Cancer du sein : le dépistage automatique remis en question par des scientifiques

© Cancer du sein : le dépistage automatique remis en question par des scientifiques

Le dépistage automatique du cancer du sein par mammographie fait partie des examens proposés gratuitement en France aux femmes âgées de 50 à 74 ans.
Partant du constat que plus un cancer est détecté tôt, plus les chances de survie sont grandes, ces femmes sont incitées à subir une mammographie tous les 2 ans.

Cependant, depuis 2001, des scientifiques (médecins, chercheurs) remettent en cause l'utilité de cette pratique qu'ils considèrent non seulement comme inutile, mais aussi comme potentiellement dangereuse pour la santé des femmes.
Voici leurs arguments.

"La notion de détection précoce du cancer est un leurre sur le développement de la maladie et sur son pronostic"
L'évolution d'un cancer du sein n'est pas linéaire et le cancer du sein n'est pas systématiquement mortel :

  • beaucoup de cancers du sein stagnent, voire régressent spontanément
  • un cancer du sein peu volumineux n'évolue pas nécessairement vers un "gros" cancer avec métastases
  • un "petit" cancer du sein peut être plus ancien qu'un "gros"
  • un "gros" cancer du sein peut avoir un meilleur pronostic qu'un "petit"

"La mammographie de dépistage n’influe pas sur le taux de survie"
Découvrir un cancer lors d'une mammographie ou à l'apparition des symptômes quelques mois plus tard n'a pas d'impact sur la survie

La baisse de mortalité n'est pas liée au dépistage
Le dépistage précoce n'a pas d'impact sur le taux de survie : l'augmentation du taux de survie des femmes atteintes d'un cancer du sein est due à l'amélioration des traitements et à l'abandon des traitements hormonaux substitutifs de la ménopause.

Le surdiagnostic augmente artificiellement le taux de survie
La mammographie révèle des cancers qui n'auraient pas eu de conséquences sur la santé et seraient restés muets, donc n'auraient pas mis en danger la vie de la patiente.

Le surdiagnostic augmente artificiellement le nombre de femmes "malades"
Une femme bien portante chez laquelle on découvre une lésion lors d'une mammographie devient une femme "malade", alors même que son cancer aurait peut-être stagné ou regressé. Au-delà de l'impact statistique, les conséquences sur la vie de la patiente sont considérables.
Autre conséquence : les filles et petites-filles de cette femme seront considérées comme "à risque" et soumises à un dépistage régulier et fréquent.

Le surdiagnostic entraîne un surtraitement avec altération de la qualité de vie
"Les taux des mastectomies, des chimiothérapies, et des radiothérapies augmentent depuis l’instauration du dépistage"

La multiplication des mammographies entraîne un risque de cancer radio-induit
Même si elle reste rare, cette forme de cancer provoquée par les rayonnements "est probablement sous-estimée".

N'oublions pas le risque de "fausse alerte (pour une lésion qui va s’avérer ne pas en être une)"
L'attente des résultats d'examens complémentaires (biopsie, IRM, …) plonge dans l'angoisse la femme diagnostiquée à tort.

Comment une femme peut-elle savoir si elle doit ou non se faire dépister ?
Subir une mammographie de dépistage doit rester une question de libre-arbitre pour chaque femme, à condition évidemment qu'elle dispose de tous les éléments nécessaires à sa prise de décision, y compris ceux qui vont à l'encontre des recommandations de la Haute Autorité de la Santé.

Pour en savoir plus :

Visitez le site cancer-rose.fr
Et notamment la brochure "Dépister le cancer du sein ?"

Découvrez un résumé des résultats d'une étude américaine portant sur 16 millions de femmes 
(intégralité de l'étude en anglais : cliquez ici)

 Lisez l'article du JAMA Internal Medicine

Crédit photo : Woman underdoing mammography scan – CristinaMuraca – Shutterstock.com