Cancer primitif du poumon

Définition

Définition

Le cancer primitif du poumon  est une tumeur maligne qui prend son origine dans la muqueuse (couche de cellules recouvrant les organes creux en contact avec l'air) tapissant les bronches (conduits aériens issus de la division en deux de la trachée, prolongés par leurs ramifications).

Environ 50% des patients atteints de cancer pulmonaire, ont des métastases (dissémination de la tumeur cancéreuse loin de son foyer de départ).

La survie à 5 ans est d'environ 30 % chez l'homme, et de 50% chez la femme.

                                                                                                                 

Classification

Après une étude microscopique des biopsies (prélèvements) des cellules cancéreuses du poumon, on distingue 2 variétés de cellules :

  • Le carcinome petites cellules.
  • Le carcinome à petites cellules de Kulchitzky Masson (20 à 25% des cas).

Ces cellules sont issues d'épithéliums (rassemblement de cellules formant une couche de revêtement) des poumons. On distingue trois types :

  1. Type 1 ou carcinoïde typique, dont le pronostic est bon.
  2. Type 2 ou carcinoïde atypique, dont le pronostic est moins bon.
  3. Type 3 ou carcinome à petites cellules, dont le pronostic est le moins bon de toutes les tumeurs bronchiques, et dont les métastases sont relativement précoces. Ce terme de carcinome à petites cellules concerne :
  • Le cancer épidermoïde (30 à 35 % des cas), d'évolution assez lente, s'accompagnant de métastases tardives.
  • L'adénocarcinome (30 à 35 % des cas), se caractérisant par la destruction de la paroi des bronches. Il donne fréquemment des métastases, et se développe essentiellement sur des cicatrices pulmonaires d'origine fibreuse.
  • Le cancer bronchiolo-alvéolaire (voir ci-après).
  • Le sarcome (tumeur maligne qui se développe aux dépens du tissu conjonctif du poumon), de mauvais pronostic. Le tissu conjonctif est le tissu de comblement et de soutien de l'organisme.
  • Le lymphome hodgkinien ou non hodgkinien (souvent associé à l'inhalation de polluants atmosphériques).

Symptômes

Symptômes

  • Douleur thoracique (pouvant être due à l'envahissement direct par la tumeur cancéreuse), susceptible d'irradier vers l'épaule et parfois même vers l'abdomen.
  • Toux.
  • Dyspnée (difficulté à respirer pendant l'effort ou en dehors de celui-ci).
  • Perte de poids.
  • Expectorations (rejet de mucus, glaires) en quantités importantes, entraînant une hypoxémie appelée également anoxémie (diminution de la quantité d'oxygène contenue dans le sang).
  • Difficulté à exprimer des sons (dysphonie).
  • Asthénie (fatigue).
  • Hémoptysie (crachats de sang).
  • Hyperthermie (fièvre traînante).
  • Infection pulmonaire traînante ou récidivante, pour laquelle les antibiotiques ne donnent pas de bons résultats.
  • Dysphagie (difficulté à avaler) pouvant traduire une atteinte de l'œsophage ou bien une paralysie du nerf récurrent (atteinte des cordes vocales entraînant une voix à tonalités anormales).
  • Pleurésie : inflammation aiguë ou chronique de la plèvre entourant les poumons, s'accompagnant d'un épanchement, et d'hémorragies, susceptible d'entraîner une douleur pouvant être aggravée par la toux et l'inspiration (phase de la respiration au cours de laquelle l'air entre dans les poumons). Généralement, à l'auscultation, le médecin entend un bruit de frottement au même rythme que la respiration.
  • Quand le cancer est localisé au niveau d'un des deux sommets des poumons, on parle de syndrome de Pancoast Tobias (appelé également tumeur apicale). Il se caractérise par des douleurs violentes dans l'épaule et le bras, et s'accompagne parfois du syndrome appelé Claude Bernard-Horner. Celui-ci associe une paralysie du muscle dilatateur (qui ouvre) de la pupille, c'est-à-dire que lorsque le médecin met la main sur l'œil pour le cacher de la lumière, la pupille se dilate très lentement, par contre, elle se contracte très rapidement dés que le médecin a enlevé sa main (c'est-à-dire dès que la lumière est entrée dans l'œil). Le deuxième signe du syndrome de Claude Bernard-Horner, est le rétrécissement de l'espace entre les deux paupières. Il traduit une paralysie d'un muscle servant à relever la paupière. Le troisième signe est ce qu'on appelle une énophtalmie (l'œil est positionné dans l'orbite plus profondément que la normale).
  • Ganglions au niveau du creux axillaire (sous le bras), avec douleurs osseuses.
  • Augmentation de volume du foie (hépatomégalie).
  • Tumeur cérébrale.
  • Syndrome cave supérieur dû à un envahissement par les cellules cancéreuses de tout l'ensemble de la région, pouvant se traduire par une obstruction de vaisseaux.
  • Troubles du rythme cardiaque dus à une insuffisance de fonctionnement du coeur.
  • Obstruction des vaisseaux lymphatiques empêchant l'écoulement de la lymphe, avec épanchement au niveau des plèvres pulmonaires. Bien entendu, l'atteinte des bronchioles et des alvéoles entraîne à ce niveau une insuffisance de fonctionnement
  • Le syndrome paranéoplasique est un ensemble de signes qui accompagne parfois une tumeur maligne sans pour autant posséder de relations directes (anatomiques) avec elle. Le syndrome disparaît si le cancer en cause est traité, et il réapparaît en présence d'une récidive du cancer lui-même, ou d'une de ses métastases. En ce qui concerne le cancer bronchopulmonaire, le syndrome paranéoplasique prend en particulier les formes suivantes :
    • Le syndrome de Pierre Marie, qui consiste en une augmentation de volume des articulations des os des mains et des pieds, s'associant avec la maladie pulmonaire. Habituellement, elle est accompagnée de douleurs, et parfois de ce que l'on appelle un hippocratisme digital, c'est-à-dire une hypertrophie (augmentation de volume) des phalanges et des ongles (qui prennent la forme d'un verre de montre). Les doigts ressemblent à des baguettes de tambour. La radio montre une déminéralisation osseuse, et l'hypertrophie peut atteindre toute la main. Elle peut également atteindre le poignet, le pied et s'étendre au thorax, aux clavicules et aux omoplates. Des douleurs aux articulations sont également présentes, accompagnées d'une augmentation de volume de celles-ci mais contenant un liquide synovial non inflammatoire. Quand ces déformations atteignent un stade important, elles entraînent une importance fonctionnelle majeure (grande difficulté de mouvement).
    • Le syndrome de Schwartz-Bartter, qui se rencontre essentiellement dans les cancers à petites cellules et consiste en une sécrétion inappropriée d'hormone antidiurétique. Il entraîne une rétention d'eau et une hyponatrémie (diminution du sodium dans le sang).

