Arthropathie neurogène

Définition

Définition

L’arthropathie ou arthrite neurogène est une affection du tissu osseux due à une atteinte du tissu nerveux en général, soit celui entrant dans la composition des nerfs périphériques, soit dans celle du système nerveux central proprement dit. il s’agit d’une arthrite destructrice progressive se caractérisant par une perte de la sensation douloureuse et une déformation parfois très importante de l’articulation.
On constate d’autre part une atteinte de la sensibilité profonde à la douleur et à la température.

Généralités

Une arthropathie est le terme générique utilisé pour désigner une articulation malade. L’arthropathie nerveuse se caractérise par une atteinte des articulations qui s’observe dans certaines affections secondaire à une atteinte du tissu nerveux en général soit celui composant les nerfs périphériques soit du système nerveux central proprement dit.

Quelquefois le terme de fracture luxation de l’articulation de Lisfranc a été utilisé pour décrire les modifications qui surviennent au niveau des articulations tarsométatarsiennes, modifications allant dans le sens de la destruction du tissu osseux.

Historique

Les arthropathies neurogènes ont été décrites pour la première fois par Jean Martin Charcot en 1868 chez les patients souffrant de tabès.

Symptômes

Symptômes

L’arthropathie neurogène commence le plus souvent sur une articulation unique puis la progression se fait vers les autres articulations en fonction de la pathologie neurologique existant (sous-jacente).
Le patient présente des troubles trophiques (modification des tissus) constituant les os et les articulations associés à une indolence (il ne ressent aucune douleur) contrastant le plus souvent avec l’importance des lésions.

Les patients ont des douleurs inversement proportionnelles à la désorganisation anatomique du tissu osseux. C’est-à-dire que plus la destruction osseuse semble importante, moins les douleurs sont intenses. La plainte douloureuses est les plus souvent liée à des fractures survenant à l’intérieur des articulations, fractures concernant les ostéophytes (excroissances osseuses) ou les condyles (éminence articulaire).

Physiologie

L’un des exemples d’arthropathie nerveuse est celui du syndrome du scaphoïde tarsien étudié par M. Dérot et Rathery. Il s’ agit d’une ostéoarthropathie nerveuse se caractérisant par une atteinte du scaphoïde du tarse (groupe d’os situé entre le talon et les orteils), lésion apparaissant quelquefois au cours du diabète sucré (excès de sucre dans le sang). Cette affection se caractérise par une décalcification (déminéralisation, fragilisation du tissu osseux) du scaphoïde qui présente, à la radiographie, des géodes (sorte de petites cavernes).

D’autre part, on constate une ou plusieurs fractures et au cours de l’évolution, un effondrement du tissu osseux sur lui-même. Certains patients présentent, comme complication, une extension des lésions aux os de voisinage, le pieds prenant alors un aspect en forme de cube ressemblant à celui du pied tabétique.

Physiopathologie

Le processus pouvant être à l’origine de l’arthrite neurogène n’est pas connu avec précision. On suspecte un excès de pression artérielle favorisant la résorption (destruction) osseuse. Il s’agirait d’un éventuel dérèglement du système nerveux autonome. On ne comprend toujours pas pourquoi uniquement certains diabétiques sont concernés par cette affection. On a accusé également l’utilisation des corticoïdes intra-articulaires comme étant source d’une diminution de la sensation douloureuse et donc d’une accentuation de la destruction des surfaces cartilagineuses.

Les modifications anatomopathologiques (de la constitution) du tissu osseux survenant au cours de l’arthrite neurogène sont comparables à celle que l’on observe au cours de l’arthrose sévère. C’est ainsi que l’on constate une fragmentation du tissu osseux et quelquefois même une perte du cartilage de l’articulation avec atteinte à type de destruction plus ou moins partielle de l’os sous-jacent. Les ostéophytes sont, à l’instar de l’arthrose, également retrouvés. Par la suite, pour les lésions évoluées, on constate l’apparition d’érosions au niveau de la surface articulaire et parfois même de fractures des os qui ont perdu leur vitalité physiologique (normale). Plus rarement ce sont des fragments osseux intra-articulaires qui apparaissent et des fragments microscopiques de cartilage se retrouvent à l’intérieur du liquide et du tissu synovial.

