Grippe : n’abusez pas des médicaments contre la fièvre

© Grippe : n'abusez pas des médicaments contre la fièvre

Une étude canadienne l'a démontré récemment : la prise systématique de médicaments antipyrétiques (contre la fièvre) en cas de grippe favorise la propagation de l'épidémie.

La fièvre est un symptôme certes désagréable, mais généralement sans danger : elle est le signe que l'organisme réagit à une maladie, le plus souvent infectieuse. Et nous ne sommes pas tous égaux face à elle : certains restent en forme à 39°C alors que d'autres supportent mal la moindre élévation de leur température corporelle au-dessus des 37,5°C.

Pour autant, faut-il systématiquement prendre des antipyrétiques (aspirine, paracétamol ou ibuprofène) dès les premiers frissons de fièvre ?
Les scientifiques répondent "non"à la prise automatique de ces molécules, notamment en cas de grippe.
Évidemment, chaque cas est particulier et il ne faut pas oublier que la fièvre est un symptôme majeur de certaines maladies graves, qui nécessitent une prise en charge d'urgence.

Mais dans la majorité des cas, elle n'est que la preuve que notre corps lutte contre une infection, et son rôle est capital dans la réponse immunitaire de l'organisme face aux agressions extérieures.

Comment les antipyrétiques peuvent-ils contribuer à l'aggravation de l'épidémie de grippe ?
En faisant baisser la fièvre, donc en diminuant la réponse immunitaire de l'organisme, les antipyrétiques :

  • allongent la période de contagiosité des malades
  • augmentent l'excrétion de particules virales
  • incitent les malades à sortir de chez eux alors qu'ils sont encore contagieux

Faut-il abandonner totalement les médicaments contre la fièvre ?
Bien évidemment non, d'autant que ces molécules jouent également un rôle antalgique (contre la douleur) et anti-inflammatoire (contre l'inflammation). 
Les scientifiques recommandent simplement de prendre garde à la prise systématique d'antipyrétiques. Le médecin sera donc le mieux à même de décider si le patient nécessite ou pas la prise de médicaments contre la fièvre.

Quelles sont les recommandations en cas d'épidémie de grippe ?
Pour limiter la contagion, il est recommandé de :

  • se laver les mains très souvent
  • porter un masque à l'extérieur
  • rester chez soi si on est malade, même si on a l'impression d'être assez en forme pour aller travailler

Attention à l'automédication, notamment pour les enfants
Un enfant qui a de la fièvre est souvent abattu, grognon … Et le réflexe des parents est logiquement de vouloir le soulager en lui donnant un médicament.

  • Pas d'aspirine : du fait de ses nombreux effets indésirables, et notamment du risque de développer un syndrome de Reye, la prise d'aspirine lors d'une infection virale est fortement déconseillée chez les enfants
  • L'ibuprofène, dont l'efficacité sur la fièvre des enfants est contestée, ne doit pas être administré aux nourrissons de moins de 3 mois
  • Le paracétamol reste la molécule de référence pour ses effets antipyrétique et antalgique

Quoi qu'il en soit, respectez la prescription du médecin : ce qui a convenu à un frère ou une soeur n'est peut-être pas adapté au petit dernier !

Que faire face à un enfant fiévreux ?

  • découvrez-le sans le dévêtir complètement
  • donnez-lui à boire souvent, une boisson qu'il aime – inutile que cette boisson soit très fraîche
  • ne surchauffez pas sa chambre : maintenez-la à une température de 19°C et aérez-la

Inutile de :

  • le déshabiller totalement
  • lui donner un bain à une température inférieure de 2°C à sa température corporelle
  • l'envelopper de linges humides
  • le faire boire des boissons très fraîches
  • appliquer des vessies remplies de glace
  • le couvrir 

En effet, même si certaines de ces méthodes traditionnelles agissent sur la fièvre (l'enveloppement dans des linges humides), leur effet n'est que passager, et elles imposent  à l'enfant un inconfort et un désagrément souvent importants.
D'autres, comme le fait de couvrir l'enfant ou de chauffer sa chambre de façon excessive, sont dangereuses (risque – exceptionnel – de syndrome fièvre-hyperthermie en cas de fièvre très élevée).