Chimiothérapie anticancéreuse

Définition

Définition

Ensemble de substances susceptibles de tuer des cellules cancéreuses actives (qui se multiplient et prolifèrent). Ces substances permettent d'inhiber (empêcher) la fabrication (synthèse) de matériaux utiles à la cellule pour se reproduire. Elles agissent soit en endommageant le matériel héréditaire c'est à dire les chromosomes et plus spécifiquement l'ADN permettant de transmettre les caractères de la cellule mère à la cellule fille). Ceci aboutit à la mort de la cellule.

Généralités

L'utilisation de substances anticancéreuses va endommager le squelette de la cellule au moment où les chromosomes s'orientent lors de la division cellulaire. Ces produits doivent pénétrer à l'intérieur de la cellule elle-même pour jouer un rôle anticancéreux.

Il est nécessaire qu'une cellule se divise pour qu'elle puisse incorporer les médicaments toxiques qui lui sont destinés. Une tumeur d'environ 1 centimètre de diamètre contient 4 milliards de cellules. Parmi ces cellules, seulement 15 à 25 % se divisent, ce qui signifie qu'à un moment ou à un autre elles sont au repos et se diviseront plus tard. D'autre part, certaines cellules cancéreuses sont résistantes : ce sont celles composant les métastases, autrement dit les cellules cancéreuses qui ont migré à distance à partir d'une tumeur primitive. Ces cellules sont présentes dès que la tumeur primitive atteint 2 à 3 mm de diamètre. Donc certaines cellules possèdent un processus de défense qui leur permet de se débarrasser des produits toxiques. Ce processus de défense est d'origine génétique, il est mis en oeuvre par la cellule elle-même.

Un autre processus, la détoxification, entraîne également la destruction de la cellule en agissant sur le transport en sens inverse du produit toxique à travers la membrane de la cellule, de l'intérieur vers l'extérieur de celle-ci.

Les produits employés pendant la chimiothérapie sont malheureusement toxiques aussi vis-à-vis des cellules non-cancéreuses qui se divisent au cours de la mitose cellulaire de façon à pouvoir réparer les dommages. Certains d'entre elles (globules blancs, plaquettes, certains tissus comme le cuir chevelu, la peau, les cellules du tube digestif) meurent. Ceci explique le phénomène dose-toxicité, autrement dit plus la quantité de produit utilisé est importante plus le risque de toxicité sur les tissus est élevé.

Sensibilité des tumeurs cancéreuses (par ordre décroissant)

  • les tumeurs de l'enfant
  • les cancers des bronches à petites cellules
  • les tumeurs du sein
  • certains cancers de la sphère otorhinolaryngologique
  • les cancers du col de l'utérus (pas en totalité
  • les cancers des ovaires
  • les tumeurs du pancréas
  • les tumeurs de l'intestin
  • les tumeurs du cerveau
  • les tumeurs de l'estomac
  • les tumeurs du foie
  • les mélanomes
  • les sarcomes

Historique

Un des premiers agents anticancéreux utilisés fut la moutarde azotée en 1942.

Classification

1) Les antimétabolites bloquent la synthèse de l'ADN : le fluoro-uracile, leméthotrexate, le 6 mercaptopurine, les nitroso-urées

2) Les agents alkylants : la cyclophosphamide, les fosfamidees, le melphalan, la mitomycine C, les sels de platine

3) Les agents intercalants se fixent entre les deux brins de l'ADN et interagissent avec la tropo-isomérase II (enzyme nécessaire à la fabrication normale de l'ADN ) : les anthracyclines, l'anthracènedione

4) Les substances qui cassent l'ADN : la bléomycine, la procarbazine (agit sur l'ARN de transfert), l'actinomycine D (agit sur l'ARN messager)

 

Il existe différents moyens pour contourner le phénomène de résistance cellulaire

  • utilisation d'antidote (plusieurs heures après le produit actif)
  • utilisation de facteur de croissance ; permet d'accélérer la "refabrication " des leucocytes (globules blancs)
  • utilisation de doses élevées de produit toxique pour les cellules : il faut avoir pris soin de prélever, avant la chimiothérapie, des cellules sanguines de souches c'est-à-dire des cellules totipotentes qui ont le pouvoir d'évoluer vers des globules blancs, des plaquettes, des globules rouges. Ces cellules, qui seront réinjectées, sont prélevées soit dans du sang périphérique (le propre sang du patient) soit dans la moelle osseuse.

Traitement

Traitement

Mode d'administration

L'administration d'un produit anticancéreux se fait soit par voie générale, soit par voie locale ou régionale.

L'administration par voie générale peut être faite sous forme orale (comprimés) ou sous forme injectable. Le traitement par voie générale a une action sur les métastases. Il se fait le plus souvent en milieu hospitalier par cures séparées d'intervalles réguliers (tous les mois par exemple). Il est généralement commencé à l'hôpital et poursuivi à domicile. Quelquefois il a lieu en continu durant une longue période.

L'administration par voie locale ou régionale intéresse plus particulièrement certains organes comme le péricarde (membrane entourant et protégeant le cœur), la plèvre (membrane de protection des poumons), le péritoine (membrane de protection et de recouvrement des viscères contenus dans l'abdomen et le bassin), la vessie.

Enfin il est également possible d'injecter directement le produit anticancéreux dans l'artère de l'organe atteint (foie entre autres). Cette façon de procéder a l'avantage d'utiliser de fortes concentrations de produits et d'éviter une dissémination à travers l'ensemble de l'organisme.