Épidémiologie

Les arthrites neurogènes concernent le plus souvent le diabétique. Une incidence de 0,5 % a été signalés lors d’études récentes. Le plus souvent cette maladie atteint les patients âgés de plus de 50 ans et après plusieurs années de diabète.
Ce sont les articulations du tarse (milieu du pied) et tarsométatarsienne (milieu-arrière du pied) qui sont le plus souvent concernées. Les autres articulations sont les métatarsophalangiennes et la tibioastragalienne (cheville-pied). Les genoux et la colonne vertébrale sont plus rarement concernées par l’arthrite neurogène. Pour environ 1/5 des patients on constate une atteinte simultanée des deux pieds. D’abord l’articulation concernée par l’arthropathie neurogène commence par présenter des modifications anatomiques. En effet il s’élargit tout d’abord progressivement à cause de l’apparition d’excroissances osseuses (apposition de tissu osseux supplémentaire). Les épanchements articulaires jouent également un rôle dans ce sens.

Examen médical

Examen physique

L’examen du pied montre entre autres un gonflement de celui-ci associé à un gonflement de la cheville. Une déformation du pied est le plus souvent visible et est liée à l’effondrement en arrière des os du tarse, entraînant l’apparition d’une modification anatomique de la plante des pieds que l’on appelle «pied à bascule». On constate quelquefois la présence d’importants ostéophytes qui font quelquefois protrusion à partir du sommet du pied. Ils se constituent également des callosités au niveau de la tête des métatarses qui sont susceptibles d’entraîner l’apparition d’ulcères (pertes de substance cutanée plus ou moins profondes) et d’infection pouvant aboutir à l’apparition d’ulcère perforant voire d’une ostéomyélite (infection et inflammation du tissu osseux).

Examen complémentaire

Les examens radiologiques montrent quelquefois la résorption et la transformation de l’architecture osseuse des métatarses distaux (effilage).

Cause

Cause

Le diabète est source d’arthropathie neurogène surtout quand il n’est pas contrôlé ou mal contrôlé. Dans ce cas, le plus souvent, on constate une atteinte du pied.

Les traumatismes de la moelle épinière et du système nerveux périphérique sont susceptibles de conduire à une arthropathie neurogène.

La sclérose subaiguë combinée de la moelle aboutissant à un syndrome neuro-anémique évolue quelquefois vers des arthropathies neurogènes.

Citons également :

  • La syringomyélie.
  • Le tabès.
  • La compression de la moelle épinière durant de longues périodes.
  • Le spina bifida.
  • Le myéloméningocèle.
  • La lèpre.
  • L’amylose.
  • Les infiltrations à l’intérieure désarticulation, infiltrations contenant de la cortisone (glucocorticoïde)
  • Les neuropathies héréditaires entraînant une diminution du volume musculaire survenant progressivement dues à une atteinte de la moelle épinière.
  • L’indifférence congénitale à la douleur.
  • L’atrophie musculaire péronière.

Traitement

Traitement

Le traitement de l’arthrite neurogène passe avant tout par une stabilisation de l’articulation concernée.
Certains spécialistes en rhumatologie et en orthopédie préconisent le port d’attelle est d’immobilisation (plâtre, résine) mais nécessitant une surveillance étroite. En effet, les patients ne ressentant pas normalement le phénomène douloureux, risquent de ne pas s’apercevoir d’un éventuel excès de pression dû à une attelle mal adaptée.

Bien entendu, chez les diabétiques la surveillance étroite du pied est susceptible de prévenir la survenue du pied de Charcot. Il est nécessaire de procéder à la décharge du pied pendant au moins huit semaines ce qui est susceptible de prévenir le développement de processus neurogène.

Rarement une intervention chirurgicale de type fusion des articulations est préconisée. Elle concerne les articulations très instables et est susceptible d’améliorer la fonction des articulations concernées. Malheureusement l’évolution se fait parfois dans la pseudarthrose, essentiellement quand cette immobilisation a été insuffisante.

Évolution

Évolution

Dans certains cas les articulations concernées par l’arthrite neurogène sont susceptibles de se développer rapidement c’est-à-dire en quelques semaines ou quelques mois aboutissant à une articulation qui, sur le plan anatomique est totalement désorganisé. Celle-ci contient, à l’examen, de nombreux fragments de tissu osseux.

Complications

Cette affection rhumatologie de nature neurologique progresse et s’accompagne d’une instabilité de l’articulation voire de subluxation et de crépitation (bruit ressemblant quelque qui marche dans la neige).

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