Roid rage : les stéroïdes peuvent-ils rendre fou ?

© Roid rage : les stéroïdes peuvent-ils rendre fou ?

La prise régulière de fortes doses de stéroïdes anabolisants est accusée par beaucoup de spécialistes de provoquer des accès de violence incontrôlable. L'inculpation d'Oscar Pistorius pour le meurtre de sa compagne soulève à nouveau cette question.

On a retrouvé au domicile d'Oscar Pistorius, mis en examen après la mort par balles de sa compagne, des stéroïdes anabolisants. L'athlète paralympique prenait-il régulièrement ces substances illicites, et sont-elles responsables du drame qui s'est déroulé le jour de la Saint Valentin ? C'est la question que se posent désormais les enquêteurs, qui ont insisté pour que Pistorius subisse des examens sanguins afin de savoir s'il était sous l'emprise de ces produits dopants au moment où il a fait feu sur sa compagne. En effet, les stéroïdes sont des substances interdites qui boostent les performances sportives et qui, lorsqu'elles sont prises en trop grande quantité, peuvent provoquer des accès de schizophrénie, notamment si elles sont absorbées avec de l'alcool.

Qu'est-ce au juste que les stéroïdes anabolisants ?
Il s'agit d'hormones stéroïdiennes de synthèse, dont les effets sont similaires à ceux de la testostérone. Cette hormone masculine (présente également chez les femmes mais en très faible quantité) est responsable des caractères masculins : muscles, pilosité, voix, libido, mais aussi agressivité.

Les stéroïdes anabolisants provoquent :

  • l'augmentation de la synthèse (fabrication) des protéines dans les cellules, ce qui entraîne une augmentation de la masse musculaire
  • la diminution de la masse graisseuse
  • la réduction du temps de récupération après effort musculaire
  • l'accentuation des caractères virils (développement de la pilosité, croissance des cordes vocales)

Pourquoi sont-ils dangereux pour la santé ?
Leur utilisation à long terme présente des risques avérés pour la santé :

Ces produits agissent également sur le cerveau : les premiers effets sont ressentis comme positifs (sentiment de bien-être, de bonheur, d'invincibilité) mais par la suite ils entraînent des troubles du comportement (nervosité, irritabilité, agressivité, changements d'humeur soudains) voire des maladies mentales (schizophrénie, manie, dépression profonde, suicide).
Ils accentuent aussi les pulsions sexuelles et l'agressivité, pouvant aller jusqu'à provoquer des troubles du comportement sexuel ou des crises de violence incontrôlable.

L'effet « roid rage » est-il démontré ?
La relation entre ces produits dopants et des accès de violence extrême de la part de sportifs de haut niveau ne fait aucun doute pour beaucoup de spécialistes.

Déjà en 1999, un livre américain « Pros & Cons : Criminals who play in the NFL » rapportait qu'environ un tiers des joueurs de football américain jouant en NFL étaient impliqués dans des affaires de violence, la plupart du temps à cause d'une consommation excessive de stéroïdes.

En 2008, l'Université de criminologie de Floride a réalisé une étude qui a révélé que les hommes sous l'emprise de stéroïdes anabolisants avaient commis deux fois plus d'actes violents que les autres.

Quelques mois plus tôt, un lutteur canadien, double champion du monde, s'était suicidé après avoir tué sa femme et son fils : à l'autopsie, l'examen de son cerveau a révélé qu'il était si gravement endommagé par les stéroïdes qu'il ressemblait au cerveau d'une personne de 85 ans atteinte d'Alzheimer. Il en avait 40.