Cancer colorectal

Définition

Définition

Variété de cancer touchant le côlon et le rectum, dont la fréquence augmente après cinquante ans.

Généralités

Le cancer colorectal est un carcinome (c'est-à-dire une tumeur maligne qui se développe aux dépens des tissus de revêtement, comme la peau ou les muqueuses. De nombreux organes possèdent des muqueuses : l'intestin, l'appareil génital, l'appareil urinaire, l'estomac, les poumons, etc…Ce terme recouvre 80 % des cancers.).

La grande majorité des tumeurs sont le fruit d'une transformation maligne de polypes bénins de type adénomateux (de structure bénigne semblable à celle d'une glande).

ÉPIDÉMIOLOGIE

Relativement rare dans les pays sous-développés, le cancer colorectal est la seconde cause de mortalité dans les pays occidentaux.
En France, on compte 25 000 nouveaux cas par an, responsables de 15 000 décès annuels. Ils représentent 15 % de toutes les tumeurs malignes, cette proportion se majore de 10% tous les cinq ans, alors que le pronostic (environ 50 % de survie après cinq ans) n'a pas évolué depuis vingt ans.

CAUSES DU CANCER COLORECTAL

On distingue deux variétés de facteurs à l'origine du cancer colorectal :

1) Les facteurs environnementaux qui rendent à peu près compte de 80 à 90 % de l'ensemble des cancers du côlon et du rectum. Les facteurs considérés comme les plus importants sont les critères diététiques, l'obésité, l'alcoolisme, le tabagisme, la vie sédentaire.

Parmi les facteurs diététiques, on peut citer (liste non exhaustive) :

  • L'excès de viande rouge (contenant une grande quantité de graisses très saturées et de protéines)
     
  • L'excès de graisses animales saturées (donnant des selles à teneur élevée en acides biliaires et acides gras)
     
  • La diminution ou l'absence de consommation de fibres diététiques, entraînant l'augmentation de la durée du transit, de l'action sur la flore bactérienne (bactéries présentes dans le tube digestif)
     
  • La diminution ou de l'absence de consommation de fruits et légumes (qui possèdent des agents anticancéreux : glucosinolates et flavonïdes
     
  • La diminution de la consommation de calcium
     
  • La diminution de la consommation d'acide folique

2) Les facteurs génétiques

Le développement du cancer colorectal est secondaire à la multiplication de nombreuses mutations génétiques, dont plusieurs formes héréditaires importantes ont été reconnues. Parmi celles-ci, on peut citer le cancer colique héréditaire non sur polypose (CCHNP), et le risque familial de cancer colorectal. Le syndrome CCHNP (également appelé syndrome de Lynch) fait apparaître une transmission autosomique dominante (il suffit qu'un des deux parents porte l'anomalie sur un gène pour que l'enfant présente la maladie).

Plusieurs gènes, appelés hMSH2, hMLH1 et hPMS2, sont impliqués dans la réparation des erreurs qui surviennent normalement pendant la "reproduction" de l'ADN (qui est le support de la transmission génétique). Ces personnes ont aussi un risque plus élevé de présenter des cancers de l'endomètre (muqueuse qui recouvre l'intérieur de l'utérus), de l'estomac, l'appareil urinaire et du pancréas.
Pour poser le diagnostic de cancer colique héréditaire sans polypose (CCHNP), il est nécessaire que les 4 conditions suivantes soient réunies :

  • Au moins un membre de la famille atteint avant l'âge de 50 ans
     
  • Trois parents ou plus doivent être atteints de cancer colorectal (un au moins étant parent au premier degré : père, mère, fils, fille, frère, sœur, etc…)
     
  • Exclusion de la polypose adénomateuse familiale qui rend compte seulement de 1 % des cancers coliques
     
  • Cancer colorectal dans 2 générations, ou plus

Les individus correspondant à ces critères doivent faire l'objet d'une étude généalogique, de tests génétiques mais également d'une coloscopie (visualisation à l'aide d'une fibre optique de l'intérieur du côlon et du rectum). Ceci devra être commencé vers l'âge de 25 ans environ. Puis, cette coloscopie doit être répétée toute les 1 à 2 ans.

En ce qui concerne les autres personnes ne faisant pas partie des CCHNP, mais ayant néanmoins des antécédents familiaux de cancer colorectal, le risque de développer un cancer chez les individus qui ont un ou plusieurs parents au premier degré présentant déjà un cancer est nettement plus élevé que la population sans facteur de risque. Plus le parent concerné a eu un cancer tôt (c'est-à-dire dans sa jeunesse), plus le risque est élevé.

SYMPTÔMES DU CANCER COLORECTAL

Ils dépendent de la localisation du carcinome.

