Brûlure oculaire

Définition

Définition

La brûlure oculaire est une lésion dont l'origine peut être chimique ou thermique, plus rarement électrique. 

Classification

On distingue :

  • Les brûlures chimiques sont dues à la projection sur la face antérieure du globe oculaire (entre les deux paupières) de produits caustiques (bases), ou acides. La gravité des lésions chimiques par rapport aux brûlures par contact de la chaleur, réside dans le fait que les acides constituent une substance complexe par mélange des protéines de la surface de l'œil, et de l'acide projeté par exemple. Ce type de brûlure nécessite le lavage immédiat, et abondant, avec une grande quantité d'eau du robinet (par défaut), mais préférentiellement avec du sérum physiologique, plutôt tiède, jusqu'à ce que le liquide toxique soit éliminé.
  • Les brûlures par ultraviolets (coup d'arc, ophtalmie des neiges) surviennent assez fréquemment, et sont bénignes. 
  • Il en est de même des brûlures domestiques (survenant par exemple lors de l'ouverture d'une bouteille d'eau de javel, ou de produits pour déboucher les siphons, entre autres). Dans le milieu industriel où sont utilisés certains produits dangereux, les projections caustiques (bases), sont particulièrement délétères (nocives). En effet, les substances alcalines (basiques) sont à l'origine d'une réaction chimique avec les acides gras (constituant lipidien : graisseux) du tissu de l'œil. Cette réaction chimique est appelée la saponification. Ceci entraîne une destruction des membranes des cellules, favorisant ainsi l'entrée rapide dans les tissus, du produit caustique. C'est le cas tout particulièrement de l'ammoniaque qui finit quelquefois par pénétrer à l'intérieur de la chambre antérieure du globe oculaire. Certaines brûlures (pompiers) présentent une évolution péjorative, car elles atteignent les paupières et le système lacrymal (appareil permettant de fabriquer les larmes). 
  • Les brûlures accidentelles par cigarettes sont à l'origine d'une lésion de la couche de cellules recouvrant le globe oculaire (lésion épithéliale localisée), quelquefois plus profonde, entraînant ce que les spécialistes appellent une lésion stromale superficielle. La cicatrisation est relativement rapide, ne laissant que peu, ou pas, de séquelles.
  • La brûlure des paupières est le plus souvent d'origine thermique (contact du feu ou de la chaleur). Ce type de brûlure est comparable aux brûlures en général avec des degrés de gravité (premier, deuxième, troisième degré). Le plus souvent, il s'agit de projection d'un corps étranger incandescent. La présence d'un film constitué de larmes (film lacrymal) amoindrit quelque peu l'intensité de la brûlure.

Symptômes

Symptômes

Les symptômes d'une brûlure oculaire sont :

  • Un larmoiement traduit une atteinte de la conjonctive (fine membrane protégeant le globe oculaire).
  • Une nécrose correspond à la destruction du tissu constitué de cellules tapissant la surface de l'œil, du pourtour de la cornée (couche de cellules situées immédiatement sous la conjonctive protégeant la pupille et l'iris).
  • Une opacification et une sensibilité de la cornée, traduisent une brûlure et une diminution de l'acuité visuelle.
  • La présence d'adhérences qui empêchent la fermeture de la fente palpébrale (espace situé entre les deux paupières), correspond au symblépharon, résultat de la nécrose des cul-de-sac de la conjonctive. L'évolution du symblépharon se fait quelquefois vers l'apparition d'un ulcère (plaie plus ou moins profonde) de la cornée.

Examen médical

Examen physique

La profondeur de la brûlure est connue après examen par un spécialiste en ophtalmologie (lampe à fente).

Traitement

Traitement

Les traitements d'une brûlure oculaire sont :

  • Un lavage abondant et répété en écartant bien les paupières est primordial. Le médecin utilisera si nécessaire des écarteurs, et pratiquera l'instillation d'un collyre anesthésique (Novésine, Cébésine, disponible en ophtadoses jetables). Ce lavage doit également être refait, après avoir retiré les corps étrangers éventuels.
  • Il faut également prendre note du nom du produit (ou des produits) en cause, et de la manière dont le produit a été projeté (vapeur, projection directe). Quelquefois, il est nécessaire d'utiliser des bandelettes permettant ainsi de mettre en évidence le pH (acidité) des larmes.
  • Les corps étrangers doivent être retirés. En effet, leur présence risque de favoriser la dissémination du produit.
  • L'injection au-dessous de la conjonctive de médicaments ayant des propriétés vasodilatatrices (permettant d'augmenter le calibre des vaisseaux), est quelquefois nécessaire selon la cause de la brûlure.
  • Les antibiotiques seront souvent prescrits de façon à prévenir les infections de l'œil.
  • Une surveillance répétée et rapprochée est nécessaire en milieu spécialisé.
  • Il est parfois utile, pour évacuer la substance toxique qui s'est accumulée dans l'humeur aqueuse, de ponctionner la chambre antérieure de l'œil sous microscope opératoire. L'humeur aqueuse est le liquide de l'œil, de nature physiologique (eau salée dont la concentration est égale à celle du sang) se trouvant dans sa chambre antérieure, et servant à réguler la pression à l'intérieur de celui-ci, ainsi qu'à nourrir ses structures, en permettant l'élimination des déchets. L'humeur aqueuse est située entre la cornée et le cristallin.
  • L'intervention chirurgicale en ophtalmologie se fait sous anesthésie locale (ou quelquefois générale). Son but est de supprimer l'adhérence (la bride), et d'empêcher sa reformation. Pour cela, le chirurgien met en place entre les deux conjonctives, un outil constitué d'une sorte de coque en plastique trouée au niveau de la pupille, permettant ainsi à la lumière de pénétrer dans l'œil. Cette coque s'insère en dessous des paupières, et empêche les différents feuillets constituant la conjonctive de s'accoler entre eux.
  • La prévention du symblétpharon, et la destruction des adhérences qui risquent de se former, nécessitent le passage, par l'ophtalmologiste, d'une baguette de verre enduite d'une pommade antiseptique (pour lutter contre les germes), entre la conjonctive et la face interne de la paupière, et ceci jusqu'à guérison. Certaines équipes médicales utilisent, pour traiter le symblétpharon, un médicament contenant de la diméticone. Ce produit est également utilisé quand il existe des brûlures de l'œil, et des paupières. L'utilisation de ce médicament doit être faite avec prudence essentiellement en cas de survenue d'ulcération prolongée de la cornée.
  • Chez quelques patients, il est nécessaire d'effectuer une greffe de conjonctive saine, ou bien de muqueuse buccale (couche de cellules recouvrant l'intérieur de la bouche), pour reconstruire une revascularisation (nouveaux vaisseaux) de la zone lésionnée par la brûlure.
  • La présence anormale d'une taie (appelée également leucome) cornéenne, correspondant à une tache de la cornée, nécessite parfois une greffe, s'il persiste une gêne de la vision.

Évolution

Évolution

La gravité et la profondeur des brûlures oculaires, dépendent de leur cause (chimique ou thermique).

Un produit utilisé par les ophtalmologistes (la fluorescéine), instillé dans le cul-de-sac conjonctif, permet de mettre en évidence, à l'inspection les zones lésées (désépithélialisées).

La classification de Roper-Hall, est le plus souvent utilisée en ophtalmologie permettant d'apprécier rapidement la gravité d'une brûlure chimique, et de porter un pronostic.