 

Résistance du patient à plusieurs médicaments anticancéreux

  •     alcaloïdes de la pervenche
  •     anthracyclines
  •     taxanes
  •     dérivés de la podophyllotoxine

Quelquefois un seul de ces produits entraîne une résistance aux autres. L'utilisation du vérapamil, du tamoxifène et de la ciclosporine est susceptible d'inverser ce phénomène.

Le choix de la substance anticancéreuse se fait selon des critères qui tiennent compte de la sensibilité ou de la résistance du cancer. D'autre part, la vascularisation joue également un rôle. En effet, une faible irrigation vasculaire de la tumeur diminue l'arrivée des médicaments anticancéreux contenus dans le sang.

Le plus souvent, ce sont plusieurs médicaments anticancéreux qui sont employés (polychimiothérapie).

La monochimiothérapie (traitement par un seul médicament anticancéreux) est le plus souvent inefficace. Étant donné que les produits employés ont une action différente les uns des autres, le regroupement permet d'obtenir une action supérieure à celle de chacun des produits utilisé seul. Malheureusement, il existe ce que l'on appelle une toxicité cumulative, c'est la raison pour laquelle on ne prescrit pas à un patient plusieurs médicaments ayant un effet toxique important sur le même organe. Certains produits sont contre-indiqués en fonction de l'âge du patient, de sa maladie et de ses antécédents. L'utilisation d'autres produits associés aux anticancéreux est utile dans certains types de cancer qualifiés d'hormonodépendants, c'est-à-dire sensibles à une hormone. C'est le cas entre autres des cancers du sein, de l'utérus, de la prostate. Il est également possible d'associer à ces substances un traitement par radiothérapie (utilisation des rayons X) ou une intervention chirurgicale qui permet d'amplifier les effets des produits contre les cellules cancéreuses. Il est parfois nécessaire de changer un produit pour un autre tout particulièrement quand apparaît une résistance.

Évolution

Effets secondaires

Effets indésirables et surveillance

La majorité des produits anticancéreux utilisés sont toxiques pour les cellules sanguines, en dehors de la bléomycine. Ce sont toutes les cellules sanguines qui sont concernées (globules rouges, globules blancs et plaquettes). Ceci se traduit par une baisse de leur nombre et l'apparition d'infections et d'hémorragies qui surviennent généralement une à deux semaines après le début du traitement. Ceci explique l'intérêt de l'utilisation des facteurs de croissance entre autres.

La peau et les muqueuses sont susceptibles d'être touchées pendant le chimiothérapie anticancéreuse. C'est tout particulièrement le cas lors d'utilisation du fluoro-uracile qui provoque des réactions érythémateuses (coloration rose rouge) de la peau. Le méthotrexate quant à lui est quelquefois à l'origine d'ulcérations de la bouche (apparition de plaies). La bléomycine entraîne des lésions des muqueuses (cellules qui recouvrent l'ensemble des organes creux et quelquefois de la peau).

L'atteinte du tube digestif est envisageable tout particulièrement avec l'utilisation des sels de platine, qui sont les médicaments les plus toxiques pour cet organe. Cela se traduit par la survenue de nausées et de vomissements qui ne doivent pas être un obstacle à la chimiothérapie anticancéreuse mais nécessitent l'utilisation d'antiémétiques qui ont une action contre les nausées et les vomissements. Les sels de platine ont également une action sur l'appareil neurologique et plus spécifiquement au niveau des membres inférieurs et des membres supérieurs. Ils sont également susceptibles d'entraîner des pertes du goût et de la sensibilité.

Certains produits tels que les anthracyclines, les alcaloïdes de la pervenche, les dérivés de la podophyllotoxine sont responsables de fréquentes chutes de cheveux (réversibles à l'arrêt du traitement). Certaines équipes médicales utilisent des casques réfrigérants pendant la perfusion. Le froid est à l'origine d'une vasoconstriction, c'est-à-dire d'une diminution du calibre des artères du cuir chevelu, ce qui limite la quantité de produits à ce niveau.

Des troubles du rythme cardiaque sont susceptibles de survenir dans les heures suivant le traitement par les anthracyclines. Certains patients se plaignent d'insuffisance cardiaque. C'est la raison pour laquelle les patients sous chimiothérapie contenant des anthracyclines doivent être particulièrement surveillés dans un service de cardiologie.

Certains patients en âge de procréer doivent éventuellement envisager une conservation de leur sperme avant de commencer une chimiothérapie.

La mitomycine et les sels de platine présentent une toxicité rénale qui se traduit par une augmentation du taux de créatinine dans le sang. La surveillance de la fonction rénale est donc nécessaire : un mauvais fonctionnement des reins peut se traduire par l'apparition d'œdème et une augmentation de l'urée dans le sang (urémie).

L'appareil pulmonaire, tout particulièrement par l'utilisation de la bléomycine et plus spécifiquement chez les personnes âgées, est atteint de fibrose (perte d'élasticité du tissu). Ceci est d'autant plus vrai que la chimiothérapie est associée à une radiothérapie. Le risque le plus fréquent après utilisation du méthotrexate est le pneumothorax c'est-à-dire la pénétration d'air dans la cavité délimitée par la plèvre pulmonaire. Ce type de pathologie répond bien au traitement.

L'ensemble de ces troubles sont réversibles.

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