Ébola : la France est-elle menacée ?

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Alors que l'épidémie de fièvre hémorragique Ébola gagne du terrain en Afrique, la France accroît sa vigilance et alerte les médecins sur la marche à suivre en cas découverte des symptômes du virus.

La situation s'aggrave en Afrique
Après la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone, c'est au tour du Mali d'être touché par l'épidémie de fièvre Ébola. Le Sénégal et le Maroc se préparent d'ores et déjà à affronter le virus mortel et la surveillance est renforcée dans les aéroports.
L'Afrique connaît depuis février dernier une "épidémie d'une ampleur inédite dans la répartition des cas à travers le pays» selon Médecins Sans Frontière. Avec 82 décès avérés en Guinée, c'est désormais l'épidémie d'Ébola la plus meurtrière depuis 7 ans. La présence du virus dans Conakry, la capitale où vivent un cinquième des Guinéens, augmente le risque que l'épidémie s'emballe.

Aucun cas déclaré en France à ce jour, mais …
La durée d'incubation du virus, qui peut atteindre 21 jours, rend possible qu'une personne infectée sans le savoir arrive en France avant que les premiers symptômes de la maladie ne se déclarent.
C'est ce qu'explique le Professeur Denis Malvy, spécialiste des maladies tropicales : « il est possible d'avoir des cas d'importation, en imaginant qu'une personne ramène le virus de l'un des pays touchés: le Sierra Leone, le Liberia et surtout la Guinée, la zone la plus touchée, qui présente des liens avec la France puisque c'est un pays francophone. Nous savons que le virus Ebola peut être en incubation entre un et 21 jours. Pendant cette période, le patient ne présente pas de symptôme mais peut transmettre le virus par les fluides corporels, c'est-à-dire la salive, le sang, le sperme, etc… »​.

Les mesures de prise en charge de patients suspects d'être infectés par le virus Ébola ont été rappelées aux hôpitaux et aux Samu.
​La DGS (Direction Générale de la Santé) précise que «les cas possibles et confirmés seront pris en charge dans les établissements de santé spécifiques dotés de moyens ad hoc (établissements de référence de zone)». Des mesures qui seront renforcées en fonction de l'évolution de la situation sanitaire des pays touchés par le virus. Les établissements d'Île de France sont plus particulièrement en état d'alerte en raison de l'arrivée quotidienne de vols en provenance des pays touchés par l'épidémie.

Ainsi, toute personne arrivant aux urgences avec des symptômes faisant suspecter une fièvre hémorragique sera isolée et envoyée au service  des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital. Sa prise en charge se fera de manière totalement sécurisée, et ses prélèvements sanguins seront envoyés au Centre National de référence des fièvres hémorragiques virales (basé à Lyon). Les personnes ayant été en contact non protégé avec le malade seront placées en quarantaine en attendant les résultats des analyses.

Quant aux voyageurs qui souhaitent se rendre dans les pays touchés par Ébola, ils doivent prendre un certain nombre de précautions, mais "il n'y a pas aujourd'hui nécessité de restriction" des voyages dans les pays d'Afrique de l'Ouest où des cas suspects ou avérés ont été rapportés" précise Marisol Touraine, Ministre de la santé.

Le site du Ministère de la Santé a mis en ligne un dossier spécial "Fièvre hémorragique à virus Ébola" à l'attention des professionnels de la santé et des voyageurs.

Le virus Ébola en quelques mots (pour en savoir plus, lire notre article "Ébola : la fièvre hémorragique s'étend en Guinée")

  • La fièvre hémorragique à virus Ébola est apparue en Afrique en 1976.
  • Son réservoir naturel est la chauve-souris.
  • Le virus se transmet par contact direct de la peau avec des sécrétions d'individus infectés, qu'ils soient vivants ou morts (sang, salive, sperme, …). La chasse est la 1ère cause de contamination. Mais les rituels funéraires de certaines régions d'Afrique, où il faut toucher les morts, multiplient aussi les risques quand le défunt est mort du virus. L'OMS a donc envoyé des éthologues pour tenter de convaincre les populations de modifier ces habitudes, d'autant que beaucoup de familles sont dispersées dans plusieurs pays et ne se retrouvent que pour des funérailles.
  • La contamination se fait le plus souvent via le gibier de brousse (les chauves-souris infectées mordent les animaux sauvages, qui sont chassés puis mangés par les hommes). Il n'y a pas de transmission par l'air (comme pour la grippe par exemple) : le virus ne résiste pas à l'air libre.
  • Il est possible de s'en protéger avec une protection physique intégrale : combinaison hermétique, gants, masque.
  • Les principaux symptômes sont : une fièvre très élevée, des douleurs musculaires, une grande faiblesse, des maux de tête, des maux de gorge, des hémorragies externes et internes
  • Il n'existe ni vaccin, ni traitement.
  • La fièvre hémorragique Ébola est mortelle  dans 90% des cas.
  • Depuis l'apparition du virus en 1976, l'Afrique a été confrontée à une vingtaine d'épidémies. Celle en cours étonne les spécialistes par son apparition éloignée (2000 km) du territoire habituel du virus.  

Si vous devez partir en voyage en Afrique, informez-vous :

Site du Ministère de la Santé
Site du Ministère de l'Intérieur

Illustration
Makoua, Congo, Afrique – 27 septembre – Un signe avertit le visiteur qu'il est une zone infectée
Droit d'auteur : Sergei Uriadnikov