Épidémiologie

Le cancer primitif du poumon (qui n'est pas d'un bon pronostic) atteint chaque année en France environ 30.000 individus.

Le maximum de personnes atteintes par cette pathologie se situe aux environs de 60 ans.

Depuis les campagnes anti-tabac, ce nombre semble régresser légèrement.

Néanmoins, le sexe féminin est plus touché qu'auparavant.

Examen médical

Labo

Les marqueurs tumoraux, comme l'antigène neuro-énolase (NSE) ou l'antigène carcinoembryonnaire, sont peu spécifiques mais orientent quelquefois le diagnostic

Ils sont surtout utilisés pour suivre l'évolution après traitement par chimiothérapie (association de médicaments anticancéreux) ou après intervention chirurgicale.

Examen complémentaire

Radiographie
Elle permet de porter un diagnostic avec plus de certitude. La radiographie du thorax peut déceler la présence de ganglions au niveau du médiastin , région située entre les poumons, qui contiennent :

Fibroscopie bronchique
Elle permet de biopsier et de voir la lésion. Cet examen permet un diagnostic dans environ 80% des cas, grâce au prélèvement cytologique (des cellules de la tumeur) effectué.

Thoracotomie (ouverture du thorax)
Elle permet d'explorer celui-ci, quand les examens cités ci-dessus n'ont pas apporté de résultats probants. On parle alors de thoracotomie exploratrice, qui est parfois le seul moyen de poser le diagnostic avec certitude. C'est le cas par exemple, quand le cancer des poumons se développe à travers une seule tumeur (nodule). Dans ce cas, la ponction biopsique faite avec l'aide du scanner permet de localiser des nodules solitaires.

L'IRM

Elle apporte des renseignements quant à la localisation mais surtout à l'extension de la tumeur. Cet examen est particulièrement utile au chirurgien comme bilan avant une opération (préopératoire)

La scintigraphie osseuse ou hépatique
Elle permet la recherche de métastases au niveau du foie ou des os

Cause

Cause

Le tabac est à l'origine d'un grand nombre de ces cancers (à partir de 10 à 20 cigarettes par jour). Pour 40 cigarettes, le risque est multiplié par 60.

Participent également à la survenue des cancers primitifs des bronches :

Les modifications anatomiques des poumons (fibroses entre autres) sont également susceptibles d'entraîner cette pathologie.

Traitement

Traitement

L'intervention chirurgicale permet l'exérèse de la tumeur, qui doit être aussi précoce que possible. Elle est indiquée tout particulièrement quand il existe un cancer épidermoide (dont la nature rappelle celle de l'épiderme : la peau) ou d'adénocarcinome (cancer reproduisant un tissu glandulaire).

L'association de la chimiothérapie complexe (vincristine, cyclophosphamide, méthotrexate, CCNU) et de la radiothérapie (irradiation au cours du traitement d'un cancer) peut entraîner des rémissions partielles ou complètes dans les carcinomes à petites cellules qui ne peuvent pas être opérés.

Évolution

Évolution

Après traitement, le taux de survie du cancer primitif broncho-pulmonaire peut atteindre environ 50% sur cinq ans si l'exérèse (ablation) complète a été possible.

La survie moyenne n'est que d'environ 15 à 18 mois dans les formes localisées, et de 10 à 12 mois pour les formes disséminées.

Le pourcentage de patients survivant au-delà de 2 ans est au-dessous de 20%.