiellement en ce qui concerne le territoire sylvien (correspondant à la vascularisation par l’artère sylvienne) où se trouve la plus grande partie de la zone du langage. En effet, en avant de l’artère sylvienne se situe l’aire de Broca et en arrière l’aire de Wernicke. Ce territoire correspond grosso modo aux zones temporales du cerveau.

Les signes que les neurologues et les neuropsychologues observent sont directement dépendant non seulement de l’étendue de la vision mais aussi de l’emplacement de la vision.

Ainsi, l’arrêt de la circulation ou la diminution de la circulation sanguine de l’artère sylvienne antérieure va aboutir à une aphasie de Broca associée à une hémiplégie droite.
La diminution de la vascularisation de l’artère sylvienne dans sa partie postérieure aboutira à une aphasie de Wemicke. Au cours de cette pathologie on constate, d’autre part, une hémianopsie latérale homonyme droite.
L’aphasie sous corticale quant à elle est le résultat d’un infarctus sylvien concernant les noyaux gris centraux et en particulier le noyau lenticulaire.
L’aphasie transcortical motrice est le résultat d’un infarctus de l’artère cérébrale antérieure.
L’aphasie thalamique est le résultat d’un infarctus de l’artère cérébrale postérieure. Il s’accompagne d’une alexie (difficulté, voire impossibilité de compréhension des mots écrits) pure.
L’atteinte du langage écrit (dysgraphie) apparaît après l’occlusion de la branche terminale de l’artère sylvienne ou de l’artère du pli courbe.
L’aphasie globale est le résultat de l’obstruction de l’artère sylvienne dans sa totalité.

Toujours dans le cadre des maladies vasculaires cérébrales il est important de noter que les accidents hémorragiques intracrâniens qui cette fois-ci ne sont pas liés à un arrêt de la vascularisation mais (si l’on peut dire) au contraire, en quelque sorte, à un excès d’afflux sanguin par rupture d’une artère, les hémorragies intracérébrales surviennent lors de la rupture d’une malformation d’un vaisseau ou après une complication de l’hypertension artérielle. Dans ce cas la formation d’un hématome à l’intérieur du cerveau (le plus souvent de la partie gauche de celui-ci), est généralement responsable de manifestations de type aphasique mais aussi plus sévère que les précédentes c’est-à-dire que celles survenant lors des accidents vasculaires cérébraux de type ischémique ou thrombotique dont nous venons de parler.
À l’opposé après la phase initiale d’installation de l’aphasie, qui est généralement grave, on constate une meilleure récupération, parfois spectaculaire, du patient qui fait suite à la résorption de l’hématome c’est-à-dire à la disparition quasi totale de celui-ci. Ainsi les fonctions langagières du patient reviennent presque normales comme par miracle au grand étonnement et contentement de la famille et des amis.

2) Les deuxièmes causes de survenue d’aphasie sont les traumatismes crâniens. Ce sont avant tout les aires frontales c’est-à-dire situées en avant du cerveau et les aires temporales c’est-à-dire situées sur le côté du cerveau qui sont tout particulièrement vulnérables aux traumatismes crâniens surtout chez l’adulte jeune.
Ces traumatismes crâniens sont le plus souvent le fruit de contusion, d’hématome, de coma et d’oedèmes cérébraux, voire de plusieurs de ces étiologies à la fois. L’aphasie la plus fréquente survenant au cours des traumatismes crâniens est l’aphasie de Werdnig appelée également aphasie dynamique et généralement associée à un désordre cognitif beaucoup plus global (atteinte de l’intellect). L’amélioration est également ici plus importante que lors des accidents vasculaires cérébraux. Ceci s’explique sans doute par la différence d’âge des deux groupes d’aphasique et la résorption de l’oedème, cause de la survenue de l’aphasie. Les symptômes caractérisant ce type d’aphasie sont avant tout l’anomie c’est-à-dire l’incapacité à nommer les objets. On constate également des difficultés du discours élaboré correspondant aux séquelles le plus souvent visible chez ces patients.

3) En quatrième position viennent les tumeurs du cerveau que celles-ci soit bénignes ou malignes d’ailleurs. Les symptômes survenant à la suite des tumeurs cérébrales, plus précisément les signes neurologiques concernant l’aphasie (les neuropsychologues parlent de symptomatologie ou séméiologie aphasiologique) sont le plus souvent le résultat de tumeur de l’hémisphère cérébrale plus précisément de l’hémisphère cérébrale gauche. Ces symptômes vont en s’aggravant parallèlement à la croissance de la tumeur. Ainsi, certains symptômes peu intenses comme par exemple une anomie va progressivement évoluer vers une aphasie beaucoup plus grave et vers l’association de plusieurs symptômes avec en plus la survenue d’une éventuelle hypertension intracrânienne. Il s’agit donc d’une variété d’aphasie progressive qui se caractérisera par une aggravation brutale quelquefois signant alors la survenue d’une hémorragie au sein de la tumeur maligne.

4) Les maladies dégénératives et en particulier les démences de type Alzheimer ou maladie de Pick (plus rares) peuvent être une des causes de survenue d’aphasie. Dans ce cas les troubles du langage seront typiques surtout pour les formes précoces de maladie d’Alzheimer. L’aphasie au cours de la maladie d’Alzheimer va comporter avant tout un manque de mots et une baisse de la fluence verbale (quantité de mots exprimés par le patient en un temps donné). Par la suite apparaîtront d’autres symptômes qui ressembleront à ceux de l’aphasie transcorticale sensorielle.

Toujours dans le cadre des maladies dégénératives, les démences corticales, en particulier celles survenant au cours du Parkinson, de la paralysie supranucléaire etc. se caractérisent par une réduction de la fluence verbale associée des troubles articulatoires et à des signes survenant lors d’une atteinte du lobe frontal.
Un abcès du cerveau, une maladie infectieuse, une encéphalite due à une infection par un herpès peuvent également engendrer des aphasies. Une intoxication, etc. peuvent aboutir à des altérations temporaires mais non spécifiques du langage, se traduisant par une anomie, une réduction de la fluidité verbale.