  • hémorragies de sang rouge (méléna) par l'anus
     
  • obstructions (diminution ou absence de passage des selles)
     
  • distension abdominale
     
  • occlusion intestinale, fréquente dans les tumeurs de la partie gauche du côlon (côlon gauche)
     
  • anémie due à des saignement de faibles quantités mais continus et non visibles (occultes)
     
  • modifications des selles et obstruction du côlon, caractéristiques des tumeurs de la partie droite du côlon (côlon droit)
     
  • douleurs plutôt basses de l'abdomen, ressemblant à des coliques, chez environ 2/3 des malades
     
  • fièvre et altération de l'état général
     
  • émissions de mucus (glaires)
     
  • impression de non-évacuation lors de la défécation (émission de selles)
     
  • un petit nombre de malades (10 à 20 %) ne présente qu'une anémie ferriprive (anémie due à la diminution du taux de fer dans le sang) ou qu'une perte de poids
     
  • parfois, dans de rares cas, c'est la présence d'une occlusion (arrêt du passage des matières et des gaz), un abcès localisé, une fistule ou une perforation à l'origine d'une péritonite, qui permettent de faire le diagnostic.

DIAGNOSTIC DU CANCER COLORECTAL

Lors de l'auscultation, le médecin peut noter une augmentation de volume du foie (hépatomégalie), pouvant être due à des métastases (migration de cellules cancéreuses à partir du côlon).

Le toucher rectal permet parfois de mettre en évidence une tumeur au niveau du rectum.

Analyses de laboratoire

Certains patients ont une quantité importante d'antigène carcinoembryonnaire (marqueur tumoral) dans le sang. D'autres ne présentent pas cette caractéristique peu utile au diagnostic. Néanmoins, le dosage de l'antigène carcinoembryonnaire permet de suivre l'évolution de la maladie et parfois de détecter une récidive précoce.

Examens complémentaires

La sigmoïdoscopie (visualisation à l'aide d'une fibre optique rigide de la partie sigmoïdienne du côlon) permet de visualiser la tumeur dans environ 1/3 des cas.

La coloscopie (visualisation de l'intérieur du côlon à l'aide d'une fibre optique souple) est l'exploration la plus sensible et la plus spécifique (par rapport au lavement baryté qui est la radiographie avec préparation après lavement avec de la baryte, produit de contraste radio opaque). D'autre part, la coloscopie autorise une biopsie de la tumeur et l'ablation d'éventuels polypes.

L'échographie est utilisée maintenant de plus en plus souvent : elle permet, avant une intervention chirurgicale, d'évaluer le stade d'un cancer colorectal et de détecter des métastases.

La tomodensitométrie (scanner) permet également de détecter les métastases du foie.

TRAITEMENT DU CANCER COLORECTAL

La chirurgie permet de réséquer (enlever) la tumeur en passant " au large ", puis de retirer les ganglions lymphatiques situés autour du côlon. Le chirurgien effectue ensuite une anastomose directe.

La colectomie partielle est l'ablation de la portion atteinte du côlon puis rétablissement de la continuité.

La colostomie (anus artificiel) dont certains patients font l'objet, doit être présentée comme une éventualité thérapeutique : les cancers situés à moins de 5 cm de l'anus peuvent parfois nécessiter une amputation avec colostomie. En France, on pense que cette distance doit être de 2 cm. Après cette intervention, au bout de 6 à 12 mois, les malades doivent repasser une coloscopie, puis être suivis régulièrement afin de dépister une éventuelle récidive, voire même le développement d'un nouveau cancer (qui s'observe dans environ 5 à 6 % des cas).

Environ 2/3 des malades présentent des métastases niveau des ganglions ou à distance du cancer de départ. Ils nécessitent une chimiothérapie par utilisation du 5 fluorouracile et adjonction d'acide folinique réduisant la toxicité de ce produit.

Il est quelquefois nécessaire d'associer une radiothérapie après l'opération, en association au 5 fluorouracile, ce qui réduit le risque de récidive et diminue le taux de mortalité.

PRÉVENTION DU CANCER COLORECTAL

Le dépistage permet de diagnostiquer précocement le cancer colorectal.

La recherche régulière de sang occulte (à l'aide d'un test de l'Hemoccult) dans les selles semble réduire de 15 à 20 % la mortalité par cancer colorectal.

Dépistage et résection des polypes à l'origine de la dégénérescence cancéreuse. L'utilisation de la sigmoïdoscopie (qui utilise un appareil flexible) semble réduire la mortalité globale du cancer du côlon et du rectum d'environ 35 %.

La coloscopie, qui s'effectue lorsque l'Hemoccult est positif, constitue l'exploration la plus intéressante. Elle ne peut être effectuée que par un technicien inexpérimenté. Elle est cependant coûteuse et comporte des risques.

Le dépistage par analyse génétique moléculaire, qui n'est pas disponible pour l'instant, semble pouvoir apporter une amélioration particulièrement intéressante pour le futur.

Références

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