Traumatisme cérébral : un nouvel outil de diagnostic

© Traumatisme cérébral : un nouvel outil de diagnostic

Détecter un traumatisme cérébral léger en 10 minutes grâce à l'analyse d'une seule goutte de sang : c'est la récente découverte d'une équipe de scientifiques suisses et espagnols.
Explications sur cette innovation.

 

Les causes de traumatisme cérébral léger sont multiples : chocs sur la tête, chutes (escalier, ski, vélo, …) figurent parmi les accidents courants de la vie quotidienne.

Certains symptômes peuvent suivre un tel choc, le plus souvent :

  • des vomissements
  • une vision trouble
  • une perte de conscience
  • une perte de mémoire

Nombreux sont donc les patients à se présenter aux urgences de l'hôpital suite à un tel événement.

La prise en charge classique d'un traumatisme cérébral passe par le seul outil permettant un diagnostic fiable : le scanner.
Or, tous les hôpitaux ne disposent pas d'un tel équipement. De plus, cet examen très coûteux expose les patients aux radiations.

Une équipe de chercheurs s'est donc attelée à trouver une alternative à ce mode de diagnostic, sachant que 90% des patients arrivant aux urgences pour un traumatisme cérébral léger peuvent renter chez eux sans danger, après que les médecins ont constaté qu'ils ne souffraient d'aucune lésion cérébrale.

Jean-Charles Sanchez, professeur à l'Université de Genève, explique : "Nous nous sommes demandé s’il était possible d’isoler certaines protéines dont la présence dans le sang augmente en cas de traumatisme cérébral léger. Notre idée était de trouver le moyen de faire un examen rapide qui permettrait, lors d’un match de boxe ou de football américain par exemple, de dire si le sportif peut retourner sur le terrain ou si son état nécessite une hospitalisation. Tout le contraire du CT Scan, un examen qui dure longtemps et qui ne peut pas se faire n’importe où."

En effet, lors d'un choc sur le crâne, il arrive que des cellules du cerveau soient endommagées. Dans ces cas-là, ces cellules abîmées relâchent dans le sang certaines protéines spécifiques.

Les chercheurs de Genève et leurs confrères de Barcelone, de Madrid et de Séville ont donc eu l'idée de mesurer les quantités de ces protéines dans le sang, et leurs variations.
4 molécules sont particulièrement impliquées dans les lésions cérébrales : GFAP, H-FABP, Interleukine-10 et S100B.
Leurs analyses ont permis de constater que le taux sanguin de H-FABP suffit à déterminer s'il y a lésion cérébrale ou pas.

Il ne restait plus qu'à créer un outil permettant de réaliser ce diagnostic avant de décider d'orienter le blessé vers un scanner.

L'outil qu'ils ont créé est inspiré du test de grossesse, et s'appelle le TBIcheck.
Il suffit de déposer 1 seule goutte de sang sur une languette insérée dans un petit boitier plastique pour savoir en 10mn si le taux de H-FABP dans le sang est supérieur à 2,5 nanogrammes, ce qui indique un traumatisme cérébral léger.
"Si une bande apparaît, le blessé doit aller passer un CT Scan ; s'il n'y a rien, il peut rentrer chez lui sans risque !" explique J-C Sanchez.

Récompensée par le Prix d'Innovation Academy en décembre 2017, le TBIcheck devrait être commecialisé dès 2019.

Un TIBcheck 2ème génération est déjà à l'étude : en combinant les taux de H-FABP et ceux de GFAP, il permettra des résultats plus fins.

Au-delà de la détection du traumatisme cérébral léger, cette innovation ouvre la voie à d'autres outils diagnostiques basés sur les marqueurs cérébraux, notamment en cas d'anévrismes et d'AVC.

 

 

Crédit photo : TBIcheck – Jean-Charles Sanchez – Université de Genève